lundi 31 mai 2010

Chabrier, le premier champion de boxe bragard



On le connaît surtout par son nom : Chabrier. Un pionnier de la boxe française à propos duquel la presse locale se plaira de préciser qu’il était originaire de Saint-Dizier, et qu’il a été sociétaire de La Bragarde, cette association sportive fondée il y a tout juste 130 ans (le 1er juin 1880).

Si la presse haut-marnaise s’est aussi intéressée à Chabrier, c’est que le 3 septembre 1905, ce professeur à Paris, qualifié de « champion du monde » (sic) de boxe, a organisé au théâtre municipal – rénové en 2010 – une rencontre de boxe (française et anglaise), de canne et d’escrime. Une première, dans la cité bragarde, ont précisé les journalistes… Parmi les sportifs présents : Walter Picards, champion d’Angleterre, Geo Stanley, du Pays de Galles, Ducarre, champion de France amateur, mais aussi des sportifs locaux de La Bragarde et des Jeunes de Saint-Dizier (Edmond Colin, Marc Gatinois, pour la boxe française). Ces pionniers n’imaginaient pas que Saint-Dizier serait, ultérieurement, la cité natale d’un champion du monde de boxe (Marcel Thil), d’un champion olympique (Roger Michelot), puis de plusieurs champions d’Europe (parmi lesquels les Chanet père et fils)…

Quant à Chabrier, nous savons, grâce à la presse spécialisée de l’époque, qu’en 1899 il était entraîneur de boxe française et anglaise ; qu’il a été formé par le fameux sportif Charlemont ; qu’en 1901, il était le prévôt de Castérès, propriétaire d’une salle de sport au 2, rue Nouvelle à Paris ; qu’il a affronté Chamberlain en 1902 ; qu’il a «écrasé» le boxeur anglais Jack Roberts, en 1907, salle Wagram à Paris, mais qu’il a ensuite été défait par le Britannique Jack Menkins, vers 1910 ; qu’il a d’ailleurs fait partie de la délégation de sportifs venus faire découvrir la boxe française en Angleterre…

Ce sportif, prénommé Lucien-Raymond, est né le 15 juin 1871 à Bienville. Fils d'Alexis, tâcheron puis employé des chemins de fer, et de Joséphine Morel, Lucien Chabrier vivait toujours à Saint-Dizier, en 1892, où il exerçait la profession de garçon boucher (ou garçon de brasserie). Ce qui confirme le CV qu'il envoya au directeur de "La Vie au grand air" et qui parut en février 1903 : «J'étais, avant de m'adonner à l'enseignement de la boxe, dans le commerce. Vers la fin de 1895, je suis entré chez Charlemont père, qui me donna mes premières leçons. J'y restai trois ans et passai chez Casterès, où j'enseignai pendant trois ans également. En 1898, je partis à Londres, et pendant deux mois je fis, à l'Alhambra, la démonstration de la boxe française. En janvier dernier, je m'associai avec Antoine. Parmi les assauts auxquels j'ai pris part et dont j'ai gardé le souvenir figurent ceux de Bruxelles, contre Dardenne ; contre Charlemont, à Bruxelles également en 1899 ; à Paris, contre Albert en 1901. Et c'est tout... J'attends le championnat du monde. Au point de vue de l'entraînement, je fais comme la généralité de mes collègues, juste ce qu'il faut pour me maintenir en forme. Détail particulier : je joue régulièrement au Football-Association, et je m'en trouve très bien. »

C'est fin 1902 - année de son mariage, à Paris, avec Charlotte-Marie Mesnier - qu'il a en effet repris la salle de la rue de Londres avec son associé Antoine. Dans une autre publication dédiée au sport, il est précisé que Chabrier est "le premier lauréat du championnat international de boxe" en 1903, tandis que Le Journal mentionne également le souhait du Bragard de jouer au football. Il est alors âgé de 32 ans.

La photo qui illustre cet article - parue dans "La Vie au grand air" en février 1903 - est l'une des rares représentant Lucien Chabrier, qui aurait également été moniteur à l'école (futur bataillon) de Joinville. 


samedi 29 mai 2010

Euro 2016 : un Haut-Marnais acteur de ce succès

Signalons que le directeur-général de la Fédération française de football (FFF), qui a remporté hier un succès notoire en permettant à la France d'organiser le championnat d'Europe de foot Euro 2016, est un Haut-Marnais : Jacques Lambert est en effet natif d'Epinant, dans le Bassigny.

Dans le domaine, l'homme justifie de sérieuses références :

Préfet de la Savoie, il a organisé les JO d'Albertville (1992).

En 1993, il a pris la direction du comité d'organisation de la Coupe du Monde 1998 en France - on connaît le résultat : les Bleus champions du monde !

Et il est, depuis 2005, directeur-général de la FFF présidée par Jean-Pierre Escalette, qui organisera donc l'Euro 20106. Un succès qui doit beaucoup aux qualités de ce Haut-Marnais discret et efficace.

Il y a 70 ans en Haute-Marne (III) : le combat aérien du 5 juin 1940



Quelques images des Ju 88 abattus le 5 juin 1940 en Haute-Marne (dans notre ouvrage "1940 en Haute-Marne", tome II, écrit par Jean-Marie Chirol).


2 juin. Plusieurs convois de réfugiés du Nord sont à l’arrêt en gare de Chalindrey. Ils ont précédemment subi des attaques de l’aviation ennemie : dans les wagons, il y a des morts, des blessés. De nouveaux avions surgissent, jetant leur dévolu sur un train de munitions stationné non loin. Courageusement, des cheminots parviennent à décrocher les wagons touchés du reste du train pour les conduire plus loin, évitant ainsi une catastrophe. Les noms de ces héros : Richard, sous-chef de gare, Yves Malbrun, mécanicien, René Zinck, chauffeur, Jean Robinet, aiguilleur. Malbrun sera cité et décoré de la Croix de guerre avec palme.
5 juin. Depuis le 14 mai, le groupe de chasse I/2 du commandant Daru est stationné sur le terrain de Damblain, aux confins des Vosges et de la Haute-Marne. On signale la présence d’une formation de la Luftwaffe dans le ciel. Neuf Morane Saulnier 406 de la 1ère escadrille décollent. Parmi les pilotes, le capitaine Robert Villiame, 29 ans, le lieutenant de la Bretonnière, le sous-lieutenant Pichon, le sergent-chef Breda (polonais). Le combat s’engage contre une quinzaine de Ju 88.
Dans son ouvrage posthume « L’escadrille des Cigognes » (l’officier trouvera la mort accidentellement en octobre 1940), le capitaine Williame, qui doit se poser, revendiquera quatre victoires pour son groupe :
. un Ju 88 s’abat au lieu-dit « La voie de Dijon », à Arbot, près d’Auberive. Le pilote est arrêté par des habitants et remis aux gendarmes. Deux membres de l’équipage décèdent : Rudolf Hepp, 24 ans, et Fritz Hohenstein, 26 ans (mort à l’hôpital de Langres).
. un Junker du KG 51 tombe près de la ferme de Fragneix, commune de Treix (près de Chaumont). Un membre de l’équipage, grièvement blessé, est conduit à l’hôpital de Chaumont, deux autres sont faits prisonniers et remis aux gendarmes.
. selon Williame, un troisième appareil, dont l’un des moteurs est en feu, se serait écrasé au sud-est de Chaumont (lieu à ce jour toujours inconnu).
. enfin, le dernier explose en l’air du côté de Clairvaux, à la frontière de l’Aube et de la Haute-Marne.
A l’issue de ce combat aérien, le GC I/2 sera crédité de trois victoires sûres et une probable.
6 juin. Un Me 109 est abattu sur le territoire de Faverolles, près de Langres. Il a été atteint par les projectiles des artilleurs de la 149e batterie (lieutenant Collin) du 403e régiment d’artillerie de DCA. Le pilote, indemne, parvient à s’enfuir.
9 juin. Saint-Dizier subit un mitraillage aérien. Mme E. Catoire, 59 ans, est tuée, une jeune femme de 19 ans blessée.
10 juin. Un dépôt d’essence, gardé par un détachement du 74e régiment régional, est attaqué par l’aviation à Joinville. Un civil et un soldat sont tués.
11 juin. Le GC I/5 quitte le terrain du Robinson pour Saint-Parres-les-Vaudes (Aube) ; Montier-en-Der est bombardée. Parmi les blessés, un infirmier militaire, Abel Robin, 31 ans, de Planrupt, succombera lors de son transfert sur l’hôpital de Dijon.

vendredi 28 mai 2010

Déportés de Haute-Marne (G)

