mardi 10 décembre 2013

"1814 : Napoléon en Haute-Marne"

La nouvelle publication du club Mémoires 52 vient de paraître. "1814 : Napoléon en Haute-Marne",écrit par Lionel Fontaine, évoque, en 60 pages, les combats, souvent victorieux, parfois malheureux, livrés par l'armée napoléonienne dans le département : Longeau, Châtenay-Vaudin, Langres, Choignes, Saint-Dizier, Laferté-sur-Aube... Prix de vente : 12 euros, plus 3,15 euros de frais de port. Chèque à l'ordre du club Mémoires 52 à adresser à : club Mémoires 52, 1 bis rue Dutailly, 52000 Chaumont.

jeudi 7 novembre 2013

Héros de la Libération, ami du club : Maurice Geminel n'est plus

C'est une bien triste nouvelle que vient de nous annoncer sa famille. Le colonel Maurice Geminel s'en est allé paisiblement, lundi, à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris. Nous avons souvent eu l'occasion, ici, de brosser la carrière de ce héros de la Libération. Né à Beauzée (Meuse) en 1920, ce Saint-Cyrien avait été blessé le 14 juin 1940, dans son char foudroyé, près de Perthes. Par le plus grand des hasards, il avait retrouvé la Haute-Marne, en août 1944, comme capitaine de parachutistes. Combattant aux côtés du maquis d'Auberive, il avait été blessé à deux reprises : d'abord en défendant ce village, puis lors d'une embuscade près de Latrecey, le 8 septembre 1944. Des habitants avaient recueilli cet officier laissé pour mort, et l'intervention du Dr Le Brigand avait permis de lui sauver sa jambe. En 2001, le club Mémoires 52, après avoir établi le contact avec cet habitant de Fresnes, avait consacré une étude détaillée au colonel Géminel. Membre depuis lors de notre association, ce militaire distingué nous donnait régulièrement de ses nouvelles. Au moment de quitter cette terre, à l'âge de 93 ans, il tenait à ce que sa famille informe notre association (et les Haut-Marnais) de son ultime voyage et de son amitié. Il sera inhumé demain à Antony. Au revoir, colonel : la Haute-Marne et le club ne vous oublieront pas...

samedi 2 novembre 2013

Un drame oublié : il y a 100 ans, à Prez-sous-Lafauche

Le 20 octobre 1913, vers 15 h, un appareil se présente aux abords de Prez-sous-Lafauche, avant-dernier village haut-marnais sur la route de Neufchâteau. Selon certaines sources de la presse d'alors, il s'agissait d'un monoplace. Ne serait-ce pas plutôt un biplace (un Borel n°9 ?), puisque deux passagers étaient à son bord. Un appareil qui, en outre, n'avait jamais volé. Le lieutenant Gabriel Garnier, officier de cavalerie affecté au centre d'aviation d'Epinal, faisait auparavant partie de l'escadrille du capitaine Casse (brevet de pilote n°826). Son mécanicien était un sapeur du 3e régiment du génie, Gendreau. L'appareil est parti de Châteaufort (Yvelines). Garnier s'y était rendu pour assister à des essais. Il s'en revient, ce 20 octobre 1913, à Epinal. A l'approche de Prez-sous-Lafauche, c'est le drame. Selon le journal «Le Matin», il s'agirait d'un accident d'atterrissage, plus que d'une chute due à un raté de moteur, le journaliste avançant même l'hypothèse que le passager était alors aux commandes. Les corps des deux aviateurs, tués sur le coup, ont d'abord reposé en mairie de Prez, où les habitants leur ont témoigné des messages de sympathie, puis leurs obsèques ont été célébrées dans une chapelle de Paris, ainsi que celles d'un autre aviateur du centre d'Epinal, le caporal d'Antroche, tué le même jour en Moselle. Garnier repose au cimetière du Père-Lachaise, Gendreau à Puteaux.

