Une messe en forêt du Val, après la guerre. (Club Mémoires 52).
« N'ayant
été armée que pratiquement la veille de la libération, la
principale opération de cette unité, en dehors de quelques
sabotages, souvent d'ailleurs très efficaces, a été la prise de
Saint-Dizier. » C'est
ainsi que le journal de marche du colonel de Grouchy, commandant des
Forces françaises de l'intérieur (FFI) de Haute-Marne, introduit le
relevé d'opérations du Bataillon de Saint-Dizier, dont la 1ère
compagnie correspondait à la Compagnie du Val, connu aussi sous
l'appellation de maquis du Val.
Plusieurs documents, pour
la plupart inédits, provenant notamment d'archives familiales, nous
aident à en savoir davantage sur cette unité, constituée de
volontaires de la région bragarde et relevant du mouvement
Libé-Nord.
Sous les ordres d'un
officier d'active
Bragard
d'adoption, Victor Thérin est Breton d'origine. Né le 9 mai 1917 à
Yffiniac (Côtes-d'Armor), il se définit lui-même
comme un « officier
d'active sortant de Saint-Cyr en 1939 et [qui] s'était fait mettre
en congé de l'armée après l'armistice en 1940 pour ne pas servir
Vichy et s'était retiré provisoirement chez ses beaux-parents à
Saint-Dizier pour y travailler avec son beau-père dans une
entreprise de grains ». Admis
à l'école spéciale militaire en 1937, ce soldat était en effet
l'époux d'Andrée Fenault, et tous deux seront, après-guerre, les
gérants des établissements Fenault & Thérin.
Son
entrée dans la Résistance active, le lieutenant Thérin la raconte
ainsi :« Le capitaine
Thérin a été contacté fin mai 1944 par M. Mourey, instituteur,
lequel était délégué de la résistance pour la zone Nord
Haute-Marne. M. Mourey a demandé à M. Thérin de bien vouloir
former une compagnie de résistance à Saint-Dizier […] M. Mourey,
pour preuve du bien-fondé de sa demande et de son appartenance à la
Résistance, a indiqué à M. Thérin qu'il entendrait un message
spécial, radio de Londres, le soir même. Ce qui fut fait. M. Thérin
s'occupa donc immédiatement d'organiser sur le plan militaire une
compagnie de quatre sections de 30 hommes et un groupe de
commandement. » Né
à Saint-Barthélémy (Haute-Saône) le 18 juillet 1911, domicilié à
Saint-Dizier où il est instituteur (il résidait rue Anatale-France,
en 1936), le lieutenant Marc Mourey, alias François Jardin,
était en effet, dans l'organisation FFI du département, le
responsable de la zone Nord – zone à propos de laquelle le
secrétaire du Comité départemental de la Libération, responsable
de Libé-Nord, et lui-même Bragard, Raoul Laurent, déplorera le
manque de liaison avec l'état-major départemental.
Poursuivons
la lecture du récit de Victor Thérin : « Deuxième
quinzaine de juillet, cette compagnie était complètement formée.
Les gens qui en faisaient partie connaissaient très peu de noms des
autres résistants, étant donné que M. Thérin avait adopté la
méthode triangulaire, chaque personne trouvant trois autres
résistants, lequel résistant devait trouver trois autres
résistants... La Gestapo se trouvait en face du domicile de M.
Thérin, et la Kommandantur dans la maison voisine. Les Allemands ont
eu certains renseignements et ont cherché à le trouver, mais sans
résultats […] M. Thérin, capitaine, prenait ses ordres de M.
Grob, commandant militaire pour la région de Saint-Dizier, puisqu'il
y avait une autre unité de résistance dit maquis Mauguet »,
qui lui relevait du Front national (FN), proche du Parti communiste
français.
Quand
Victor Thérin parle de compagnie « complètement formée », il faut
comprendre : sur le «papier». Car les FFI ne prendront le maquis
que quelques semaines plus tard. Le commandant Jean Grob, né en 1904
à Ungersheim (Haut-Rhin), est effectivement le chef militaire de la
zone (et du Bataillon de Saint-Dizier). Selon Raoul Laurent, le
commandant Grob « était
cadre supérieur d'une usine lorraine repliée au début de la guerre
à Saint-Dizier... C'est par le truchement de Dupuy,
Mourey, Thérin [qu'il] a été mêlé
à nos aventures ».
