lundi 30 avril 2012

13 juillet 1944 : deux Lancaster s'écrasent dans le Sud-Ouest haut-marnais

Dans la nuit du 12 au 13 juillet 1944, la RAF bombardait le dépôt SNCF de Culmont-Chalindrey. La mission concernait 378 appareils qui se sont également attaqués au dépôt de Tours et à la gare de Revigny-sur-Ornain (Meuse). Jean-Marie Chirol, dans « Dossier 52 » n°1, écrira : « L'emplacement du dépôt, complètement bouleversé, était devenu méconnaissable. Tout y était anéanti : rails, aiguillages, voies de garage, bâtiment... Les bâtiments avaient creusé d'énormes entonnoirs, de 25 m de profondeur parfois... Quarante-deux machines étaient devenues plus ou moins inutilisables. Le viaduc de Torcenay était fortement endommagé... On crut tout d'abord qu'aucune vic
time n'était à déplorer, à l'exception d'un blessé grave qui devait décéder à son arrivée à l'hôpital de Langres. Or, lorsque les travaux de déblaiement, contrariés par les explosions des bombes à retardement, furent entrepris, on découvrit cinq cadavres sous les décombres, ceux de deux cheminots, d'une femme avec son enfant et d'une personne âgée qui ne put être identifiée. Quinze cents bombes avaient été jetées sur le dépôt, et on évalua approximativement à 800 le nombre de sinistrés... » Deux Lancaster s'écrasent en Haute-Marne, lors de cette mission. Le LM 638, du Squadron 44, tombe dans la forêt de Montavoir, territoire d'Auberive. Les sept membres de l'équipage parviennent à sauter : 
. le pilote, le lieutenant R. S. Arnold, le bombardier, le sergent L. H. Brooks, le mitrailleur, le sergent A. W. Lamb, et le navigateur, le sergent L. Wharton, auraient rejoint le maquis de Recey-sur-Ource (Côte-d'Or). 
. le mitrailleur, le sergent J. Bray, est recueilli par Jean Rouot, de Châteauvillain, puis dirigé sur l'Aube. 
. le radio, le sergent Kenneth William Green, est caché pendant une dizaine de jours à la ferme d'Erelles, chez Robert Gautherot, puis conduit ensuite à Orbigny-au-Mont, où il est pris en charge par René Henry. En compagnie d'un rescapé du Lancaster abattu à Giey-sur-Aujon, Keeler Peter Hammerton, le sergent Green tente de passer en Suisse. Ils sont tous deux arrêtés par une patrouille allemande, emprisonnés à Besançon et transférés en Allemagne. 
. Nous ignorons le destin du mécanicien, le sergent R. G. Royle. 
 Le LM 221, du Squadron 9, s'écrase vers 2 h dans la forêt d'Arc-en-Barrois, au lieu-dit « La petite forêt », territoire de Cour-l'Evêque. Les sept membres de l'équipage sont tués : F. E. Shaw, J. P. Armstrong, A. F. Grieve, A. D. Tagget, W.A.M. Hallett, M. H. Payne et D.G.W. Brown. 

  Le document qui illustre ce message correspond à l'équipage tombé à Cour-l'Evêque.

mercredi 11 avril 2012

Des Haut-Marnais prennent part à la libération de Rambervillers

Page d'histoire méconnue que la participation de FFI haut-marnais à la libération de Rambervillers, dans les Vosges, à 80 km de Bourmont, fin septembre 1944.

Une page qui s'ouvre dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, par la réception d'un parachutage d'armes, au lieu-dit Fréhaut, à proximité de l'ancienne place forte lorraine de La Mothe. L'opération permet d'armer l'équivalent d'une compagnie de FFI en formation. C'est à elle qu'appartient le groupe de Soulaucourt-sur-Mouzon (village du canton de Bourmont), que commande Hubert Morlot, alias « Bébert ». Ce groupe relève du secteur D de la zone I, c'est à dire de l'organisation FFI des Vosges (Jean Catera est chef de secteur, le capitaine « Jean-Pierre », vraisemblablement André Rigot, commandant de compagnie).

Le groupe de Soulaucourt n'est pas le seul élément haut-marnais à dépendre de cette zone :
. le groupe de Goncourt appartient à la section dite de Bourmont (adjudant Gautier). Le 10 septembre, il quittera l'organisation lorraine pour rejoindre la compagnie du capitaine Henri Thomas, des FFI haut-marnais.
. le groupe Siroco (commandé par Auguste Rouot), dit camp « Zisa » ou « Z1SA » - sans doute pour secteur A de la zone I.
A noter que la compagnie dispose d'une section de mortiers servis par des prisonniers italiens évadés de Vittel (ils étaient neuf, dont un général !).