Raoul Gauthier, agriculteur à Daillancourt, exécuté à Breslau. 
 GADDI Marius (Saint-Dizier 12 juin 1923 - Langenstein 7 avril 1945). Lamineur, travailleur en Allemagne, il est arrêté en septembre 1944 et déporté à Buchenwald (matricule 76 545). 
 GAGA Edmond (Rosières-aux-Salines, Meurthe-et-Moselle 18 octobre 1896). Arrêté le 10 septembre 1942 à Longeau par les gendarmes, pour « port d’un chargeur de cinq cartouches », emprisonné à Nancy, à Châlons, interné à Compiègne, il est déporté le 27 avril 1943 à Sachsenhausen, puis à Dachau. Rentré. 
 GARET Marceau (Valcourt 22 octobre 1921). Arrêté sur le territoire du 3e Reich, il est déporté à Dachau (matricule 84 274). Rentré. 
 GARNIER Gustave (Riaucourt 17 janvier 1897 – Langenstein 5 avril 1945). Il est déporté à Sachsenhausen, à Buchenwald (matricule 75 434). 
 GAUCHEROT Victor (Allichamps 5 mars 1901 – Dachau 13 février 1945). Interné à Compiègne, il est déporté le 18 juin 1944 à Dachau (matricule 72 591). 
 GAUDILLOT Yvette épouse Kalinowski (Chalon-sur-Saône, Saône-et-Loire 11 décembre 1922). Membre d'un groupe de résistance de Saône-et-Loire, institutrice suppléante à Orbigny-au-Val, en 1943-44, elle est arrêtée par la Gestapo le 4 mars 1944, emprisonnée à Chaumont, déportée à Ravensbrück. Rentrée en mai 1945. 
 GAUDRY Albert (Saint-Antonin, Bouches-du-Rhône 8 juin 1903). Domicilié à Chaumont où il est masseur médical, résistant, il est arrêté sur dénonciation, emprisonné à Chaumont et interné à Compiègne. Déporté le 3 septembre 1943 à Buchenwald, il s'évade le même jour, en cours de trajet, à Peltre (Moselle). 
 GAUTHIER Raoul (Daillancourt 11 avril 1911 - Breslau 14 septembre 1944). Agriculteur à Daillancourt, il y est arrêté le 25 novembre 1942 pour détention d'un fusil de chasse. Emprisonné à Chaumont, transféré le 20 décembre à la prison du Cherche-Midi, il est déporté le 22 janvier 1943 à Breslau, où il est exécuté. 
 GAZELOT Pierre (Bar-le-Duc, Meuse 30 août 1913 - Auschwitz 15 décembre 1942). Marié et père de famille, domicilié à Saint-Dizier, employé à l'hôpital psychiatrique, il est arrêté le 12 août 1941 à Saint-Dizier. Emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne, il est déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz (matricule 45 584), où il est battu à mort par un kapo. 
 GEHAND Gabrielle (Nogent 7 juillet 1901). Déportée de Paris à Ravensbrück le 18 avril 1944, elle est libérée le 5 mai 1945 à Holleischen. 
 GENEIX Robert (Saint-Dizier 14 janvier 1920 – Dachau 21 novembre 1944). Il ne figure pas sur le livre-mémorial de la FMD. Il s'agit sans doute de « Jacques », radio de l’aviation coloniale, parachuté en France le 13 novembre 1943 de Londres pour le Service de renseignements air de la région Laon. Ce radio se porte sur la Lorraine, est arrêté le 1er septembre 1944, torturé, fusillé quelques jours après à Schirmeck. 
 GENTIL Edmond (Roches-sur-Rognon 25 juin 1894 - Auschwitz 15 septembre 1942). Marié et père de famille, domicilié à Joinville, ouvrier à Bussy, il est arrêté à Joinville le 23 juin 1941. Emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne, il est déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz (matricule 45 389). 
 GEORGES Lucien (Sommevoire, 25 mars 1902 - Gusen 3 février 1944). Marié et père de quatre enfants, domicilié à Sommevoire, mouleur à l'usine Durenne, il est dénoncé et arrêté dans la nuit du 8 au 9 février 1943 à son domicile par les feldgendarmes. Emprisonné à Chaumont, transféré le 5 mars à Compiègne, il est déporté le 16 avril 1943 à Mauthausen (matricule 26 808), puis à Gusen (kommando Styer). Admis à l'infirmerie du camp vers octobre 1943, il décède. 
 GERARD Henri (Nogent 19 décembre 1920). Réfractaire au STO, recherché, réfugié dans la Drôme, il est arrêté à Barsac (Drôme) fin 1943. Conduit à Lyon, interné à Compiègne, il est déporté le 22 janvier 1944 à Buchenwald (matricule 43 151), Affecté à Dora (février 1944), travaillant dans un tunnel à la construction d'un V2, il rentre à Nogent le 21 juin 1945. 
 GERARD Roger (Pont-à-Mousson, Meurthe-et-Moselle 21 avril 1912 – Hartheim 19 octobre 1944). Quincaillier à Poissons, mobilisé en 1939, passé en Suisse, il est rapatrié en février 1941 à Lys-Saint-Georges (Nièvre). Arrêté le 4 mars 1943, interné à Compiègne, il est déporté le 16 avril 1943 à Mauthausen (matricule 26 930). Affecté à Gusen, il est gazé... 
 GERAUDEL Jules (Poulangy 27 mars 1909 – Magdebourg 11 avril 1945). Interné à Compiègne, il est déporté le 22 janvier 1944 à Buchenwald (matricule 42 459). 
 GERMON Marcel. Né à Blondefontaine, domicilié à Melay, arrêté le 13 avril 1944 pour détention d'un fusil, il est déporté. 
 GIGANDET André (Saint-Dizier 11 février 1890 – Dachau 18 février 1945). Ancien combattant 14-18, marié et père de famille, domicilié à Saint-Dizier, ce conseiller municipal est arrêté à son domicile le 19 mai 1944. Interné à Compiègne, il est déporté le 18 juin à Dachau (matricule 74 346). 
 GILLET Roger (Mirbel 20 mars 1920). Célibataire, représentant en voitures dans l'Yonne, puis employé chez un marchand de bestiaux à Brethenay, il est arrêté le 4 mars 1943 et aurait été déporté à Oranienburg, d’où il ne revient pas (ne figure pas sur le Mémorial de la FMD). GILLOT Georges (Breuvannes 17 mai 1891 - Buchenwald 18 janvier 1945). Il est déporté le 30 juillet 1944 de Toulouse à Buchenwald (matricule 69 915). 
 GILLOT René (Varennes-sur-Amance 18 mars 1922). Employé SNCF à la gare de l'Est, marié et père d'un enfant, membre de « Résistance-Fer », il est requis pour travailler avec la Reichbahn. En mars 1944, au cours d'une permission à Paris, il est arrêté (accusé d'avoir fait évader des prisonniers français et belges). Condamné par le tribunal militaire allemand, il est déporté à Dachau (matricule 113 310) le 14 mai 1944. Atteint du typhus, de la dysenterie, sous-alimenté, il est libéré par les Américains le 29 avril 1945 à Dachau. 
 GIRARDIN Gaston (Bologne 19 septembre 1918 - Neuengamme 6 novembre 1944). Marin, démobilisé en 1942, il rejoint Voillecomte où habitent ses parents. Résistant, il est arrêté par les feldgendarmes dans la nuit du 5 au 6 août 1944. Interrogé à Saint-Dizier, emprisonné à Langres, dirigé de Chaumont à Belfort le 27, il est déporté le 29 août 1944 à Neuengamme. 
 GIRARDOT Bernard (Orbigny-sur-Varennes 10 février 1925 – sanatorium de Bir-Hakeim 14 juin 1945). Arrêté sur le territoire du 3e Reich, il est déporté à Dachau (matricule 49 492). 
 GIROUX Henri (Wassy 19 mars 1899 - Flossenburg 31 octobre 1944). Marié, domicilié à Châlons (Marne), membre du BOA, il est arrêté par la Gestapo de Châlons le 17 janvier 1944. Emprisonné à Châlons, interné à Compiègne le 7 avril, il est déporté par le convoi des Tatoués le 27 avril à Auschwitz (matricule 185 671) puis à Buchenwald puis à Flossenburg. 
 GIRVAL (de) Félix (Langres 25 mars 1920 - Dora 26 décembre 1943). Fils de Charles, il est arrêté à la frontière franco-espagnole. Interné à Compiègne, il est déporté le 3 septembre 1943 à Buchenwald (matricule 20 738). Mort d’épuisement au tunnel de Dora. 
 GIUDICE Jules (Annéville-la-Prairie 28 novembre 1925 – Gusen 12 janvier 1944). Célibataire, domicilié à Annéville, il travaille en Allemagne dans le cadre de la relève. Ayant refusé de repartir à l'issue d'une permission, il est arrêté, emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne, et déporté le 16 avril 1943 à Mauthausen (matricule 26 802), où il meurt du typhus. 
 GLOUTIER Pierre (Chaumont 2 juin 1897). Fils de boulanger, il est déporté le 11 février 1944, Stuthof., Vaihingen. Evadé le 18 avril 1945, il décède à Carpentras en 1973. 
 GOLDENBERG Laure née Lévy (Strasbourg 20 juin 1884 - Auschwitz). Domiciliée à Vraincourt, internée à Drancy, elle est déportée à Auschwitz le 7 décembre 1943 (convoi 64). 
 GOLDSCHMIDT Hartwing (Lübeck, Allemagne 27 novembre 1892 - Auschwitz 12 août 1942). Hôtelier en Belgique, arrêté et interné au camp de Savigny (Haute-Savoie), il s'évade et prend le train pour retourner en Belgique. Arrêté en gare de Joinville le 18 mars 1942 avec son camarade d'évasion Sturm, emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne, il est déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz (matricule 46 277). 
 GOURLIN Raymond (Chaumont 24 janvier 1925). Réfractaire au STO, membre du maquis de Leffonds (son frère tombera le 30 juin à Voisines), il est capturé le 16 juin 1944. Emprisonné à Langres, il quitte Chaumont pour Belfort le 27 août 1944, puis déporté le 29 à Neuengamme (matricule 43 948), où il est affecté au kommando de Wilhelmshaven. Il est libéré le 3 mai 1945 à Flensburg, ne pesant que 28 kg à son retour. 
 GOUSTIAUX Ernest (Gurgy-le-Château, Côte-d'Or 19 novembre 1900). Marié, père de famille, domicilié à Voisey, il est arrêté à son domicile le 4 avril 1944. Emprisonné à Chaumont, à Châlons, il est déporté fin août 1944. A Nancy, il monte dans un train qui le conduit finalement à Aschaffenburg, où il va travailler dans une usine. Rentre à Voisey le 28 avril 1945. 
 GOUSTIAUX Jacqueline (Echevannes, Côte-d'Or 7 janvier 1927). Domiciliée à Voisey, résistante, elle est arrêtée sur dénonciation le 4 avril 1944 par la Gestapo à son domicile. Emprisonnée à Chaumont, à Dijon, au Fort de Romainville, elle quitte Paris-Est pour Sarrebrück où elle arrive le 4 juillet 1944, puis déportée à Ravensbrück (matricule 47 150) et affectée au kommando de Neubrandenbourg. Grièvement blessée aux membres, elle n'est pas évacuée et est prise en charge le 28 avril 1945 par la Croix-Rouge. Rentre à Voisey, via Lûbeck et Trelleborg (Suède), le 27 juillet 1945. 
 GOUVERNAL Fernande (Wassy 21 avril 1921). Internée à Compiègne, elle est déportée le 31 janvier 1944 à Ravensbrück (matricule 27 159). Rentrée. 
 GRANDCOLAS Henri (Wassy 23 septembre 1907 – en déportation). Marié, père de famille, domicilié à Magneux, chef d’équipe dans une usine à Wassy, ce responsable du groupe de résistants de Magneux est arrêté à son domicile le 6 août 1944. Interrogé à la feldgendarmerie de Saint-Dizier, emprisonné à Langres, transféré le 27 août à la gare de Chaumont puis à Belfort, il est déporté le 29 à Neuengamme et affecté à Wilhelmshaven. Il serait mort en baie de Lübeck. 
 GRANDGERARD Maxime (Neuvelle-lès-Voisey, 25 mars 1885 - Melk 1er novembre 1944). Veuf, domicilié à Neuvelle, retraité, il est arrêté à son domicile le 13 avril 1944 pour « détention d’arme ». Emprisonné à Chaumont puis à Châlons-en-Champagne, il arrive à Natzweiler le 24 août 1944. 
 GREILSAMMER Jeanne née Lévy (Biesheim, Haut-Rhin 1er juillet 1880 – Auschwitz février 1944). Domiciliée à Saint-Dizier, elle est arrêtée le 27 janvier 1944, emprisonnée à Châlons, internée à Drancy, puis déportée à Auschwitz le 10 février par le convoi 68. 
 GREILSAMMER Paul (Fribourg 21 février 1906). Domicilié à Saint-Dizier, il est arrêté le 27 janvier 1944, emprisonné à Châlons, interné à Drancy, et déporté le 10 février 1944 (convoi 68) à Auschwitz. Mais au lieu d'être dirigé vers les chambres à gaz, il est désigné pour Auschwitz III. C'est un des rares rescapés du camp, qui est libéré le 29 janvier 1945. 
 GRIMLER Robert (Bourbonne 11 mai 1924). Arrêté le 9 décembre 1943 à la suite de sabotages à Belle-Isle-en-Mer (Morbihan), il est déporté le 20 mars 1944, successivement à Karlsruhe, Kislau, Kaisheim et Aichach, où il est libéré le 30 avril 1945. 
 GRUNDLAND Ruben (Varsovie, Pologne 16 juillet 1904 - Auschwitz). Domicilié à Langres, il est arrêté le 20 juillet 1942. Le 27, il est déporté à Auschwitz (convoi 11). 
GUENIN Henri (Doulevant-le-Château 13 mai 1907 - Flossenburg 23 octobre 1944). Garagiste, chef départemental du BOA dans l'Aube, il est arrêté le 26 mai 1944 à La Loge-Bailly. Interné à Compiègne, il est déporté le 2 juillet 1944 à Dachau (matricule 76 908). Sources complémentaires : Onac 10. 
 GUIDEZ Blanche (Rimaucourt 7 mai 1924). Déportée de la gare de l’Est à Sarrebrück le 18 juillet 1944, puis à Ravensbrück (matricule 47 352), elle est libérée le 9 avril 1945. 
 GUIDEZ Noëlle (Rimaucourt 7 février 1923). Déportée de la gare de l’Est à Sarrebrück le 18 juillet 1944, puis à Ravensbrück (matricule 47 353), elle est libérée. 
 GUIGNARD André (Toulouse, Haute-Garonne 2 mars 1912). Marié à Chaumont en 1935, comptable aux Ets Tréfousse, il est mobilisé en 1940 en dépit d'une maladie. Directeur du bureau artisanal des matières, il est nommé chef du secteur des FFI du secteur Est de Chaumont ("lieutenant Dédé") où il se distingue par son audace. Arrêté le 23 août 1944 près d'Auberive, il est depuis porté disparu. A-t-il ensuite été exécuté ? Etait-il dans le train qui a emmené les prisonniers de Langres et de Chaumont, le 27 août, en direction de Belfort puis de Neuengamme ? A la différence de son camarade Marc Bongrain, le livre-mémorial de la FMD ne le mentionne pas. 
 GUILBERT André (Bourges, Cher 30 mai 1921 - Buchenwald 18 mai 1944). Radio du BOA, il arrive en Haute-Marne à la fin de l’été 1943 et permet le premier parachutage d'armes dans le département, à Giey-sur-Aujon. Arrêté le 26 octobre 1943 à Chaumont, emprisonné au Val-Barizien puis à Châlons, interné à Compiègne, il est déporté le 17 janvier 1944 à Buchenwald (matricule 40 599). 
 GUILLAUME Simone née Baron (Chalindrey 4 juin 1921). Elle est déportée le 13 mai 1944 de Paris à Ravensbrück (matricule 38 881), puis à Zwodau. Rentrée. 
 GUILLEMY Marcel (Chaumont 14 avril 1924). Employé à la préfecture, membre du réseau « Manipule », il est arrêté le 9 novembre 1943. Emprisonné à Chaumont pendant 55 jours, puis à Châlons pendant douze jours, interné à Compiègne, il est déporté le 17 janvier 1944 à Buchenwald (matricule 40 932), puis à Bergen-Belsen. Rentre à Chaumont fin avril 1945. 
 GUIRAUD René J. Citoyen américain originaire de Cicero (Illinois), lieutenant de l’OSS, chef de la mission Glover parachutée dans la nuit du 1er au 2 juin 1944 à Leffonds, il est capturé le 27 juin 1944 à Langres, où il est emprisonné. Déporté à Dachau, il est le seul prisonnier de guerre américain libéré le 29 avril 1945 par ses compatriotes. 
 GUISGAND Jeanne née Dublon (Suippes, Marne 24 juin 1893 – Auschwitz février 1944). Domiciliée à Saint-Dizier, elle est arrêtée le 27 janvier 1944, emprisonnée à Châlons, internée à Drancy, et déportée le 10 février à Auschwitz (convoi 68). 
 GUYOT Louis, Marcel, René (Chaumont 12 novembre 1921). Célibataire, employé aux forges de Bologne, domicilié à Meures, il est requis pour travailler en Allemagne. Arrêté le 29 décembre 1942 à Chemnitz pour « refus de travail », il est déporté à Buchenwald. Rentre de déportation le 22 mai 1945. 
 GUYOT Paul (Langres 28 janvier 1895 - Haslach 8 janvier 1945). Déporté le 17 novembre 1944 de Belfort, il arrive à Gaggenau le 18 puis à Schirmeck, toujours en novembre. 
 GUYOT Roger (Thonnance-lès-Joinville 28 août 1910). Marié, domicilié à Joinville où il est ouvrier, il est arrêté à son poste de travail le 23 juin 1941 par la Gestapo. Emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne à compter du 27 juin, il est déporté le 24 janvier 1943 à Sachsenhausen, puis à Buchenwald (janvier 1945), puis à Dora. Rentre à Joinville en mai 1945.