Premiers pas
En attendant le jour de la
mobilisation, les sections se forment. Le "Compte-rendu concernant
la 2e section de la Compagnie du Val",
que commande le lieutenant Paul Lelong, né à Montreuil-sur-Blaise
en 1898, domicilié à Saint-Dizier, indique ainsi : « Formés
dans la clandestinité, les éléments du premier groupe furent
contactés en mai 1944 par le chef de section. La section fut
définitivement formée le 1er
août 1944. Ordre fut donné par le commandant de compagnie de tenir
les trois groupes en alerte. Au début du mois d'août, le chef du
groupe n°2 fut chargé de déminer les fourneaux de mine installés
par les Allemands au pont des Eturbées
à Saint-Dizier. Il s'acquitte avec succès de cette mission, avec
quelques hommes de son groupe, sous la direction du directeur d'une
usine de Saint-Dizier. »
A la mi-août
1944, les FFI vont se livrer à leur première grande opération
clandestine. Un parachutage a eu lieu précédemment sur le terrain Gargouille du hameau de Billory, commune de Robert-Magny, près
de Montier-en-Der. Une opération est intervenue avec certitude dans la nuit du 10
au 11 juillet 1944, réceptionné par deux agents du Special
Operations Executive (circuit Pedlar) et, notamment, Raoul Laurent,
chef départemental de Libé-Nord, un adjoint, Eugène Roux, de
Saint-Dizier. Toutefois, les sources britanniques évoquent
également, sur ce même terrain, un parachutage le 9 août.
Pour les résistants
bragards, il s'agit d'aller chercher les armes récupérées et de
les entreposer. Le lieu qui sera finalement choisi : le Château
Gane, en forêt du Val. C'est ainsi que l'endroit sera associé à
l'histoire du futur maquis.
Le Val est une vaste forêt
privée s'étendant entre la Marne et la Blaise. Y a été érigée,
en son cœur, la Belle-Maison, une maison forestière qui, selon
l'historien haut-marnais Emile Jolibois, est un ancien rendez-vous de
chasse des princes de la maison de Guise. De la Belle-Maison, partent
huit tranchées forestières menant à Roches-sur-Marne,
Saint-Dizier, Marnaval, Valcourt, Humbécourt, Wassy,
Villiers-au-Bois et Prez-sur-Marne. C'est sur la tranchée de
Prez-sur-Marne, un peu après la Belle-Maison, qu'est situé le Château-Gane, indiqué aux responsables de la Résistance
bragarde par Michel Zeller, le jeune fils (il a 22 ans) d'un officier
installé à Saint-Dizier.
Selon le lieutenant Eugène
Roux et Raoul Laurent, c'est le 16 août 1944 que le transport
d'armes depuis Montier-en-Der est réalisé. Roux est accompagné de
l'entrepreneur bragard Guy Grapinet, qui a mis deux camions de sa
société à disposition des FFI avec le chauffeur Lucien Masselot,
Louis Pernel, Buret (ou Jean Buhet), Emile Marcillet, Lucien Van
Echelpoel et Jean Thiéblemont. D'autres volontaires – Pierre
Dubus, Alexandre Gairaut, Yves Vidberg, André Serrurier –
veilleront à la garde des armes et explosifs, dont les plus
endommagés seront réparés par Zeller, Gairaut, Dubus et
Thiéblemont, et qui seront ensuite entreposés dans la baraque
appartenant à un boucher de Saint-Dizier (Leclerc), toujours sur la
tranche menant à Prez-sur-Marne. C'est à la « baraque Leclerc » que
s'installera le maquis, après l'arrivée au camp de Raoul Laurent et
d'un de ses collaborateurs, René Quellais.
Premiers volontaires,
premières actions
Les hommes
cités plus haut, et qui sont donc présents depuis la mi-août dans
la forêt, forment le noyau de la 1ère section
(lieutenant Eugène Roux) du maquis. La 2e est constituée
le 24 août 1944, c'est-à-dire au lendemain de la mobilisation
générale des FFI de la Haute-Marne. "Le chef de section
reçoit l'ordre de faire monter sa section dans la forêt du Val, à
la Belle-Maison, indique le compte-rendu du lieutenant
Lelong. A 21 h, l'effectif
est au complet. Transport des armes au nouveau camp. Installation du
camp. Préparation des charges d'explosif pour le sabotage de la
ligne de chemin de fer de Baudonvilliers..."
Dans la nuit du 27 au 28
août 1944, interviennent effectivement deux opérations. La première, c'est un
parachutage. Victor Thérin rapporte : « Le capitaine était
averti qu'un parachutage d'armes lui serait fait dans la plaine, […] au nord [de la] route Pont-Varin –
Voillecomte. » Il s'agit du terrain du BOA – Bureau des
opérations aériennes, service dépendant de la France libre -
Tobbogan, qui a déjà été destinataire d'une opération aérienne
début juin 1944. « Avec plusieurs camions à charbon de bois
appartenant à M. Grapinet, nous sommes allés à l'endroit du
parachutage et avons normalement reçu des conteneurs d'armes »,
précise l'officier.
Dans Combattants de la liberté,
Jean-Marie Chirol apporte d'autres précisions sur cette opération aértienne :
« L'expédition commence. Point de départ : la baraque
Leclerc, dans la forêt du Val, non loin de Villiers-aux-Bois.