jeudi 5 septembre 2013

Le 5 septembre 1944 en Haute-Marne

Paul Clément, FFI du maquis de Bussières mort pour la France (collection club Mémoires 52/Bernard Sanrey). Nous commençons ce jour une courte évocation des évènements qui ont marqué la Libération de la Haute-Marne, il y a 68 ans. Aujourd'hui : les principaux faits du mardi 5 septembre 1944. A Brethenay, deux jeeps américaines sont mitraillées : trois soldats auraient été tués et plusieurs blessés. Parmi ces victimes, pourraient figurer Morris H. Lance et Louis A. Rodiero, à propos desquels le livre d'or du 121e régiment de cavalerie américaine précise qu'ils sont morts le 5 à Biernes (sic). Non loin de là, un chasseur de l'aviation américaine serait tombé à Condes, et son pilote prisonnier. Dans le sud du département, effectuant une liaison à moto entre le maquis de Bussières et un détachement du 1er Régiment de France, le FFI Paul Clément (notre photo) est blessé par les Allemands, puis achevé d'une balle dans la tête, à Genevrières. Enfin, dans la nuit du 5 au 6, un parachutage d'armes a lieu sur le terrain «Versailles» de la ferme de la Rente, à Giey-sur-Aujon. (A suivre).

mardi 16 juillet 2013

Pierre Masson, un brave du Bataillon de choc

Fils de Charles Masson, originaire de Sommevoire, et de Marie-Louise Marchand, native de Droyes, Pierre Masson naît le 23 février 1921 à Montier-en-Der, rue Audiffred. Il est le cadet de trois enfants. Sa famille s'installe rapidement à Brousseval (aux Cités du Maroc), où son père travaille aux haut-fourneaux et fonderies, et où Pierre réussit son certificat d'études en 1933. En octobre de la même année, il intègre l'école des enfants de troupe à Autun, avec son ami Jean-Marie Héritier (futur maire de Brousseval, ancien interné du camp de Rawa-Ruska). Deux autres jeunes du village rejoignent cette école : Gilbert Vernet (vétéran des campagnes d'Italie, de France et d'Allemagne, futur lieutenant-colonel), et Fernand Collignon (héros des maquis de l'Ain). En 1934, Pierre Masson entre à l'école militaire préparatoire d'Epinal puis s'engage pour cinq ans le 23 février 1939. Affecté au 150e régiment d'infanterie à Verdun, sergent le 23 mars 1940, il est muté au 332e RI et détaché au centre d'instruction divisionnaire 56, comme chef de groupe. Le 18 juin 1940, il défend la Meuse, et est capturé à Traveron. Interné dans un stalag Outre-Rhin, il s'évade le 12 juillet 1942, se présente aux autorités militaires à Lyon, et obtient une nouvelle affectation : le 11e régiment de tirailleurs algériens, qu'il rejoint à Fès (Maroc) le 10 avril 1943. Muté au 7e RTA, il intègre finalement le Bataillon de choc du commandant Gambiez, où il est promu sergent-chef le 15 juin 1944 et où il décroche le brevet militaire de parachutisme n°6634. Le sous-officier haut-marnais est affecté dans la section Corley, où sert l'aspirant Raymond Muelle. Initialement destinée au Vercors, cette unité est finalement parachutée les 31 juillet et 1er août 1944 près de Dieulefit, dans la Drôme, soit quatorze jours avant le débarquement de Provence. Au sein de son groupe, Masson a sous ses ordres un futur ministre de l'Intérieur, le caporal-chef Michel Poniatowski. Il est cité à l'ordre du régiment pour sa conduite le 21 août 1944 lors du combat de Pont-de-Claix (Isère), tuant le major allemand commandant la localité. Pierre Masson se distingue encore les 8 et 9 octobre dans les combats sous-bois de Château-Lambert, en Haute-Saône (citation à l'ordre de la division). Il fait un saut à Gevrey-Chambertin (Côte-d'Or) pour rendre visite à sa sœur ainée et sa mère, puis retrouve son unité en Haute-Saône. Le 9 novembre 1944, en revenant d'une patrouille de nuit dans la forêt de Chérimont, le chef de groupe saute sur une mine avec deux de ses hommes, dont le caporal Gérard Verguain. Tous trois décèdent le jour même à l'hôpital de Lure. Le sergent-chef Masson repose depuis 1949 dans le cimetière de Brousseval, où une exposition concoctée par le club Mémoires 52 lui rendra hommage en 2001. La même année, son nom a été donné à une promotion de l'école nationale de sous-officiers de Saint-Maixent. Coïncidence : une autre promo de cette même école a été baptisée du nom d'un autre sous-officier haut-marnais du Bataillon de choc, le sergent-chef André Mugnier, tombé en Allemagne le 22 avril 1945. Sources : supplément n°29 de Dossier 52 (2001).

