mardi 27 février 2024

Martial Bel (1920-2012), recruteur du FN, FTP et membre du FUJP en Haute-Marne


Martial Bel. Illustration parue dans le Livre des 9 000 déportés de France 

au camp de Mittelbau-Dora.


Longtemps ignoré, le parcours du résistant franc-comtois Martial Bel en Haute-Marne mérite d'être retracé dans ses grandes lignes.

Martial Bel est né à Valentigney (Doubs) le 28 septembre 1920. Il est le fils de Paul Bel, ajusteur-mécanicien, militant communiste, et de Blanche Etienne. Tourneur sur métaux, il s'engage en 1940 dans le 105e bataillon de l'armée de l'air à Aulnat (Auvergne). Démobilisé en août 1940, il franchit "en fraude" la Ligne de démarcation et rentre chez lui à Valentigney, où il réside au 38, rue Grand-Rue. Il se marie le 31 décembre 1941 avec Juliette Petitmangin.

Dans le Doubs, il travaillait chez Wittner à Seloncourt, en septembre 1940, puis à la SMA à Arbouans, en septembre 1941. Requis pour travailler en Allemagne, il passe en Zone libre et vient travailler, en novembre 1942, aux chemins de fer vicinaux à Lons-le-Saunier (Jura). De nouveau requis, mais cette fois au titre du STO, Martial Bel retrouve la SMA en juin 1943. A partir de cette date, il distribue des tracts, héberge des clandestins, puis adhère au FN auprès d'un nommé Marcel.

"Depuis le 8 septembre 1943, j'ai renoncé à la vie familiale pour entrer dans la Résistance", explique-t-il. Alors que le 11 septembre 1943, son père, Paul, est arrêté par la police française, dans le cadre de l'enquête partie de Chaumont sur une imprimerie clandestine à Allondans (Doubs), lui rejoint la Haute-Marne où il est nommé, le 13 septembre 1943, par son compatriote André Germain (Robert), "recruteur FTP".

Martial Bel établit des contacts avec des résistants à Châteauvillain (Philippe Hantzberg), à Langres, participe au cambriolage d'un bureau allemand à Nogent. A Chaumont, où il est rejoint par son épouse (l'agent de liaison Christiane) et son ami Louis Frossard (Marc), il loge d'abord rue du Gaz, puis rue Croix-Percée.

Passé au Front uni de la jeunesse patriotique (FUJP), Martial Bel, connu sous le nom de Serge, est arrêté avec Louis Frossard près du musée de Chaumont, le 13 janvier 1944, par la Sipo-SD. Il subit, dira-t-il, "quatre interrogatoires au nerf de boeuf". Emprisonné au Val-Barizien à Chaumont, il est transféré le 6 avril 1944 à Châlons-sur-Marne, puis au camp d'internement de Compiègne, le 9 avril 1944.

Avec d'autres résistants haut-marnais qu'il a connus dans la clandestinité, notamment Philippe Lamoureux (du groupe FN de Joinville) et Philippe Hantzberg, il est déporté le 27 avril 1944 en direction d'Auschwitz. Le 12 mai, il est transféré à Buchenwald, puis le 13 novembre au camp de Mittelbau-Dora. 

Martial Bel est libéré le 11 avril 1945. Il est décédé à Montbéliard le 3 octobre 2011. Son père Paul est disparu en déportation. 

Sources : dossier d'homologation FFI, GR 16 P 43 851, Service historique de la Défense ; témoignage recueilli par le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon ; dossier d'enquête contre Gabriel Szymkowiak, 29 U 54, Archives départementales de la Côte-d'Or ; Le livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora, Le Cherche-Midi, 2020 (notice rédigée par Lionel Roux) ; Lionel FONTAINE, Des Hommes. Les FTP en Haute-Marne et dans l'est de la France, Liralest/Le Pythagore, 2023.