jeudi 27 mai 2010

Quelques héros haut-marnais de la Résistance : Hutinet, Recouvreur, Quilliard, Masselot...



Photo issue du livre "Ceux de la Résistance" de M. Picard (accessible sur le blog maquis du Morvan).


Hutinet est un patronyme qui fait autorité dans la Résistance haut-marnaise – que les représentants de ces familles en soient les acteurs ou les historiens.
Il en est cependant un aujourd’hui méconnu de ses contemporains : Henri Hutinet, héros des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) d’Auvergne et de Provence.
Il naît le 25 décembre 1920 à Bussières-lès-Belmont. Formé à la carrière d’officier par la prestigieuse école spéciale militaire de Saint-Cyr (repliée à Aix-en-Provence), sous-lieutenant, Henri Hutinet est affecté au 5e régiment d’infanterie, en garnison à Saint-Etienne (Loire) de 1940 à 1942. Après la dissolution de l’armée d’armistice, le jeune Haut-Marnais s’investit rapidement dans la Résistance. Il est un des organisateurs du camp Wodli, formation FTPF qui s’établit au printemps 1943 aux confins de l’Auvergne et de la Lozère. Hutinet est ainsi l’un des artisans de la spectaculaire libération de résistants de la prison du Puy (Haute-Loire), le 25 avril 1943. Tombé à son tour aux mains des Allemands le 20 mai 1943, interné à Saint-Etienne (prison Bellevue), il s’en évadera lui-même le 25 ou 26 septembre 1943, grâce à un autre fait d’armes de la Résistance française.
Hutinet quittera alors l’Auvergne et le Forez pour les Basses-Alpes, en Provence. Sous le pseudonyme de « Jean-Louis Voray », capitaine, il prendra le commandement de la 5e compagnie FTPF de ce département. C’est au cours d’une de ses opérations sur la Route Napoléon qu’il trouvera la mort le 9 juillet 1944, sur le territoire de la commune de Chabrières (ou le 6 juillet, au col des Lèques, près de Castellane). Sources : ministère de la Défense (base de données « Mémoires des hommes »), « Hommes et combats. La Loire » (Albert Oriol-Maloire).

Camille-Henri Recouvreur possède la particularité d’être, à 71 ans, l’un des doyens des officiers des Forces françaises de l’intérieur. Il voit le jour le 3 décembre 1872 à la ferme de La Roches, à Ageville, au domicile de son grand-père Fernand, journalier. Il est le fils naturel d’une jeune femme de 24 ans, qu’il dira, dans son acte de mariage, n’avoir jamais connue. Recouvreur embrasse la carrière militaire. Selon le cédérom « La Résistance dans l’Yonne », il prend part aux opérations de Madagascar en 1895 et 1896. Il est sergent au 109e régiment d’infanterie, en garnison à Chaumont, lorsqu’il se marie, le 3 août 1903, dans le chef-lieu haut-marnais, avec une débitante de tabac. Recouvreur se bat ensuite durant la Première Guerre mondiale, qu’il termine avec le grade de capitaine et deux blessures. Membre de la Légion d’honneur (sans doute à l’issue de ces combats), il sert à nouveau en 1939 et se marie une deuxième fois, fin 1940, à Paris. En dépit de son âge, il s’investit dans la Résistance icaunaise, devenant l’adjoint du jeune commandant Jean Chapelle – qui lui n’a que 20 ans. Commandant FFI, il se bat à Avallon et dirige le 1er bataillon de la 3e demi-brigade FFI du département, qui fait son entrée dans Dijon le 10 septembre 1944. Recouvreur s’engage encore dans le 1er régiment du Morvan, au sein duquel il commande d’abord le 4e bataillon, puis où il devient adjoint au chef de corps. Démobilisé seulement en septembre 1945, il décède à Pontaubert, dans l’Yonne, le 2 octobre 1953, à l’âge de 83 ans. Sources : « Résistance dans l’Yonne » (Aeri), état civil des communes d’Ageville et Chaumont.

Fils de Charles-Augustin Quilliard et de Marie Chatel (de la famille de l’actuel ministre de l’Education nationale), issu d’une famille de maîtres de forges et hommes politiques haut-marnais (Châteauvillain, Aubepierre-sur-Aube, Villars-en-Azois, Frampas…), François Quilliard naît le 19 juillet 1902 à Frampas. Selon le baron de l’Horme, il pourrait correspondre à ce maréchal des logis-chef de cavalerie cité pour sa conduite en juin 1940. Domicilié à Pau, il est, comme adjudant, chef de section dans le fameux Corps-franc Pommiès (bataillon de Carrère). Quilliard, alias « Jean », trouve la mort le 16 juin 1944 dans les Pyrénées. L’un de ses parents, Claude Quilliard, de Villars-en-Azois, lieutenant FFI, est mort en déportation. Sources : notes généalogiques du baron de L’Horme, ministère de la Défense, site Internet «Mémorial genweb ».