samedi 22 juin 2013

La Résistance, il y a 70 ans : le témoignage d'Henri Hutinet

Henri Hutinet est un des grands personnages de la Résistance haut-marnaise. Il est l'auteur d'un témoignage inédit que nous a communiqué aimablement son petit-fils. Lui qui déclare avoir formé le premier groupe de résistance à Bannes (près de Langres), en mars 1942, est arrêté, en raison de ses activités, le 15 mars 1943, interné à Langres avec cinq autres habitants, transféré à Chaumont puis à Chalons-sur-Marne, avant d'être libéré un an plus tard. Cet épisode douloureux n'atténue pas son patriotisme. En mai 1943, il reprend ses activités. Voici ce qu'il écrit, pour l'été 1943 : Juin 1943 : « J’entre en liaison avec Robert Henry, Marius Véchambre à Langres et Clavel à Bar-sur-Aube ; ce dernier doit être notre chef régional, étant en liaison avec nos services à Londres. Je fais également connaissance de Mlle Dauvé à Courcelles-sur-Aujon. La Résistance est organisée dans l’arrondissement de Langres. Missions : former le maximum de groupements, aide aux réfractaires STO et prisonniers évadés, sabotages de voies de communication. Je prends Barret (vétérinaire à Rolampont) comme adjoint, faisant les liaisons et scrutant les sympathisants pour former de nouveaux groupes. Clavel nous envoie René Pajot, du BOA, pour organiser les terrains de parachutage. Tout se passe normalement. 15 juillet 1943. Je suis rallié à la « France combattante » BOA (service action). 20 juillet. La police spéciale de Reims vient procéder chez moi à une perquisition et un interrogatoire, ceci après l’arrestation manquée de Le Magny à Chaumont que la police prétend que j’ai caché sous mon toit. Je m’en tire non sans difficultés, le premier interrogatoire ayant lieu a quelques mètres de mon coffre contenant les papiers compromettants, messages et autres papiers enterrés dans mon jardin. (A suivre).

mercredi 15 mai 2013

Un héros des FAFL : le lieutenant Robert Gouby

En 1994, Jean-Marie Chirol, animateur du club Mémoires 52, consacrait un supplément de six pages, dans la publication «Dossier 52» n°8, au lieutenant aviateur Robert Gouby, Compagnon de la Libération originaire de Bourbonne-les-Bains, domicilié ensuite à Saint-Dizier. Ce texte étant aujourd'hui introuvable, en voici la teneur.

Quatrième enfant de la famille Gouby, Robert voit le jour aux confins de la Haute-Saône et de la Haute-Marne, à Vernois-sur-Mance, le 29 octobre 1919. Sept mois seulement après sa naissance, parents et enfants arrivent à Bourbonne-les-Bains pour reprendre le Café de l'Abattoir. En 1933, Robert est embauché chez un pâtissier de Bourbonne. Trois ans plus tard, il part à Besançon comme apprenti cuisinier, au Palais de la Bière, mais ne reste pas plus de sept mois à ce poste. C'est déjà l'aviation qui le hante. En effet, entre-temps, il écrit au président de l'Aéro-club de la Haute-Marne : Pierre Scordel, à Chaumont, pour connaître les lieux, en Haute-Marne, où l'on peut apprendre le pilotage d'avions. Début 1937, il répond à une offre d'emploi parue dans la presse départementale («emploi de garçon de café à Saint-Dizier»). C'est ainsi que Robert Gouby devient bragard, en qualité de garçon de café, au Commerce, dont le propriétaire est M. Chopin. 

