mardi 25 août 2020

Maquis Duguesclin (3) : occasion manquée à Chaumont



Deux volontaires du maquis Duguesclin : Roger Olivier et Roger Laspoujas. (Collection R. Olivier).


31 août 1944

«Arc est occupé dans l'après-midi par la 1ère compagnie (lieutenant Heidet1). Le maquis comprend à ce moment deux compagnies (lieutenants Heidet et Chaize). Cinq nouveaux prisonniers sont faits. Dans la soirée, visite du commandant («Pic»), faisant connaître qu'un télégramme du GQG demande que dix FFI soient envoyés porteurs de renseignements auprès des alliés. Le sous-lieutenant Bocquillon se rend à Courcelles et rédige des renseignements dans la nuit, d'après les rapports faits chaque jour par les agents envoyés à Chaumont dans la vallée de la Marne pour surveiller l'activité ennemie, ainsi que les agents fixes recrutés dans chaque commune. A signaler l'activité inlassable et courageuse de Sommer dit «Finaud» et de Tissus (sic)».

Claude Chaize et Robert Bocquillon sont beaux-frères. Agé de 30 ans, le premier est originaire de la Loire. Comme l'adjudant Dufour, il a servi au 28e RAD de Chaumont, lui comme lieutenant, en 1940. Le lieutenant Chaize s'est investi dans la Résistance dans son département d'origine, avant de revenir à Laville-aux-Bois (village près de Chaumont) en 1943. Fils du lieutenant-colonel de réserve René Bocquillon, un avoué chaumontais, l'aspirant Bocquillon, qui s'est battu lui aussi en 1940, est avocat dans le chef-lieu haut-marnais. Dans l'organigramme des FFI de la Haute-Marne, il occupe la fonction de responsable du secteur de la ville de Chaumont.



1er septembre 1944

«A 8 h, quinze équipes de deux hommes, dont le sous-lieutenant Bocquillon, sont envoyés dans diverses directions, porteurs de renseignements écrits. Une embuscade est montée dans la vallée de l'Aujon, une autre dans la région de Coupray.

Le soir, le capitaine Schreiber décide que les deux compagnies feront mouvement en direction de Chaumont pour coopérer avec les alliés à la prise de la ville. Deux sections devaient être laissées à Arc et une au maquis».


La veille, les Américains ont libéré la moitié Nord de la Haute-Marne mais également Bar-sur-Aube. Devant la menace, les Allemands ont commencé à évacuer Chaumont, détruisant à l'explosif quelques arches du viaduc.

Ce même jour, des éléments de reconnaissance de l'armée Patton ont poussé jusqu'à Rimaucourt, suscitant une attaque - prématurée - de la petite garnison ennemie d'Andelot (à moins de 20 km de Chaumont) par les FFI du capitaine Jean ChâteL Le lendemain de cet échec (qui a coûté deux morts), un millier d'Allemands se réunissent dans le bourg.

Ces événements suggèrent une libération imminente du chef-lieu haut-marnais. Mais...

Ce jour-là, mais l'historique ne mentionne pas ce fait, un FFI, Georges Roussel, est blessé à Juzennecourt2.



2 septembre 1944

«A 5 h, le lieutenant Dubreuil, en liaison au PC du colonel, arrive au maquis porteur d'un ordre adressé au bataillon, qui devra se rendre à Auberive en renfort à la suite de l'attaque déclenchée par une colonne allemande sur le village occupé par le maquis de «Max». Les gazos sont aussitôt mis en route et le bataillon arrive sur les lieux au petit jour, quand les Allemands se replient».

Ce combat vient d'opposer dans la nuit le maquis du capitaine Carteron avec un convoi ennemi à l'entrée du village d'Auberive. Une douzaine de FFI ont été blessés.

«A 8 h, le maquis regagne Giey, complète son approvisionnement en munitions, puis traverse Arc et Richebourg, et s'installe définitivement à Semoutiers.»

Voilà donc le maquis Duguesclin se portant à moins de 15 km de Chaumont.

