mercredi 29 novembre 2023

1943 en Haute-Marne (décembre)


 

1er décembre. Attaque du groupe Tabou à Pothières (Côte-d'Or). Depuis la veille, onze maquisards ont été pris et conduits à Chaumont (ainsi qu'un aviateur américain). Un douzième, Maurice Frank, alias Colonial, est grièvement blessé. Selon les autorités allemandes, il est déclaré décédé des suites de ses blessures lors de son transport vers l'hôpital le 2 décembre 1943. Dans la nuit du 1er au 2, deux hommes commettent un vol dans un bar de Montot-sur-Rognon.

2 décembre. Gabriel Szymkowiak (Bacchus), jusqu'alors commissaire technique régional des FTP de Haute-Saône, est nommé commissaire militaire régional pour la Haute-Marne. Cambriolage du Contrôle du ravitaillement économique de Langres par plusieurs FTP. Dans la nuit du 2 au 3, des FTP de la Marne détruisent plusieurs pylônes électriques au lieu-dit Les Frouchies, à Saint-Dizier.

4 décembre. Arrestation d'un des participants au cambriolage de Langres, Jean Martin.

7 décembre. Déportation de Laure Goldberg (Vraincourt) à Auschwitz.

10 décembre. Deux hommes volent du tabac à Roches-sur-Rognon. Des membres du FN de Joinville seront suspectés de cet acte. 

15 décembre. Arrestation d'un deuxième FTP de Neuilly-l'Evêque, Pierre Seurot.

16 décembre. Déportation du Haut-Marnais André Chanson, du réseau Alliance.

18 décembre. Le Guinéen Addi Bâ et Marcel Arburger (né à Fresnoy-en-Bassigny), âmes du camp de Lamarche, sont fusillés à Epinal.

20 décembre. Arrestation à Luxeuil de Gaston Renaudin (Victor), originaire d'Eurville, chef du groupe mobile FTP de la Haute-Saône. 

21 décembre. Arrestation à Lure de Marcel Fournier, officier FTP, instituteur à Froncles. Transport des deux rescapés de l'avion anglais de Rachecourt-sur-Blaise de Sommermont à Chaumont, d'où ils prendront le train pour la frontière suisse.

22 décembre. Exécution d'Alfred Durocq (Doulaincourt) à Wolfenbüttel. Cambriolage de la mairie de Melay par les FTP du groupe Rostov. Dans la nuit du 22 au 23, cambriolage à la carrière Bousteau à Chaumont par des FTP chaumontais.

23 décembre. Un boulanger est abattu par des maquisards entre Ville-sous-La-Ferté (Aube) et Laferté-sur-Aube. Son épouse est également exécutée. 

24 décembre. Dans la nuit du 24 au 25, sabotages des dépôts SNCF de Chaumont (par les FTP du groupe Corse) et de Saint-Dizier (par des membres de Libé-Nord).

28 décembre. Arrestation de quatre cheminots de Chalindrey après un sabotage.

29 décembre. Arrestation du FTP Raymond Rougeaux, un des auteurs du sabotage du dépôt SNCF de Chaumont. Deux autres membres du groupe, Noirot et Parrot, vont gagner le groupe Bir Hacheim.

30 décembre. Exécution à Nogent d'un indicateur de la Sipo-SD, Marcel Danizel. La résistante Simone Dauvé revendiquera l'ordre d'exécution. 

mercredi 15 novembre 2023

A propos de Maurice Frank

 Le 30 décembre 1943, était enregistré, par l'état civil de Chaumont, sur informations communiquées par les autorités allemandes, le décès de Maurice Frank, le 2 décembre 1943. Pourquoi un tel délai entre le décès et la déclaration ? Premier mystère. 

Ce que nous savons sur ce jeune homme de 20 ans, c'est qu'il a rejoint le groupe Tabou, à Pothières (Côte-d'Or), début octobre 1943, qu'il était surnommé Colonial, qu'il a été grièvement blessé lors de l'attaque du camp le 1er décembre 1943, et qu'il serait décédé dans l'automobile qui le conduisait à l'hôpital de Chaumont, ville où onze de ses camarades ont été emmenés pour y être emprisonnés.

Une certitude : contrairement à ce que nous avions indiqué dans la notice du Maitron des fusillés, Maurice Franck (sic) n'était pas un pseudonyme. Maurice, Pierre, Charles Frank est né le 28 mars 1923 à Paris, 123, boulevard Port-Royal. Il est le fils d'Isabelle, Jacqueline, Charlotte Frank, 30 ans, sans profession, domiciliée 124, avenue Daumesnil, dans le 14e arrondissement. La maman est en réalité artiste dramatique, connue sur les scènes parisiennes sous le nom de Bella Frank. Elle est née à Paris de parents hongrois - le père était libraire. 

Curieusement, le nom de Maurice Frank n'apparaît pas, parmi les siens, dans les différents recensements parisiens consultés. Auprès de qui a-t-il été élevé ? Nous l'ignorons.

Il exerçait la profession d'apprenti mécanicien, employé aux usines Chenard à Gennevilliers (Seine). Selon son dossier d'homologation de grade FFI, rédigé par M. Poulain, "organisateur du secteur de Pothières", il s'est engagé en 1941 au 21e régiment d'infanterie coloniale à Toulon. Démobilisé en novembre 1942, il est requis par le STO à Cherbourg début 1943, et "s'en est évadé quelques jours plus tard". Rejoignant à compter du 1er octobre 1943 le groupe Tabou, Maurice Frank "a participé aux sabotages effectués sur la ligne HT [haute tension Montchanin - Troyes et à l'attaque de convois allemands venus pour la repérer". Le 1er décembre 1943, grièvement blessé, "il est mort pendant son transport à la prison de Chaumont où son cadavre fut descendu de l'auto le transportant dans la cour même de la prison (...) Le cadavre a été détruit par les Allemands".

Nous n'avons effectivement pas trouvé trace, dans le registre des cimetières de la ville, de son inhumation à Chaumont, où ses onze camarades ont été fusillés le 14 janvier 1944.

Quatre-vingt ans après sa mort, la vie de Maurice Frank, reconnu mort pour la France le 21 juillet 1947, proposé pour une citation à l'ordre de la brigade à titre posthume, reste encore entourée de bien des mystères. 

Sources : état civil de la Ville de Chaumont ; état civil de la Ville de Paris ; GR 19 P 21/42 et GR 16 P 233038, Service historique de la Défense.