Mais le véritable but de la venue de Robert, à Saint-Dizier, est d'apprendre à piloter. Il adhère immédiatement à la Section d'aviation populaire (SAP) et, pour une cotisation mensuelle de 5 F, suit chaque jour une à deux heures de cours avec André Aubry, le moniteur-chef de la SAP. Six mois plus tard, il obtient son premier brevet civil de pilote, puis aurait travaillé à l'usine de Marnaval. Robert Gouby est gâté en cette année 1937 : il obtient son premier brevet de pilotage et participe aux manifestations qui se déroulent à Saint-Dizier à l'occasion des deux journées de fêtes aériennes, qui réunissent 20 000 spectateurs. Dans le cadre de celles-ci, dimanche 13 juin 1937, la SAP dont il est membre reçoit son drapeau des mains du colonel Jannin, représentant le ministre de l'Air, Pierre Cot. René Fonck, «l'as des as» de 14-18, avec 75 victoires homologuées, est le parrain de la section de Saint-Dizier. Les vedettes du meeting sont Cavali et le Haut-Marnais Louis Massotte, de Torcenay (il se tuait deux jours plus tard au cours d'un vol d'essai au-dessus du terrain de Buc). Notons que le drapeau ne tombera pas entre les mains des Allemands. Le président de la SAP de Saint-Dizier, Geo Somers, le remet, le 8 mars 1941, à deux membres de la section qui partent rejoindre la France libre : Marcel Fuchs et Hubert Michel. Ils voulaient le faire flotter à Londres, terre d'accueil des FFL. Le destin en a décidé autrement. Les deux jeunes Bragards tomberont avant la fin du conflit dans les rangs du 1er régiment de chasseurs parachutistes, le caporal Hubert Michel en 1943 au Maroc, le sergent Fuchs à Colmar en février 1945... 

En mars 1938, Robert Gouby passe avec succès son deuxième brevet, à la SAP de Saint-Dizier, et s'engage pour trois ans dans l'armée de l'air, le 23 mai, à l'Intendance militaire de Chaumont. Après un court séjour à la base de Dijon, il est affecté au bataillon de l'air n°139 à Rayack (Syrie), où il arrive le 21 juillet. Après un séjour de huit mois au cours duquel il prépare le concours de l'Ecole d'Istres (qu'il réussit), Gouby est muté à Cazaux, le 8 avril 1939, au bataillon de l'air n°124, comme mitrailleur. Mais il veut être pilote ! A Bourges, en septembre 1939, en ce début de Drôle de guerre, il décroche son premier brevet de pilote militaire. Il est alors affecté au camp d'Avord (Cher) avec le grade de caporal-chef – promu sergent au printemps 1940. En mai 1940, le camp d'Avord est bombardé, l'unité du Haut-Marnais se replie à La Jame, près de La Rochelle. Gouby enrage de ne pouvoir être engagé contre l'ennemi... 

Début juillet 1940, il rejoint le Maroc puis parvient en Angleterre, le 18 juillet, un mois après l'Appel lancé par le général de Gaulle. Il s'engage dans la RAF à St-Othans-Odinham, le 22 juillet, et est muté à Camberley, le 10 février 1941. Le 16 mars 1942, il est promu adjudant et pilote un Spitfire V. Sa quatrième mission au-dessus des territoires occupés, il l'effectue le 2 novembre 1942. Au-dessus d'Abbeville (Somme), il dégage son commandant de groupe attaqué par plusieurs FW 190 et en abat un, obtenant une citation avec Croix de guerre et palme de bronze (il sert alors au 164 Squadron avant de passer au groupe de chasse des FAFL «Ile de France», dont il commandera ultérieurement la 2e escadrille). Le 1er décembre, il abat son deuxième FW 190. Seconde citation à l'ordre de l'armée de l'air, signée par le général Martial Vallin. Croix de guerre avec palme de bronze. Le 15 décembre, R. Gouby devient aspirant. En patrouille au-dessus de la Manche, le 15 janvier 1943, il abat son troisième FW 190 et en endommage un autre devant l'estuaire de la Somme : croix de guerre avec palme de bronze. Le 20 janvier, Robert Gouby ajoute deux victoires à son palmarès et une probable lors d'une attaque de l'aviation ennemie, en plein jour, sur Londres. 