Jean Masselot, sans doute originaire d’Andelot, est, à 25 ans, caporal-chef dans la fameuse section Chabal du maquis du Vercors (6e bataillon de chasseurs alpins). Il est tué le 15 juin 1944 lors du combat de Saint-Nizier.

(A suivre)

lundi 24 mai 2010

Haut-Marnais au Mexique

De 1862 à 1867, l’armée de Napoléon III servit au Mexique, où il s’agissait de placer un souverain européen en lieu et place de Juarez. L’expédition échoua, Maximilien, le prince autrichien proclamé empereur mexicain, fut exécuté. Les Français veulent bien se rappeler que c’est lors de cette campagne qu’est intervenu l’héroïque combat de Camerone (le 30 avril est le jour de la fête de la Légion étrangère), tandis que les Mexicains célèbrent chaque année la victoire de Puebla (celle de 1862).
Plusieurs officiers haut-marnais ont pris part à cette expédition. Au moins deux (le colonel Martin et le chef d’escadron de Montarby) y trouvèrent la mort, et deux officiers du 1er zouaves s’illustrèrent le 6 avril 1863 lors du deuxième siège de Puebla (le commandant Carteret-Trécourt et le lieutenant Galland, futurs généraux). En voici un essai de recensement, grâce à leurs dossiers de membres de la Légion d’honneur et à l’ouvrage de Jean-Marie Chirol, « 251 personnages du pays haut-marnais ».

- colonel Simon-Hubert Carteret-Trécourt : né le 3 janvier 1821 à Rolampont, il découvre le Mexique en 1862. Il est alors chef de bataillon au 1er régiment de zouaves. Carteret-Trécourt se distingue avec ses hommes (dont un Haut-Marnais, le lieutenant Galland) lors de l’assaut de la ville de Puebla, le 6 avril 1863, au cours de laquelle il est blessé – la ville tombera le 19 mai. Promu lieutenant-colonel le 13 août 1863, il est affecté le 5 mars 1864 dans l’illustre Régiment étranger (le héros de Camerone). Commandant de la place d’Oajaca, il est nommé colonel du 95e régiment d’infanterie en 1865, puis du 1er zouaves en 1866. Général de brigade (1870), il sera blessé et pris à Sedan. Inhumé en 1885 à Rolampont.

- lieutenant-colonel Jules Martin, né le 14 septembre 1819 à Thilleux : fils d’un officier du Premier Empire (le lieutenant de cuirassiers Rémi-Armand Martin), il débarque au Mexique comme lieutenant-colonel au 2e régiment de zouaves. Passé colonel du 62e régiment d’infanterie, il trouve une mort héroïque, renversé par un boulet, le 21 septembre 1864, à Estanzuela. Un article lui a été consacré dans « Les Cahiers haut-marnais ».

- chef d’escadron Jean-Baptiste-Victor Davenet : né à Châteauvillain le 19 mars 1821, fils de Jean-Baptiste et de Julie-Marguerite Cousin, il embrasse la carrière militaire en 1842. Saint-Cyrien, il est capitaine de 2e classe lorsqu’il arrive au Mexique en 1862 au sein de l’état-major de la 2e division d’infanterie. Il est cité pour sa conduite au siège de Puebla (il a été blessé d’un coup de feu à la jambe gauche le 18 avril) et promu chef d’escadron le 12 mai 1863. Il fera fonction de chef d’état-major de sa division. Après la guerre de 1870, il sera fait général de brigade en 1876, puis de division en 1883. Il retrouve son département natal, recevant par décision du 4 août 1885 le commandement de la 13e division d’infanterie à Chaumont. Grand officier de la Légion d’honneur, il meurt à Bologne le 18 décembre 1896. Une rue de Châteauvillain porte son nom.

- chef d’escadron Oswald-Benigne de Montarby : né à Dampierre le 13 juin 1828, fils d’un cavalier de la Garde impériale, ce Saint-Cyrien est capitaine au 1er régiment de chasseurs d’Afrique lorsqu’il arrive au Mexique, commandant le 6e escadron. Il s’illustre lors d’un combat le 3 décembre 1862 au cours duquel, avec 190 hommes, il affronte 500 Mexicains. Chef d’escadron, il est tué le 11 janvier 1865 à Los Verranos (il a la tête fracassée par un coup de pistolet, selon l’historique du 3e RCA). C'est à l'issue d'un fait d'armes de son escadron que le drapeau du 1er RCA fut décoré de la Légion d'honneur, fait unique dans l'histoire de l'arme de la cavalerie.

- capitaine Joseph Carbillet : également officier au 1er chasseurs d’Afrique, il est né en 1824 à Giey-sur-Aujon. Lieutenant depuis 1858, il sert au Mexique de 1862 à 1867. Promu capitaine adjudant-major en mai 1863, il passera chef d’escadron en janvier 1871.

- capitaine Antoine-Jules-César Dupond : Saint-Cyrien, né à Huilliécourt en 1826, capitaine depuis 1858, il sert au 99e régiment d’infanterie. Au Mexique de 1862 à 1865, chevalier de la légion d’honneur en 1863, il sera promu chef de bataillon en 1870.

- capitaine Jean-Nicolas-Théodore Galland : né à Baissey le 18 mai 1836, fils de Jean-Baptiste-Claude (instituteur à Prangey) et de Marie-Jeanne Cordival, c’est un des héros de la Campagne du Mexique. Saint-Cyrien, il est blessé à Solferino. Lieutenant (1860), il débarque au Mexique en 1862 avec le 1er zouaves, dans lequel sert son compatriote Carteret-Trécourt. Son heure de gloire intervient le 6 avril 1863 : lors de l’assaut de Puebla, il n’entend pas la sonnerie de retraite et se retrouve seul avec une poignée de zouaves. Il se barricade dans une maison, résiste durant sept heures, refusant de se rendre. Il n’a plus que trois zouaves debout sur les cinq qui l’accompagnaient. Finalement, il se rend au général mexicain Llave, qui lui laisse le sabre et l’embrasse. Passé capitaine le 8 mai 1863, fait chevalier de la Légion d’honneur pour sa conduite au Mexique (« L’Illustration » lui a consacré un article), il sera promu, à seulement 34 ans, lieutenant-colonel le 20 novembre 1870, et chef de corps du 117e régiment d’infanterie lors de la guerre de 1870 (il défend l’ouvrage de Montmesly lors du siège de Paris). Général de brigade (1882) à 46 ans, ce brave officier, mort prématurément, a servi également en Afrique et en Syrie.

- Hugues-Charles-Henri et Ernest Marchal sont deux frères, nés à Wassy, respectivement en 1835 et 1837. Tous deux serviront comme sous-lieutenant dans les chasseurs d’Afrique au Mexique, et tous deux au sein du 1er régiment (Ernest étant passé par le 12e). Le premier sera lieutenant au 6e cuirassiers en 1870 et mourra lieutenant-colonel en 1908, le second sera promu lieutenant-colonel du 89e régiment d’infanterie provisoire, fin 1870, à seulement 33 ans.

- Parmi les hommes de troupe, Claude Bricard, né à Langres en 1819, chevalier de la Légion d’honneur comme sergent au 3e zouaves (1865), a reçu la médaille du Mexique ; Jules-Auguste Gérard, né à Eclaron en 1841, ouvrier meunier, s’est engagé dans les volontaires belges ; tout comme Pierre-Jean-Baptiste Plouvier, né à Langres en 1841…

dimanche 23 mai 2010

Il y a 70 ans en Haute-Marne (II : 19 - 31 mai 1940)

24 mai. Un bombardier Heinkel 111 est abattu par le sous-lieutenant polonais Krol (pilote d’un MS 406) du GC II/7. L’appareil s’écrase à Maizières-sur-Amance, près de la D 14. L’équipage est fait prisonnier et remis aux gendarmes de Varennes.
25 mai. Un bombardier Bloch MB 210 du GB I/23, qui décollait du terrain de Semoutiers pour une mission de bombardement sur la région de Solesmes (Nord), percute un Amiot 143 du GB II/38 en panne sur la piste. Le sous-lieutenant Pierre Lavenne, l’adjudant-chef Robert Laroche et le sergent Charles Verneret sont tués et inhumés au cimetière Saint-Aignan à Chaumont. Il y a en outre deux blessés.
26 mai. Le journal La Liberté annonce la mort au front (le 13 mai) du lieutenant Jean Guinoiseau, de Saint-Dizier.
30 mai. Un Amiot 143 du GB II/38 s’écrase sur le terrain de Semoutiers au retour d’une mission. Le pilote, l’adjudant Joseph Barreau de Lorde, est grièvement blessé et décède le lendemain. Il sera inhumé au cimetière de Saint-Aignan – c’est le sixième membre de l’armée de l’air basé à Semoutiers enterré en ce lieu depuis le 16 mai.
31 mai. Un Haut-Marnais, le sergent-chef Georges Weber, d’Hoéricourt, est tué dans le ciel de l’Oise à bord d’un LeO 451.

mercredi 19 mai 2010

Déportés de Haute-Marne (E, F)



Roland Francq, de Joinville, mort à Flossenburg.


EGLENNE (Jean) (Toulon, Var, 22 décembre 1915). Célibataire, commissaire de police à Chaumont, il est arrêté le 12 juin 1944. Emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne, il est déporté le 15 juillet 1944 à Neuengamme (matricule 36 676) comme « personnalité otage ». Rentré.

EPHRAIM (Félix-Elie) (Bitche, Moselle, 13 mai 1880 - Auschwitz). Réfugié à Bourbonne, il est arrêté le 5 mars 1942 en voulant passer la ligne de démarcation. Condamné à six mois de prison, interné à Drancy, il est déporté à Auschwitz le 23 septembre 1942 (convoi 36).

EYMARD (Paul) (Aiguille 16 mars 1917). Arrêté à Chaumont le 14 février 1943 comme réfractaire, emprisonné au Val-Barizien, interné à Compiègne, il est déporté le 16 avril 1943 à Mauthausen (matricule 26 648), puis à Gusen, Auschwitz, Buchenwald. Libéré le 11 mai 1945.