«A 12 h, le lieutenant Parcollet se porte au devant des colonnes allemandes, qu'il rencontre aux Côtes-d'Alun, mais la coordination ne peut être faite, ces colonnes se replient à 12 h 30 sur Bar-sur-Aube.

A 13 h, il rencontre le lieutenant Bocquillon qui avait remis la veille, à 17 h, des documents en sa possession à l'EM américain. Tous les agents envoyés en liaison avaient également accompli leur mission.

Isolé au milieu de l'ennemi, et à la suite d'une dénonciation, le bataillon se porte à Valdelancourt. Trois hommes restent à Semoutiers. L'un d'eux, fait prisonnier par les Allemands, sera relâché le lendemain. Deux sections restent à Arc et un détachement très peu armé garde le maquis de Giey, l'ensemble sous la direction du lieutenant Blanchot. Mission est donnée d'entourer les mouvements ennemis par des barrages».



3 septembre 1944

«Une compagnie est portée à Autreville pour parfaire son instruction (lieutenant Heidet). Dans la nuit, une embuscade est tendue sur la route Chaumont-Châteauvillain.

Le capitaine se rend à Bar-sur-Aube où il rencontre le capitaine «Jack» et le lieutenant «René» pour leur demander d'accélérer leurs livraisons d'armes». Jacques Taschereau et René Landreau sont deux officiers canadiens d'une mission SOE présente dans la région de Soulaines-Dhuys (Aube) depuis juin 1944. Cette précision démontre que le maquis prospecte tous azimuts auprès d'organisations parfois en concurrence pour obtenir des armes : l'état-major départemental FFI, la délégation militaire départementale, et donc ici les services spéciaux britanniques.

Un événement du jour que ne mentionne pas le journal de marche : au matin, les Allemands attaquent le groupe du sergent-chef Roger Petitot (3e section de l'adjudant-chef René Karr, 1ère compagnie) qui, depuis la veille au soir, occupait une maison forestière sur la route entre Arc-en-Barrois et Langres. "Le groupe se trouve dispersé et l'adjudant Brochard nous regroupe à [la ferme de] Sautreuil, se souvient le sergent-chef Petitot. Au cours de cette action, il fut blessé à une jambe". Atteint à la jambe gauche, Brochard, adjoint à la 1ère section (lieutenant Bigorgne) sera soigné puis transporté à Arc-en-Barrois par le cultivateur, Louis Bégin. 


4 septembre 1944

«Reconnaissance d'un emplacement de maquis. Embuscade sur la route de Villiers-le-Sec à Chaumont. Une 3e compagnie est formée par incorporation du groupe Dufour-Colin (sic) de Juzennecourt. Le lieutenant Collin en prend le commandement. Cette unité reste stationnée à Juzennecourt avec mission de contrôler la circulation dans cette région et faire des patrouilles dans la forêt de l'Etoile».

Né à Chambley (Meurthe-et-Moselle) en 1904, Maurice Colin était trésorier au centre d'administration de Chaumont. Dans sa compagnie, serviront notamment le sergent Robert Jeanmougin, né en 1918 en Haute-Saône, arrivé en Haute-Marne comme employé des PTT (après s'être engagé dans les zouaves) et demeurant à Sarcicourt3, le Chaumontais Charles Hourriez et son acolyte Henri Darré, Gilbert François (d'Euffigneix)...


C'est a priori ce jour-là que Jean Pujol situe un événement : «J'avais été chargé par nos officiers du maquis de conduire à Juzennecourt, à bicyclette, un prêtre en soutane agent de renseignement... Il ne connaissait pas la région. Pour plus de sécurité, j'ai choisi l'itinéraire Euffigneix-Gillancourt-Juzennecourt... Je n'avais, pour protéger le prêtre, qu'une simple mitraillette... C'est à Juzennecourt que j'ai eu mon premier contact avec les Américains. Je leur ai remis le prêtre....»


«Dans la nuit, des abattis sont faits sur la route de Châteauvillain pour entraver l'importante circulation ennemie entre Châteauvillain et Chaumont. Cette circulation était en permanence surveillée par le poste de Valdelancourt. Le lieutenant Parcollet revient de Bar-sur-Aube avec une vingtaine de fusils et un FM.

