mercredi 29 novembre 2023

1943 en Haute-Marne (décembre)


 

1er décembre. Attaque du groupe Tabou à Pothières (Côte-d'Or). Depuis la veille, onze maquisards ont été pris et conduits à Chaumont (ainsi qu'un aviateur américain). Un douzième, Maurice Frank, alias Colonial, est grièvement blessé. Selon les autorités allemandes, il est déclaré décédé des suites de ses blessures lors de son transport vers l'hôpital le 2 décembre 1943. Dans la nuit du 1er au 2, deux hommes commettent un vol dans un bar de Montot-sur-Rognon.

2 décembre. Gabriel Szymkowiak (Bacchus), jusqu'alors commissaire technique régional des FTP de Haute-Saône, est nommé commissaire militaire régional pour la Haute-Marne. Cambriolage du Contrôle du ravitaillement économique de Langres par plusieurs FTP. Dans la nuit du 2 au 3, des FTP de la Marne détruisent plusieurs pylônes électriques au lieu-dit Les Frouchies, à Saint-Dizier.

4 décembre. Arrestation d'un des participants au cambriolage de Langres, Jean Martin.

7 décembre. Déportation de Laure Goldberg (Vraincourt) à Auschwitz.

10 décembre. Deux hommes volent du tabac à Roches-sur-Rognon. Des membres du FN de Joinville seront suspectés de cet acte. 

15 décembre. Arrestation d'un deuxième FTP de Neuilly-l'Evêque, Pierre Seurot.

16 décembre. Déportation du Haut-Marnais André Chanson, du réseau Alliance.

18 décembre. Le Guinéen Addi Bâ et Marcel Arburger (né à Fresnoy-en-Bassigny), âmes du camp de Lamarche, sont fusillés à Epinal.

20 décembre. Arrestation à Luxeuil de Gaston Renaudin (Victor), originaire d'Eurville, chef du groupe mobile FTP de la Haute-Saône. 

21 décembre. Arrestation à Lure de Marcel Fournier, officier FTP, instituteur à Froncles. Transport des deux rescapés de l'avion anglais de Rachecourt-sur-Blaise de Sommermont à Chaumont, d'où ils prendront le train pour la frontière suisse.

22 décembre. Exécution d'Alfred Durocq (Doulaincourt) à Wolfenbüttel. Cambriolage de la mairie de Melay par les FTP du groupe Rostov. Dans la nuit du 22 au 23, cambriolage à la carrière Bousteau à Chaumont par des FTP chaumontais.

23 décembre. Un boulanger est abattu par des maquisards entre Ville-sous-La-Ferté (Aube) et Laferté-sur-Aube. Son épouse est également exécutée. 

24 décembre. Dans la nuit du 24 au 25, sabotages des dépôts SNCF de Chaumont (par les FTP du groupe Corse) et de Saint-Dizier (par des membres de Libé-Nord).

28 décembre. Arrestation de quatre cheminots de Chalindrey après un sabotage.

29 décembre. Arrestation du FTP Raymond Rougeaux, un des auteurs du sabotage du dépôt SNCF de Chaumont. Deux autres membres du groupe, Noirot et Parrot, vont gagner le groupe Bir Hacheim.

30 décembre. Exécution à Nogent d'un indicateur de la Sipo-SD, Marcel Danizel. La résistante Simone Dauvé revendiquera l'ordre d'exécution. 

mercredi 15 novembre 2023

A propos de Maurice Frank

 Le 30 décembre 1943, était enregistré, par l'état civil de Chaumont, sur informations communiquées par les autorités allemandes, le décès de Maurice Frank, le 2 décembre 1943. Pourquoi un tel délai entre le décès et la déclaration ? Premier mystère. 

Ce que nous savons sur ce jeune homme de 20 ans, c'est qu'il a rejoint le groupe Tabou, à Pothières (Côte-d'Or), début octobre 1943, qu'il était surnommé Colonial, qu'il a été grièvement blessé lors de l'attaque du camp le 1er décembre 1943, et qu'il serait décédé dans l'automobile qui le conduisait à l'hôpital de Chaumont, ville où onze de ses camarades ont été emmenés pour y être emprisonnés.

Une certitude : contrairement à ce que nous avions indiqué dans la notice du Maitron des fusillés, Maurice Franck (sic) n'était pas un pseudonyme. Maurice, Pierre, Charles Frank est né le 28 mars 1923 à Paris, 123, boulevard Port-Royal. Il est le fils d'Isabelle, Jacqueline, Charlotte Frank, 30 ans, sans profession, domiciliée 124, avenue Daumesnil, dans le 14e arrondissement. La maman est en réalité artiste dramatique, connue sur les scènes parisiennes sous le nom de Bella Frank. Elle est née à Paris de parents hongrois - le père était libraire. 

Curieusement, le nom de Maurice Frank n'apparaît pas, parmi les siens, dans les différents recensements parisiens consultés. Auprès de qui a-t-il été élevé ? Nous l'ignorons.

Il exerçait la profession d'apprenti mécanicien, employé aux usines Chenard à Gennevilliers (Seine). Selon son dossier d'homologation de grade FFI, rédigé par M. Poulain, "organisateur du secteur de Pothières", il s'est engagé en 1941 au 21e régiment d'infanterie coloniale à Toulon. Démobilisé en novembre 1942, il est requis par le STO à Cherbourg début 1943, et "s'en est évadé quelques jours plus tard". Rejoignant à compter du 1er octobre 1943 le groupe Tabou, Maurice Frank "a participé aux sabotages effectués sur la ligne HT [haute tension Montchanin - Troyes et à l'attaque de convois allemands venus pour la repérer". Le 1er décembre 1943, grièvement blessé, "il est mort pendant son transport à la prison de Chaumont où son cadavre fut descendu de l'auto le transportant dans la cour même de la prison (...) Le cadavre a été détruit par les Allemands".

Nous n'avons effectivement pas trouvé trace, dans le registre des cimetières de la ville, de son inhumation à Chaumont, où ses onze camarades ont été fusillés le 14 janvier 1944.

Quatre-vingt ans après sa mort, la vie de Maurice Frank, reconnu mort pour la France le 21 juillet 1947, proposé pour une citation à l'ordre de la brigade à titre posthume, reste encore entourée de bien des mystères. 

Sources : état civil de la Ville de Chaumont ; état civil de la Ville de Paris ; GR 19 P 21/42 et GR 16 P 233038, Service historique de la Défense.   

vendredi 27 octobre 2023

1943 en Haute-Marne (novembre)



1er novembre 1943. Bernard Meilleaud est tué devant un poste allemand à Auberive. Arrestation de deux employés agricoles à Laville-au-Bois.

3 novembre. Les arrestations dans le cadre de l'affaire du Café de Brottes se poursuivent : cinq à Orbigny-au-Val, trois à Varennes-sur-Amance, une à Hortes (Charles Roblin)...

4 novembre. Henri Hutinet, de Bannes, part se réfugier chez Paul Henry au Pailly. Il y reste jusqu'en juin 1944.

9 novembre. Arrestation de Marcel Guillemy, de Chaumont.

11 novembre. Sabotage de la fonderie de Farincourt par le groupe volant des FTPF de la Haute-Saône, commandé par le Bragard Gaston Renaudin (Victor). Libération de Marius Martin, de Chaumont.

14 novembre. Libération de Marcel Monjardet (Chalvraines), qui était détenu à Clairvaux.

15 novembre. Gabriel Thierry, responsable régional du mouvement Libé-Nord, se rend avec le jeune Jean Madeleine, dit Bob, chez sa soeur Suzanne Boeglin, à Chaumont. Il y dépose des explosifs.

22 novembre. Mort en mission, dans le Nord, de la Chaumontaise Léa Toussenel, militante communiste.

24/25 novembre. Attaque du groupe volant des FTPF de Haute-Saône dans une ferme près de Chauvirey-le-Chatel. Tous deux pressentis pour commander les FTPF de Haute-Marne, Jacques Reuchet est mortellement blessé, Jean Bogé (dont la soeur Odile est née à Santenoge) est sérieusement atteint, tandis que leurs camarades sont capturés (Renaudin n'était pas présent). Jean Bogé sera fusillé en 1944.

26 novembre. Né à Bourbonne-les-Bains, le docteur Henri Butterlin, de Grenoble, membre de la Résistance, est abattu à Vif. 

28 novembre. Un vol de tickets d'alimentation est commis en mairie de Bologne. 

29 novembre. Léon Masson, de Chalmessin, est arrêté à Grancey-le-Château (Côte-d'Or). 

30 novembre. Nouvelles arrestations à Grancey-le-Château parmi les membres du maquis Tabou. Le Haut-Marnais René Marmeuse est l'un d'eux.  

Novembre 1943 est également le mois d'arrestation, dans l'Oise, de Marie-Emilie Rollin, née à Arnoncourt-sur-Apance (elle mourra à Ravensbrück), et celui de la condamnation à mort par contumace de Charles Martin (Chaumont) et Robert Gardiennet (Marcilly-en-Bassigny). 


mardi 3 octobre 2023

1943 en Haute-Marne (octobre)


Après le bombardement de Robinson, 4 octobre 1943. (Photo Charles Royer). 


Nuit du 2 au 3 octobre. Sabotage de la ligne entre Avrecourt et Récourt par des membres du FN. Un train déraille.

4 octobre. Premier bombardement du terrain de Robinson (Saint-Dizier) par l'USAAF. Une employée civile est tuée, trois agents SNCF sont blessés.

Nuit du 4 au 5 octobre. Premier parachutage d'armes en Haute-Marne, sur le terrain Corneille de Courcelles-sur-Aujon. Il était initialement destiné au terrain Bourdaloue de la ferme de Fragneix (Treix). Les familles Dauvé et Bellet, ainsi que Louis Landanger le réceptionnent, avec l'aide de l'opérateur Eureka du BOA, André Guilbert.

7 octobre. Un Lancaster du 426 Squadron de la RAF s'écrase entre Rachecourt-sur-Blaise et Vaux-sur-Blaise. Bilan : six tués, deux rescapés. Parvenus le 11 octobre à Chaumont, Cyril J. Beetsworth et Joseph J. Beaton sont pris en charge par des habitants et conduits le lendemain à Curmont pour se cacher dans une maison.

10 octobre. Arrestation à Chambéry de trois juifs chaumontais, Camille, Jacques et René Simon. 

. Un homme se blesse en tombant d'un train entre Breuvannes et Merrey. 