FAH (Albert) (Voisey 10 février 1922). Fils d’un fromager suisse, il s’investit dans la Résistance vosgienne dès 1940, notamment comme agent de liaison. Ayant rejoint le maquis de Grandrupt comme chef de sizaine le 27 août 1944, il est capturé le 7 septembre (comme 222 hommes de son maquis), déporté le 10 septembre à Schirmeck, puis à Dachau et à Neckarelz. Rentré en France comme grand malade le 23 mai 1945, il est l'auteur d'un ouvrage sur le destin tragique du maquis de Grandrupt.

FARNAUD (Charles) (Langres 5 août 1894). Membre du réseau Mithridate, il est déporté à Milan, où il est libéré le 25 avril 1945.

FAUCHERON (Albert) (Sommedieue, Meuse, 7 mars 1926). Domicilié à Montigny-le-Roi, employé d'un artisan, il récupère des armes dès 1941 et aide à l'évasion de prisonniers, en 1943. Arrêté le 17 mai 1944, emprisonné à Chaumont, à Langres et Châlons, interné à Compiègne, il est déporté le 18 juin 1944 à Dachau (matricule 72 557), puis au Struthof (1er juillet). Affecté au tunnel de Darkich, puis renvoyé à Dachau (kommando d'Allach), il est libéré le 29 avril 1945 et rentre en France le 20 mai.

FAVETTO (Jean) (Choilley 21 septembre 1903). Il est déporté le 22 juin 1944 de Grenoble à destination de Buchenwald (matricule 60 759) et libéré le 11 avril 1945. Détenu à Montluc du 14 au 18 octobre 1943.

FAVRET (Arthur) (Gilley 27 mai 1891). Interné à Compiègne, il est déporté le 20 avril 1943 à Mauthausen (matricule 28 042). Rentré.

FELDER (Roland) (Chaumont 28 octobre 1904). Fils d’ajusteur, il est arrêté à Chaumont le 15 juin 1944. interné à Compiègne, il est déporté le 15 juillet à Neuengamme (matricule 37 518). Libéré en mai 1945, il décède à Dijon en 1980.

FERRAND (René) (Rivière-les-Fosses 29 septembre 1919). Arrêté sur le territoire du 3e Reich, il est déporté à Sachsenhausen (matricule 104) puis à Neuengamme (matricule 58 159). Affecté au kommando de Meppen, il est libéré.

FERREUX Cécile née Weil (Saint-Dizier 7 avril 1885 - Auschwitz février 1944). Domiciliée à Saint-Dizier, elle est arrêtée le 27 janvier 1944, emprisonnée à Châlons, internée à Drancy, et déportée le 10 février 1944 à Auschwitz.

FIXEMER Henri (Sarrebrück, Allemagne 14 octobre 1904). Beau-frère d'Henri Barth, cet opposant au régime national-socialiste fuit la Sarre en 1935. Etabli à Marnaval en 1937, où il est employé au laminoir, naturalisé français, mobilisé au 242e RI, il est fait prisonnier en 1940. Jugé comme anti-nazi à Berlin, il est condamné à mort, mais sa peine est commuée en réclusion criminelle (il est emprisonné à Spandau).

FIXEMER Joseph (Sarrebrück, 27 février 1906). Frère d’Henri Fixemer, il fuit la Sarre en 1935. Ouvrier à Marnaval, naturalisé français, mobilisé, il échappe à la capture. Mais à son domicile de Marnaval, il est arrêté le 23 janvier 1941 par la Gestapo. Jugé comme anti-nazi à Berlin, condamné à mort, il est déporté à Dachau. Rentré à Marnaval, il retrouve la Sarre en 1945.

FLOCARD Marcel (Prangey 1er janvier 1920). Accompagnant son frère Roger (évadé d'un stalag en mai 1942) qui se rendait en zone libre, cet ancien des camps de jeunesse est arrêté à Montchanin (Saône-et-Loire) à la descente du train. Accusé d'être passeur, emprisonné à Chalon-sur-Saône, à Dijon, il est déporté au Sonderlager d'Hinzert en 1942 ou 1943. Porté disparu, il serait mort d'une congestion contractée lors du creusement d'un canal.

FLOQUET René (Suzannecourt 14 février 1924 - en déportation). Domicilié à Bourbonne-les-Bains où il est monteur en charpentes métalliques, il quitte la cité thermale en mars 1943 pour passer en Espagne, mais il est arrêté le 22 mars au Boulou (Pyrénées-Orientales) par la police française. Interné à Compiègne, il aurait fait partie d'un convoi parti en mai 1943 à destination d'Oranienburg (il n'est pas recensé par le livre-mémorial de la FMD). Un témoin se souvient l'avoir vu à Dachau jusqu'en février 1945, alors qu'il est atteint d'une pleurésie. Depuis, sa famille est sans nouvelle... (Sa biographie ne figurait pas dans notre ouvrage).

FONTAINE Georges (Toul, Meurthe-et-Moselle 23 novembre 1899 - Auschwitz 28 septembre 1942). Marié et père de famille, domicilié à Saint-Dizier, employé SNCF, il est arrêté le 22 juin 1941. Emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne, hospitalisé plusieurs semaines au Val-de-Grâce, il est déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz (matricule 44 547). Son frère Henri (Nancy 1901 - Auschwitz 1942), arrêté à Bar-le-Duc, faisait partie de ce convoi.

FOUNES Marco (Constantinople 21 mars 1882 - Auschwitz février 1944). Domicilié à Chaumont, il est arrêté le 27 janvier 1944, emprisonné à Chalons, interné à Drancy, et déporté le 10 février 1944 à Auschwitz (convoi 68).

FOUQUET Pierre (Verdun, Meuse 29 novembre 1908 – Neuengamme 8 mars 1945). Sous-officier de carrière à Chaumont, où il se marie en 1936, adjudant au 21e RI en 1940, membre de l’armée d’armistice, il est démobilisé le 28 novembre 1942. Revenu à Chaumont, agent de maîtrise des Eaux et forêts, il retourne à Verdun après le décès de son épouse (décembre 1943). Membre des FFI, il est arrêté le 24 août 1944 à Auzéville-en-Argonne, déporté le 29 de Belfort à Neuengamme (matricule 43 831). Affecté au kommando Hermann Goering Werke, il meurt des suites de la dysenterie. Pour plus de détails, lire l’ouvrage « Déportés d’Argonne » de Pierre Lefèvre.

FOURRIER Roger (Doulaincourt 5 mars 1911). Marié et père d’un enfant, domicilié à Doulaincourt, bûcheron, il est arrêté le 22 juin 1941 par les feldgendarmes. Emprisonné au Val-Barizien, interné à Compiègne, il est déporté le 24 janvier 1943 à Sachsenhausen (matricule 59 268) et serait mort en juin 1944.

FRANCOVILLE René (Chaumont 21 février 1890). Fils de menuisier, il est déporté le 15 août 1944 de Pantin à Buchenwald (matricule 77 260). Libéré le 30 avril 1945 à Allach, il décède à Bordeaux en 1957.

FRANCOIS Charles (Enfonvelle 27 mars 1922 – hôpital de Bregenz 25 mai 1945). Domicilié à Enfonvelle, il est déporté à Dachau et meurt du typhus.

FRANCOIS Raymond (Fontaine, Doubs 17 décembre 1923). Domicilié à Montlandon, il sert dans un maquis de la Côte-d'Or (groupe Bernard), lorsqu'il est blessé et pris le 26 janvier 1944. Déporté en mai à Buchenwald, puis à Dora, Bergen-Belsen. Rapatrié le 29 avril 1945, il réside ensuite à Vignory.

FRANCQ Roland (Joinville 21 avril 1923 - Flossenburg 10 mars 1945). Célibataire, domicilié à Joinville, il est arrêté le 18 janvier 1944. Interrogé au château de Joinville, emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne, il est déporté le 27 avril 1944 à Auschwitz (matricule 185 574), transféré à Buchenwald puis à Flossenburg.

FRANK Henry ( Joinville 16 mars 1872 - Auschwitz 1944).
FRANK Aline née Bloch (Leppois 4 juillet 1886 - Auschwitz 1944)
FRANK Renée (Soissons, Aisne 7 février 1906 - Auschwitz 1944)
FRANK Jeanne (Soissons, Aisne 7 février 1911 - Auschwitz 1944)
FRANK Esther (Joinville 19 février 1909 - Auschwitz 1944)
Domiciliés à Joinville, ils sont arrêtés tous les cinq le 27 janvier 1944, emprisonnés à Chalons, internés à Drancy, et déportés le 13 avril 1944 à Auschwitz (convoi 71). Dans ce convoi de 1 500 juifs figuraient les 43 enfants du foyer d'Yzieu et Simone Weil, alors âgée de 16 ans.

FRENKEL Elise née Rehs (Herlunshein 30 mai 1871 – Auschwitz février 1944). Elle est arrêtée le 27 janvier 1944 à Bourbonne-les-Bains, emprisonnée à Châlons, internée à Drancy, et déportée le 10 février 1944 à Auschwitz (convoi 68).

FREUND Armand (Forbach 9 mai 1872 – Auschwitz février 1944). Arrêté le 27 janvier 1944 à Bourbonne, emprisonné à Châlons, interné à Drancy, il est déporté le 10 février 1944 à Auschwitz (convoi 68) où il est gazé.

FREUND Jenny née Sundheimer (Grosslsunttunger 1er août 1879 – Auschwitz février 1944). Epouse du précédent, arrêté le 27 janvier 1944 à Bourbonne, il est emprisonné à Chalons, interné à Drancy, déporté le 10 février 1944 à Auschwitz (convoi 68) où elle est gazée.
FRILLEY Germaine (Frettes 1er octob
re 1895). Arrêtée sur dénonciation – avec son mari – le 22 décembre 1942, à Dijon, elle est internée à Compiègne et déportée le 28 avril 1943 à Ravensbrück (matricule 19 342). Libérée le 23 avril 1945, elle est rapatriée par la Croix-Rouge.
FRILLEY Pierre (Neuvelle (?) 15 octobre 1896 - Hartheim 31 juillet 1944). Originaire de Frettes, cet ancien combattant 14-18 tient avec son épouse Germaine le café-restaurant des Rotondes à Dijon-Perrigy. Passeurs, tous deux sont arrêtés le 22 décembre 1942 sur dénonciation. Interné à Compiègne, il est déporté le 16 avril 1943 à Mauthausen (matricule 26 672).

FRYDEL Israël (Lodz 22 janvier 1895 - Auschwitz). D'origine russe, blanchisseur à Metz, réfugié à Bourbonne fin 1939, il est arrêté le 23 juin 1941, interné à Compiègne puis à Drancy, déporté le 14 septembre 1942 à Auschwitz (convoi 32). Seuls deux de ses fils, Jean (1926) et André (1927), enfuis en 1942, ne seront pas arrêtés.