A Arc-en-Barrois, les sections forment des bouchons sur les routes. Un gendarme est arrêté par les Allemands et désarmé. Le groupe commandé par l'adjudant-chef Carré4 ouvre le feu sur une colonne allemande de 20 voitures. Il doit se replier sous bois après avoir essuyé le feu d'armes lourdes».



Deux FFI de la 3e compagnie parmi d'autres

Soldat dans la 1ère section de la 3e compagnie, Henri Darré, originaire de la Sologne, a déserté de l'armée de l'air le 1er avril 1944 et gagné Chaumont où résidaient ses frères. Par l'intermédiaire du brigadier-chef de police Lucien Dupin, il a rejoint la région de Juzennecourt pour servir aux cotés de Charles Hourriez.

Son camarade était chef de bureau à l'hospice de Chaumont. Né en 1921 dans le Pas-de-Calais, il s'est particulièrement investi dans la Résistance, selon son dossier de Combattant volontaire, à partir de la mi-1942, en devenant le «lieutenant Laurent 1416», en liaison avec les services spéciaux britanniques. Il a été arrêté le 3 septembre 1943 par les policiers rémois et interné à Chaumont jusqu'au 20 septembre.

Henri Darré racontera : avec Hourriez, «nous avons vécu dans la forêt dense, pas très loin de Colombey-les-Deux-Eglises, une forêt très humide où nous sommes restés quelques semaines, à coucher dans une cahute faite de bottes d'avoine... Notre activité s'est bornée, entre autres, à déboucher les chambres à mines que les Allemands avaient dû faire boucher à leur arrivée...»

Tout deux rejoindront donc le maquis Duguesclin, Hourriez comme deuxième classe. Le 1er septembre 1944, il remet à l'adjudant-chef Léon Remy, de la compagnie de Juzennecourt, 27 kg d'explosifs, 700 détonateurs, 120 grenades, huit pistolets-mitrailleurs et douze fusils anglais. Ici encore, cet apport n'est pas mentionné par le journal du maquis.

Après la libération de Chaumont, Henri Darré s'engagera, avec d'autres FFI du maquis (André Corne, Robert Guyot, etc.), dans le 1er régiment d'artillerie de la 1ère division française libre.



5 septembre 1944

«Une embuscade est envoyée de jour, sous les ordres de l'adjudant-chef Descamps, en bordure du terrain d'aviation de Semoutiers, où les éléments ennemis sont signalés.

A Juzennecourt, le lieutenant Carrol, du 2e bureau de la 3e armée, a, avec le capitaine, un entretien au cours duquel il lui exprime le désir de l'état-major américain de se mettre en rapport avec le colonel Michel. Le soir-même, une voiture se rend à Auberive pour transmettre cette invitation».

Depuis le 30 août, le colonel de Grouchy a en effet installé son état-major dans l'abbaye d'Auberive, aux côtés du maquis Max, de l'équipe jedburgh Bunny (celle du capitaine Geminel) et des parachutistes britanniques du 2nd Special air service (SAS) regiment.

«A Arc-en-Barrois, les sections se rendent dans la nuit sur le terrain de parachutage de Courcelles».

1Pierre Heidet, domicilié à Neuilly-sur-Suize, est né en 1906 au Pailly (Haute-Marne).

2Selon un document inédit conservé par le Service historique de la Défense et communiqué par Yves Martin.

3Il s'agit de «Pépé» Jeanmougin, fondateur du club de volley de l'ASPTT de Chaumont, qui fut président d'honneur du Chaumont volley-ball 52 Haute-Marne (club de Ligue A).