12 octobre. Roger Duffau, originaire d'Eurville, est fusillé à Epinal. 

. Arrestation de l'abbé Paul Masson et de René Parizot, maire de Vaux-sur-Blaise, après les obsèques des aviateurs alliés de l'avion de Rachecourt. 

Nuit du 12 au 13 octobre. Deux cheminots chaumontais, Maurice Lang et Maurice Ménétrier, sont tués dans un déraillement de train à la suite d'un sabotage à Blainville-sur-l'Eau (Meurthe-et-Moselle).

14 octobre. Guy Delporte et Maurice Perchet, de Dancevoir, sont capturés lors de l'attaque du maquis Valentin-Balzac en Côte-d'Or. 

15 octobre. Mort en combat aérien du lieutenant Léo Barbier, pilote du groupe de chasse Normandie. Né à Neuilly-l'Evêque, ce Français libre était arrivé en Russie le 9 juin 1943.

. André Beau, de Saint-Dizier, est déporté à Hinzert.

16 octobre. Paul Petit, qui possède une propriété à Eclaron, est condamné à mort. 

. Arrestation de Léopold Perrier, François Peigne, Robert Bailly à Vaux-sur-Blaise.

17 octobre. Dans la nuit du 17 au 18, un drapeau tricolore est hissé à Doulaincourt. 

18 octobre. Gabriel Cosson, né à Saint-Dizier, est déporté à Neue Bremm.

Entre le 17 et le 20 octobre. Un envoyé de l'OCM, qui s'appellerait Kauffmann (de Colombes) et qui était muni d'une liste de contacts communiquée par Charles Martin, se rend à Rennepont chez Roger Vidal, qui décide de le séquestrer et de prévenir les résistants de Chaumont de ces imprudences.

20 octobre. Sabotages de la voie ferrée entre Andelot et Blancheville (par René Pajot, Louis Proville, André Guilbert, Henri Weil et Charles Martin) et entre Bricon et Maranville. 

21 octobre. Agent de l'OCM également envoyé en mission en Haute-Marne, Roger Carle prend contact avec l'abbé Emile Darbot. Il va ensuite rencontrer Paul Carteron et Robert Gardiennet, notamment.

22 octobre. Bombardement meurtrier à Kassel (Allemagne). De nombreux travailleurs requis sont tués, dont les Haut-Marnais René Kuntz (Bettaincourt-sur-Rognon), Arsène Bournot (Vitry-lès-Nogent), Roger Barroy (Wassy), André Varis (Saint-Dizier), André Barrois (Saint-Dizier), Gaston de Pannemacker (Saint-Dizier), Raymond Simon (Saint-Dizier)...

. René Pajot et André Guilbert, du BOA, intiment à Charles Martin l'ordre de quitter Chaumont, afin de lui éviter une exécution par des résistants en raison de ses imprudences.

23 octobre. Lucien Febvay, André Jacquinod et Charles Martin, trois résistants chaumontais, accompagnent les aviateurs anglais Beetsworth et Beaton jusqu'à la ferme de Saint-Maurice, près de Sommermont. Puis Martin part se cacher à Graffigny-Chemin. 

. Désertion de l'architecte allemand Bernard Jungjunger, qui travaillait sur le camp de repérage au son de Montigny-le-Roi. Il rejoindra la Résistance. 

25 octobre. Roger Carle est arrêté fortuitement au café de Brottes, parmi plusieurs convives, par la police allemande qui pensait y trouver Charles Martin. Une importante liste de résistants est retrouvée sur lui. Dès lors, une importante rafle est opérée parmi les résistants haut-marnais.

26 octobre. Sont notamment arrêtés Pierre Clavel (BOA), de Bar-sur-Aube, Marcel Morain, de Hortes, Marius Véchambre, de Langres, Charles Maitret, de Culmont, Marius Martin, de Chaumont, etc.

27 octobre. Arrestation du maréchal des logis chef de gendarmerie Charles Dufait et de Raymond Descharmes, à Bourmont, de Roger Guigou, à Graffigny-Chemin (chez le frère de Charles Martin qui échappe à l'arrestation), de Pierre Gautier, à Goncourt, etc. Le camp de réfractaires de Goncourt est évacué.

. Sabotage de la voie ferrée entre Villiers-en-Lieu et Saint-Eulien par des résistants bragards, dont Georges Chapron. Un train transportant des pommes de terre déraille. 

28 octobre. Arrestation à Chaumont de Pierre Doncarli, Fernand Wiszner...

. Sabotage d'un train entre Saint-Blin et Vesaignes-sous-Lafauche : le cheminot Maurice Sautot trouve la mort. 

. Marcel Regnault, né à Joinville, est déporté à Buchenwald. 

mardi 26 septembre 2023

"Des Hommes. Les FTP en Haute-Marne et dans l'est de la France. 1942-1944"


"13 janvier 1944. Un rendez-vous entre résistants, à l'aube, dans une rue de Chaumont (Haute-Marne)... La police allemande qui surgit, arrête trois clandestins, dont un chef, Bacchus. Lequel, brutalisé, menacé, finit par parler. Conséquence : l'exécution de onze patriotes deux mois plus tard.

Qui était le responsable avec qui Bacchus devait avoir une entrevue ce jour-là mais n'est jamais venu ? Cette question restée sans réponse depuis 79 ans a été le point de départ d'une passionnante enquête. Elle nous a conduit du Havre à Besançon, en passant par Nancy, Belfort et Lure, sur les traces de ce communiste clandestin.

Elle nous a également amené à découvrir des parcours de femmes et d'hommes ayant notamment résisté, et ce dès 1941, au sein des Francs-tireurs et partisans français (FTPF), sous les ordres d'un combattant devenu légendaire : le "colonel Fabien"..."

Ce nouvel ouvrage de Lionel Fontaine, publié aux éditions Liralest/Le Pythagore, est le fruit de plusieurs années d'enquête dans les archives de la police et de la Justice conservées à Chaumont, à Dijon, à Nancy, à Besançon, au Havre, etc.

Il évoque, dans une trentaine de chapitres, les activités clandestines de militants du Parti communiste français, d'adhérents du Front national et de combattants FTPF, en Haute-Marne et dans le périmètre de l'interrégion 21 :
- les Haut-Marnais René Migeot, Henri Mery, Gabriel Pierret, Félix Lopinot, Gaston Huet, Gaston Renaudin, les frères Garnier, Jacqueline Goustiaux, Georges Debert, Simone Baron, etc.
- les Haut-Saônois Marcel Hacquard, Jules Didier, Pierre Durand, Angèle Kowalczyk, Jacques et Jean Reuchet, Pierre Buffard, Charles Guillaume...
- l'Alsacien Joseph Siegler, 
- les Lorrains Gabriel Szymkowiak, André Camus, Jean Saltel, René Malglaive,
- les Doubiens André Germain, Louis Frossard, Juliette et Martial Bel,
- le Belfortain Marcel Servin,
- les Parisiens Pierre Georges (futur colonel Fabien), René Guillois, Marcel Lallemand,
- les Normands Julien Lefranc, Lionel Jouet, Georges Pouto, 
- les Marnais Marcel Asmus, Robert Baudry, Camille Soudant,
- les Bourguignons du groupe de Saint-Germain-le-Rocheux,
- les interrégionaux Michel Sicre, Marcel Mugnier, Albert Poirier, Roger Bourdy, etc.

Préfacé par Franck Liaigre, spécialiste de l'histoire des FTP, "Des Hommes" est disponible depuis le 1er septembre 2023. 288 pages, près de 90 illustrations. 
 

mercredi 6 septembre 2023

1943 en Haute-Marne (septembre)


André Germain, dit Robert, responsable régional du FN. 

2 septembre 1943. Arrestation de Santino Sossi à Echenay. Déportation à Auschwitz de Madeleine Weintraub, née à Wassy.

3 septembre 1943. Arrestation par la police de Charles Houriez, de Chaumont. Il est libéré quelques semaines plus tard. Au cours du transport de déportés entre Compiègne et Buchenwald, trois Haut-Marnais s'évadent : Robert Baverel (Ageville), mais qui a la jambe happée par une roue de wagon, sera repris, amputé et emprisonné à Châlons, Henri Masson (Droyes) et Albert Gaudry (Chaumont). Deux de leurs compatriotes, Jacques Talbot (Chaumont) et Félix de Girval (Langres), iront jusqu'au terminus.

4 septembre 1943. La brigade régionale de police de sûreté de Dijon interpelle Gaston Huet, cadre interrégional du FN, à Chaumont. Ses aveux sont à l'origine d'un coup de filet en Haute-Marne (Jean Le Magny parvient à fuir et à rejoindre le Sud de la France) et dans le Doubs. Dans la nuit du 4 au 5 septembre, des membres des groupes FN de Sarrey, Neuilly-l'Evêque, Montigny-le-Roi provoquent le déraillement d'un train entre Andilly et Avrecourt.

7 septembre 1943. Arrestation à Chaumont d'Albert Plastrier, dans le cadre de l'enquête sur le maquis de Lamarche. 

8 septembre 1943. Arrestation à Saint-Dizier de Ferdinand Cazy, dans le cadre de l'affaire Huet. Il mourra en déportation.

10 septembre 1943. Le jeune Ardennais Roger Rocipon, du Front uni de la jeunesse patriotique, est arrêté par les policiers français devant le domicile de Ferdinand Cazy. Il sera déporté ; agent du BOA en Haute-Marne depuis quelques semaines, René Pajot rencontre Lucien Febvay à Chaumont. 

11 septembre 1943. Le lieutenant René Cailleaud (Robert), saboteur du BCRA, apporte du matériel explosif en gare de Langres. Il est employé pour la destruction, dans la nuit du 11 au 12, du dépôt de munitions allemand des Franchises. L'opération, préparée par Marius Véchambre, Robert Henry et Pierre Clavel, est exécutée par Cailleaud et des sapeurs-pompiers de Langres : André Besancenot, Jean Lepetz et Jean Mercier, 5 000 tonnes d'explosifs et 20 millions de cartouches sont détruits. Cinq soldats allemands sont tués, mais il n'y a pas de victime dans la population hormis de 20 à 40 blessés. En revanche, les dégâts matériels sont importants.

13 septembre 1943. Déportation d'Auguste Rossignot (Saint-Dizier). 

15 septembre 1943. André Germain (Robert), recherché après l'arrestation de Gaston Huet, et Jules Didier (Mercier), qui a échappé à la capture près de Jarny, permutent : le premier devient responsable régional (FN) du FN en Meurthe-et-Moselle, le second en Haute-Marne. Mi-septembre, fermeture du fort de Peigney, qui avait accueilli des tziganes.