Itinéraire : tranche de Villiers, tranche ferrée et, par le château
du Val, atteindre route de Wassy, puis Louvemont, Pont-Varin, la côte
de Voillecomte et terrain Toboggan. Là, ils retrouveront
l'équipe de Wassy : Dedet, Garcia, Pirson, Thieblemont père et
fils... La petite armada s'ébranle. La 11 CV, conduite par Pierre
Dubus, ouvre la marche. Il a à côté de lui Michel Zeller,
mitraillette braquée, et, derrière, colt au poing, Victor Thérin,
Raoul Laurent, également armé d'un colt, et René Quellais, dont le
fusil anglais passe par la portière. Viennent ensuite deux camions
appartenant à Guy Grapinet, qui conduit le premier. Un
fusil-mitrailleur est installé sur la cabine de chaque camion.
La 1ère
section, commandée par Eugène Roux, tireur de FM Schultz, monte
dans le premier camion, et la 2e
section, commandée par Mougel,
dans l'autre. Des ennuis de durite affectent l'un des camions près
du château du Val. Le bruit occasionné par les gazogènes donne à
cette équipée nocturne et clandestine une allure un peu trop
bruyante. Heureusement, le terrain est atteint et chacun se met à
l'ouvrage : le lieutenant Eugène Roux est chargé de la protection,
Raoul Laurent de la partie technique (balisage, signaux en morse,
etc.) et Victor Thérin est le responsable militaire. Tout se passe
normalement malgré la pluie qui menace. Trois avions se présentent
successivement, et malgré le tir des Allemands qui ont été mis en
alerte, deux avions parviennent à larguer un important matériel...
Vite, le balisage est donné, la lettre conventionnelle aussi, et de
nombreux parachutes descendent au-dessus de la plaine. Les équipes
se mettent au travail avec ardeur pour récupérer les «tubes» et
les charger sur les camions. Lorsque le troisième appareil se
présente, il est repéré par les Me 110 du Robinson,
la DCA et les projecteurs. Aucun signal ne lui est envoyé par Raoul
Laurent en raison du danger encouru pour l'appareil et la cargaison
des maquisards provenant des deux premiers avions. Ce troisième
appareil n'insiste pas et disparaît. Il reste bien des parachutes
accrochés aux arbres, mais les gars de Wassy s'en chargeront... »
De son côté, le
lieutenant Lelong note : « Participation de la
section au parachutage d'armes de Voillecomte (nuit du 27 au 28
août). Message « Le brigand se cache dans la camisole ». Un des
hommes de la section (1er
groupe) est blessé par un tube. Convoyage des armes de Voillecomte
au camp du Val ». Le FFI blessé (à la main), c'est Marcel
Thiery, de Saint-Dizier.
La deuxième opération de
cette même nuit est tout aussi hardie, mais ô combien importante :
le sabotage de la ligne ferroviaire Revigny – Saint-Dizier. Médecin
bragard de 53 ans, le Dr Pierre Vesselle révèle qu'une qu'une
« division blindée » doit venir de la région de Commercy (Meuse) à
Saint-Dizier, par cette ligne, pour « empêcher l'avance des
troupes alliées ». Les renseignements sont dignes de foi :
le Dr Vesselle fut un agent du service de renseignements Kléber
puis du Service de renseignements Air, qui s'est montré décisif
dans le vol – important – de documents de la Gestapo à
Saint-Dizier, en 1943, avec le capitaine Johnson. Alors « le
capitaine Thérin décide de faire sauter la ligne de chemin de fer
qui se trouve entre Robert-Espagne et Baudonvilliers (…) Les
charges de plastic furent préparées par le capitaine Thérin et par
plusieurs autres résistants. »
L'équipe de
saboteurs est composée d'Aimé Voisot, né en 1907 à
Rachecourt-sur-Blaise, quartier-maître, de Jean Liebgott, né à
Saint-Dizier en 1919, du Bragard Pierre Lassalle, qui a vu le jour à
Pont-Varin en 1910, et de Jean Lebrun, né dans la cité bragarde en
1917. Ils sont accompagnés par Fernand Carrier, André Etienne et
André Serrurier.
En réalité, il y eut,
avant la nuit du 27 au 28 août, une première tentative de sabotage
au même endroit, le 23 août selon la presse haut-marnaise (ou dans la nuit du 24 au 25, selon la gendarmerie), «
mais celle-ci n'avait pas donné les résultats escomptés. Il
fallait donc recommencer... »
C'est ce
même article, paru en 1945, qui apporte des détails sur la mission
de cette équipe, partie, selon le capitaine Thérin, de la forêt du
Val, en bicyclette : Aimé Voisot, « un cheminot, spécialiste
du sabotage, homme aussi modeste que froid et courageux » et
quatre de ses hommes « avaient pour mission de
placer les engins sur les voies. Deux de leurs camarades, Serrurier
André et Etienne André, étaient chargés d'assurer leur protection
tant pendant le trajet aller et retour du «maquis» au lieu
d'exécution que pendant l'opération (...)