4N'est-ce pas plutôt l'adjudant-chef René Karr, né à Joinville en 1906 ? A rapprocher avec la dispersion du groupe Petitot survenu la veille. 


lundi 10 août 2020

Volontaires FFI : de Ceffonds à Cuves


CEFFONDS

ALIPS (Aimé), 3e section compagnie du Der, 32 ans

ALIPS (Guy), 2/Der, 25 ans

ALIPS (Serge), 3/Der, 23 ans

BOUVENOT (Fernand), adjudant, 3/Der, 44 ans

BOUVENOT (Lucien), maréchal des logis, 3/Der, 44 ans

CHERY (Elie), maréchal des logis, 3/Der, 33 ans

COINCHELIN, 2/Der

COLLE (André), 3/Der, tué le 27 août 1944

DEMANDRE (Pierre), 3/Der, 38 ans

FRONT (Gilbert), 3/Der, 23 ans

GAUTHEY (Gilbert), Der, engagé

HERBIN (Lucien), 3/Der, 25 ans

LAVOCAT (Denis), 3/Der

NOTTAT (Guy), 2/Der, 24 ans

NOTTAT (Lucien), 3/Der, 50 ans

NOTTAT (Raymond), 3/Der, 24 ans

PORTE (Roger), 3/Der, 24 ans

PRICOT (Robert), 2/Der, 19 ans

RITTER (Robert), caporal-chef, 2/Der, 32 ans

CELLES

CHARLES (Roland), 3e compagnie maquis Charles, 21 ans

MAZELIN (Gustave), sergent, 3/Charles, 45 ans

SIMON (Guy), 3/Charles, 18 ans

SIMON (Jean), 3/Charles, 20 ans, engagé

CELSOY

COQUY (Albert), SC maquis Charles, 25 ans

CHALANCEY

PINEL (Georges), maquis Max, engagé

CHALINDREY

BOURGOIN (Gilbert), adjudant-chef de gendarmerie,

DAMOTTE (René), maquis Henry, 20 ans

HUTINET

JOURNEE (Jean)

KITTLER (Jean)

MAILLEFERT (Georges), Dr

MANGIN (Henri)

MARQUET (Roger), maquis Max, 26 ans, tué le 28 août 1944

MARTIN (Paul), maquis de Fresnoy, 24 ans

MASCRE (André), 22 ans

RIBARD (Georges)

RIEHL (André), lieutenant, chef de groupe, 40 ans

RONDEY (Hubert), maquis Henry, 21 ans, engagé, tué

THIERRY (Jean), groupe local

CHAMARANDES

JACOB (Gilbert), 21 ans, engagé

TOULOUSE (Jean) (FFI Nièvre), 32 ans

TOUSSENEL (Maurice) (maquis Blonde)

CHAMBRONCOURT

DARCEMONT (Georges), groupe Sirocco, 17 ans (témoignage du maire)

DUVAUX (Guy), Sirocco, 18 ans (idem)

FEVRE (Roland), Sirocco, 18 ans (idem)

LEBERT (Robert), Sirocco, 26 ans (idem)

CHAMEROY

BAUDOT (Armand), chef de groupe

HOURLIER (Jean), maquis Max

HUOT (Victor), Max

MAROT (Albert) , Max

MAROT (Jean), Max, engagé, tué

SCHULER (Joseph), Max

CHAMPIGNY-LES-LANGRES

MANGE (Eugène), 2/Charles, 32 ans

MICHEL (Charles), Max, engagé

MICHEL (Georges), Max, engagé

CHAMPIGNY-SOUS-VARENNES

DUCRET (Fernand), caporal, 2/Charles, 35 ans

DUFAY (Charles), capitaine, Charles, 33 ans

GUICHARD (Pierre), 1/Charles, 24 ans

JEANNERET (Maurice), sous-officier, SC Charles

CHANCENAY

DANILOFF (Gordéi), maquis Mauguet, 55 ans

FRUET (Mario), Mauguet, 30 ans, blessé le 30/8/44

JEANSON (Henri), Mauguet, 39 ans, blessé le 30/8/44

THIRION (Louis), Mauguet, 41 ans (témoignage du maire)