16 septembre 1943. Déplacement du colonel René Beaupuis, directeur des Sports de Vichy, à Joinville et Chaumont. L'officier s'était battu héroïquement en juin 1940 en Haute-Marne. 

17 septembre 1943. Déportation à Buchenwald de Roger Demoulin (Annéville-la-Prairie), Georges Putiot (Brouthières), Raymond Bonnet (Pouilly-sur-Meuse), Pierre Thévenin (Ceffonds), Marcel Bernand (Froncles), Max Princet (Nogent), Charles Thiébaut (Chaumont). 

18 septembre 1943. Arrestation de Gilbert Stocker à Aingoulaincourt (il est reconduit en Allemagne).

19 septembre 1943. Déportation de Gaston Thiéblemont (Chaumont) à Hinzert.

23 septembre 1943. Arrestation d'Aloïse Beltzung (Clinchamp), Charles et Bernard Wittwer (Parnot), Emile Mantelet (Parnot), de Gabriel Piot (Pouilly), qui est blessé dans sa fuite. Evasion du communiste franc-comtois Louis Frossard (il rejoindra Chaumont). 

24 septembre 1943. Arrestation de Jacqueline d'Alincourt dite Violaine à Paris. Membre de l'équipe de Daniel Cordier (le secrétaire de Jean Moulin), elle était veuve d'un officier haut-marnais.

25 septembre 1943. Un rail de la ligne Paris-Belfort est légèrement tordu à Rennepont.

28 septembre 1943. Tentative de meurtre de l'inspecteur de police parisien Albert Thomassin, à Fayl-Billot. Arrestation de Gabriel Chevallier (Villars-Saint-Marcellin), qui est dirigé sur l'Allemagne.

29 septembre 1943. Opération de la Sipo-SD et de la Feldgendarmerie pour capturer Paul Carteron (Max) : son agent de liaison Maurice Bredelet est tué à Coiffy-le-Haut, le Russe Sergueï Oustrooumov trouve également la mort ; arrestation de René Laudet et Jean Breger à Coiffy-le-Haut, d'Auguste Pierre à Damrémont, d'Ernest Chapaux et Maurice Labache à Vaux-la-Douce. 

vendredi 28 juillet 2023

1943 en Haute-Marne (août)


Des jeunes bûcherons au chantier forestier de Blinfey. (Collection club Mémoires 52).


5 août. Condamné à mort le 30 juillet 1943 pour le vol d'une arme à un sous-officier de la Feldgendarmerie, Raymond Chalavon est exécuté sur le territoire de Brottes.

- Gaston Hermann et Alice Salmon née Emerique sont assassinés à Auschwitz.

7 août. Des requis du STO arrivent au chantier forestier de Blinfey, près de Beurville.

8 août. Evasion de prisonniers de guerre nord-africains à Montigny-le-Roi avec la complicité de plusieurs habitants.

9 août. Dans la nuit du 9 au 10, puis dans les nuits du 12 au 13 et du 15 au 16, bombardements du terrain de Robinson. 

13 août. Maurice Pignerol, né à Langres, est déporté-otage à Buchenwald.

14 août. Robert Pillon, un des animateurs du maquis de Lamarche, est arrêté.

- René Préaux, né à Saint-Dizier, est fusillé au Mont-Valérien.

16 août. Raymond Courarie-Delage est nommé préfet de la Haute-Marne, en remplacement de Robert Cousin affecté à la Drôme (il sera déporté). Dans la nuit du 16 au 17, un avion anglais mitraille un train à l'entrée de Saint-Dizier en venant d'Ancerville. Deux autres trains sont attaqués entre la cité bragarde et Blesme (Marne). 

17 août. Enquête sur un "sabotage partiel" de voie ferrée à Villiers-en-Lieu. 

23 août. Nouvelle arrestation de Paul Percheron, de Montier-en-Der ; arrestation de Simone Alleaume, institutrice à Vesaignes-sur-Marne.

30 août. Arrestation à Nuits-Saint-Georges (Côte-d'Or) de Georges Linard, originaire de Curel.

Dans le courant du mois,

- Formation des groupes FN de Joinville et de Sarrey,

- Départ de Langres pour l'Afrique du Nord du chef de bataillon d'active Gabriel Bourgund, né dans la cité lingone,

- Max Princet, originaire de Nogent, est arrêté à Paris. 

samedi 1 juillet 2023

1943 en Haute-Marne (juillet)


 Addi Bâ, responsable militaire du camp de Lamarche.
(Collection Maurice Rives).


7 juillet. Arrestation de Georges Drouot (Montigny-le-Roi) en Allemagne. 

- Interrégional PCF, Marcel Servin ("Gerbault") est à Chaumont. André Germain ("Robert"), régional FN pour la Haute-Marne, le présente à Gaston Huet qui l'héberge pour la nuit. 

9 juillet. Quarante prisonniers russes arrivent à Saint-Dizier et sont logés à l'école Gambetta.

12 juillet. Après la découverte du départ de deux Alsaciens qui s'étaient réfugiés dans le camp, ordre est donné d'évacuer le maquis de Lamarche. Le camp de Soulaucourt-sur-Mouzon est également abandonné.

13 juillet. Libération de Louis Régnier (Chaumont), arrêté fin juin 1943.

- Dans la nuit du 13 au 14, distribution de tracts par des adhérents FN à Chaumont et Saint-Dizier.

14 juillet. Addi Bâ, responsable militaire du maquis de Lamarche, est blessé et capturé à Tollaincourt. Manifestations patriotiques à Froncles, Hortes (des jeunes défilent en musique), Nogent...

15 juillet. Arrestation du maire de Bourbonne-les-Bains, Jules Arnoult, par la Sipo-SD et la Feldgendarmerie. Il sera libéré le 21 août 1943.

- Emile Pardé vient à Chaumont pour déclarer le décès de son oncle. Cousin germain de Marcelle Pardé (directrice de lycée à Dijon, morte en déportation), il trouvera la mort dans le maquis de l'Oisans.

16 juillet. Arrestation de l'ouvrier Germain Pin (Saint-Dizier), membre du PCF, pour sabotage.

22 juillet. Arrestation d'Emile Thivet à Lafauche.

24 juillet. Dans la nuit du 24 au 25, le pilote Georges Libert (Andelot) est embarqué de nuit dans un avion pour l'Angleterre.

25 juillet. Georges Caublot, de Montesson, arrive à Londres. Il s'engagera dans les parachutistes SAS.

27 juillet. Arrestation de Pierre Thévenin à Ceffonds. Il sera déporté.

Fin juillet. Arrivée d'un groupe des Jeunesses populaires françaises (PPF) à la maison forestière de Nemours, en forêt du Der.

30 juillet. Raymond Chalavon est condamné à mort par le tribunal militaire de la Feldkommandantur pour avoir volé l'arme d'un sous-officier allemand, Henri Laborde (Chaumont), qui l'hébergeait, est condamné à une peine de prison à purger en Allemagne.

31 juillet. Départ en déportation pour Auschwitz de Gaston Hermann (Chaumont).

Durant le mois de juillet 1943,

- Paul Carteron ("Max") crée un camp de réfractaires au lieu-dit les Epinaies.

- Trois réfractaires parisiens envoyés par Simone Dauvé (Courcelles-sur-Aujon) sont cachés par Henri Hutinet au réservoir de Charmes. 

- les derniers tziganes internés quittent le fort de Peigney.

- trois prisonniers russes évadés en Lorraine arrivent à Damrémont.

mardi 20 juin 2023

La répression en Haute-Marne : arrestations, exécutions, déportations (1941)


Henri Barth (1895-1949). Collection Club Mémoires 52.

Longtemps, et aujourd'hui encore, le chiffre de 516 Haut-Marnais déportés entre 1940 et 1944 a fait foi. Il a été établi voici 60 ans par Marcel Henriot, correspondant du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Mais depuis, les recherches entreprises par le club Mémoires 52, qui ont fait l'objet de quatre ouvrages dont deux consacrés à l'extermination des juifs, la parution de travaux monumentaux (le livre-mémorial de la Fondation pour la mémoire de la déportation, le livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora, pour ne citer qu'eux) a permis de corriger et enrichir ces statistiques. Corriger, car Marcel Henriot a inclus dans son travail des déportés installés en Haute-Marne au retour de la paix, des prisonniers de guerre internés dans des camps disciplinaires, ou des travailleurs forcés. Enrichir, car les historiens d'aujourd'hui disposent de davantage d'archives que leurs prédécesseurs.

A ce jour, nous sommes en mesure d'affiner ce chiffre et de le porter à 650, pour le moins. Il s'agit des hommes et des femmes nés, ou domiciliés en Haute-Marne durant l'Occupation, ou arrêtés dans le département. Nous évoquerons ici plus précisément ceux qui ont été emmenés Outre-Rhin durant les premières années d'occupation.

1941

Nombre de Haut-Marnais déportés en 1941 recensés par la Fondation pour la mémoire de la Déportation (FMD) : 5. Ils sont tous nés dans le département mais n'y résidaient pas au moment de leur arrestation.

Nombre de Haut-Marnais déportés en 1941 non recensés par la FMD : 6 ou 7. 

Total des déportés en 1941 : 11 ou 12.

Nombre de personnes arrêtées en Haute-Marne en 1941 : 158 ou 160.

Nombre de fusillés en 1941 : 2 (Edouard Aubertin et Jean-Albert Huot).

Notices biographiques 

MATUCHET (Marcel-Roger) (Aubepierre-sur-Aube 31 octobre 1907 - Rouen, Seine-Maritime, 5 janvier 1996). Il est le fils d'Emile Matuchet, garde-champêtre, et de Louise-Marie Menant. Il est nommé surveillant stagiaire des établissements pénitentiaires par arrêté du 19 mars 1932. En poste à la maison d'arrêt d'Evreux, domicilié rue de Paris, il se marie le 27 avril 1935, à Evreux, avec Lucienne Scribot. Marcel Matuchet est déporté le 27 mai 1941 vers les prisons de Sarrebrûck et Preuengesheim, Il est libéré le 13 décembre 1942 à Metz. De nouveau en poste à Evreux (son épouse est surveillante dans le même établissement), il est blessé d'un coup de poing le 24 août 1943, lors de l'évasion de sept détenus dont cinq seront repris. Sources : état civil d'Aubepierre ; livre-mémorial de la FMD ; Journal officiel ; presse régionale.