FRYDEL Esther née Jakubowitz (Lodz 22 mars 1902 - Auschwitz). Domiciliée à Bourbonne, elle est arrêtée le 20 juillet 1942, internée à Drancy, déportée le 27 juillet 1942 à Auschwitz (convoi 11).

FRYDEL Henri (Lodz 3 novembre 1921 - Auschwitz). Domicilié à Bourbonne, il est arrêté le 26 février 1942, interné à Drancy, déporté le 27 mars 1942 à Auschwitz (convoi 1).

FRYDEL Françoise (Longwy 13 septembre 1928 – Auschwitz février 1944). Domiciliée à Bourbonne, elle est arrêtée le 27 janvier 1944, emprisonnée à Châlons, internée à Drancy et déportée à Auschwitz le 10 février 1944 (convoi 68).

FRYDEL Marcel (Metz 23 mars 1934 - Auschwitz février 1944). Domicilié à Bourbonne, il est arrêté le 27 janvier 1944, emprisonné à Châlons, interné à Drancy et déporté à Auschwitz le 10 février 1944 par le convoi 68.

FUSSINGER Jean (Vecqueville 18 juillet 1923). Il quitte Paris le 5 novembre 1942 pour Hinzert (matricule 5 571), passe par Diez/Lahn, Breslau, Schweidnitz, Hirschberg, d’où il est libéré le 8 mai 1945.

FUSSINGER Louis (Vecqueville 17 décembre 1924). Il quitte Paris le 5 novembre 1942 pour Hinzert (matricule 5 572), passe par Diez/Lahn, Breslau, Schweidnitz, Hirschberg, d’où il est libéré le 8 mai 1945. Condamné à quatre ans de travaux forcés en 1943 alors qu’il est détenu, était apprenti forgeron, rejoindra après la guerre la SNCF, travaillera dans le Palatinat, sera décoré en 2008 de l’ordre du Mérite de ce Land.

mardi 18 mai 2010

Il y a 70 ans, en Haute-Marne...



Photo parue dans l'ouvrage "1939-1940. Groupes de chasse et de reconnaissance à Orconte et Saint-Dizier", Jean-Marie Chirol, 1981 (préface de Jean Lasserre, rédacteur en chef de la revue Icare).

Notre ouvrage « 1940 en Haute-Marne » (tome II), publié en 2000, raconte par le texte et l’image les événements qui se sont passés dans le département il y a 70 ans. Voici ceux s’écoulant entre le 10 et le 18 mai 1940.

10 mai 1940. L’armée allemande lance son offensive en Europe occidentale. Les terrains d’aviation français sont bombardés. A Saint-Dizier, la sirène sonne quatre fois ; le Robinson reçoit une vingtaine de bombes, dont cinq sur la piste. A Joinville, quatre victimes civiles sont à déplorer : Jacqueline Sergent, 12 ans, Marcel Peno-Mazzarino, 25 ans, son frère Henri, 40 ans, et le fils de celui-ci, Lucien, 12 ans (mort le 12 juin).

11 mai. Nouveau bombardement du terrain de Saint-Dizier ; le groupe de reconnaissance I/52 qui y stationne reçoit l’ordre de partir pour la Marne. Entre Maizières-lès-Joinville, Breuil-sur-Marne et Rachecourt-sur-Marne, un Bloch 152 du GC I/8 est abattu (le pilote, le Tchèque Otto Spatchek, saute en parachute), tandis qu’un Morane-Saulnier 406 du GC III/7 tombe à Brousseval (pilote indemne). A Montier-en-Der, où passent des réfugiés luxembourgeois, belges, un hôpital militaire est installé.

12 mai. Troisième bombardement de Saint-Dizier. Un Dornier 17 est abattu dans la plaine des Frouchies, près de la cité bragarde : le lieutenant Klaus Zehge est tué, trois membres de l’équipage qui ont sauté en parachute sont capturés par des soldats cantonnés à Villiers-en-Lieu.

13 mai. Un MS 406 du GC III/7 est abattu en combat aérien à Chamouilley (pilote indemne). Chalindrey est bombardée : quatre blessés (dont un enfant de 9 ans).

14 mai. Le GC I/5 du commandant Murtin, venant de Suippes, prend possession du terrain du Robinson.

16 mai. Un Langrois, le soldat André Morelle, garde des voies et communications, est grièvement blessé par un éclat de bombe reçu dans la ville ; il meurt le lendemain. Bombardement de Montier-en-Der. Peu après son décollage de Semoutiers, un bombardier Amiot 143, du GB II/38, s’écrase à Autreville-sur-la-Renne : le capitaine Louis Destannes et le sous-lieutenant Louis Vial sont tués (ils sont inhumés au cimetière de Saint-Aignan à Chaumont), il y a un blessé, et deux aviateurs indemnes.

17 mai. A Saint-Vallier, un MS 406 du GC I/2 atterrit en catastrophe ; le sous-lieutenant Chalupa est blessé légèrement.

18 mai. Un Curtiss H 75 du GC I/5, piloté par le lieutenant Edmond Marin-La Meslée, fait un atterrissage sur le ventre à Robinson : il est indemne.
Agé de 28 ans, Marin-La Meslée est l’as français de la Campagne de France : il est crédité de 20 victoires, dont seize certaines. Commandant (1944), chef du GC I/5, il trouve la mort lors de la Bataille de Colmar en février 1945. Son nom sera donné à la BA 112 de Reims.
(A suivre)

jeudi 13 mai 2010

"J'ai 18 ans, je meurs pour la France"





Luc et Roland Garnier (Collection CM 52).

Les lettres de condamnés à mort français, sous l’Occupation, qui sont parvenues à la connaissance de leurs contemporains et des générations futures, sont particulièrement édifiantes. Elles respirent généralement le patriotisme, la foi en la Victoire, l’amour des siens.

Celle d’un jeune Chaumontais de 18 ans, Luc Garnier, mérite d’être mieux connue. Membre, comme son frère aîné Roland, du groupe Corse, relevant des Francs-tireurs et partisans français (organisation de Résistance armée d’obédience communiste), il figurait parmi les onze patriotes condamnés à mort par la justice militaire allemande et fusillés samedi 18 mars 1944, entre 7 h 15 et 7 h 30, sur la butte de tir de La Vendue, à la sortie de Chaumont en direction de Neuilly-sur-Suize.

L’ultime courrier du jeune homme, rédigé ce jour-là à 6 h, depuis sa cellule de la prison du Val-Barizien, a été communiqué pour la postérité par la grand-mère des deux martyrs (une copie appartient aux archives du club Mémoires 52).

Lisons, écoutons les derniers mots de Luc Garnier :


« Chers parents,
Mes dernières pensées sont pour vous et pour une petite fille qui habite près de l’hôtel Saint-Jean et travaille à la poste, je l’appelle Jacqueline.
V.I.V.E. la France.
Je pense bien à l’abbé Bour et qu’il se rappelle bien de mes paroles de la dernière fois, lui aussi je l’aimais. A Dieu le vrai jugement, c’est près de Dieu. 
J’offre ma vie à Dieu pour la JOC de Chaumont. Je pense toujours à mes parents et à tous les Français. J’ai voulu faire mon devoir de Français et je l’ai fait jusqu’à la dernière minute de ma vie, j’ai 18 ans je meurs pour la France. Devant les fusils je crie vive ma patrie, que Dieu la protège.
Mes chers parents n’oubliez jamais vos fils qui meurent pour sauver l’honneur de la France et surtout n’oubliez jamais Dieu.
Je meurs avec mon frère Roland que j’aimais tant, et les camarades. Avant de mourir je vais les encourager devant la mort.
Un fils qui vous a toujours aimé et qui demande pardon des petites fautes de sa vie. Après ma mort ne pleurez pas car vous aurez l’honneur de vos deux fils aimés.
Bon courage, je prierai pour vous près de Dieu.
Ma chère mère, je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que mon papa et tous mes camarades Français.
Que la France n’oublie jamais ses patriotes du groupe Corse.
Vive France d’abord et ne les oubliez jamais. »


Même tonalité – l’amour des siens, de Dieu – dans le courrier que Roland, le frère, adresse à sa grand-mère. Quelques phrases à retenir : « Cher mémère, je viens par cette lettre te donner la nouvelle que je suis exécuté ce matin à 7 h… Il faudra venir chercher nos habits… Embrasse tes fils fusillés il faut leur dire que nous n’avons pas fait de victimes… Il fallait bien que cela finisse un jour comme un autre… Nous sommes victimes d’un fou. »

Quelques remarques sur ces deux lettres très émouvantes. Membres des FTPF, Luc et Roland Garnier sont profondément catholiques. Ils étaient adhérents chaumontais du mouvement de la Jeunesse ouvrière chrétienne (Jean-Marie Chirol a consacré deux études à ce mouvement). Ainsi, Luc n’oublie pas, dans sa lettre, l’abbé Bour, qui était curé à Villiers-le-Sec. Quant à « France d’abord », formule qui conclut ce courrier, c’est la devise du groupe Corse.

Que savons-nous, finalement, de ces deux jeunes héros ? Peu de choses, en vérité. Luc Garnier est né le 17 novembre 1925 à Roôcourt-la-Côte (aujourd’hui commune associée à Bologne), son frère Roland le 23 novembre 1923, dans le même village. Ils sont les fils de René Garnier qui est né le 24 décembre 1897 à Châlons-sur-Marne, et qui est qualifié de fabricant de jouets.

La famille Garnier vit à l’écart de Chaumont, au lieu-dit Chaumont-Garage, à proximité d’un passage à niveau de la ligne Paris-Bâle (secteur aujourd’hui occupé par la zone d’activités de La Dame-Huguenotte, où d’ailleurs une rue perpétue le souvenir des deux martyrs).

Dans un « compte-rendu détaillé » de ses activités depuis 1940 à la Libération, René Garnier précise que dès janvier 1940, avec son fils aîné Roland, il a été volontaire « pour effectuer les travaux d’établissement de routes reliant les ouvrages de défense, les hôpitaux, etc., sur la frontière luxembourgeoise jusqu’au 10 mai 1940. » Puis il indique que Roland a été désigné pour le STO mais qu’il s’y est soustrait.

1943 correspond à l’engagement des deux frères dans la Résistance. Il rejoignent donc le groupe Corse qui se constitue surtout avec des employés SNCF de Chaumont. Un groupe qui était en liaison avec Jules Didier (alias « Mercier »), responsable du Front national de lutte pour la France dans la Haute-Marne, et qui était sous les ordrres d'un Lorrain, Gabriel Szymkowiak, alias « Bacchus », commissaire régional FTPF.