VERNE (André), Mauguet, engagé

CHANGEY

BOISSELIER (Fernand), 2/Charles, 19 ans, engagé

BOISSELIER (Victor), 2/Charles, 21 ans, engagé

MAROT (Charles), caporal, 2/Charles, 40 ans

NOEL (André), 2/Charles, 19 ans, engagé

ROSE (Hubert), 2/Charles, 18 ans

CHARMES-LES-LANGRES

BEZY (Marcel), 1/Charles, 19 ans, engagé

BRESSON (Jacques), caporal, 1/Charles, 19 ans, engagé

BRESSON (Roger), 1/Charles, 17 ans

LASDRAT (Jacques), 2/Charles, 19 ans, engagé

CHARMOILLES

VIARD (Henri), section Godard/Pincourt, 22 ans

CHARMOY

MOCHET (Marcel), Henry, engagé, tué

SARRAZIN (André), 3/Henry, 20 ans

CHASSIGNY

DEROSIER (Bernard) (témoignage Hutinet)

ROGER (Georges)

VERCELLI (Charles), 45 ans

CHATEAUVILLAIN

HANTZBERG (Jacques), Duguesclin, 17 ans

ROUOT (Jean), maquis de Montigny-sur-Aube

CHAUDENAY

BELOT (Jacques), 1/Charles, 30 ans

GAZIN (Emilien), 1/Charles, 22 ans

GOIROT (Albert), 1/Charles, 21 ans, engagé

GOIROT (Raymond), 1/Charles, 23 ans

PEUTET (Antonin), sergent, 1/Charles, 35 ans

VERNIER (Maurice), 1/Charles, 21 ans

CHEVILLON

PREVOST (René), groupe local, 24 ans, blessé, décédé le 4 9 1944

VIRY (Louis), lieutenant, groupe local

CHEZEAUX

DORE (Charles), SC maquis Charles, 24 ans

MORIN (Louis), 3/Charles, 31 ans

RAPIN (Pierre), SC Charles, 37 ans

CHOILLEY

ANGELOT (René), maquis Henry (témoignage du maire)

JAPIOT (Jean), Henry (idem)

MIOT (René), Henry (idem)

CLEFMONT

DUPUY (Pierre), caporal-chef, Hêtraie, tué le 4 9 1944

NICHOLAS (Jules), PC Pincourt

CLINCHAMP

BERTHE (Auguste), adjudant, groupe local

COIFFY-LE-BAS

BELLOUARD (Henri), adjudant, 1/Charles, 34 ans

CAUSSIN (Henri), 1/Charles, 31 ans

CHEVILLON (Pierre), 1/Charles, 27 ans

CLEMENT (Gilbert), brigadier-chef, 2/Charles, 25 ans

COLLIN (Marcel), sergent-chef, 1/Charles, 35 ans

DALINCOURT (Max), 1/Charles, 32 ans

GALISSOT (Pierre), 1/Charles, 21 ans

HUMBLOT (Roger), 1/Charles, 31 ans

MARTIN (Daniel), 1/Charles, 27 ans

SOLONEL (Maurice), 1/Charles, 30 ans

COIFFY-LE-HAUT

BOUVIER (Pierre), 3/Charles, 19 ans

CARTERON (Paul), capitaine, maquis Max, 33 ans

GAUTHIER (Marcel), 3/Charles, 21 ans, engagé

LAUDET (René), 3/Charles, 22 ans, engagé

PHILIPPE (Paul), 2/Charles, 19 ans, engagé

COHONS

THIRION (tém. Hutinet)

CONDES

BOUET (Jean), section Voirpy/Pincourt, 22 ans

CORGIRNON

BOURLIER (Etienne), 3/Henry, 24 ans

BOURLIER (Lucien), 3/Henry, 20 ans

CHAPUSOT (Jean), 1/Henry, blessé le 11 9 44, engagé

CHAUVET (Paul), 3/Henry, engagé

CHEVILLARD (Alexandre), caporal-chef, CF/Henry

DROUOT (Justin), 3/Henry, 21 ans, engagé

HUGUENOT (Eugène), 3/Henry, 26 ans

MALGRAS (Régis), 3/Henry, 20 ans

RAINCOURT (Jean), 3/Henry, 22 ans

CORLEE

BRICARD (Jules), Max (témoignage du maire)

BRICARD (Mammès), Max (idem)