THIEBAUT (Lucien-Henri) (Chevillon 24 décembre 1901 - ?). Il est le fils de Charles-Victor Thiébaut, domestique, et de Marie-Julie-Antoinette Barbier. Ouvrier agricole dans la Meuse, il est condamné le 31 janvier 1941 à cinq (ou sept) années de réclusion par le tribunal de la Feldkommandantur 590 de Bar-le-Duc pour "détention d'une grenade et menace de mort". Incarcéré à Châlons-sur-Marne, puis à Bar-le-Duc du 12 au 18 juillet 1941, il est déporté le 20 juillet 1941 avec trois compatriotes vers les prisons de Sarrebrück, Rheinbach et Siegburg. Sources : état civil de Chevillon ; livre-mémorial de la FMD ; dossier 1251 W 1361, AD de la Meuse. 

PRIEUR (Christiane-Renée-Suzanne-Julia) (Doulaincourt 26 octobre 1916 - Chevreuse 10 mars 2002). Elle est la fille de Paul-Anselme Prieur, industriel, et de Fernande-Odile Giraud, domiciliés rue Pougny. Elle se marie à Boulogne-Billancourt le 27 décembre 1938 avec Gustave Nivou. Relieur dans la capitale, Gustave Nivou est arrêté avec six personnes dont son épouse, jugé le 19 mai 1941 par le tribunal de la Wehrmacht de Paris, et déporté le 25 août 1941 avec son épouse. Christiane Prieur est déportée vers les prisons de Karlsruhe, Anrath, Güterslohe, Schwelm, Hövelhof. Son mari décède en déportation le 18 avril 1945. Elle est libérée et se remarie à Paris le 27 septembre 1947 avec Alfred Lacour. Sources : état civil de Doulaincourt ; livre-mémorial de la FMD ; Auguste Gerhards, Tribunal de guerre du IIIe Reich, ministère de la Défense, 2014.

BOURGOIN (Paul-Augustin) (Chamouilley 8 juin 1889 - ). Forgeron, il est le fils de Louis-Auguste Bourgoin et de France-Joséphine-Eléonore. Dirigé le 1er octobre 1910 sur le 5e régiment de chasseurs d'Afrique, il sert au Maroc entre novembre 1911 et mars 1912 et reçoit la médaille du Maroc en mai 1914. Domicilié à Louvemont, rappelé au 4e régiment de chasseurs à cheval le 10 août 1914, il passe au 1er régiment de zouaves le 3 avril 1915. Il est blessé le 15 septembre 1915 au coude gauche par balle. Employé à la société meusienne à Ancerville (Meuse) le 6 décembre 1915, il est ajusteur au Réseau de l'Est à Châlons en 1919. Gardien de la paix  à Paris le 5 novembre 1920, il réside ensuite à Melun, puis à Dammarie-lès-Lys. Il est déporté le 8 décembre 1941 vers les prisons de Karlsruhe, Rheinbach, Siegburg. Il est libéré le 25 mai 1945. Source : feuille matricule, AD des Vosges ; livre-mémorial de la FMD.

NICOLAS (Jules-Henri) (Pierrefaite 10 septembre 1877 - Neuilly-sur-Seine 6 novembre 1952). Il est le fils de François Nicolas, cultivateur, et de Marie Debellemanière. Domicilié à Laferté-sur-Amance, il est étudiant à Paris au moment de son appel sous les drapeaux. Il s'engage à compter du 1er octobre 1896 à Paris au titre de l'Ecole centrale des arts et manufactures (arme de l'artillerie). Nommé sous-lieutenant de réserve au 17e bataillon d'artillerie à pied le 15 août 1899, il passe à la colonie du Tonkin le 22 mars 1902, au titre du régiment d'artillerie coloniale du Tonkin. Affecté au 4e RAC le 1er janvier 1904, il se marie à Paris le 7 décembre 1909 avec Lucie-Marie-Rose Levet. Promu lieutenant au groupe territorial du 8e régiment d'artillerie à pied le 14 juin 1913, mobilisé en août 1914, il est se distingue en septembre 1915 à la tête de sa batterie. Capitaine le 19 novembre 1916, Jules Nicolas poursuit sa carrière dans l'artillerie. Il est promu chef d'escadron honoraire de réserve le 12 janvier 1936. Il est arrêté dans le cadre de l'Opération Porto et déporté le 10 décembre 1941 vers les prisons de Dusseldorf, Anrath, Hinzert. Il est libéré le 15 août 1942. Jules Nicolas était ingénieur à son décès. Source : feuille matricule, AD de la Haute-Marne.

FIXEMER (Joseph) (Sarrebrück 27 février 1906). Il est le frère d'Henri Fixemer, le beau-frère d'Henri Barth. Militant anti-nazi dans la Sarre, il fuit l'Allemagne en 1935 et s'installe à Marnaval comme ouvrier. Naturalisé français, mobilisé en 1939, il échappe à la capture. Joseph Fixemer est arrêté à son domicile le 23 janvier 1941 par la police allemande. Jugé comme anti-nazi à Berlin, condamné à mort, il est déporté à Dachau. Rentré à Marnaval, il regagne la Sarre en 1945. Source : Déportés et internés de Haute-Marne, club Mémoires 52, 2005.

BARTH (Henri-Jean) (Sarrebrück 5 novembre 1895 - en Suisse 18 juin 1949). Il est le fils de Mathias Barth et de Katerine Menieur. Il est marié à Elise Fixemer. Le couple a un enfant, Henri, né à Sarrebrück en 1923. Ancien combattant 14-18 (il a été prisonnier de guerre des Russes), Henri Barth était militant syndicaliste, membre de l'Association anti-national-socialiste de la Sarre, conseiller municipal de Sarrebrück. Il se réfugie en France en février 1935 avec sa famille. Il est d'abord domicilié à Bagnières-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), puis s'installe à Saint-Dizier le 16 juillet 1936. Il travaille à la Société métallurgique de Champagne à Marnaval, où il est domicilié au 9, quartier des Soeurs. Il exerce le métier de machiniste, tandis que son fils est électricien dans la même entreprise. Henri Barth est naturalisé français le 6 mai 1937. Il est arrêté à son domicile le 28 avril 1941 par deux feldgendarmes et deux membres de la police allemande. "Ayant fait quelque résistance, la Gestapo menaça d'employer la force, et il consentit librement à suivre les fonctionnaires allemands", écrit le sous-préfet de Saint-Dizier. Conduit à la Kreiskommandantur de Saint-Dizier, transféré à Paris, il est interné durant deux mois à la prison de la Santé. Puis il est incarcéré durant quatre semaines à Trêves, puis à Sarrebrück. Il est jugé le 20 mars 1942 par le tribunal du peuple de cette ville, qui le condamne à un an de prison. Il effectue sa peine à la prison de Sarrebrück, General-Schroth-Strasse. Puis il est déporté à Dachau le 17 juillet 1942, puis à Neuengamme. Henri Barth échappe à la mort en Suède. Rentré à Marnaval en mai ou juin 1945, il retourne en Sarre, où il est élu conseiller, député à l'Assemblée législative de la Sarre, puis maire de Sarrebrück. Il décède en Suisse à l'occasion d'une rencontre d'élus socialistes européens. Source : Déportés et internés de Haute-Marne, op. cit ; rapport du sous-préfet de Wassy au préfet de la Haute-Marne, 21 mai 1942, ADHM ; lettre d'Elise Barth au ministre des Affaires étrangères à Paris, 22 août 1942, ADHM.

CHEVALME (Fernand) (Saint-Dizier 27 janvier 1922 - Manheim 13 mai 1943). Célibataire, il est ouvrier à l'usine du Clos-Mortier à Saint-Dizier. Il est arrêté le 11 juillet 1941 avec onze collègues. Accusés d'avoir jeté des boulons en direction de soldats allemands, ils sont emprisonnés au Val-Barizien à Chaumont puis traduits le 12 août 1941 devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur 563. Fernand Chevalme est condamné à dix ans de travaux forcés et transféré à Bruchsal. Il meurt de maladie à Manheim. Source : Déportés et internés de Haute-Marne, op. cit.

MALGLAIVE (Raymond) (Saint-Dizier 19 avril 1920 - Vitry-le-François 5 août 2000). Ouvrier au Clos-Mortier, il est arrêté le 11 juillet 1941 avec Fernand Chevalme et neuf collègues. Il est condamné le 12 août 1941 à cinq de travaux forcés. Emprisonné à compter du 25 août 1941 à Ludwisburg, il rentre à Saint-Dizier le 14 avril 1945.

PARISSE (Marcel) (Saint-Dizier 15 juin 1921 - ?). Domicilié à Saint-Dizier, il est arrêté le 11 juillet 1941 dans le cadre de l'affaire du Clos-Mortier. Il est condamné à trois ans et demi de travaux forcés le 12 août 1941. Il exécute notamment cette peine à Preungesheim et rentre à Saint-Dizier le 14 avril 1945.

SCHWARTZ (Henri) (Saint-Dizier 22 juillet 1921 - ?). Célibataire, émailleur, il est arrêté le 14 juillet 1941 à la suite de l'affaire du Clos-Mortier. Il est condamné à deux ans de travaux forcés le 12 août 1941 par le tribunal militaire de la Feldkommandantur 563. Il est transféré à la prison de Freiberg le 25 août 1941, puis à celle de Bruchsal le 25 septembre 1941. Il rentre à Saint-Dizier le 14 avril 1941.

THOUVENIN (Louis) (Bettaincourt-sur-Rognon 22 octobre 1910 - Wittlich 23 mai 1943). Il aurait été arrêté en 1941 à Bettaincourt où il s'était réfugié chez ses parents. Emprisonné la même année à Wittlich, il y décède le 23 mai 1943.


    Parmi les personnes arrêtées en 1941, citons :

- 65 communistes entre le 22 juin et le 7 juillet 1941,

- au moins un citoyen britannique, cinq Russes (dont un juif), trois Américains...

- Lucien Praom, de la gare de Laferté-sur-Amance (Montesson), incarcéré à Clairvaux,

- Jean Vantyghem, de Curel, évadé à Chaumont.

    Signalons également le départ pour les prisons allemandes (puis pour le camp de concentration de Mauthausen) de très nombreux prisonniers de guerre espagnols internés dans les frontstalags 122 (Chaumont) et 123 (Langres), dont au moins un arrêté en Haute-Marne en 1941 selon M. Henriot. 

lundi 19 juin 2023

La Compagnie du Val (3) : l'heure de la Libération



La 6e section de l'adjudant (puis sous-lieutenant) Carlin, au  premier plan.

