samedi 16 septembre 2017

1918 : un officier arcquois tombé aux côtés des Américains

Raymond Bougrelle est, à notre connaissance, l'un des deux officiers haut-marnais à avoir été détachés auprès de l'armée américaine, qui avait choisi leur département natal pour y établir le grand quartier général. 
Né le 13 décembre 1891 à Arc-en-Barrois, Raymond-Joseph-Lucien Bougrelle est le fils de Joseph-Eugène, qui s'établira comme débitant à Chaumont, et de Marie-Emilie Cretin. En 1906, la famille réside au 90, rue de Buxereuilles (aujourd'hui rue Victoire-de-la-Marne). Raymond est de la classe 1911, et au moment de son appel sous les drapeaux, il exerce la profession de commis des postes. C'est au régiment de Chaumont, le 109e RI, que le jeune Arcquois est incorporé, le 8 décembre 1912. Caporal le 11 février 1913, Bougrelle est promu sergent le 23 juillet 1913, à 22 ans, puis adjudant, le 9 décembre 1914. Enfin, le 27 mars 1915, il est nommé sous-lieutenant de réserve (à titre temporaire), grade qui sera confirmé à compter du 15 avril 1916. Passé au 217e régiment d'infanterie (régiment de réserve mis sur pied à Lyon), Bougrelle mérite une première citation, à l'ordre de la 142e brigade, le 22 mars 1915. Le texte dit :«S'est présenté comme volontaire pour aller rechercher sous le feu le cadavre d'un capitaine d'artillerie, tué à environ 150 m du village de Domèvre occupé par l'ennemi et a réussi malgré les tentatives de ce dernier pour s'emparer du mort, à le rapporter dans nos lignes». Est-ce le capitaine Duval, du 4e RAC, un Vosgien, tué le 20 mars 1915 à Domèvre ? Lieutenant (à titre définitif) le 27 mai 1917, Bougrelle est chef de section dans la 16e compagnie du 217e RI, lorsqu'il est détaché auprès du corps expéditionnaire américain, avant le 1er janvier 1918. 

Selon l'historique de la 37e division d'infanterie américaine, le lieutenant Bougrelle est attaché au quartier-général de la 73e brigade d'infanterie puis, avec le capitaine Benoithon, au 145e régiment d'infanterie. L'unité, appuyée notamment par le 505e régiment d'artillerie d'assaut (français), est engagée le 26 septembre 1918 à Avocourt, dans la Meuse, à l'occasion d'une ultime offensive déclenchée ce jour-là. Lisons la citation décernée en 1920 au lieutenant Bougrelle : «Officier doué d'une haute valeur morale. Détaché auprès d'un commandant de bataillon américain, a fait l'admiration de nos alliés par sa bravoure et son mépris du danger. Pendant l'attaque du 26 septembre 1918, s'est multiplié pour assurer la liaison entre les unités de première ligne engagées dans un combat difficile. A été tué au cours de l'action. Croix de guerre avec palme». l'acte de décès de l'officier, tombé à l'aube de ses 27 ans à Avocourt, sera transcrit à Chaumont. Outre Bougrelle, 29 Haut-Marnais de naissance, essentiellement originaires des secteurs de Chaumont, Châteauvillain et Nogent, ont trouvé la mort dans les rangs du 217e RI, dont le capitaine Nicolas Matheron, des Loges, tué le 12 juillet 1916 au tunnel de Tavannes. 

Le second Haut-Marnais détaché est le capitaine Marie-Joseph-Alfred-Maurice Aweng, originaire de Vaux-sous-Aubigny, dont le frère, également capitaine, est tombé en 1914. Selon ses états de services, ce Saint-Cyrien a été «affecté à l'encadrement des nouvelles unités américaines par décision ministérielle du 27 novembre 1918». Ni le nom d'Aweng, ni celui de Bougrelle ne figurent sur les listes – incomplètes – des militaires français passés par l'école d'interprètes de Biesles.