CATHERINET (Albert), 2/Charles, 19 ans, engagé

ROUCHON, Max, engagé

THEVENY (Pierre), Max, engagé

COUPRAY

CATHERINET (Maurice), Duguesclin, 20 ans

CATHERINET (Paul), Duguesclin, 21 ans

FOURNIER (Aimé), maréchal des logis, Duguesclin, 27 ans

COUR-L'EVEQUE

AUBRIOT (Henri), Duguesclin, 21 ans

BEGUINOT (Hubert), Duguesclin, 21 ans

FAVRE (Henri dit Joseph), Duguesclin, engagé

MAROILLER (Raoul), Duguesclin, 26 ans

PETIT (Bernard), Duguesclin

REMY (Serge), Duguesclin

ROUGELIN (Louis), Duguesclin, 19 ans, engagé

ROUGELIN (Yves), Duguesclin, 21 ans, engagé

COURCELLES-EN-MONTAGNE

DAUTREY (Gaston), Max (témoignage du maire)

MICHELOT (Jean), Max (idem)

RIGOLLOT (André), Max, 22 ans, engagé

ROBIN (Joseph), Max

RONDOT (Jean), Max, 34 ans

ROYER (Jacques), Max, 18 ans, engagé

COURCELLES-SUR-BLAISE

CONSIGNY (Robert), commandos M

JOLY (Raymond), commandos M, engagé

CULMONT

FEBVRE (Marcel), maquis de Fresnoy, 23 ans

JAPIOT (Emile), 1/Charles, 33 ans

RICHARD (Jean), Henry (tém. Hutinet)

SCHWEYER (André), Fresnoy, 19 ans

CUREL

ROYER (Pierre), sergent, Joinville, 32 ans

CUVES

CLAUSSE (Elie), Pincourt, 18 ans



Note : les volontaires de Chaumont seront évoqués dans un autre article.

mercredi 5 août 2020

Le maquis Duguesclin (2) : bientôt 120 volontaires



Quatre volontaires du maquis : Jacques Jaillot, René Dupont, "Le Bagnard"
et Antoine Simons. (Collection A. Simons).


27 août 1944
 «Le maquis s'installe à proximité de la ferme de La Ville-au-Bois (lieutenant Bigorgne). Le lieutenant Parcollet se rend à la ferme de La Salle à bicyclette avec le commandant «Picq» (sic) et prend contact avec le colonel. Il rentre dans l'après-midi avec une voiture armée du capitaine «Max».» Rectifions l'orthographe de «Picq» : il s'agit du commandant Michel Pichard, alias «Pic» (ou «Gauss» ou «Génératrice»), délégué militaire départemental (donc représentant militaire du général de Gaulle). Parachuté une quinzaine de jours plus tôt à Rivière-les-Fosses, à l'extrémité sud du département, il a pris ses quartiers dans la vallée de l'Aujon. C'est un responsable national du BOA, donc doublement indiqué pour organiser des parachutages au profit des FFI. Quant à «Max», il s'agit de Paul Carteron, chef du maquis de La Salle (ou maquis Max), près d'Auberive. Nous noterons qu'il existe, dans le secteur, un troisième maquis : le maquis Gérard, constitué le 23 août 1944 dans le bois de Courcelles-sur-Aujon (puis à la ferme de la Rente-sur-Villiers, territoire de Giey-sur-Aujon, PC du commandant Pichard), sous les ordres du lieutenant Guy Vidal («Gérard»).
 Un des FFI du maquis Gérard, Pierre Esprit, de Giey-sur-Aujon, se souvient que le 31 août 1944, au lendemain d'une embuscade dressée par son groupe entre Arc-en-Barrois et Langres, il est allé avec son chef et un FFI prénommé Marceau rendre visite au maquis Duguesclin. Ce camp était «situé sur l'autre rive de l'Aujon, dans les sapins entre la «Voie des vaches» et la «Voie de Champlain», un peu plus loin que l'ancienne ferme de La Ville-au-Bois, territoire de Giey. Nous avons vu le capitaine Schreiber et bon nombre de jeunes Chaumontais dont Pierre Michaut. Notre lieutenant, déçu du comportement de Marceau la veille, leur a légué une nouvelle recrue».
 Journal de marche du maquis : «Le même jour, réunion du capitaine Schreiber et des lieutenants Chaize, Bocquillon, Blanchot, Dubreuil, Perrin. L'effectif atteint 120 hommes par l'arrivée du sous-lieutenant Maingon et de 40 jeunes venus de nuit par les bois après une marche de 20 km». Quelques précisions sur plusieurs de ces officiers. Né à Chaumont en 1910, Raymond Dubreuil, sous-lieutenant de réserve d’artillerie, exerce la profession de chef comptable au Petit Haut-Marnais. Le lieutenant Albert Perrin est également Haut-Marnais : sous-officier d'artillerie à Chaumont à la fin des années 30, il a vu le jour à Rennepont en 1908. Habitant de Latrecey ayant vécu en Asie, Léon-Henry Maingon a 65 ans : il est né en effet à Damery (Marne) en 1879 ! Il n'est pas impossible que son groupe corresponde à celui dont fait partie un volontaire de Latrecey, Robert Roblin, qui se souvient : « Un habitant du village, M. Riottot, m'a dit «On s'en va». Et avec six gars de Latrecey, dont Galizzi, nous avons pris, à pied, la direction d'Aubepierre, guidés par un garde-forestier, Brochard».
Parmi les premiers volontaires de Duguesclin, il y a également Antoine Simons, jeune habitant de Blessonville d'origine hollandaise, qui gagne le maquis après le massacre de Châteauvillain (24 août 1944) : « A la nuit, un agent de liaison m'emmène quelque part dans la forêt au-dessus de Giey – le maquis -, une toute petite clairière, des abris de fortune couverts de bâches en plus ou moins bon état et dessous une bonne et épaisse litière de paille. La nourriture : beaucoup de gruyère, du pain frais souvent, quelques fois un morceau de viande, des patates de temps en temps, du vin et de l'eau à volonté, mais seulement pour boire. Je retrouve avec étonnement et satisfaction réciproque Maurice et Camille Lacroix... » Il s'agit de deux frères originaires de son village.