Quelles furent les activités des deux frères ? Elles sont rapportées par Jean-Marie Chirol (dans son étude inédite sur le maquis Mauguet et le Front national), selon qui leurs actions auraient été inscrites par Roland Garnier sur le mur de la cellule n°4 de la prison du Val-Barizien :

« France d’abord ! Le 25 décembre, attentat contre le dépôt, cinq jours plus tard minage du pont de Bologne, aucun résultat. 2 janvier, minage du pont de Condes avec un obus de 155, entièrement détruit, avec cinq mois de réparations. Quelques jours après, deux déraillements sur la ligne de St-Dizier, le premier 2 rails coupés et 3 Feldgendarmes tués, train stoppé pendant huit heures, avec camions endommagés, fils téléphoniques coupés ; le lendemain, au même endroit, pont de Jonchery : 2 rails décollés, fils coupés, train stoppé pendant six heures. Quelques jours suivants un des agents de chez nous (13/1) se fait arrêter avec un camarade de l’inter-région, avec tous les renseignements et en plus les noms des francs-tireurs combattants, alors eurent lieu 25 arrestations faute d’un Français imprévoyant. Bacchus, tu nous a vendus ».

Petit retour en arrière. L’attentat « contre le dépôt » correspond au sabotage de la grue de 30 tonnes du dépôt SNCF de Chaumont, à Noël 1943. Deux semaines plus tard, intervient la double arrestation évoquée par Roland Garnier. « Le 13 janvier 1944, écrit Jean-Marie Chirol, G. S. (Note : Gabriel Szymkowiak) roule à bicyclette en direction du musée de Chaumont où il doit rencontrer le chef inter-régional FTP venant de Besançon (rendez-vous fixé par ce dernier). A proximité du lieu de rendez-vous, G.S. est arrêté par un civil… alors que d’autres surgissent. G.S. tombe ainsi dans les griffes de la Gestapo. »

Cette capture a de funestes conséquences. Car s’ensuit un important coup de filet dans la Résistance chaumontaise, tant parmi les membres du groupe Corse que dans les rangs de celui commandé par Georges Debernardi (rattaché à l’OCM, en liaison avec le BOA). Luc et son père René ont été arrêtés dès le 14 janvier 1944, son frère Roland trois jours plus tard.

Szymkowiak - qui sera exécuté par les Français, à Dijon, après la Libération - comparaîtra « pour des raisons particulières » (dixit le même acte) en qualité de témoin, et non d’accusé, devant la justice allemande. Il ne sera donc pas condamné à mort avec ses camarades, ni même emprisonné. Pis ! Il sera au service de la Sipo-SD et sévira dans d’autres secteurs du département avec le fameux « Totor » - un Bragard. Les résistants haut-marnais, et notamment ceux qui ont été déportés à la suite des néfastes activités de « Bacchus » et « Totor », le désigneront comme un traître convaincu. Jean-Marie Chirol, plus nuancé, pense que ce sont les tortures et les menaces de représailles sur sa famille restée en Lorraine qui auront pour conséquence le retournement d’un « résistant authentique » en un « lâche » - nous n’épiloguerons pas sur ce point.

Le procès des patriotes, préparé par le tribunal de la feldkommandantur 769, présidé par l’oberst Luyken, est programmé le 8 mars. L’acte d’accusation est connu : il a été publié, après la guerre, par L. Hutinet, dans son « Livre d’or de la Résistance haut-marnaise ». L’on y apprend notamment que Roland Garnier, alias « Jim », et son frère Luc, alias « Max », sont accusés d’avoir participé au vol d’explosifs dans la carrière de Reclancourt, en décembre 1943, et d’être les auteurs de l’attaque armée d’un bureau de tabac à Richebourg, le 1er janvier 1944. L’acte n’omet pas de citer les sabotages réussis ou manqués d’ouvrages sur le canal et sur la ligne Paris-Bâle évoqués par Roland.

Le verdict tombe : seize patriotes sont condamnés à mort. Quatre verront cette peine capitale commuée en déportation. Un autre se suicidera dans sa cellule (César Vannetti). René Garnier, pour sa part, sera acquitté – il n’en continuera pas moins ses activités clandestines et rejoindra plus tard le maquis Jérôme.

Malgré les démarches de la municipalité chaumontaise, les condamnés ne seront pas graciés. L’aube du 18 mars sonne l’heure du départ des martyrs, que vient de visiter l’archiprêtre Desprez, curé de Chaumont.

André Tisserand, de Nogent, détenu depuis le 17 janvier 1914 au Val-Barizien, assiste à l’événement : « Un prisonnier décide de casser le carreau du judas de la porte pour les voir partir. Etant le plus ancien, mes camarades m’ont demandé de regarder et de leur commenter le comportement des condamnés. Je m’attendais à voir les condamnés avec des menottes, enchaînés. Non, ils marchaient, pas une larme, très droit. Je n’ai jamais trouvé les mots pour décrire ce que je voyais ; une dignité d’une grandeur indescriptible… Ils resteront pour moi des héros de la Liberté ».

Ce jour-là, tomberont sous les balles, le 18 mars 1944 :
. Georges Debernardi, 53 ans, de Chaumont,
. Luc et Roland Garnier, de Chaumont,
. André Jacquinod, 31 ans, de Chaumont,
. Marcel Lallemand, 31 ans, de Chaumont,
. Charles Noirot, 28 ans, de Chaumont,
. Louis Parrot, 30 ans, de Chaumont,
. Raymond Rougeaux, 26 ans, de Chaumont (arrêté dès la fin décembre 1943),
. Roger Sollier, 32 ans, de Chaumont,
. Jean Tamen, 33 ans, de Chaumont,
. René Zimberlin, 33 ans, de la Côte-d'Or.

Après la Libération, un hommage sera rendu, place de la Concorde, le 16 octobre 1944, aux martyrs de La Vendue. Leurs dépouilles sont alors ramenées au cimetière de Clamart puis, le 7 août 1959, transportées au cimetière national de Suippes.

Luc et Roland Garnier ont été faits membres de la Légion d’honneur à titre posthume. Leur nom a été donné au maquis installé en forêt de Mathons, près de Joinville.

dimanche 9 mai 2010

Déportés de Haute-Marne (D)



André Daouze, survivant de Buchenwald et Mauthausen, témoignait régulièrement de l'horreur de la Déportation devant les élèves haut-marnais.

DANROSEY Albert (Montesson 4 mars 1906 - Flossenburg 21 avril 1945). Condamné par la section spéciale de Dijon, il est déporté au Sonderlager Hinzert en 1942 ou 1943.

DANTZIGER Ide (Lutomiersk 16 janvier 1905 – Auschwitz février 1944). Domicilié à Saint-Dizier où il s'est marié en 1938, résistant en Dordogne, il est arrêté en novembre 1943 par la gendarmerie à Bergerac, accusé du vol d'un cachet de l'aérodrome de cette ville. Emprisonné à Périgueux, à Limoges, interné à Drancy (21 janvier 1944), il est déporté le 5 février 1944 à Auschwitz.

DANTZIGER Ryfka née Schneid (Bircza, Pologne 12 janvier 1912 - Auschwitz). Domiciliée à Saint-Dizier, elle est arrêtée à son domicile par la feldgendarmerie le 19 juillet 1942. Internée à Drancy, elle est déportée à Auschwitz par le convoi 11.

DAOUZE André (Saint-Dizier 27 août 1924). Célibataire, domicilié à Eurville,
résistant (il est secrétaire fédéral de la JOC du Nord Haute-Marne), il est arrêté le 7 janvier 1944 à son domicile par la Gestapo. Emprisonné à Chaumont, à Châlons, interné à Compiègne, il est déporté le 22 janvier 1944 à Buchenwald, puis à Mauthausen. Affecté au kommando de Steyr, il est ibéré le 5 mai 1945.

DARBOT Emile (Le Pailly 7 novembre 1884). Curé de Plesnoy, ancien combattant 14-18, résistant (membre du groupe "Lorraine"), il est arrêté le 26 octobre 1943 par la Gestapo. Emprisonné à Chaumont, à Châlons, interné à Compiègne, il est déporté le 17 janvier 1944 à Buchenwald, puis à Dachau (5 janvier 1945), et libéré le 24 avril 1945.

DAUTREY Jules (Semilly 26 octobre 1912 - Haslach-Sporplaz 29 décembre 1944). Gendarme à Tournus (Saône-et-Loire), où il est arrêté comme otage le 22 août 1944 avec deux gendarmes et dix habitants, il arrive le 26 août 1944 à Natzweiler (matricule 24 104) en provenance d'une prison de Bourgogne.

DAVID Germaine née Picard (Fayl-Billot 5 novembre 1897). Elle est déportée le 7 mars 1944 à Auschwitz (convoi 69).

DAVID Henri (Senargent, Haute-Saône 10 octobre 1899). Inspecteur des impôts à Chaumont, il est arrêté, interné à Compiègne, déporté le 15 juillet 1944 à destination de Neuengamme comme « personnalité otage » (matricule 36 268). Rentré

DECORSE Fernand (Biesles 26 janvier 1924). Interné à Compiègne, il est déporté le 22 janvier 1944 à Buchenwald (matricule 43 153), puis à Dora et à Bergen-Belsen, où il est libéré le 15 avril 1945. Il avait été arrêté en décembre 1943 à Barsac (Drôme) avec son frère Jean et Henri Gérard. Mort en 2008 à Barsac.

DECORSE Jean (Nogent 8 décembre 1921). Interné à Compiègne, il est déporté le 22 janvier 1944 à Buchenwald (matricule 43 152), puis à Dora. Libéré. Arrêté fin décembre 1943 à Barsac (Drôme).

DELIVET Auguste, né le 4 janvier 1901 à Fronville, membre de la Légion d’honneur, agent de police, arrêté le 4 mai 1944 à Troyes pour sabotage, déporté le 2 juillet 1944 pour Dachau, rentré le 8 avril 1945 de Vaihigen. Sources : Onac 10.

DELOMPRE Jules (Langres 14 décembre 1924). Arrêté sur le territoire du 3e Reich, il est déporté à Dachau (matricule 63 987), où il est libéré le 29 avril 1945.

DELPORTE Guy (Dancevoir, 26 janvier 1920). Intené à Compiègne, il est déporté le 27 janvier 1944 à Buchenwald (matricule 44 965), affecté au kommando de Wansleben. Rentré.