 La deuxième opération menée dans la même nuit du 27 au 28 août 1944 est tout aussi hardie, mais ô combien importante : le sabotage de la ligne ferroviaire Revigny - Saint-Dizier. Médecin  bragard âgé de 53 ans, investi depuis de nombreux mois dans le renseignement, le docteur Pierre Vesselle a révélé qu'une "division blindée" doit rejoindre la région de Commercy (Meuse) à Saint-Dizier par cette ligne, pour "empêcher l'avance des troupes alliées". Voilà pourquoi "le capitaine Thérin décide de faire sauter la ligne de chemin de fer qui se trouve entre Robert-Espagne et Baudonvilliers [...] Les charges de plastic furent préparées par le capitaine Thérin et par plusieurs résistants".

C'est la 2e section (Lelong) qui est à nouveau sollicitée pour cette action. L'équipe de saboteurs se compose du quartier-maître Aimé Voisot, né à Rachecourt-sur-Blaise en 1907, de Jean Liebgott, né à Saint-Dizier en 1919, de Pierre Lassalle, un Bragard qui a vu le jour à Pont-Varin en 1910, et de Jean Lebrun, né à Saint-Dizier en 1917. Ils seront accompagnés par Fernand Carrier, André Etienne et André Serrurier.

Il convient de noter qu'il y eut une première tentative de sabotage au même endroit, le 23 août 1944 selon la presse haut-marnaise, "mais celle-ci n'avait pas donné les résultats escomptés. Il fallait donc recommencer..." Il devrait s'agir du sabotage réalisé dans la nuit du 24 au 25 août 1944, entre Chancenay et la gare de Sommelonne-Baudonvilliers : à 6 h 45, "des pétards" ont explosé au passage d'une locomotive, remorquant un seul wagon qui a déraillé. Mais la circulation devait être rétablie à 9 h 30, selon le rapport des gendarmes d'Ancerville (1). 

C'est ce même article, paru en 1945, qui apporte des détails sur la mission de cette équipe, partie, selon le capitaine Thérin, de la forêt du Val, à bicyclette. Direction le tunnel de la Belle-Epine, entre Baudonvilliers et Robert-Espagne, "après avoir parcouru un secteur cependant étroitement surveillé par l'ennemi et qui comporte la traversée de la Marne et de deux routes nationales". Voilà une machine haut-le-pied. Les cinq saboteurs se cachent puis reprennent leur travail. A peine partis, "un train chargé de troupes venait de sauter sur les mines et plusieurs de ses wagons éventrés obstruaient maintenant les voies de leurs débris. Satisfaits, nos gars s'éloignèrent alors, cependant qu'une grêle de balles tirées par les boches |...] s'abattait dans toutes les directions..." Par ce succès, complété le lendemain par l'intervention de l'aviation alliée (deux avions américains qui, entre 9 h et 9 h 10, ont incendié 32 wagons et causé des pertes parmi les passagers), les FFI du Val empêchaient probablement le passage d'éléments de la 3.Panzer-Grenadier-Division, retirée du front italien et qui, le 29 août 1944, commettra les massacres de la vallée de la Saulx.

Une compagnie Libé-Nord

29 août 1944. Vitry-le-François est libérée par la 4th Armoured Division (4e division blindée américaine). Son prochain objetcif : forcément Saint-Dizier. Ce qui explique que ce jour-là, la forêt du Val s'anime. "A 20 h 30, ordre de rassemblement sur la ferme du Bois-l'Abbesse", précise le rapport de la section Lelong.

Quelle est l'organisation de l'unité ? Un document non signé et non daté - Renseignements concernant la libération de Saint-Dizier - précise qu'elle se compose de cinq sections respectivement commandées par Eugène Roux, Paul Lelong, Marcel Jobert, Henri Mougel et Marcel Carlin, "ayant comme adjoint M. Sancier". Pour le registre d'incorporation du maquis, ce sont plutôt six sections et une de commandement qui forment la compagnie. Selon ce document, la 3e section correspond au groupe d'Eurville-Bienville, sous les ordres de René Brassier, le lieutenant Marcel Mougel commande la 4e section, le sergent Jean-Paul Sancier la 5e, et le sous-lieutenant Marcel Carlin la 6e.

Si le registre comprend 265 noms, le colonel de Grouchy attribue à cette unité, qui relève du mouvement Libé-Nord, un effectif de cinq officiers, 32 sous-officiers et 291 hommes, soit 328 FFI. Ce qui est très exagéré, ce chiffre englobant également les volontaires de Doulaincout et de Froncles.

Chef de la 1ère section, le lieutenant Eugène Roux est né le 7 août 1914 à Saint-Dizier. Sous-officier d'active, il a obtenu son congé d'armistice et est rentré dans sa ville natale le 1er mars 1943. Lui qui a servi à l'Ecole d'équitation de Fontainebleau, sous les ordres du lieutenant-colonel Gabriel Zeller, avait d'abord rejoint le maquis Mauguet, puis il a quitté rapidement ce groupe FN. Sa section se compose de 29 hommes.


Un jeune FFI parmi d'autres : François Bazire, de la 1ère section.

La 2e section rassemble 39 FFI, en partie originaires de Marnaval. Y servent notamment deux Bitterois de 21 ans, André Crassous et Robert Laur, venus des Chantiers de jeunesse, qui seront promus tous deux au grade de sergent.

Si René Brassier est Bragard, les 35 hommes de sa section habitent pratiquement tous Eurville.

La 4e section est commandée par le lieutenant Marcel Jobert, né à Saint-Dizier en 1910, et ses 45 volontaires résident à Ancerville et Marnaval.

La 5e a pour chef le sergent Jean-Paul Sancier, né à Eurville en 1908.

Né en 1910 à Saint-Dizier, l'adjudant de réserve Marcel Carlin est artisan taileur, rue du Midi (aujourd'hui du Colonel-Raynal). Chef de section dans la 11e compagnie du III/242e RI, capturé à Xonrupt le 21 juin 1940, ce sportif accompli a participé aux activités du FN à l'automne 1943, notamment au transport d'armes du commissariat de police de Saint-Dizier. Le 27 août 1944, il a été brièvement arrêté par les Allemands lors d'une reconnaissance de positions de pièces d'artillerie allemande entre Saint-Dizier et Perthes, dans le bois de la Garenne. Le FFI Aloïs Steffan qui l'accompagne parvient à le faire libérer. C'est le 29 août que sa section rejoint la forêt du Val (33 hommes).

Enfin, la section de commandement, où sert notamment le sergent-chef Jean Perrin, réunit 37 volontaires, l'effectif étant complété par 24 noms de FFI non situés dans une section.

Veillée d'arme 

C'est donc le 29 août que les volontaires gagnent majoritairement la forêt. Victor Gross, à qui rendez-vous a été donné pour 16 h au Café de la Marina, témoigne (dans l'Est républicain en 1949) : "Nous étions une vingtaine de gars, sac au dos, qui partions allègrement [...] Les Allemands avaient fait un barrage à La Marina et à l'entrée de Marnaval. Nous avons "planqué" nos tacs tyroliens dans des baraques à  lapins [...], nous n'étions plus que quatre... Passent deux jeunes filles de Marnaval sur la route. Elles nous prirent en charge et nous permirent de passer le barrage à la barbe des Allemands, qui se bornèrent à la présentation des papiers [...] Nous avons erré dans la nuit à la recherche du maquis, et nous finîmes par le trouver vers minuit. Mon fils était là..."

Le récit d'une journée

29 août 1944

Capitaine Thérin : "Nous fûmes avertis que les Américains allaient arriver à Saint-Dizier par l'ouest. Nous reçûmes des ordres d'entrer à Saint-Dizier et de nous emparer de la ville par le sud".

Raoul Laurent : "Le maquis du Val [...] fit mouvement sur Saint-Dizier par la tranche de la Belle-Maison, jusqu'à la clairière de la ferme du Bois-l'Abbesse [...] Nous partîmes en reconnaissance avec Roux et le jeune Thiéblemont, dit Mickey ; en nous dissimulant derrière les haies, nous parvînmes au passage à niveau de la voie ferrée de Doulevant, puis jusqu'à un redan boisé en léger surplomb de la voie ferrée [...] Le stade municipal nous apparaissait bourré de matériel, armes, camions, hommes...".

30 août 1944

R. Laurent : "Le jour suivant, nous partîmes en rampant vers la lisière du bois, à la sortie de la clairière du bois-l'Abbesse, et nous fûmes rejoints par une demi-section qui s'installa à gauche du chemin, tandis qu'Eugène Roux et sa section partaient en reconnaissance vers la ferme de Saint-Pantaléon."

Il est peut-être 9 h, selon le journal de marche des FFI de la Haute-Marne, lorsqu'un accrochage implique la 1ère section et un détachement ennemi vers la ferme de Saint-Pantaléon, propriété de M. Pesme. L'adjudant Lucien Godde se souvient que c'est après avoir marché pendant une demi-heure que les FFI se sont heurtés à l'ennemi. Il s'agissait, à l'angle de la route de Joinville et du chemin de la Marina, de deux canons cantons anti-chars et deux mitrailleuses allemandes (attestation du lieutenant Roux). Il y a quatre blessés dans les rangs des maquisards : Joseph Wasiliewsky, 29 ans, touché par un éclat d'obus au pied gauche, Roger Marchal, le sergent Jean Collin, ainsi qu'un FFI jusqu'alors non cité dans les récits, Georges Fabert, atteint à la cuisse gauche. Grâce au sergent Guillaume Schultz et à Zimmermann (Bernard ?), ces blessés sont évacués (ils seront soignés à la ferme du Bois-l'Abbesse par Madeleine Faivre et Fernande Lombard), tandis que leurs camarades poursuivent leur mission. 

Belge d'origine, Lucien Van Echelpoel fait partie "des quatre hommes qui, seuls, avaient pu suivre ma progression, rapporte le lieutenant Roux, les autres ayant été tués (sic) ou blessés, ou dans l'impossibilité de passer le feu des armes automatiques (malgré notre petit nombre, nous avons continué notre attaque sur les pièces qui décrochent). Entre-temps, les deux nids de mitrailleuses sont détruits par un FM de la section".

