mercredi 22 juin 2022

La famille Krakauer, de Chaumont, assassinée il y a 80 ans, à Auschwitz


 


Trente-deux Haut-Marnais de confession juive ont été arrêtés en 1942. C'est l'année du départ du premier convoi de France en direction d'Auschwitz, le 27 mars 1942. Henri Frydel, 21 ans, Isaac Herz, 48 ans, et Benjamin Makowski, 41 ans, de Bourbonne-les-Bains, Samuel Simon, 52 ans, de Montigny-le-Roi, sont dans ce convoi. Aucun ne reviendra.

Le 20 juillet 1942, quelques jours après la rafle parisienne du Vel'd'Hiv dont a été notamment victime une enfant de 5 ans, Jacqueline Klejman, née à Saint-Dizier, cinq des membres de la famille Krakauer, domiciliée 16, rue d'Alsace à Chaumont, sont arrêtés : le père, Simon, 45 ans, la mère, Idessa née Stanski, 43 ans, les enfants Simone, 19 ans, Iczek, 22 ans et Mozek, 17 ans. Ils sont dirigés sur Auschwitz dès le 27 juillet, par le convoi n°11. La petite dernière de la famille, Paulette Krakauer, 14 ans, sera arrêtée le 10 octobre 1942 et à son tour déportée. Seule Annie échappera à l'arrestation et à la mort.

Photo et informations publiées dans "Mémorial des juifs de Haute-Marne, 1941-1944", club Mémoires 52, 1997.

mardi 7 juin 2022

Résistance communiste en Haute-Marne (3) : l'arrestation de Joseph Siegler


Photos de Joseph Siegler conservées dans son dossier conservé par les Archives départementales 

de la Côte-d'Or.


 Entre les arrestations des militants communistes en juin 1941 et l'arrivée d'André Germain ("Robert") au printemps 1943 comme responsable régional (départemental), l'activité du Front national n'a pas été inexistante en Haute-Marne.

Le 9 février 1943, Le Petit Champenois évoque, en quelques lignes, l'arrestation, à Culmont-Chalindrey, par la gendarmerie française, d'un certain Joseph Siefeler (sic). L'homme est accusé d'avoir, le soir du 4 février, volé, devant le Café français, rue Toupot à Chaumont, la bicyclette appartenant à Gaston Pelletier. Rapidement, les forces de l'ordre découvrent que le nommé Siegler (et non Siefeler) agissait pour le Parti communiste clandestin.

Le 10 février 1943, le fameux commissaire Henri Jacquet, du service régional de la police de sûreté de Reims, se rend à Chaumont où Siegler est emprisonné. Il l'interroge avec deux inspecteurs. Dans sa déposition, Siegler ne niera pas son appartenance au FN. Trouvé porteur notamment de tracts de propagande communiste, il précisera aux enquêteurs être responsable du mouvement "pour la Haute-Marne, la Haute-Saône et le Territoire-de-Belfort". Lorsqu'il a été arrêté, il séjournait depuis le 1er février 1943 à Chaumont, une ville qu'il connaît bien puisque durant son service militaire, effectué à partir de novembre 1938, il exerçait la fonction d'assistant du maître tailleur du 21e régiment d'infanterie, M. Le Mahieu. Il a ensuite été affecté à la garnison de Langres et fait prisonnier en juin 1940, avant d'être libéré comme Alsacien.

Pressé de questions par la police française, Joseph Siegler niera connaître des militants communistes haut-marnais comme les frères Migeot (Langres), Toussenel (Chaumont). Comme il niera connaître Roger Kittler, de Torcenay, dont le nom apparaît dans un courrier saisi sur lui. Kittler sera arrêté le 11 février 1943, et tous deux vont comparaître le 7 mars devant le tribunal de la section spéciale de la cour d'appel de Dijon : Kittler sera acquitté, Siegler condamné à un an et un jour de prison pour "atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat". 

Au lieu d'être libéré, l'homme, qui a été emprisonné à Chaumont, à Clairvaux, à Châlons-sur-Marne, a été déporté le 27 avril 1944 à Buchenwald, d'où il reviendra.

Une notice du dictionnaire Maitron a été consacrée à Joseph Siegler, né à Pfastatt en 1917, décédé à Lutterbach en 1972. Militant communiste, il occupera des responsabilités au sein du Parti en Alsace. 

Sources : affaire Siegler et Kittler, dossier 261-1072 art. 2, archives départementales de la Côte-d'Or - dictionnaire Maitron.