jeudi 27 août 2015

27 août 1944 : deux hommes abattus à l'entrée de Chaumont

Le 27 août 1944 est l'une des journées les plus tragiques de la Haute-Marne occupée. Huit personnes ont trouvé la mort ce jour-là. Dont deux à l'entrée de Chaumont. Eugène Guiffaut est un Breton, né en 1917 en Ille-et-Vilaine. Il s'est battu en 1940 dans les rangs du 4e régiment de hussards de Rambouillet, a été fait prisonnier, avant de s'évader dans l'Orne. C'est par voie de presse qu'il a appris qu'une entreprise recherchait des bûcherons. Le voilà débarqué en Haute-Marne, département qu'il ne quittera plus (aujourd'hui disparu, il est connu pour être le créateur du musée du bois de Juzennecourt). En Haute-Marne, Eugène Guifaut a travaillé près de Colombey, puis à Praslay, puis à nouveau à Juzennecourt. Il nous a raconté ce qu'il a vécu ce 27 août 1944. «Je travaillais pour l'entreprise Hernandez, témoigne-t-il. Tôt, un matin, les Allemands sont venus au château de Juzennecourt, pour demander des outils – ils minaient le petit pont à la sortie du village. Mme Burel est alors allée avertir deux hommes du chantier de la présence des Allemands. Ils ont pris peur, ont foncé à travers bois, mais ont été abattus par un poste de garde, à l'entrée de Chaumont». C'est aux environs de 21 h, le 27 août, au lieu-dit Croix-Coquillon, que les deux manœuvres ont en effet trouvé la mort : Robert Mutin était né à Manois en 1923, Auguste Souffez, en 1923 à Concarneau, en Bretagne.

samedi 8 août 2015

Charles Perrin, un colonel de 26 ans

Marie-Charles-Henry Perrin naît le 7 mars 1769 à Poinson-lès-Grancey (aujourd’hui canton d’Auberive, arrondissement de Langres), fils de Jean-Baptiste Perrin et de Marie-Reine Henry. Il a pour parrain son oncle, l’abbé Perrin. Selon le futur académicien bisontin Charles Nodier, qui l’admirait, Perrin était originellement « destiné aux missions étrangères » et aurait « visité une partie de l’Orient ». Il s'enrôle le 30 avril 1789 comme soldat au régiment d'artillerie de Metz (futur 2e RA). Canonnier à la 7e compagnie d'artillerie à cheval (1er mai 1792), Perrin rejoint le 6e bataillon de volontaires du Bas-Rhin, où il est nommé adjudant-major le 28 septembre 1792. « Frère de cœur et d’armes de Pichegru, tous deux les meilleurs amis » du père de Charles Nodier, ce « beau et doux jeune homme », selon l'homme de lettres, est confirmé adjudant-général chef de bataillon à l'état-major de l’armée du Rhin, le 13 octobre 1793. Perrin prend part au siège de Mayence : c’est notamment Mainoni, du 6e bataillon du Bas-Rhin (futur général), qui l’accuse, avec un certain Vilvotte, d’avoir provoqué les assiégés et déployé le drapeau blanc. Arrêté, emprisonné à Strasbourg, promis à la mort, Perrin, qui a produit un mémoire en défense, est finalement acquitté le 19 ventôse an III (8 mars 1795) et mis en liberté, ainsi que « Le Moniteur » en fait état. Il reprend du service le 6 décembre 1795 en qualité d'adjudant-général chef de brigade (colonel) à l'armée de Rhin-et-Moselle. Réformé le 13 avril 1796, le Haut-Marnais est remis en activité le 5 juillet suivant, toujours à Rhin-et-Moselle. Le 17 juillet, il occupe Rheinfelden, Seckingen et Frickthal. Puis Laufenburg le lendemain. Le 10 août, il opère avec le général Paillard vers Bregenz. Accusé de détournement de fonds commis l’année précédente à Rheinfelden, hors d'état de servir (il aurait été blessé), Perrin est admis au traitement de réforme le 14 août 1797, à 28 ans. Epoux de Jeanne-Charlotte Perrot, avec laquelle il s'est marié à Besançon en 1793, le colonel en retraite Perrin décède à Metz, des suites de ses blessures, rue des Trinitaires, le 17 octobre 1804, à l'âge de 35 ans. Merci à Bernard et Danielle Quintin, auteurs du Dictionnaire des chefs de brigade du Consulat (SPM, 2012), d'avoir complété nos informations relatives à cet officier méconnu.