vendredi 25 octobre 2019

A l'assaut du Faux-Miroir, 10 septembre 1914



Le combat du Faux-Miroir est un des événements de la bataille de la Marne à l'extrême-droite du dispositif français. C'est le 10 septembre 1914 que l'attaque est déclenchée.


Le Faux-Miroir, c'est un bois, un château (propriété de Charles Freund-Deschamps, maire de L'Isle-en-Rigault), une ferme situés dans un secteur limité, au nord, par le canal de la Marne au Rhin (qui borde Revigny-sur-Ornain), au sud, par la route reliant Contrisson à Vassincourt (puis Bar-le-Duc).



La 30e division d'infanterie (général Colle) – avec le soutien de la 29e du général haut-marnais Carbillet - est chargée de cette conquête, à l'aube du 10 septembre 1914. Sa 60e brigade (général Morgain) attaquera en direction de Contrisson et de la lisière Ouest du bois (le 2e bataillon du 40e régiment d'infanterie, notamment, en progressant le long de la lisière Est de la forêt de Trois-Fontaines), la 59e brigade (colonel Marillier) se portant sur le bois depuis le sud. L'action commence réellement à 6 h. A la brigade Marillier, le I/58e RI (commandant Jaubert) et le III/58e RI (commandant Delpeuch) doivent progresser en direction de la croupe Est de Mognéville et la corne Sud-est du bois, le bataillon Rey du 173e RI vers la cote 138.



Le Faux-Miroir est défendu par de l'artillerie et des mitrailleuses allemandes, notamment. Leur opposition est efficace. A 9 h 30, l'historique de la 30e DI évoque, au 58e RI, la difficulté de déboucher du «petit bois à l'est de Mognéville», tandis que le bataillon du 173e se heurte, au débouché des bois, aux Allemands qui sont sur la rive gauche de la Saulx. Le colonel Jaguin, chef de corps du 58e RI, est blessé à la tête par un éclat d'obus. ««C'est pour la France, continuez l'attaque !», dit-il, tandis qu'on l'emmène au poste de secours», précise l'historique du régiment. Le commandant Delpeuch lui succède, laissant son 3e bataillon au capitaine Masseille.



A midi, le I/61e RI, de la brigade Morgain, reçoit l'ordre de se joindre à deux bataillons du 55e RI (commandant Valdant) pour coopérer à l'attaque du bois, par le bois d'Andernay. A la même heure, un nouvel essai pour franchir le ruisseau de la Beuse est tenté, il échoue.

A 13 h 40, le lieutenant-colonel Capxir, commandant le 61e RI, signale à sa hiérarchie que l'artillerie ennemie, positionnée au nord et au nord-est d'Andernay, l'empêche d'avancer. Au 40e RI, la 7e compagnie du 2e bataillon parvient, à 16 h, à franchir la Saulx, mais ne peut progresser davantage, même renforcée par deux sections de la 6e compagnie.



Une nouvelle action est lancée à 17 h, avec l'appui de l'artillerie de la 29e DI (AD 29) qui tire sur la lisière Est du bois. Enfin, à 19 h, la 59e brigade borde le ruisseau de la Beuse, où un seul pont est en état de faire passer la troupe.





La reprise de l'offensive est programmée au 11 septembre 1914. Les AD 29 et 30 (où le capitaine de Barbeyrac, commandant de batterie au I/38e RAC, a été blessé) appuient l'action de la 59e brigade, dont le colonel Marillier, resté malade à Mognéville, a dû céder provisoirement le commandement au colonel Falque (AD 30). A 7 h 20, la Beuse est franchie, la lisière Sud du Faux-Miroir est atteinte. Le bois a été évacué. La 60e brigade apprend cette information à 8 h 30. «Une batterie allemande (est) abandonnée sur la crête», note le journal de l'AD 30. L'historique du 58e RI précise de son côté : «Le régiment pénètre dans le château du Faux-Miroir que les Allemands ont pillé et converti en ambulance. L'ennemi a abandonné sur la position, trois canons, une dizaine de caissons et des quantités de munitions. Dans la précipitation à s'enfuir, le 87e régiment de réserve allemand enterre son drapeau, dans le bois des Elus, où il fut retrouvé quelques mois plus tard».



Au même moment, des éléments des 55 et 40e RI (le II/40e a passé la nuit dans un bois à 1 200 m à l'ouest de Mognéville) entrent dans Andernay. Contrisson, Revigny, Vassincourt sont également pris. Les Allemands retraitent, la poursuite commence...



Sources : journaux de marche et d'opérations de la 30e DI, des 57e, 58e, 59e, 60e brigades,

des 40e, 55e, 58e, 61e RI ; historiques du 58e RI, du 38e RA (ministère de la Défense).

Illustrations : deux vues des combats du Faux-Miroir, parues dans l'ouvrage "En plein feu !".