Les Allemands décrochent alors en direction de Marnaval par la RN 67, sous le tir des Américains qui prennent aussi sous leur feu les maquisards. "Un Piper-cub américain survolant le quartier et la forêt règle ces tirs, l'observateur ne peut savoir s'il a sous lui des Allemands ou des amis", confirme l'amicale des anciens du maquis. C'est le lieutenant Harley S. Merrick, du 94e bataillon d'artillerie blindée américain, qui, depuis le ciel, pensait avoir affaire à des Allemands.

Pour sa part, la 2e section (Lelong) "est dirigée à l'orée du bois sur la route de Valcourt, en face de la ferme du docteur Reny [...] Les Américains arrivent sur le terrain d'aviation de Robinson. La section essuie le feu de l'artillerie ennemie ainsi que le tir des mitrailleuses lourdes des Américains, sans pouvoir se faire reconnaître de ceux-ci [...] L'ennemi en retraite [...] quitte définitivement la route de Valcourt, il est environ 11 h 30. A 13 h 30, la section entre dans Saint-Dizier par la route de Valcourt, le pont Godard-Jeanson".

Ayant empêché le pont de sauter, bien qu'il ait été miné, la compagnie parvient en effet en centre-ville par les promenades du Jard. La mairie, la sous-préfecture, La Poste sont occupés. La section Lelong participe au nettoyage de la ville (au collège, notamment) avec la 4e DBUS, entrée dans la ville sous les ordres du lieutenant-colonel George L. Jaques, du combat command A. La colonne de Jaques a fait mouvement à partir de 7 h (heure américaine), prenant le terrain de Robinson où un Dornier 217 et deux Me 110 sont détruits (compagnie MacMahon du 37e bataillon de chars), neutralisant à 9 h 30 deux ou trois pièces d'artillerie à l'entrée de la ville et remontant l'avenue de la République (compagnie Miller du 35e bataillon de chars et 53e bataillon d'infanterie blindé). A 12 h 30, Saint-Dizier est considérée comme nettoyée.


La Compagnie du Val accueillie par des habitants. 


Dans l'après-midi, "une patrouille commandée par Pernel arrête, rue Buffon, un tireur revêtu de l'uniforme allemand", précise le récit de l'amicale du maquis. Dans le quartier de Gigny, un FFI de la section Lelong, Georges Mainvis, 20 ans, se propose, avenue Alsace-Lorraine, de guider un char américain afin de réduire au silence une pièce anti-char servie par sept soldats allemands. Ce qui est exécuté, grâce à une manoeuvre par la rue de la Bénivalle. C'est dans cette même avenue que l'époux de la patronne du bar de l'Est, Germain Pin, membre des FTP, a été tué vers 11 h d'une balle à la carotide, alors qu'il renseignait un char américain.

Durant cette journée, la Compagnie du Val n'a déploré qu'une victime : Lucien Groffe, FFI marnavalais de 31 ans né à Doulaincourt. Dans l'après-midi, ce membre de la 2e section a été trouvé porteur d'une arme et d'un brassard FFI, et exécuté près du cimetière de Marnaval. Notons aussi que, longtemps ignorées, les pertes de la population civile ont été particulièrement importantes, notamment du fait des tirs américains : 23 morts (aux Ajots, dans la rue des Carpières, à Marnaval), et au moins quatre ont été blessés.

Le lendemain, le nettoyage de la région se poursuit. Au cours d'une mission à Chamouilley, le lieutenant Roux, le chauffeur Guy Grapinet sont blessés dans un accident, sur la route de Güe. Ce même 31 août, des éléments de la Compagnie se portent dans la vallée de la Saulx. Le capitaine Thérin rédige un rapport sur les massacres du 29 août. "Deux prisonniers SS sont faits par les FFI", note le journal de marche du colonel de Grouchy. Ce que ce document ne précise pas, c'est que ces deux hommes sont fusillés, ce qui suscitera la réprobation d'au moins un maquisard.

Formant la 1ère compagnie du Bataillon FFI de Saint-Dizier, l'unité est ensuite dirigée par le major britannique Nicholas Bodington sur la région Nord de Chaumont, le 9 septembre 1944, pour tenir une ligne Juzennecourt - Bologne. Les opérations - déjà évoquées sur ce blog - lui occasionneront trois blessés.

Après le retour à Saint-Dizier, la compagnie est dissoute. Au moins 29 de ses hommes - dont le lieutenant Henri Mougel, les aspirants Robert Frédéric, Robert Mougel et Michel Zeller -, partis le 29 septembre 1944 pour Chaumont, s'engageront dans le 21e régiment d'infanterie coloniale, affectés essentiellement dans la 3e compagnie.  

Lionel Fontaine

(1) Dossier 1251 W 1279, Arch. dép. de la Meuse. 

mercredi 31 mai 2023

1943 en Haute-Marne (juin)


Des réfractaires au camp de Lamarche. Parmi eux, Roger Olivier, de Chaumont.

(Collection R. Olivier/club Mémoires 52)


 1er juin 1943 : les réfractaires haut-marnais continuent à rejoindre le camp de Lamarche. Cette nuit-là, c'est le cas de Maurice Noirot, Paul Haquin, René Sylvestre, Robert Roquis. Le 9 juin, Gabriel Piot, chef du secteur 416, dirige trois nouvelles recrues, dont André Legendre et Albert Vairelles, puis deux Lorrains le 15 juin, tandis que dans la deuxième quinzaine du mois, une quinzaine de réfractaires envoyés par Emile Darbot (secteur 430) sont contraints de créer un camp satellite au Trou du Chat, près de Laneuvelle.

7 juin 1943 : les Chaumontais François Andriot et Charles Husson arrivent enfin à Londres, après un long périple par l'Espagne.

10 juin 1943 : le fonctionnaire Marcel Segaut est relevé de ses fonctions de sous-préfet de Sarlat, poste qu'il n'a d'ailleurs jamais occupé. Il avait quitté clandestinement la sous-préfecture de Langres en 1942 pour rejoindre la délégation générale de la France libre (Jean Moulin).

12 juin 1943 : arrestation du Nogentais Jean-Marie Bressand à Besançon.

15 juin 1943 : décès à Sachsenhausen de Marius Bocquenet, de Wassy.

16 juin 1943 : Claude-Robert Baverel, d'Ageville, est arrêté en voulant franchir les Pyrénées. 

17 juin 1943 : Mario Berva, de Latrecey, est arrêté à Dijon. Il sera déporté.

22 juin 1943 : 70 petits Parisiens arrivent en gare de Chaumont. Ils rejoignent la colonie de Roôcourt-la-Côte. Parmi eux, trois juives, les soeurs Acounis, qui échapperont aux persécutions.

23 juin 1943 : déportation de Nicolas Schlesinger, de Saint-Dizier.

25 juin 1943 : Raymond Verjux, né à Hûmes, domicilié à Sexfontaines, et Michel Fliecx, de Chaumont, sont déportés.

29 juin 1943 : décès à Sachsenhausen d'Henri Maupin, de Nogent.

30 juin 1943 : arrestation à Chaumont de Louis Régnier, Marie-Louise Régnier et Fernand Millot, à Langres d'Adrien Giudicelli et Albert Grepinet. Tous seront rapidement libérés.

lundi 22 mai 2023

La Compagnie du Val (2) : un dépôt d'armes en forêt


    Les maquisards s'étaient donné rendez-vous en forêt du Val. Ici, lors d'une messe après guerre 
en hommage aux morts du maquis.

Mi-août 1944. Première grande opération clandestine pour les FFI de la Compagnie du Val. Un parachutage avait eu lieu précédemment sur le terrain Gargouille du hameau de Billory, commune de Robert-Magny, près de Montier-en-Der. Celui de la nuit du 10 au 11 juillet 1944, réceptionné par deux agents du Special Operations Executive (circuit Pedlar) et, notamment, par Raoul Laurent, chef départemental de Libé-Nord, et son adjoint Eugène Roux ? Ou celui qui, de source britannique, se serait produit le 9 août 1944 ? Toujours est-il que les résistants bragards partent chercher les armes parachutées pour les entreposer.

Le lieu qui sera choisi pour servir de dépôt d'armes : le Château-Gane, en forêt du Val. Le Val est une vaste forêt privée s'étendant entre la Marne et la Blaise. Y a été érigée, en son coeur, la Belle-Maison, une maison forestière qui, selon l'historien haut-marnais Emile Jolibois, est un ancien rendez-vous de chasse des princes de la maison de Guise. De la Belle-Maison partent huit tranchées forestières menant à Roches-sur-Marne, Saint-Dizier, Marnaval, Valcourt, Humbécout, Wassy, Villiers-aux-Bois et Prez-sur-Marne. C'est sur la tranchée de Prez-sur-Marne, un peu après la Belle-Maison, est situé le lieu-dit Château-Gane, que Michel Zeller, le jeune fils (il a 22 ans) d'un officier installé à Saint-Dizier, a indiqué aux responsables de la Résistance bragarde, 

Le lieutenant Eugène Roux et Raoul Laurent s'accordent à préciser que c'est le 16 août 1944 que les transport d'armes est réalisé depuis Montier-en-Der. Le lieutenant Roux est accompagné de l'entrepreneur bragard Guy Grapinet, qui a mis deux camions de sa société à disposition des FFI. Le chauffeur Lucien Masselot, Louis Pernel, un nommé Buet (ou Buret), Emile Marcillet, Lucien Van Echelpoel et Jean Thiéblemont appartiennent à cette équipe. D'autres volontaires - Pierre Dubus, Alexandre Gairaut, André Serrurier, Yves Vidberg - vont veiller à la garde des armes et explosifs, dont les plus endommagés seront repérés par Zeller, Gairaut, Dubus et Thiéblemont. Ils sont ensuite entreposés dans la baraque appartenant à un boucher de Saint-Dizier (Leclerc), toujours sur la tranche menant à Prez-sur-Marne. C'est à cette "baraque Leclerc" que s'installera le maquis, après l'arrivée au camp de Raoul Laurent et d'un de ses collaborateurs, René Quellais.

Les hommes cités plus haut, et qui sont donc présents depuis la mi-août 1944 dans la forêt du Val, forment le noyau de la 1ère section (lieutenant Eugène Roux) du maquis, dont le parc comprend également un camion du Secours national d'Eurville et un autre mis à disposition par M. Benoit, directeur du dépôt d'essence de la Standard.
La 2e section est constituée effectivement le 24 août 1944, c'est-à-dire le lendemain de la mobilisation générale des FFI de la Haute-Marne. "Le chef de section reçoit l'ordre de faire monter sa section dans la forêt du Val à la Belle-Maison, indique le compte-rendu du lieutenant Lelong. A 21 h, l'effectif est au complet. Transport des armes au nouveau camp. Installation du camp. Préparation des charges d'explosif pour le sabotage de la ligne de chemin de fer de Baudonvilliers..."