Cinq jours après, il est fait chevalier de la Légion d'honneur et obtient une quatrième citation, le 15 février, à l'ordre des FFL, signée Charles de Gaulle, avec Croix de guerre et palme de vermeil. Sixième victoire au-dessus de la région de Saint-Omer (FW 190), le 9 mars, et septième succès le 14 mars. Citation à l'ordre de l'armée de l'air, le 25 mars, pour un nouveau FW 190 abattu et un autre endommagé. Le 26 novembre 1943, au cours d'un combat acharné, il détruit un FW 190 et en endommage un autre. Citation, Croix de guerre avec palme de bronze signée par le général Bouscat, chef d'état-major général de l'air. Le Haut-Marnais est fait officier de la Légion d'honneur, le 20 décembre. 

 Début avril 1944, Robert Gouby reçoit la plus haute distinction anglaise : la Distingued flying cross (DFC). Ce même mois, le 22, le quotidien Times annonce le prochain mariage de Robert Gouby avec Idina (Gisèle) Young, de Bath, dans le Sommerset (Grande-Bretagne). Idina appartient à la WAAF. Elle parle un excellent français. Sa mère est d'origine belge et elle-même a été élevée en Belgique. Le 19 juin 1944, en patrouille au-dessus de la Manche, Gouby obtient sa neuvième victoire (un FW 190) et une Croix de guerre avec palme de bronze. Et le lendemain, 20 juin, le mariage de Robert et d'Idina est célébré. Le témoin de Robert est le lieutenant de vaisseau Gilbert. Le général Martial Villemin est parmi les nombreuses personnalités françaises et anglaises présentes pour offrir leurs vœux aux jeunes époux. Ceux-ci passent ensemble 48 heures, à la fin du mois de juillet. Ce sera leur ultime rencontre. 

Le 14 août 1944, vers 13 h 30, un groupe d'avions alliés survole Rozoy-en-Brie (Seine-et-Marne). Apercevant un véhicule allemand, R. Gouby l'attaque en piqué mais l'aile gauche de son appareil accroche les fils électriques. L'avion plonge sur un pommier qu'il touche, se redresse et tombe à 300 m, à proximité du village de Vilbert où il s'écrase puis prend feu. Le corps du pilote est dégagé, après une heure d'efforts, par les membres de la Croix-Rouge et de la Défense passive. Ces personnes ont pu, à la barbe des Allemands arrivés en hâte, récupérer alliance et portefeuille contenant des papiers d'identité de Robert Gouby. Ses restes sont emmenés par un camion allemand et sont inhumés, sans indications permettant de l'identifier, à Coulommiers. Le transfert est effectué quelques mois après au cimetière de Solers (cimetière américain), en même temps que 17 corps d'aviateurs alliés. Enfin, le 15 juin 1946, ils reposent dans le cimetière de Villeneuve-Saint-Georges. 

Le 20 novembre 1944, Robert Gouby est fait Compagnon de la Libération par le général de Gaulle, et la médaille de la Résistance avec rosette lui est décernée. En mars 1945, naîtra un fils posthume... En Haute-Marne, on se souvient de cet aviateur originaire du département : en 1946, une avenue à son nom est inaugurée à Bourbonne-les-Bains (qui accueille aujourd'hui une stèle qui lui est dédiée) ; en 1988, une plaque est apposée à Saint-Dizier, sur un immeuble du quartier de Gigny qui porte son nom, et dévoilée par André Gerbault, alors adjoint au maire (camarade de Robert Gouby à la SAP de Saint-Dizier), et le colonel Mennessier, commandant la BA 113. En 1947, un ouvrage de 120 pages a été consacré, par André Fontanel, au lieutenant Gouby («Images d'un héros»). 