DEMANGE Marguerite née Louis (Neufchâteau, Vosges 25 septembre 1895). Hôtelière à Langres, elle est arrêtée le 5 juin 1944. Elle quitte Paris-Est pour Sarrebrück le 14 juillet 1944, puis déportée à Ravensbrück. Rentrée.

DEMERLE Pierre (Chaumont 24 juin 1890 - Auschwitz 19 septembre 1942). Arrêté le 22 juin 1941, interné à Compiègne, il est déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz (matricule 45 452).

DEMOGEOT Pierre (Joinville 20 décembre 1923 - Colmar 3 juin 1945). Célibataire, domicilié à Joinville, il est arrêté le 18 janvier 1944. Interrogé au château de Joinville, emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne, il est déporté le 27 avril 1944 à Auschwitz (matricule 185 429), puis à Buchenwald, enfin à Flossenburg. Libéré, il est hospitalisé à Colmar, où il décède.

DEMOULIN Roger (Annéville-la-Prairie 10 décembre 1917). Interné à Compiègne, déporté le 17 septembre 1943 à Buchenwald (matricule 21 177), il est libéré le 30 avril 1945 à Ravensbrück.

DESCHAMPS Albert (Saint-Dizier 6 septembre 1918). Déporté à Sachsenhausen, il est porté disparu.

DIDIER Serge (Sarrey 1er juillet 1925 - Flossenburg 27 décembre 1944). Marin, rentré à Sarrey après le sabordage de la flotte à Toulon (1942), il veut passer en Espagne mais est arrêté à la frontière le 17 février 1944. Emprisonné à Toulouse, interné à Compiègne, il est déporté le 27 avril 1944 à Buchenwald.

DILLON Roger (Dijon, Côte-d'Or 12 septembre 1920). Célibataire, domicilié à Donjeux, salarié à Epizon, il est requis pour le STO en mars 1943. Travaillant à l'usine Siémens à Nuremberg, il tente de s'évader en mai 1944 de Kirchenlamitz. Arrêté le 21 mai à Nuremberg, où il est emprisonné, interné au camp de Langeuzen, il est déporté pour « refus de travailler » à Dachau (matricule 110 687) puis à Buchenwald. Il quitte ce camp pour la France le 22 avril 1945.

DODIN Georges (Chaumont 3 mars 1898 - Janovitz mi-janvier 1945). Ancien combattant 14-18, marié et père de quatre enfants, cet employé SNCF à Chaumont, responsable syndical, est dénoncé et arrêté sur son lieu de travail le 11 février 1944 par la Gestapo. Emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne, il est déporté le 27 avril 1944 à Auschwitz (matricule 185 457), puis à Buchenwald et à Flossenbuurg (kommando de Janovitz).

DORE Fernand (Hortes 20 septembre 1908). Déporté le 4 mai 1944 de Paris à Natzweiler (matricule 13 845), il est libéré le 29 avril 1945 à Dachau. Ajusteur, arrêté le 12 novembre 1943 à Champignol (Aube). Sources : Onac 10.

DOREUX Maurice (Chaumont 9 octobre 1915 – Gusen 2 février 1945). Emprisonné à Dresde, il est déporté à Flossenburg (matricule 26 888), puis à Mauthausen.

DOURSENAUD Guy (Chaumont 7 février 1918). Déporté à Chemnitz, à Flossenburg (matricule 26 870), il est libéré le 25 avril 1945 à Tchakan.

DROUET Paul (Rimaucourt 24 février 1892). Marié, médecin à Nancy, professeur à la Faculté de médecine, il est arrêté le 14 juin 1944 à son domicile nancéen (la veille, il avait rendu visite à une parente à Brousseval). Interné à Compiègne, il est déporté le 15 juillet 1944 à Neuengamme comme « personnalité otage » (matricule 36 289) et échappe à la mort dans la baie de Lübeck (il décède en 1955).

DROUOT Georges (Langres 11 février 1920 - Buchenwald 14 mars 1945). Employé SNCF, domicilié à Montigny-le-Roi, requis par le STO, il est arrêté à Francfort le 7 juillet 1943 et déporté à Buchenwald (matricule 41 037).

DRUT Paul (Paris 11 juin 1924 – Neuengamme 5 septembre 1944). Etudiant, il est arrêté le 24 août 1944 à Châteauvillain le jour du massacre, emprisonné à Chaumont et déporté le 29 de Belfort à Neuengamme.

DUBLAN Ester (Guebwiller 2 mai 1875 – Auschwitz février 1944). Domicilié à Bourbonne, il est arrêté le 27 janvier 1944. Emprisonné à Châlons, interné à Drancy, il est déporté le 10 février 1944 à Auschwitz (convoi 68).

DUBLON Georges (Saint-Dizier 16 juillet 1893 – Auschwitz février 1944). Domicilié à Saint-Dizier, il est arrêté le 27 janvier 1944. Emprisonné à Châlons, interné à Drancy, il est déporté le 10 février 1944 à Auschwitz (convoi 68).

DUBLON Maurice (Saint-Dizier 31 mars 1901 - Auschwitz). Arrêté à Paris, il est déporté à Auschwitz par le convoi 74.

DUBOIS Camille (Thol-lès-Millières, 25 juillet 1899 - Auschwitz septembre 1942). Ayant grandi à Vroncourt-la-Côte, en pension à Bologne où il travaille à la scierie Schmitt, il est arrêté le 7 juillet 1941. Emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne, il est déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt du typhus.

DUFAYS Alfred (Wassy 29 janvier 1900 - Auschwitz 16 août 1942). Marié et père de quatre enfants, domicilié à Joinville, ouvrier à Saint-Dizier, il est arrêté le 1er juillet 1941, en gare de Joinville, par les feldgendarmes. Emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne (11 juillet), il est déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz (matricule 45 196).

DUPAQUIER Victor (Rolampont 4 juin 1921). Domicilié à Lille, il est arrêté le 6 mai 1944 à Lille. Déporté le 14 août 1944 d'une prison du Nord-Pas-de-Calais vers Bruxelles, il rentre le 16 mai 1945 d'Offenburg.

DUPAYS André (Humbécourt 7 décembre 1902 - Mauthausen 4 avril 1945). Interné à Compiègne, il est déporté à Buchenwald le 22 janvier 1944 (matricule 43 368) puis à Mauthausen (matricule 53 763).

DURAND Camille (Mussy-sur-Seine, Aube 12 juillet 1902 - Dachau 21 mars 1945). Marié et père de famille, domicilié à Andelot, ouvrier à la tréfilerie Jacquemin, il est arrêté le 23 mars 1944 à Andelot. Emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne, il est déporté le 18 juin 1944 à Dachau.

DUROCQ Alfred (Doulaincourt 15 septembre 1923 – Wolfenbüttel 22 décembre 1943). Il est interné dans une prison du Reich, à Oldenburg, Wolfenbüttel où il est exécuté.

DUSSELIER Louis (Narcy 10 février 1898 - Auschwitz 15 décembre 1942). Marié et père de cinq enfants, domicilié à Saint-Dizier, ouvrier à la société Lemoine, il est arrêté le 22 juin 1941. Emprisonné à Chaumont, interné à Compiègne (27 juin), hospitalisé au Val-de-Grâce (septembre 1941 - mai 1942), il rejoint Compiègne et est déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz (matricule 45 517).

DUVAL Fernand (Guyonvelle 14 mai 1912 – Gusen 24 mars 1945 ou Wittlich 22 août 1944). Interné à Compiègne, il est déporté le 22 mars 1944 à Mauthausen (matricule 59 886).

samedi 8 mai 2010

Un exploit de la Résistance européenne à Saint-Dizier


Dans le numéro 51 de "Dossier 52" (mars - juin 2009), nous avons consacré un article à un authentique exploit de la Résistance européenne ayant eu pour cadre la cité bragarde : le vol du "Livre des suspects" de la Gestapo, en 1942. Exploit réalisé par Pierre Johnson (il sera arrêté ultérieurement et reviendra de déportation) et le médecin bragard Pierre Vesselle.

Voici la teneur de cet article.

Précisons que Johnson avait succèdé, à la tête du secteur 231 du réseau Uranus (Service de renseignements Kléber, dépendant de Vichy !), au capitaine Marcel Choupot, qui sera le chef départemental FFI de l'Yonne et tombera avant la Libération.

vendredi 7 mai 2010

L'Occupation dans l'Est de la France

Un hors-série vient d'être consacré par le journal L'Est républicain à l'Occupation.

A noter, sur la couverture, la photo de maquisards d'Auberive.

Un hors-série auquel le président du club Mémoires 52 a contribué :

http://www.estrepublicain.fr/fr/france-monde/france/info/3048885-Un-hors-serie-sur-les-annees-noires-de-l-Occupation

dimanche 2 mai 2010

Conseil de lecture : "Le Temps des partisans"


A quelques jours du souvenir de la capitulation nazie, nous ne saurions trop recommander cet ouvrage paru il y a plusieurs mois, aux éditions Guéniot, consacré à la Résistance ardennaise.

Il est l’œuvre d’un enseignant, Philippe Lecler, animateur du blog « Ardennes, tiens ferme ! », qui a déjà publié trois livres relatifs à l’Occupation dans ce département, notamment sur la fin tragique du maquis des Manises.

« Le Temps des partisans », premier ouvrage consacré à la Seconde Guerre par les éditions Guéniot depuis notre livre « Résistance, répression, libération en Haute-Marne » (2007), se propose dans un premier temps d’évoquer les heurs, malheurs et succès des organisations d’obédience communiste ou socialiste, qu’il s’agisse du mouvement Front national, de son bras armé, les Francs-tireurs et partisans français, ou de Libération-Nord. Puis la deuxième partie de ce livre de 192 pages propose des biographies, avec bien souvent des photos, de 506 martyrs de la Résistance ardennaise. On y croise la trace de Roger Rocipon, cheminot arrêté en 1943 à Saint-Dizier et déporté à Buchenwald, ou celle d’Eugène Andrieux, cultivateur à Machault, fusillé en 1941 en région parisienne, et à propos duquel Jean-Marie Chirol a consacré un article très documenté dans Dossier 52. C'est un travail novateur, alimenté par des documents inédits, qui fera date dans l'historiographie de la Résistance champardennaise.


Le blog de Philippe Lecler : http://ardennetiensferme.over-blog.com/

Lecler (Philippe), Le Temps des partisans, suivi de Mémorial de Berthaucourt, la Résistance et sa répression dans les Ardennes, éditions Dominique Guéniot, 2009, 28 euros.