lundi 19 novembre 2012

Robert Desautels, rescapé de l'avion tombé à Robert-Magny

Le mois de juillet 1944 est marqué par plusieurs bombardements de sites sensibles allemands du département de la Haute-Marne. Dans la nuit du mercredi 12 au jeudi 13, c'est ainsi le dépôt SNCF de Chalindrey qui est ciblé par les Lancaster de la Royal Air Force. Six victimes civiles sont à déplorer. Le 14 et le 17, c'est au tour du terrain d'aviation de la Luftwaffe du Robinson, à Saint-Dizier, d'être mitraillé, puis bombardé par des B-24 de l'USA Air Force. Neuf appareils alliés s'écrasent sur le sol haut-marnais durant ce mois : à Prez-sur-Marne, à Chevillon (deux Lancaster), à Vignory, à Giey-sur-Aujon, à Cour-l'Evêque, à Auberive, à Graffigny-Chemin et à Robert-Magny. Bilan : 55 victimes (dont plusieurs parachutistes du 2nd Special Air Service Regiment) et 17 survivants. La photo qui illustre cet hommage concerne l'équipage du Lancaster du Squadron 50, abattu dans la nuit du 18 au 19 juillet 1944 près de Robert-Magny. Un Canadien francophone, Robert Victor Desautels, en est l'unique survivant. Coïncidence : il habite, à Montréal, dans le district... Jeanne-Mance (du nom d'une Langroise ayant fondé la métropole canadienne). Parmi les victimes du crash, figurent trois Canadiens : William J. Long, Thomas H. Lunnin et Francis G. Maltais. Le lieutenant Desautels est d'abord recueilli par M. et Mme Marcel Varin, fermiers au hameau de Billory, et prend la décision de gagner la Suisse. Des membres d'un groupe relevant du Front national pour la Libération de la France (mouvement proche de l'ex-Parti communiste français) le prennent en charge. L'officier arrive le 23 juillet 1944 dans le bois de Lévigny (Aube), où un maquis est animé par des compatriotes parachutés relevant du Special Operations Executive. Là, cinq jours plus tard, il assiste à l'exécution, sur ordre des officiers alliés, d'un cadre bragard du FN, accusé, entre autres, de « menaces de mort » envers un représentant de la France libre. Desautels n'est pas le seul aviateur alors présent à Lévigny. Y ont également été recueillis, notamment, Stephen Broad et Buzz, rescapés du Lancaster du Squadron 166 tombé à Chevillon. Le 12 août 1944, le bois de Lévigny est attaqué par les Allemands, et cinq aviateurs sont capturés, dont Desautels. Un de leurs camarades, le sergent Merrill (de l'appareil du squadron 102 tombé à Wassy le 30 juin 1944), en réchappe. Brutalisé à Troyes par des miliciens, Desautels fait toutefois l'objet de toutes les attentions de l'un d'entre eux, le lieutenant François-Emmanuel Vibert, qui facilitera son évasion avant son transfert vers l'Allemagne. Hébergé dans un couvent de Franciscaines, Desautels est, grâce à ces interventions, libéré par l'arrivée des troupes américaines. Rentré au Canada, où il prépare un baccalauréat en commerce à l'Université McGill, Desautels cherchera à sauver Vibert (coïncidence, selon la presse canadienne : une tante du milicien qui avait étudié à Montréal y avait connu celle de Desautels, religieuse), dont il a appris l'arrestation et le jugement par la Justice, en faisant une déposition à sa faveur.

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