  La photo qui illustre cet article provient de la collection de la sœur de ce héros.

lundi 6 mai 2013

Bertrand Châtel n'est plus

C'est un héros haut-marnais de la France libre qui vient de disparaître. Ami du club Mémoires 52, Bertrand Châtel s'en est en effet allé le 3 mai, à l'âge de 93 ans. Fils de Charles-Frédéric Châtel, il était le premier enfant d'une famille d'industriels du Territoire-de-Belfort à avoir vu le jour dans le petit village d'Ecot-la-Combe, en 1920. Frère du capitaine Jean Châtel, Bertrand a servi comme enseigne de vaisseau (lieutenant), chef de peloton, au sein du 1er régiment de fusiliers-marins de la 1ère division de la France libre, se battant en Italie et en France (où il est blessé). Il était alors sous les ordres du lieutenant de vaisseau Alain Savary, futur ministre de l'Education nationale de François Mitterrand. Epoux d'une jeune femme originaire de Dancevoir (canton d'Arc-en-Barrois), Bertrand Châtel, capitaine de corvette dans l'armée française, a passé ensuite une partie de sa vie aux Etats-Unis (au service de l'ONU), partageant sa retraite entre son appartement de New York, son domicile parisien et la porterie d'Ecôt-la-Combe à laquelle il est toujours resté attaché. Commandeur de la Légion d'honneur, il a eu l'honneur de rencontrer, il y a quelques années, le Président Obama lors d'une cérémonie en Normandie. Il était membre bienfaiteur du club Mémoires 52, comme plusieurs membres de sa famille. Nous l'avions revu avec plaisir à l'occasion des Journées du patrimoine à Ecôt, en septembre dernier. Les concerts de rythm n'blues et de jazz proposés dans les jardins du château par le club et l'association des Arts d'Ecot présidée par sa fille Marie-Hélène l'avaient ravi. A la famille de Bertrand Châtel, qui sera inhumé samedi dans son village natal, le club Mémoires 52 adresse ses plus sincères condoléances.

mercredi 1 mai 2013

Volontaires italiens dans la Résistance haut-marnaise

C'est le colonel de Grouchy, chef départemental FFI, qui rapporte, dans son journal de marche, la présence d'Italiens dans les maquis haut-marnais. Il indique qu'à la date du 20 août 1944, ont été pris en charge, dans la région de Bourmont, huit Italiens évadés du camp de prisonniers de Vittel (Vosges), parmi lesquels le général Baudino. Le rapport d'opérations du groupe de Soulaucourt-sur-Mouzon est un peu plus précis : il indique que ce détachement est composé d'un général, d'un capitaine, d'un lieutenant, de deux sous-lieutenants, un sergent, deux soldats et un commandant de marine. Une enquête est menée à leur sujet, et il apparaît que ces hommes sont "sûrs", cachés chez Mmes Chaffaut et Dubois jusqu'à leur entrée au maquis. Car le 1er septembre, ces hommes constituent une section d'Italiens, «avec les évadés de Vittel dont le nombre a augmenté». Equipée de mortiers, elle opère avec le groupe de Soulaucourt, rattaché aux FFI des Vosges, au sein d'une compagnie dont le commandement a été confié au lieutenant Thouvenin. Les prisonniers évadés participent, le 2 septembre, à la première libération de Neufchâteau, et le 24, ils «sont remis aux FFI de Neufchâteau pour rapatriement». Grâce à plusieurs sources italiennes (notamment « La Resistenza dei militari italiani all'estero : Francia e Corsica », 1995), nous possédons quelques précisions sur ces combattants transalpins dont l'histoire reste ici encore ignorée. Le général de brigade Carlo Baudino, originaire de Turin, né en 1890, commandait la 38e division d'infanterie « Puglia » engagée en Yougoslavie. Il a été capturé en 1943. Figurent également, parmi ces volontaires, les lieutenants Montauti, Mellucci et Jovacchini. En guise de complément, signalons que deux Italiens capturés par le FTPF haut-marnais, Nino Marzano et Renato Valle, ont servi dans les rangs du maquis Mauguet ; le premier a été blessé lors du combat de Chancenay, le 30 août 1944.

lundi 15 avril 2013

Une salle dédiée à Jean-Marie Chirol

Dimanche 14 avril, à l'occasion de la cérémonie du souvenir du 70e anniversaire de la mort d'aviateurs canadiens et britanniques sur le territoire du village, la commune de Mussey-sur-Marne a rendu hommage à Jean-Marie Chirol, fondateur du club Mémoires 52, en donnant son nom à la salle des fêtes (Photo André Grossetête : de gauche à droite, Thierry Delong, conseiller général de Doulaincourt, Suzanne Chirol, présidente d'honneur du club, et Jean-Pierre Thanier, maire de Mussey).