(Ils) quittèrent le
«maquis» lestés de leurs musettes contenant les explosifs pour
gagner le champ d'action situé à 12 km de la ville. » Le
lieu-choisi, c'est le tunnel de la Belle-Epine, entre Baudonvilliers
et Robert-Espagne (Meuse). « Ils y parvinrent sans encombre,
après avoir parcouru un secteur cependant étroitement surveillé
par l'ennemi et qui comporte la traversée de la Marne et de deux
routes nationales. Avec un calme capable de démonter les âmes les
plus solidement trempées, Voisot et son équipe se mirent aussitôt
à l'oeuvre. Les voies furent minées à l'endroit où elles forment
une courbe, à quelque distance du tunnel de Baudonvilliers, sans,
toutefois, que les détonateurs fussent fixés à l'explosif, car on
savait que les Boches, pour parer aux dangers qui menaçaient leurs
convois, les faisaient précéder d'une machine haut-le-pied. Le
travail terminé, l'équipe se préparait à recommencer l'opération
sous le tunnel même lorsqu'un grondement sourd l'avertit de
l'approche d'un train. Vite, elle se cacha, et, bientôt, en effet,
arriva une machine haut-le-pied. Elle passa sans encombre,
naturellement. La machine n'avait pas encore disparu dans la nuit que
bondissant de leur cachette, les cinq hommes se retrouvaient sur la
voie. Vivement les détonateurs furent fixés aux charges
d'explosifs, puis toute l'expédition ralliée disparut. Nos
courageux «maquisards» avaient à peine parcouru quelques centaines
de mètres qu'un fracas épouvantable les avertit que leur «coup»
avait parfaitement réussi. En effet, un train chargé de troupes
venait de sauter sur les mines et plusieurs de ses wagons éventrés
obstruaient maintenant les voies de leurs débris. Satisfaits, nos
gars s'éloignèrent alors, cependant qu'une grêle de balles tirées
par les boches, sortis indemnes de l'aventure, s'abattait dans toutes
les directions. Cette rageuse fusillade n'eut d'ailleurs d'autre
effet que de transpercer la locomotive qui tirait le convoi».
Pour
cet exploit, complété le lendemain par une intervention de
l'aviation alliée, et qui avait donc empêché cette nuit-là des
troupes allemandes de gagner Saint-Dizier, Aimé Voisot et ses hommes
furent décorés. La « division blindée » attendue correspondait en
fait à la 3. Panzergrenadier-Division retirée du front italien et
qui, le 29 août 1944, commettra les atroces massacres de la vallée
de la Saulx, notamment à Robert-Espagne...
Veillée d'arme
29
août 1944. Vitry-le-François (Marne) est libérée par la 4th
Armoured Division (division blindée américaine). Son prochain
objectif est forcément Saint-Dizier. Ce qui explique que ce jour-là,
l'animation gagne la forêt du Val. « A 20 h 30, ordre
de rassemblement sur la ferme du Bois-l'Abbesse. Dispositif de
sécurité pour la nuit autour du cantonnement »,
précise le rapport de la section Lelong. D'autres volontaires vont
gagner la forêt.
Il est temps de faire plus
ample connaissance avec la compagnie. Comment était-elle organisée
?
Selon le journal de marche
du colonel de Grouchy, établi en novembre 1944, elle réunissait
cinq sections, plus une de commandement.
Un document non signé et
non daté - « Renseignements concernant la libération de
Saint-Dizier »
- précise que ces cinq sections étaient respectivement commandées
par MM. Roux, Lelong, Jobert, Henri Mougel et Carlin, « ayant
comme adjoint M. Sancier ».
Cependant, le registre
d'incorporation du maquis, qui recense les noms des volontaires
l'ayant rejoint, donne une autre organisation. Il confirme que les
1ère et 2e sections ont été confiées aux
lieutenants Eugène Roux et Paul Lelong. En revanche, la 3e
correspond plutôt au groupe d'Eurville-Bienville, sous les ordres de
René Brassier, tandis que le lieutenant Marcel Jobert dirige la 4e.
Le document ne cite pas le lieutenant Mougel comme chef de section,
mais attribue la 5e au sergent Jean-Paul Sancier, et la 6e
à l'adjudant Marcel Carlin. D'ailleurs, dans différentes pièces,
ce dernier parle toujours de 6e section, et non de 5e.
Quels
sont les effectifs de la compagnie, qui relève du mouvement
Libé-Nord ? Si le registre comprend 265 noms, le colonel de
Grouchy attribuera à l'unité un effectif de cinq officiers, 32
sous-officiers et 291 hommes, soit 328 FFI. Ce qui est très exagéré,
car en décembre 1944, il avait donné un effectif de 250 hommes au
Bataillon de Saint-Dizier, réunion des deux maquis du Val et
Mauguet.
Les
cadres
Chef de la 1ère
section, le lieutenant Eugène Roux est né le 7 août 1914 à
Saint-Dizier. Sous-officier d'active, il a obtenu son congé
d'armistice et est rentré dans sa ville natale le 1er
mars 1943. Cet ancien militaire de l'école d'équitation de Fontainebleau,
sous les ordres du lieutenant-colonel Gabriel Zeller, avait d'abord
rejoint le maquis Mauguet, puis a quitté rapidement cette unité
FTPF. Selon le registre, sa section se compose de 29 hommes.