28 août 1944
 «Les hommes présents commencent leur instruction et s'installent. Dans l'après-midi, un convoi armé se porte du maquis de Giey au maquis de La Salle, en vue de chercher des armes. Le sous-lieutenant Bocquillon organise le réseau de renseignements du maquis et récupère l'adjudant-chef Descamps avec son groupe.» Emilien Descamps est âgé de 45 ans. Il est adjudant-chef depuis 1937. Né dans le Pas-de-Calais, sous les drapeaux depuis la fin de la Première Guerre mondiale, il est militaire en Haute-Marne depuis 1929, d'abord au 21e RI, puis en 109e RI en 1939.
 «Ce jour, le curé de Courcelles réussit, de concert avec le maquis, et par une savante manœuvre, à effrayer la garnison russo-allemande, forte de 400 hommes, qui quitte précipitamment le village, et le lieutenant Perrin en profite pour procéder à de nombreuses perquisitions, notamment de véhicules.» La Haute-Marne accueillait le quartier général d'une division de l'armée allemande composée de Russes (notamment des cosaques), la Freiwilligen-Stamm-Division. Les 400 hommes évoqués appartiendraient plutôt à une unité dépêchée par les autorités militaires allemandes de Vesoul.
 A propos de la vie au camp, Antoine Simons se porte volontaire pour assurer les gardes, ce qui présente pour lui l'avantage d'être armé d'une Sten : «Invariablement, les tours de garde duraient douze heures : un homme seul le jour et deux la nuit. On était embusqués au coin d'une tranche à environ 1 km du camp avec consigne de tirer sans avertissement sur tout Allemand qui pourrait se présenter dans le but évident d'alerter le camp...»

29 août 1944
 «Le lieutenant Bigorgne et trois hommes en opération sont arrêtés à Saint-Loup-sur-Aujon et menacés d'être fusillés, puis ils sont relâchés.» L'adjudant Brochard est l'un de ces hommes.
 «10 h : 400 Russo-Allemands venus par Aubepierre et Rouvres s'approchent du camp et se déploient en tirailleurs autour de la ferme de Laville-au-Bois. Mais ne connaissant pas l'emplacement exact du maquis, ils ne peuvent mener à bien leur manœuvre. Dans l'après-midi, embuscade sur la route Arc-Aubepierre. A cette date, l'armement pour 150 hommes se compose de deux FM, 25 mitraillettes, quinze fusils et 30 grenades».