Deux opérations sont exécutées dans la nuit du 27 au 28 août 1944. La première : la réception d'un parachutage. Le capitaine Thérin rapporte : "Le capitaine était averti qu'un parachutage d'armes lui serait fait dans la plaine (...), au nord [de la] route Pont-Varin - Voillecomte". Il s'agit du terrain BOA Toboggan, qui a déjà été destinataire d'une opération aérienne début juin 1944. "Avec plusieurs camions à charbon de bois appartenant à M. Grapinet, nous sommes allés à l'endroit du parachutage et avons normalement reçu des conteneurs d'armes", précise l'officier. Dans l'ouvrage Combattants de la liberté, Jean-Marie Chirol apporte d'autres précisions sur cette opération : "L'expédition commence. Point de départ : la baraque Leclerc, dans la forêt du Val, non loin de Villiers-aux-Bois. Itinéraire : tranche de Villiers, tranche ferrée et, par le château du Val, atteindre route de Wassy, puis Louvemont, Pont-Varin, la côte de Voillecomte et terrain Toboggan. Là, ils retrouveront l'équipe de Wassy : Dedet, Garcia, Pirson, Thiéblemont père et fils (...) La petite armada d'ébranle. La 11 CV, conduite par Pierre Dubus, ouvre la marche. Il a à côté de lui Michel Zeller, mitraillette braquée, et, derrière, col au poing, Victor Thérin, Raoul Laurent, également armé d'un colt, et René Quellais, dont le fusil anglais passe par la portière. Viennent ensuite deux camions appartenant à Guy Grapinet, qui conduit le premier. Un fusil-mitrailleur est installé sur la cabine de chaque camion.
    La 1ère section, commandée par Eugène Roux, tireur de FM Schultz, monte dans le premier camion, et la 2e section, commandée par Mougel [en réalité Paul Lelong], dans l'autre. Des ennuis de durite affectent l'un des camions près du château du Val. Le bruit occasionné par les gazogènes donne à cette équipée nocturne et clandestine une allure un peu trop bruyante. Heureusement, le terrain est atteint et chacun se met à l'ouvrage : le lieutenant Eugène Roux est chargé de la protection, Raoul Laurent de la partie technique (balisage, signaux en morse, etc.) et Victor Thérin est le responsable militaire. Tout se passe normalement malgré la pluie qui menace. Trois avions se présentent successivement, et malgré le tir des Allemands qui ont été mis en alerte, deux avions parviennent à l'arguer un important matériel (...) Vite, le balisage est donné, la lettre conventionnelle aussi, et de nombreux parachutes descendent au-dessus de la plaine. Les équipes se mettent au travail avec ardeur pour récupérer les "tubes", et les charger sur les camions. Lorsque le troisième appareil se présente, il est repéré par les Me 110 du Robinson, la DCA et les projecteurs. Aucun signal ne lui est envoyé par Raoul Laurent en raison du danger encouru pour l'appareil et la cargaison des maquisards provenant des deux premiers avions. Ce troisième appareil n'insiste pas et disparaît. Il reste bien des parachutes accrochés aux arbres, mais les gars de Wassy s'en chargeront".
    De son côté, le compte-rendu de la section Lelong note : "Participation de la section au parachutage d'armes de Voillecomte (nuit du 27 au 28 août). Message "Le brigand se cache dans la camisole". Un des hommes de la 1ère section (1er groupe) est blessé par un tube. Convoyage des armes de Voillecomte au camp du Val." Le FFI blessé (à la main) se nomme Martial Thiery, de Saint-Dizier. (A suivre).

jeudi 11 mai 2023

1943 en Haute-Marne (mai)


 François Andriot (en bas), un Chaumontais évadé de France par l'Espagne.
(Collection club Mémoires 52).


1er mai. Un ouvrier, Pierre Salzard, d'Harméville, est tué dans l'explosion d'un obus de 1940 lors d'un chantier à Soulaincout.

. Des prisonniers de guerre indochinois sont détachés dans un chantier en forêt du Der. Ils sont logés à Louvemont.

3 mai. Le Chaumontais Christian Pineau, fondateur du mouvement Libé-Nord, est arrêté à Lyon et emprisonné au fort de Montluc.

. Arrestation de Marcel Monjardet à Chalvraines (il sera incarcéré à Clairvaux).

7 mai. Arrestation à Joinville de Georges Curtinot.

8 mai. Départ d'un convoi de déportation de Compiègne à Sachsenhausen : Emile Leveau (Langres, décédé dans les camps), Charles Benay (Saint-Dizier), Roger Adam (Joinville, décédé), Paul Collin (Marbéville, disparu), Georges Collard (Sainte-Livière), Marcel Varnier (Saint-Dizier) en font partie.

. Arrestation de Fernand Thomas (Langres) à Montigny-le-Roi, de l'officier FTP Henri Hutinet (Bussières-lès-Belmont) dans la Loire.

. Evasion des frères Abel et Georges Antoine (Blécourt et Blessonville) de la prison d'Hinzert.

12 mai. Arrestation de Roger Clément à Echenay.

13 mai. Décès à Manheim de Fernand Chevalme (Saint-Dizier), arrêté en juillet 1941.

14 mai. Arrestation à Chaumont du résistant Albert Gaudry.

17 mai. Déportation vers une prison d'Allemagne de Pierre Hutinet (Rachecourt-sur-Marne) et Alexis Boulommier (Langres).

19 mai. Arrestation d'Albert Reczko à Chaumont.

20 mai. Arrestation de Gustave Breidenstein (Saint-Dizier) pour détention d'arme, de Jean Nowack (Perrusse). Décès de Louis Chauvot (Dommarien) à Buchenwald.

23 mai. Décès de Louis-Emile Thouvenin (Bettaincourt-sur-Rognon) à Wittlich.

24 mai. Le Chaumontais François Andriot est libéré du camp de Miranda (Espagne).

26 mai. Arrestation à Chaumont de Raymond Chalavon (d'Unieux dans la Loire), d'Henri Laborde et Henri Noël. Un pistolet automatique est découvert au domicile de Laborde. Le couple Eugène et Lina Cousin qui hébergeait Chalavon et Noêl seront également interpellés dans le cadre de cette affaire conduite par la Sipo-SD.

. Arrestation du douanier Paul Goguey à Auberive.

27 mai. Une délégation de Wassy se rend à Vichy pour contester auprès du maréchal Pétain le transfert "provisoire" de la sous-préfecture à Saint-Dizier.

28 mai. Maurice Stivalet et Auguste Marlin sont arrêtés à Langres, accusés d'avoir troublé une réunion de la LVF. Arrestation d'Hubert Thomas (Saucourt-sur-Rognon) en Allemagne.

30 mai. Une réunion du Parti populaire français (PPF) se tient à Chaumont.

Courant mai. Arrestation de Bernard Malarme (Wassy). Création d'un chantier forestier à Auberive. Contacts entre les résistants Gabriel Piot (CDLR) et Emile Darbot, Simone Dauvé et Pierre Clavel (BOA), Jean Le Magny, Gaston Huet et André Germain (RN). Réunion de plusieurs patriotes de Chaumont au domicile d'Albert de Saint-Thibault, directeur de l'hôpital. Homologation du terrain Gluck à Pouilly-en-Bassigny. Déportation de René Floquet (Bourbonne-les-Bains). 


lundi 24 avril 2023

La Compagnie du Val (1) : un maquis Libé-Nord


Le capitaine Victor Thérin au milieu des saboteurs de la section Lelong.

(Collection Mme Lassalle/club Mémoires 52).


         "N'ayant été armée que pratiquement la veille de la libération, la principale opération de cette unité, en dehors de quelques sabotages, souvent d'ailleurs très efficaces, a été la prise de Saint-Dizier." C'est ainsi que le journal de marche du lieutenant-colonel Emmanuel de Grouchy, chef départemental des Forces françaises de l'intérieur (FFI) de la Haute-Marne, introduit le relevé d'opérations du Bataillon FFI de Saint-Dizier, dont la 1ère compagnie correspondait à la Compagnie du Val, appelée également maquis du Val. Plusieurs documents, pour la plupart inédits, vont nous aider à en savoir plus sur cette unité composée de volontaires de la région bragarde et rattachée au mouvement Libé-Nord.

Sous les ordres d'un officier d'active

        Bragard d'adoption, Victor Thérin est Breton d'origine. Né le 9 mai 1917 à Yffiniac (Côtes-du-Nord), il se définit lui-même comme "un officier d'active sortant de Saint-Cyr en 1939 et qui s'était fait mettre en congé de l'armée après l'armistice de 1940 pour ne pas servir Vichy et s'était retiré provisoirement chez ses beaux-parents à Saint-Dizier pour y travailler avec son beau-père dans une entreprise de grains". Admis à l'école spéciale militaire en 1937, ce militaire était en effet l'époux d'Andrée Fenault, et tous deux seront, après-guerre, gérants des Etablissements Fenault & Thérin.   

        Son entrée dans la Résistance active, le lieutenant Thérin la raconte ainsi : "Le capitaine Thérin a été contacté fin mai 1944 par M. [Marc] Mourey, instituteur, lequel était délégué de la résistance pour la zone Nord Haute-Marne. M. Mourey avait demandé à M. Thérin de bien vouloir former une compagnie de résistance à Saint-Dizier [...] M. Mourey, pour preuve du bien-fondé de sa demande et de son appartenance à la Résistance, a indiqué à M. Thérin qu'il entendrait un message spécial, radio de Londres, le soir-même. Ce qui fut fait. M. Thérin s'occupa donc immédiatement d'organiser sur le plan militaire une compagnie de quatre sections de 30 hommes et un groupe de commandement."

    Né à Saint-Barthélémy (Haute-Saône) le 18 juillet 1911, domicilié à Saint-Dizier où il est instituteur (il résidait rue Anatole-France, en 1936), Marc Mourey, alias "commandant François Jardin", était membre actif de Libé-Nord, créé à l'échelle nationale par un Haut-Marnais (le Chaumontais Christian Pineau), représenté en Champagne par un autre Chaumontais de naissance (Gabriel Thierry) et, en Haute-Marne, par le cheminot bragard Raoul Laurent. C'est donc à ce mouvement que la compagnie sera rattachée.