La 2e section
rassemble 39 FFI, en partie originaires de Marnaval. Parmi ses
cadres, citons – tous Bragards - les sergents-chefs Jean Lurat, 30
ans, et André Villeval, 38 ans, les sergents Georges Vallet, 36 ans,
et André Tollitte, 37 ans, ainsi que les - futurs - aspirant Robert
Mougel, de Saint-Dizier, sergent-chef Michel Procot, 20 ans, de
Sainte-Savine, sergent Martial Thiery, 21 ans, de Saint-Dizier
(fiancé avec la fille du lieutenant Lelong)... Y servent également
deux Biterrois de 21 ans, André Crassous et Robert Laur, venus des
Chantiers de jeunesse, qui seront promus tous deux au grade de
sergent.
Les 35 hommes de René
Brassier, de Saint-Dizier, viennent pratiquement tous d'Eurville.
La 4e section,
selon le registre, est commandée par le lieutenant Marcel Jobert, né
en 1910 à Saint-Dizier, et ses FFI (45) viennent d'Ancerville et
Marnaval.
La 5e a pour
chef le sergent Jean-Paul Sancier, né en 1908 à Eurville (21 noms).
Né le 18 novembre 1910 à
Saint-Dizier, l'adjudant de réserve (sous-lieutenant FFI) Marcel Carlin est artisan
tailleur, rue du Midi (rue du Colonel-Raynal). Marié et père de
trois enfants, ce sportif accompli – gymnaste, prévôt d'armes
d'escrime – était chef de section dans la 11e compagnie
du III/242e RI lorsqu'il a été capturé à Xonrupt
(Vosges). Il a participé aux activités du FN à l'automne 1943,
notamment, selon Gilbert Thieblemont, au transport d'armes du
commissariat de police de Saint-Dizier. Ayant rejoint la Compagnie du
Val, il a été « envoyé reconnaître les positions des pièces
d'artillerie allemande entre Saint-Dizier et Perthes, le dimanche 27
août 1944. Je suis arrêté par les Allemands dans le bois dit de la
Garenne, sud d'Hallignicourt, et ne doit la liberté qu'à la
parfaite connaissance de la langue allemande du volontaire FFI
Steffan Aloïs qui m'accompagnait ». Le 29 août 1944, sa 6e
section, à laquelle appartient Aloïs Steffan, est rassemblée dans
la forêt du Val. Une liste que Marcel Carlin a
dressée contient 33 noms, incorporés à compter du 1er
août. Plusieurs sont gradés : Emile Pioche est sergent-chef, Robert
Belbezier, André Lamberth et Maurice Demolis sont sergents, Georges
Hadet adjudant.
Seuls cinq sur 33 sont célibataires. Lamberth, Alfred Marcours,
Maurice Rigal et Eugène Pasquier ont quatre enfants. Dans la
section, on retrouve Jean Lamiral, qui travaillait au HKP, et Maurice
Daville, frère d'un garagiste, ainsi que le beau-frère de Marcel
Carlin, Paul Chapron.
Enfin,
la section de commandement, avec notamment Jean Perrin, réunit 37
volontaires, l'effectif étant complété par 24 noms de FFI non
situés dans une section.
François Bazire, un des jeunes de la 1ère section.
C'est
donc le 29 août 1944, surtout, que les volontaires gagnent la forêt. L'un
d'eux, Victor Gross, à qui rendez-vous a été donné pour 16 h au
Café de la Marina, témoigne
: « Nous étions une vingtaine de
gars, sac au dos, qui partions allègrement avec l'insouciance de la
jeunesse. On ne devait pas tarder à déchanter : les Allemands
avaient fait un barrage à la Marina et à l'entrée de Marnaval.
Nous avons «planqué» nos sacs tyroliens dans des baraques à
lapins (…), nous n'étions plus que quatre... Passent deux jeunes
filles de Marnaval sur la route. Elles nous prirent en charge et nous
permirent de passer le barrage à la barbe des Allemands qui se
bornèrent à la présentation des papiers. Nos anges gardiens nous
ont ensuite dirigés dans les bois de Marnaval. Restés seul, nous
avons erré dans la nuit à la recherche du maquis, et nous finîmes
par le trouver les minuit. Mon fils était là... »
Le récit de la
libération
29 août 1944
Nous
avons vu plus haut que la 2e
section s'est portée le soir sur la ferme du Bois-l'Abbesse. En
effet, écrit le capitaine Thérin, « nous fûmes
avertis que les Américains allaient arriver à Saint-Dizier par
l'ouest. Nous reçûmes des ordres d'entrer à Saint-Dizier et de
nous emparer de la ville par le sud. »
Raoul
Laurent, qui les jours précédents avait réuni l'état-major
(Grob, Mourey, Roux) et les autres chefs de section sur la
plate-forme surplombant l'étang, dans la forêt, témoigne : « Le
maquis du Val, à peine mieux armé grâce aux parachutages de
Voillecomte, la veille, fit mouvement sur Saint-Dizier par la tranche
de la Belle-Maison, jusqu'à la clairière de la ferme du
Bois-l'Abbesse.