vendredi 5 avril 2013

Chef de bataillon à 31 ans, un Chaumontais père du "Crabe-Tambour"

Dans "Le Crabe-Tambour", Jacques Perrin incarne le fils du général chaumontais Maurice Guillaume. Il n'avait que 31 ans lorsque le Chaumontais Maurice Guillaume a été promu, certes à titre temporaire, chef de bataillon, le 24 mai 1917. Cet officier aujourd'hui oublié a mérité les adjectifs les plus élogieux pour sa conduite durant la Première Guerre mondiale. Fils de Jules Guillaume et d'une demoiselle Testevuide, né à Chaumont le 17 février 1886, Maurice-Joseph s'engage, à 20 ans, dans le régiment stationné dans sa ville natale : le 109e d'infanterie. Sergent l'année suivante, il intègre Saint-Cyr et en sort sous-lieutenant, en octobre 1908, pour servir au 2e régiment de tirailleurs algériens. Lieutenant deux ans plus tard, il reçoit sa première blessure à Fez, au Maroc, en 1912, alors qu'il commande un tabor. Capitaine en mai 1915, à 29 ans, Guillaume est affecté au 49e bataillon de chasseurs à pied (BCP) en février 1916. Les opérations l'amènent à prendre provisoirement le commandement de cette unité. On dit alors de lui qu'il est un « officier d'une valeur rare et d'une intelligence supérieure ». >« Officier hors de pair », blessé par un éclat d'obus au genou devant Verdun, le 7 juin 1916, chevalier de la Légion d'honneur quelques semaines plus tard, chef de bataillon, il commande le 5e bataillon du 2e régiment de marche de zouaves et se distingue, le 25 novembre 1917, à l'attaque de la cote 344, au cours de laquelle il sera intoxiqué par gaz. « Prototype de l'officier français », en 1918, il terminera la guerre avec trois citations à l'ordre de l'armée, trois à celui du corps d'armée, une à l'ordre de la brigade. Après la guerre, Guillaume sert au 26e bataillon de chasseurs, au 104e RI, au 103e, est confirmé chef de bataillon en 1920. Attaché à la présidence de la République, officier de la Légion d'honneur la même année, puis commandeur en 1927 comme lieutenant-colonel auprès du gouverneur militaire de Paris (il choisit pour parrain le maréchal Lyautey), Domicilié rue Boissière à Paris, il décède, général de brigade en retraite, dans la capitale, le 10 mai 1961. L'histoire d'un de ses fils sera immortalisée par le film de Pierre Schoendoerffer, « Le Crabe-tambour » (1977). Incarné à l'écran par Jacques Perrin, Pierre Guillaume (1925-2002) s'est battu comme officier de marine en Indochine, et a désobéi à sa hiérarchie en sauvant des catholiques vietnamiens. Capturé par une tribu somalienne, il prendra ensuite la tête d'un commando de chasse en Algérie après la mort de son frère Jean-Marie, avant de participerr aux opérations de l'OAS, ce qui lui vaudra une condamnation. Pierre Guillaume était un proche de Jean-Marie Le Pen.

vendredi 15 février 2013

Ils ont échappé à la rafle du 27 janvier 1944

Jacques Rabner, de Chevillon, a échappé à la rafle grâce à la complicité de patriotes. 

Jeudi 27 janvier 1944. Il est 8 h 30, lorsque l'occupant opère une rafle de grande ampleur dans la communauté juive haut-marnaise, et notamment bragarde. « Un court délai est donné aux familles pour rassembler un minimum de choses à emporter, puis un camion prend, au fur et à mesure, à son bord, les personnes arrêtées. Le regroupement s'effectue à l'Hôtel Rigole, près de la gare », écrira Jean-Marie Chirol dans la « Lettre aux membres du club Mémoires 52 ». 