        "Deuxième quinzaine de juillet, cette compagnie était complètement formée", précise Victor Thérin, qui résidait avenue de la République, près de la Kreiskommanantur. C'est en réalité sur "le papier" que cette unité existe à cette époque. Désigné pour commander la 2e section, le lieutenant Paul Lelong, né à Montreuil-sur-Blaise (Haute-Marne) en 1898, indique ainsi, pour ce qui concerne ses hommes : "Formés dans la clandestinité, les éléments du premier groupe furent contactés en mai 1944 par le chef de section. La section fut définitivement formée le 1er août 1944. Ordre fut donné par le commandant de compagnie de tenir les trois groupes en alerte. Au début du mois d'août 1944, le chef du groupe n°2 fut chargé de déminer les fourneaux de mines installés par les Allemands au pont des Eturbées, à Saint-Dizier. Il s'acquitte avec succès de cette mission, avec quelques hommes de son groupe, sous les ordres du directeur d'une usine de Saint-Dizier."

(A suivre)

vendredi 31 mars 2023

1943 en Haute-Marne : avril


Des membres de l'équipage du 425 Squadron morts à Mussey. (Collection club Mémoires 52).


7 avril. Décès à l'hôpital de Georges Oriot, de Lanty-sur-Aube, qui avait été interné à Hinzert.

8 avril. Prosper Grandmontagne, de Doulaincourt, travailleur en Allemagne, est tué dans un bombardement à Essen.

9 avril. Roger Adam est arrêté par la feldgendarmerie en gare de Joinville. 

13 avril. A cette date, 137 juifs sont encore domiciliés en Haute-Marne.

14 avril. Les Allemands arrêtent Paul Aubert à Maranville. 

Nuit du 14 au 15 avril 1943. Chute d'un Wellington du 425 Squadron (Royal Canadian Air Force) à Mussey-sur-Marne. Les six membres de l'équipage sont tués. 

15 avril. Arrêté en mars 1943, le résistant Henri Hutinet, de Bannes, est libéré. 

16 avril. Déportation à Mauthausen de Jules Giudice (Annéville-la-Prairie, mort en déportation), Pierre Auer (Colmier-le-Bas), Roger Gérard (Poissons, mort en déportation), Marcel Briot (Rachecourt-sur-Marne, mort en déportation), Georges Noël (Roches-sur-Marne), René Aubertin, Lucien Georges (décédé en déportation) et James Paillot, tous trois de Sommevoire, Léon Kremer (décédé en déportation) et Marcel Raspado, de Thonnance-lès-Joinville, Pierre Mouillet (Vecqueville, mort en déportation), Marcin Przezkziek (Villiers-en-Lieu, mort en déportation), Alfred Grosse (Chaumont), Georges Tisserand (Saint-Dizier, mort en déportation), Emile Thirion (Bourbonne-les-Bains), François Kuntz (Joinville), ainsi que trois travailleurs en Allemagne qui avaient été arrêtés en gare de Joinville : Souche, Laveau et Aymard.

- André Germain ("Robert"), de Besançon, est nommé responsable du FN en Haute-Marne.

20 avril. Déportation à Mauthausen d'Arthur Favret (Gilley) et Adam Iwanski (Hortes), porté disparu.

21 avril. Raymond Verjux, de Hûmes, est arrêté à Perpignan en voulant passer en Espagne.

24 avril. Déportation de Germain Beaumet, de Chamouilley, à Natzweiler. 

28 avril. Déportation à Sachsenhausen de Marius Bocquenet, de Wassy (décédé dans les camps), de Camille Hilsenkopf, de Saint-Dizier, de Robert Lenfant, de Saint-Dizier, et d'Henri Tetot, de Saint-Dizier, et à Ravensbrück de Germaine Frilley (Frettes, morte en déportation). 

29 avril. Arrivée à Natzweiler d'Henri Henriot, de Maizières-sur-Amance, décédé en déportation.

mardi 7 mars 2023

1943 en Haute-Marne (mars)


Des réfractaires du Nord à Ecôt-la-Combe. (Collection Daniel Delavaquerie).

1er mars. Arrestation d'Emile Leveau, de Langres (mort en déportation), et de Claire Couche née Grandjean, à Dijon (elle est originaire de Nogent).

3 mars. Evasion par l'Espagne de Georges Caublot, de Laferté-sur-Amance (futur parachutiste SAS).

4 mars. Arrestation dans la Nièvre de Roger Gérard, de Poissons, et à Brethenay de Roger Gillet (morts en déportation).

5 mars. Arrestation en Meurthe-et-Moselle d'Arthur Favret, de Gilley (mort en déportation) ; arrestation d'Adam Iwanski, de Hortes (disparu en déportation).

6 mars. Libération de Roger Kittler, de Torcenay.

10 mars. Arrestation de Maurice Henry et Paul Baillache, à Villiers-le-Sec, de Germain Beaumet, à Chamouilley (il sera déporté).

- Arrivée de réfractaires du Nord-Pas-de-Calais à Andelot. Ils travailleront dans le chantier forestier d'Ecôt-la-Combe.

11 mars. Chute d'un bombardier Halifax à Sommevoire (sept rescapés).

12 mars. Déportation d'Alphonse Cacheur, de Wassy, arrêté en Allemagne. Condamnation d'Armand Voirin, de Sarcey, surveillant à Clairvaux (il sera déporté).

15 mars. Arrestation dans la région de Langres (Bannes, Champigny-lès-Langres, Jorquenay) d'Albert Voirin, Henri Hutinet, Paul Vaillon, Gaston Party, Désiré Richard, Raymond Cherrey, Antoine Banak, René Maire. Ils seront libérés.

. Transport de réfractaires de Chaumont au maquis de Lamarche qui vient de se créer.

19 mars. Arrestation de Marcel et Georgette Varnier, de Saint-Dizier, qui seront déportés (elle ne reviendra pas).

20 mars. Arrestation d'Auguste et Germaine Rossignot, de Saint-Dizier, qui seront déportés.

22 mars. Arrestation au Boulou de René Floquet, de Bourbonne-les-Bains, qui tentait de passer en Espagne (mort en déportation) ; arrestation de Louis et Clotilde Bourniquez à Pressigny (elle sera déportée, lui servira au maquis Henry) ; arrestation de Camille Hilsenkopf, de Saint-Dizier (déporté).

23 mars. Déportation de Pauline Lévy, de Bourbonne-les-Bains (assassinée à Auschwitz), 

25 mars. Déportation de Julien Simon, de Montigny-le-Roi (mort à Auschwitz).

27 mars. Mort par accident de l'adjudant FAFL Serge Guernon (246 Squadron), de Chaumont.

Mars 1943 est également le mois :

- de l'arrestation de Georges Bertrand, de Chaumont (déporté).

- de l'affiliation de Pierre Clavel (Langres) au BOA.

- du contact entre Gabriel Piot (Pouilly) et Marcel Arburger (Lamarche) qui lui demande d'organiser le secteur 426 du mouvement Ceux de la Résistance/Lorraine.

  

lundi 13 février 2023

1943 en Haute-Marne (février)


Ida Rizaucourt, arrêtée le 24 février 1943 par la police française.

Parution du dernier numéro de la publication clandestine La Feuille libre, écrite et diffusée par le journaliste chaumontais Fernand Wiszner ; deuxième voyage à Londres du Chaumontais Christian Pineau, fondateur du mouvement Libé-Nord.

1er février. Rassemblement devant la mairie d'une trentaine de Chaumontaises réclamant un supplément de nourriture pour leurs enfants ; arrestation dans le Cher du FTP bragard André Beau.

5 février. Arrestation en gare de Culmont-Chalindrey du FTP alsacien Joseph Siegler, ancien camarade de combat de Pierre Georges (capitaine Henry) dans le Doubs.

6 février. Arrestation par la feldgendarmerie de Jacques Talbot, employé à la Feldpost de Chaumont.

Nuit du 8 au 9 février. Arrestation à Sommevoire des ouvriers René Aubertin et Lucien Georges.

11 février. Arrestation pour refus de travail d'Albert Deruffe, employé au camp de Robinson à Saint-Dizier.

12 février. Arrestation à Fayl-Billot de Roger Kittler, militant communiste de Torcenay, impliqué dans l'affaire Joseph Siegler.

13 février. Arrestation à Sommevoire de James Paillot ; déportation à Auschwitz de Nicole Haguenauer, de Chaumont.

14 février. Arrestation en gare de Joinville de trois ouvriers échappés d'Allemagne, Jean Souche, Edouard Laveau et Paul Aymard.

16 février. Loi instituant le Service du travail obligatoire ; sabotage d'un câble électrique reliant Saint-Dizier au terrain de Robinson.

17 février. Arrestation pour marché noir de Nicolas Schlesinger, de Saint-Dizier.

20 février. Evasion de onze travailleurs juifs du chantier de Champaubert. Quatre seront repris dont deux à Giffaumont et déportés.

22 février. Arrestation de Marcel et Emile Briot, de Rachecourt-sur-Blaise, pour "propagande anti-allemande et distribution de tracts" ; arrestation de Georges Tisserand, chauffeur à l'usine à gaz de Saint-Dizier, pour "détention d'arme".

23 février. Publication au Journal officiel de l'arrêté entérinant le transfert de la sous-préfecture de l'arrondisement Nord de Wassy à Saint-Dizier ; arrestation de Marcel Varnier, employé à la Ville de Saint-Dizier.

24 février. Arrestation par la police française d'Ida Rizaucourt, accusée d'être à l'origine de la manifestation des "mères de famille" à Chaumont le 1er février.

25 février. Déportation à Hinzert d'Abel et Georges Antoine, arrêtés le 17 décembre 1942 sur le territoire de Montribourg, de Georges Oriot, de Laferté-sur-Aube, et René Brouillard, de Louze ; arrestation de cinq ouvriers de Bussy : Albert Bernardin, Léon Kremer, François Kuntz, Pierre Mouillet et Marcel Raspado, pour refus de travail en Allemagne ; arrestation de Marcin Przezdziek, de Villiers-en-Lieu, de Charles Benay, de Saint-Dizier (pour écoute de la radio anglaise et vols).

26 février. Arrestation de Marcel Desnouveaux, de Lachapelle-en-Blaisy, comme prisonnier évadé ; arrestation de Georges Noël, de Roches-sur-Marne, pour détention d'arme.