D'après
nos renseignements, les Allemands occupaient le secteur situé en
contrebas : ferme de Saint-Pantaléon, la Forge-Neuve, le
Clos-Mortier, le stade municipal, et avaient installé des canons
antichars et des mitrailleuses lourdes aux points stratégiques,
comme par exemple le carrefour des deux RN 67. »
Le
28 août, jour du départ des «Souris grises» de l'Hôtel
Excelsior, Saint-Dizier a vu passer les soldats allemands en
retraite, certains sur des charrettes tirées par des chevaux. Le 29,
l'ennemi a préparé la défense de la ville, creusant des trous de
mines dans le tablier du pont Godard-Jeanson (sur la Marne),
installant des pièces d'artillerie en différents points de la ville
:
. un canon anti-char, à
l'intersection des rues Thiers (rue de la Commune-de-Paris) et de
l'Arquebuse ;
. un canon camouflé et
braqué en direction de la rue du Général-Giraud ;
. une pièce, avenue de la
Paix ;
. des canons installés
près des cités de l'Est (non loin de là, vers le pont de l'écluse
de La Noue, des tranchées ont été creusées), ou à
Bettancourt-la-Ferrée...
La 3.
Panzer-Grenadier-Division ayant reçu pour mission de s'opposer à
l'avancée alliée sur la Marne, on peut penser que ce sont des
éléments de cette division qui défendent Saint-Dizier.
Raoul
Laurent : « Nous partîmes en reconnaissance
avec Roux et le jeune Thiéblemont, dit «Mickey» ; en nous
dissimulant derrière les haies, nous parvînmes au passage à niveau
de la voie ferrée de Doulevant, puis jusqu'à un redan boisé en
léger surplomb de la voie ferrée où, la nuit venue, une petite
équipe avec un FM (équipe Michel Bollot) fut postée... Le stade
municipal nous apparaissait bourré de matériel, armes, camions,
hommes... Nous allâmes avec Lucien Godde, en rampant lentement,
reconnaître tout le secteur... »
30 août 1944
Raoul Laurent : « Le
jour naissant, nous partîmes en rampant vers la lisière du bois, à
la sortie de la clairière du bois l'Abbesse, et nous fûmes rejoints
par une demi-section qui s'installa à gauche du chemin, tandis
qu'Eugène Roux et sa section partaient en reconnaissance vers la
ferme de Saint-Pantaléon. La majeure partie du maquis se groupait
alors dans les sous-bois, à droite. »
La section Roux se
dirige, selon le capitaine Thérin, « vers le tournant de la
route de la Marina, route nationale », tandis que deux autres
gagnent, pour l'une, le stade municipal, pour l'autre la rue des
Capucins.
Il est peut-être 9 h,
selon le journal de marche du colonel de Grouchy, lorsqu'un
accrochage implique la section Roux et un détachement ennemi vers la
ferme de Saint-Pantaléon, propriété de M. Pesme. Sous-officier
bragard âgé de 32 ans, l'adjudant Lucien Godde se souvient que
c'est après avoir marché pendant une trentaine de minutes que les
FFI se sont heurtés à l'ennemi. Il s'agissait, à l'angle de la
route de Joinville et du chemin de la Marina, de deux canons
anti-chars et deux mitrailleuses allemands, précise le lieutenant
Roux. Le rapport du capitaine Thérin fait état de deux blessés côté
FFI. Ils furent en réalité quatre. Joseph Wasielewsky, un Bragard
né en Allemagne en 1915, a été touché par un éclat d'obus au
pied gauche, qui le laissera mutilé. Roger Marchal, né à
Saint-Dizier, et le sergent bragard Jean Collin, né à Wassy en
1908, ont également touchés, de même qu'un FFI que ne recense pas
le chapitre sur le maquis du Val dans Résistance en Haute-Marne (tome 2) : Georges Fabert, atteint à la cuisse gauche. Né à
Villiers-en-Lieu en 1903, teinturier chez Largeot à Saint-Dizier où
il réside, ce vétéran du 141e RI en 1940 sera
hospitalisé jusqu'au 25 janvier 1945 et cité par le général
Puccinelli.