 Au sein de la famille Lévy, les parents et la fille, Colette, sont appréhendés. Le fils, Jacques, 18 ans et demi, travaille alors à la graineterie Collot, avenue d'Alsace-Lorraine. Un ouvrier de la menuiserie Chanfrault, Aldo Griggio, part le prévenir de la rafle en cours. Depuis le « Coop » de l'avenue de la République, géré par M. Bécart, son père parvient, par téléphone, à le joindre. « Sauves-toi ! Tu es assez grand pour te débrouiller seul. Fais ton devoir... » Et il lui conseille vivement d'aller se réfugier chez des amis, les Chaumont, agriculteurs qui résident dans une ferme à Châtillon-sur-Broué, près de l'actuel lac du Der. Aussitôt, Jacques Lévy se rend aux fonderies de La Noue, où P. Mogin et V. Paquis lui prêtent un vélo et des vêtements chauds. Une fausse carte établie en mairie, au nom de « Jacques Cléry », lui est délivrée, puis, par des chemins détournés, il se dirige, à deux-roues, vers la ferme des Bourgeois. Il y arrive au soir, et reste deux mois chez Léa et Henri Chaumont, qui ont six enfants. Pour la sécurité de cette brave famille et la sienne, le Bragard rejoint l'Aquitaine, où il sert dans un groupe FFI, pour revenir à Saint-Dizier en novembre (les trois membres de sa famille ont péri à Auschwitz). Grâce à son témoignage, les époux Chaumont seront faits Justes en 1978. 

 Toujours à Saint-Dizier, Suzanne Girard, 48 ans, fille de l'ancien maire Charles Lucot, directrice d'école dans le quartier de La Noue, résidant alors rue du Château-Renard, assiste à la rafle et appelle son jeune fils Robert. Celui-ci témoigne (Dossier 52 n°29)  : « Un camion allemand y était arrêté, et des « feldgrau » faisaient sortir nos voisins de leur logement, avec un maigre balluchon, Paul Greilsammer, sa mère et sa tante (Notes : déporté, Paul Greilsammer, 38 ans, sera l'un des rares survivants d'Auschwitz. Jeanne Greilsammer, 64 ans, ne reviendra pas du sinistre camp). Nous sommes allés vers eux par sympathie, mais leurs geôliers nous intimèrent de nous éloigner en nous menaçant de leur mitraillette. Nous échangeâmes alors un regard et un geste de la main... » 
Suzanne Girard songe alors aux autres israélites de la cité, notamment à une de ses élèves, Denise. Aussitôt, l'enseignante enfourche une bicyclette, vient prévenir l'enfant, que son fils ira rechercher. « Je me souviens qu'elle portait toujours l'étoile jaune cousue sur son vêtement, et que je fis retomber son cache-nez pour dissimuler cette dangereuse indication... » Ramenée au domicile des Girard, l'enfant sera sauvée... 

 Habitant de l'arrondissement de Saint-Dizier, Jacques Rabner, 16 ans, domicilié à Chevillon, dont le père et la belle-mère ont été arrêtés deux ans plus tôt, sera également sauvé grâce à l'intervention de patriotes. S'enfuyant par le toit, aidé par son ami Maurice Charpentier, bénéficiant de la complicité du chauffeur du car, il gagne la gare SNCF du bourg où M. Clément, un cheminot, le ramène à son domicile de Breuil-sur-Marne. Jacques Rabner rejoindra ensuite le camp de réfractaires d'Ecot-la-Combe, comme bûcheron, puis la région de Tours, où réside sa mère. Il créera un cabinet d'assurances à Nancy, et sera fait membre de la Légion d'honneur en 2004 pour ses activités professionnelles et de résistance. 

  Le 27 janvier 1944, selon nos recherches, si cinq personnes ont pu fuir (Hortense Ach, Denise et Yvonne Greilsammer, Jacques Lévy et Jacques Rabner), ce sont 93 juifs qui ont été arrêtés dans treize localités haut-marnaises (19 à Chaumont, dont Marie Baer, 2 ans, et Joseph Liebner, 85 ans) et internés. Parmi eux, un décède à Drancy (Léon Blum) ; deux resteront internés dans ce camp mais ne seront pas déportés (Mathilde Ratoret et Edmond Lévy) ; une sera libérée et hospitalisée à Paris (Kryta Hirsch) ; et 88 sont déportés le 10 février 1944*. UN SEUL REVIENDRA...

* Dont Hermine et Lucien Kahn, de Bourbonne, qui n'avaient pas été recensés dans nos précédents travaux.