Le groupe de Soulaucourt – comme celui de Goncourt - participe, le 2 septembre 1944, à la première libération de Neufchâteau, puis doit se replier sur le château de Bourlemont en raison de l'arrivée d'une colonne allemande. Le 12, la compagnie revient occuper, définitivement, la cité néocastrienne, puis patrouille dans les bois de Liffol, Bazoilles-sur-Meuse, Harréville-les-Chanteurs.

Le 20 septembre, les FFI haut-marnais du groupe de Soulaucourt gagnent Vittel. Là, ils sont intégrés dans la 1ère compagnie du 1er bataillon des Vosges, qui se forme, durant ce mois, avec des FFI du Groupement 1 de ce département (secteurs de Neufchâteau, Liffol-le-Grand, Châtenois). Selon un historique du 26e RI, le bataillon a été constitué à partir du 5 septembre au camp de la Délivrance (près de Lamarche), a repris les traditions du 5e BCP le 22 septembre, avant d'aller cantonner dans la cité thermale.

Chef du groupement I, le commandant Grandjean (« René »), du mouvement CDLR, en prend la tête. Selon Jean Laurain (« Libération des Vosges. L'épopée du 6e corps américain »), ce bataillon était crédité de 600 hommes, répartis entre quatre compagnies encadrées par des officiers de réserve. La 1ère compagnie est aux ordres du capitaine « Jean-Pierre » et du lieutenant Thouvenin, instituteur à Sartres (ce futur général décédera à Doulaincourt). Chef du secteur de Vittel-Campagne, le lieutenant Roger Cunin ("Georges") en commande la compagnie hors rang. 

Le 1er bataillon des Vosges se porte d'abord sur Xertigny. Il doit participer à la libération d'Epinal, en vertu d'un accord passé entre un colonel américain et le commandant Perrin (« Etienne »), adjoint au commandant des FFI vosgiens, mais cette coopération ne peut avoir lieu. L'unité va alors accompagner la 45e division d'infanterie américaine du général Eagles lors des opérations de la libération de Rambervillers.

Voici ce qu'en dit le « rapport sur l'activité du groupe de résistance et des FFI de Soulaucourt-sur-Mouzon ».
Le 29 septembre 1944, « accrochage avec l'ennemi à l'orée du bois au nord-ouest de la ville de Rambervillers, à 11 h : quatre Allemands tués. Reconnaissance vers 15 h par une patrouille de quatre hommes en pointe avancée jusqu'aux faubourgs de la ville. Tirs d'artillerie ennemis pendant la nuit. Riposte des mortiers ». Le 30, « destruction des nids de mitrailleuses allemandes dès l'aube, principalement auprès du pont de la Mortagne ; attaque de Rambervillers à 10 h : Robert Gilbert a placé une passerelle sur la rivière et pénètre le premier dans la ville, suivi immédiatement de Walter Blumenstein et de tout le groupe ; nettoyage de la ville où la résistance ennemie est ferme... ; attaque de la caserne de Rambervillers occupée par 60 Allemands. Après quinze minutes de combat, l'ennemi se rend au groupe de quinze hommes commandés par le lieutenant Thouvenin qui a l'avantage. A 13 h 30, la ville est libérée entièrement par les FFI. Résultat : 186 ennemis prisonniers et 60 tués. Représailles ennemies : bombardement intense de la ville. A 15 h, le sergent R. Gilbert est blessé mortellement par un obus de 77 ». Il est ramené à Epinal.
Précisons que ce rapport passe totalement sous silence le rôle des troupes américaines dans la libération de Rambervillers.

Le 2 octobre, la 1ère compagnie est de retour à Epinal, et le groupe de Soulaucourt est démobilisé. Ce qui n'empêche pas la poursuite des opérations par le 1er bataillon des Vosges : du 4 au 11 octobre, il opère ainsi au bois de Sainte-Hélène. Le 5, le sergent Robert Hof, de la 2e compagnie, est mortellement blessé – des éléments du bataillon (section Bedel) opéraient alors avec les Américains du côté de Frémifontaine. Né à Epinal en 1923, le sous-officier décède le 10.

Le 10 décembre, le bataillon devient bataillon 21/20, cantonne à Remiremont puis à Epinal, avant de devenir, le 1er février 1945, 3e bataillon du 26e RI, sous les ordres du commandant Damance. Le capitaine Sarron commande la CB, le capitaine Thouvenin la 11e compagnie, le capitaine Mueth la 12e, le lieutenant Gayaud la 13e, le capitaine Groskopf (ex-chef du secteur de Mirecourt) la 14e, et le capitaine Scheider la 15e.