« Le courage
du sergent Schultz et de Timmermann permet l'évacuation des blessés,
précisera un article paru dans L'Est républicain en août
1949. Cinq hommes ont suivi le lieutenant Roux : Michel Zeller,
Jean Thiéblemont, Lucien Claudin, Roger Marchal – celui-ci bien
que blessé – et Van Echelpoel. Les Allemands les aperçoivent et
tandis que sur ce secteur s'abat le tir des chars américains, les
Allemands décrochent. »
Charpentier bragard né en
Belgique en 1909, Lucien Van Echelpoel faisait bien partie «
des quatre hommes qui, seuls, avaient pu suivre ma progression,
écrit le lieutenant Roux,
les autres ayant été tués
ou blessés, ou dans l'impossibilité de passer le feu des armes
automatiques (malgré notre petit nombre, avons continué notre
attaque sur les pièces qui décrochent). Entre-temps, les deux nids
de mitrailleuses sont détruites par un FM de la section. »
Les
Allemands décrochent alors en direction de Marnaval par la route de
Joinville, sous le tir des Américains. Ainsi dégagés, les blessés
sont transportés à la ferme du Bois-l'Abbesse, où ils recevront
les soins de Madeleine Faivre, une grande résistante, et Fernande
Lombard. « Le capitaine Thérin demande un volontaire pour
joindre un docteur et pour s'assurer des dispositions de l'ennemi,
s'informer de ce qui passe en ville, précise une relation de
la libération de Saint-Dizier produite par l'amicale des maquis du
Val et Mauguet. Perrin se présente.. » Il s'agit du
quartier-maître Jean Perrin, né à Maxéville (Meurthe-et-Moselle)
en 1908, célèbre boulanger bragard, gradé de la section de
commandement.
Toujours
par le chemin qui relie la ferme du Bois-l'Abbesse au stade
municipal, les sections de la Compagnie du Val se déploient. Las !
précise l'amicale des maquis du Val et Mauguet, «
les tirs des chars américains qui arrosent tout le secteur des
Ajots, route de Vitry, ferme Saint-Pantaléon, route de Joinville -
quelques maisons atteintes et plusieurs civils tués - arrêtent
chaque fois la progression. Un piper cub américain survolant le
quartier et la forêt règle ces tirs, l'observateur ne peut savoir
s'il a sous lui des Allemands ou des amis... » Le
récit de l'amicale a raison. L'observateur du 94e
bataillon d'artillerie blindée américaine, le lieutenant Harley S.
Merrick, témoignera en effet avoir repéré, depuis son piper-cub,
une force qu'il estime à environ un bataillon et correspondant sans
aucun doute aux troupes ennemies et... aux FFI !
Le
sergent-chef René Quellais et des maquisards font des prisonniers
près du stade, « d'autres Allemands fuient en
tiraillant par les parcs de la Forge-Neuve et du Clos-Mortier et les
bois de la Marina. » La
voie du centre-ville s'ouvre.
Les hommes de la Compagnie du Val accueillis par les Bragards.
Nous avons vu l'action de
la section Roux. Qu'en est-il de la section Lelong ? « Le 30 au
matin, la section est dirigée à l'orée du bois sur la route de
Valcourt, en face de la ferme du Dr Reny. Formation de combat pour
attaquer Saint-Dizier. Les Américains arrivent sur le terrain
d'aviation de Robinson. La section essuie le feu de l'artillerie
ennemie ainsi que le tir des mitrailleuses lourdes des Américains,
sans pouvoir se faire reconnaître de ceux-ci. » Cette
évocation confirme donc la confusion qui règne dans la cité entre
les belligérants. « Surveillance des mouvements de l'ennemi en
retraite qui bientôt quitte définitivement la route de Valcourt, il
est environ 11 h 30. A 13 h 30, la section entre dans Saint-Dizier
par la route de Valcourt, le pont Godard-Jeanson. Liaison avec les
chars américains ».
En
effet, selon le récit du capitaine Thérin, « il
fut facile de rentrer en ville, empêcher le pont de l'hôpital
de sauter
et de nous emparer de la mairie. Par ailleurs, le maquis Mauguet est
arrivé venant du nord par la route de Chancenay. Les Américains
sont arrivés, et les Allemands qui étaient encore à Ancerville,
Marnaval se sont retirés vers l'est. » La
relation de l'amicale des maquis confirme ce témoignage : «Au
cours d'une accalmie (…), le pont Godard-Jeanson sur la Marne, miné
par les Allemands, est aussi sauvé de la destruction (…) Le gros
des maquisards atteint les promenades du Jard et pénètre dans la
ville où les Américains bientôt aidés par eux et les habitants
donnent la chasse aux derniers fuyards. L'hôtel de ville est occupé
par des résistants et maquisards. Le commandant FFI coordonne les
opérations de nettoyage et de sécurité tandis que Laurent et
Dupuy
rejoignent le commissariat de police où, durant plusieurs heures,
les officiers américains s'informent près d'eux, cartes de la
région en mains, de secteurs occupés encore par les Allemands, des
forces FFI locales, des maquis encore en territoire contrôlé par
l'ennemi, opérations de parachutages projetées...»
Pour
le document «Renseignements sur la libération de Saint-Dizier»,
c'est « entre 10 h et 11 h du
matin » que
la mairie, la sous-préfecture et La Poste furent occupés.
