vendredi 25 mai 2012

Un Chaumontais héros du peuple polonais

Léon Junck, dit Junck de Blankenheim (1837-1863). Portrait paru dans “Le monde illustré". Chaumontais de naissance, fils d'un militaire d'origine prussienne, officier français, colonel et héros du peuple polonais à 25 ans. Ainsi peut se résumer, en quelques lignes, l'étonnante et courte destinée de Léon Junck, connu en Pologne sous le nom de Junck de Blankenheim. C'est le 13 décembre 1837 que le jeune homme voit le jour dans le chef-lieu haut-marnais. Son père, Charles-Mathieu Junck, y occupe alors la fonction d'adjoint de première classe à l'intendance militaire. Il était né à Trêves, en 1791. Ce Prussien était devenu lieutenant en 1813, servait au 3e bataillon de la Légion de la Côte-d'Or lorsqu'il a été naturalisé Français en 1818. Cinq ans plus tard, il était fait chevalier de l'ordre de Saint-Ferdinand d'Espagne (après avoir pris part comme lieutenant d'état-major à l'expédition de 1823),, avant d'effectuer une carrière dans l'intendance. Epoux de Camille-Léocadie Audry, il sera en poste à Chaumont au moins jusqu'en 1844. On peut donc penser que Léon Junck, dont la déclaration de naissance s'est faite notamment en présence du chef de bataillon du génie Jean-Elie Hérault, a passé plusieurs années de son enfance en Haute-Marne. Officier de la Légion d'honneur en 1849, chevalier de Saint-Louis, domicilié à Auxerre en 1872, son père décèdera en 1877. En 1850 (il a 13 ans), le jeune Chaumontais obtient une demi-bourse nationale du département des Bouches-de-Rhône pour poursuivre ses études. Selon le journal L'Illustration – fondé par un Haut-Marnais, Paulin, rappelons-le – Léon Junck intègre l'école spéciale militaire de Saint-Cyr le 12 janvier 1855 et en sort le 1er octobre 1856 comme sous-lieutenant au 88e de ligne. Avec ce corps, il sert en Italie en 1859, même s'il ne se bat ni à Magenta, ni à Solferino. Il passe ensuite au 92e de ligne caserné à Valenciennes. Le 3 avril 1863, Junck démissionne de ce corps. Remplacé par l'adjudant Corta, il décide, depuis Bordeaux, très rapidement, d'aller rejoindre les rangs de l'insurrection polonaise. Mis à la tête de partisans dans le palatinat de Kaliab, il entre en Pologne le 24 avril, obtient le commandement de près de 1 000 hommes. Le 27 avril, il se lance à l'assaut des Russes, leur enlevant deux villages. Promu colonel par le comité polonais, placé, selon certaines sources, à la tête de 3 000 Polonais, il prend part à la bataille d'Osowio – dite aussi de Brdow -, le 29 avril (veille de la bataille de Camerone au Mexique). Elle lui sera fatale : atteint de sept coups de feu, de 20 coups de baïonnette, les mains hachées à coups de sabre (selon L'Illustration, il a été mutilé par les Russes après sa capture), il meurt en héros. Un service funéraire sera célébré, le 9 mai 1863 à Bordeaux, en mémoire du colonel Junck de Blankenheim (nous ignorons le motif qui justifie cette appellation nobiliaire). Henri Leriche consacrera rapidement au Chaumontais un hommage imprimé qu'il a dédié au prince Napoléon. Aujourd'hui, à la veille du 150e anniversaire de la bataille de Brdow, un historien polonais, Dariusz Matysiak, s'intéresse à ce Haut-Marnais qui, comme ses compatriotes Demange, devenu général portugais, du Breuil de Saint-Germain, combattant aux côtés des Boers, ou Vanney, sergent dans l'armée nordiste, ont choisi de servir dans des armées étrangères.