Nuit du 29 au 30 août 1944
 «Le lieutenant Parcollet apporte au camp des fusils et des mitraillettes par convoi auto. Une compagnie de 70 hommes du maquis Max arrive à 2 h du matin : elle avait fait son mouvement à pied et avait échappé de justesse à un détachement de 100 Russes installés à Saint-Loup.»
Cette compagnie du maquis de La Salle correspond à un important contingent de volontaires partis de Langres. L'un d'eux, Jean Pujol, raconte : «C'est le 25 août (…) que j'ai appris l'ordre de mobilisation des FFI de la Haute-Marne. Aucun écrit, tout se disait de bouche à oreille entre personnes qui se connaissaient de longue date, et qui ne dévoilaient pas l'identité de leurs contacts (…) C'est le 27 août que mes camarades de la filière sont venus à mon domicile. «On part. Viens-tu ?» J'ai répondu : «Je suis prêt. Laissez-moi seulement une demi-heure pour rassembler quelques affaires.» Devant mes parents interloqués, ils ont attendu devant la porte que je mette quelques objets dans mes poches : rasoir, savon à barbe, peigne, mouchoir, etc. (…) A la dernière minute, ma mère m'a glissé une médaille dans la poche «pour me protéger», à l'effigie de la Vierge, et nous sommes partis. Nous sommes sortis de Langres par la Porte des Terreaux. Elle n'était pas barrée et semblait libre. Une chance ! A peine sous la voûte, nous découvrons deux sentinelles allemandes que les piédroits de la porte nous avaient masqués. L'une d'elles se précipite vers nous. Je me dis «Ca y est ! L'aventure est finie avant de commencer !» Mais l'autre sentinelle, un peu plus éloignée, qui devait être le chef de poste, fait signe de laisser tomber. Et nous passons, indifférents, devant le premier Allemand qui ne sait quelle contenance prendre. Nous prenons, à travers les buissons, la direction de Buzon (…) Nous allons chercher des légumes dans les jardins en contre-bas, qui étaient très nombreux et très cultivés à l'époque. Nous étions partis assez tard dans l'après-midi. De Langres à la ferme de La Salle, il y avait environ 25 km à parcourir à pied. Aussi, la nuit nous a surpris. Nous avons demandé l'hospitalité à une ferme isolée, où nous nous sommes reposés dans la grange sous des bottes de paille. Le fermier n'a pas posé de questions, mais on voyait à son air qu'il avait compris et était heureux de nous rendre ce service. Au matin, il a même aimablement refusé notre offre de l'aider à rebatteler la paille. A La Salle, dans la même journée, le 28 août, nous avons été armés, puis transportés en camions dans la forêt d'Arc, au-dessus de Giey-sur-Aujon... Nous avons été conduits dans une sorte de clairière, en pleine forêt...» C'est ainsi que le maquis Duguesclin accueille dans ses rangs nombre de Langrois, comme André et Jacques Favre, Jacques Jaillot, Marc Pleux, Maurice Poinsenot (ancien élève au Petit séminaire âgé de 17 ans, neveu d'un autre maquisard originaire d'Arc-en-Barrois, Jean Poinsenot), Bernard Voirin... Jean Pujol précisera encore que convoyés «tous feux éteints», «nous étions tous armés».

30 août 1944
 «Instruction des hommes. Embuscades sur les routes d'Arc à Chameroy, dans la région de Bugnières et dans la vallée de l'Aube (lieutenant Blanchot). Dix gendarmes, dont un brigadier, rejoignent le maquis. Les groupes en embuscade ont fait dix prisonniers russes et un milicien». Jean Pujol témoigne au sujet des captifs : «Cinq Russes en ont profité pour déserter et rejoindre notre maquis. Gardés prisonniers et enchaînés pendant trois jours, ils furent libérés après avoir prouvé leur bonne foi et accepté de combattre avec nous...»