Le
rapport de la section Lelong précise : « Nettoyage
des tireurs isolés dans Saint-Dizier, au collège –
Note : aujourd'hui l'Estic, entre la rue Lalande et la rue du
Maréchal-de-Lattre – et à
l'église Notre-Dame. »
Les
troupes entrées dans Saint-Dizier sont sous les ordres du
lieutenant-colonel George L. Jaques, appartenant au combat command A
de la 4e DBUS. Venant de la direction de Vitry, elles ont fait
mouvement à partir de 7 h (heure américaine), s'emparant du terrain
de Robinson (la compagnie MacMahon du 37e bataillon de chars, qui y
détruit trois avions, un Dornier 217 et deux Me 110), neutralisant à
9 h 30 deux ou trois pièces d'artillerie à l'entrée de la ville et
remontant l'avenue de la République (compagnie Miller du 35e
bataillon de chars et 53e bataillon d'infanterie blindé). A 12 h 30,
Saint-Dizier est considérée comme nettoyée.
Lucien Groffe, exécuté à Marnaval. (Collection club Mémoires 52).
Dans l'après-midi,
complète la relation de l'amicale, « des Allemands sont
arrêtés ici et là, une patrouille commandée par Pernel arrête,
rue Buffon, un tireur revêtu de l'uniforme allemand. Des
reconnaissances sont faites dans les environs, tandis que (...) de
tous côtés, des Bragards aux brassards tricolores à Croix de
Lorraine fraternisent avec les maquisards et les Américains dont les
chars et les jeep sillonnent les rues. Des opérations de police ont
lieu aussi, nombre de citoyens considérés comme collaborateurs (des
femmes surtout) sont appréhendés. »
Saint-Dizier a été libérée par le CCA de la 4e DB.
Dans
le quartier de Gigny, un FFI de la section Lelong, Georges Mainvis,
20 ans, se propose, avenue Alsace-Lorraine, de guider un char
américain afin de réduire au silence une pièce anti-char servie
par sept Allemands. Ce qui est exécuté, grâce à une manœuvre par
la rue de la Bénivalle. Embossé derrière un tas de charbons, le
blindé tire deux obus, la pièce vole en éclats, ses servants sont
tués ou blessés. Dans cette même avenue (route de Nancy), l'époux
de la patronne du bar de l'Est, Germain Pin, membre du PCF clandestin
et des FTPF (avec le grade d'adjudant), résistant de longue date,
est tué vers 11 h, d'une balle à la carotide, alors qu'il
renseignait un char américain.
L'équipe de la 2e section qui a réalisé le sabotage de Baudonvilliers, au côté du capitaine Victor Thérin.
(Collection club Mémoires 52).
Durant
cette journée, la Compagnie du Val ne déplorera qu'une victime :
Lucien Groffe, FFI marnavalais de 31 ans né à Doulaincourt. Dans
l'après-midi, ce membre de la section Lelong a été pris dans son
quartier de résidence, porteur d'une arme et d'un brassard FFI, et
exécuté près du cimetière – une plaque rappelle son assassinat.
Signalons qu'à Marnaval, dès 8 h 30, les Allemands avaient pris
seize hommes en otages qui seront fouillés, parqués et gardés
derrière un café, route de Güe, jusque vers 21 h.
Notons
aussi que, longtemps méconnues, les pertes de la population civile,
ce 30 août, ont été particulièrement importantes, notamment sous
les tirs américains : 23 habitants ont trouvé la mort (aux Ajots,
dans la rue des Carpières, à Marnaval), et au moins quatre ont été
blessés. Le club Mémoires 52 leur a consacré un supplément en
1999.
31
août 1944
Journal
de marche des FFI de Haute-Marne : « Liaison à Hallignicourt avec
éléments blindés légers américains pour nettoyage région de
Chamouilley, Bienville.» Le chef de la 1ère section,
le lieutenant Roux, « a été blessé dans une mission à
Chamouilley », selon le rapport du capitaine Thérin. Il
s'agit d'un accident de la circulation, entre Güe et Chamouilley,
qui occasionne une blessure à la jambe gauche.
Ce même
jour, des éléments de la Compagnie se portent dans la vallée de la
Saulx, victime d'un massacre deux jours plus tôt. Le capitaine
Thérin
fera un rapport sur ces exactions. «Deux prisonniers SS sont faits
par les FFI», note le journal de marche du colonel de Grouchy. Ce
que ce document ne mentionne pas, c'est que ces deux hommes ont été
fusillés.
Quelques jours plus tard, la 1ère compagnie du Bataillon de Saint-Dizier (commandant Grob) fait mouvement sur Bologne où, en liaison avec des éléments de reconnaissance américains, elle subira un accrochage dans la nuit du 9 au 10 septembre 1944. Puis elle entrera dans Chaumont le 13 septembre. Cette page de son histoire est évoquée par ailleurs sur ce blog.
Le 29 septembre 1944, les engagés pour la durée de la guerre de la compagnie quittent Saint-Dizier pour Chaumont et seront majoritairement affectés dans la 3e compagnie du 21e régiment d'infanterie coloniale.