vendredi 10 décembre 2021

Le major Hoffmann à Saint-Dizier, mai - août 1944

 



A la libération, les troupes américaines ont retrouvé notamment cinq épaves de Messerschmitt Bf 110 sur le terrain d'aviation de Robinson, à Saint-Dizier. Durant l'année 1944, plusieurs unités de la Luftwaffe dotées d'un tel appareil ont opéré depuis la piste bragarde contre les "forteresses volantes" alliées allant bombarder l'Allemagne.

Parmi elle, le 1er groupe de la 5e escadre de chasse de nuit (I/NJG 5), commandé par le capitaine puis major Werner Hoffmann. En 1991, par l'intermédiaire de Rémi Baudru, spécialiste de la guerre aérienne pendant la Seconde Guerre mondiale, Jean-Marie Chirol a recueilli le témoignage de cet As de la Luftwaffe, crédité de 51 victoires à la fin du conflit. Le pilote écrira qu'il est arrivé à Saint-Dizier "avec dix à douze Bf 100" le 3 mai 1944, quelques heures avant le bombardement du camp de Mailly par la RAF. Durant cette nuit mémorable, le capitaine Hoffmann abat un Halifax et un Lancaster. Quelques jours plus tard, dans la nuit du 13 au 14 mai 1944, c'est l'USAAF qui attaque le terrain de Robinson, détruisant "trois à quatre de nos avions et endommagé trois autres". Le 1er juin, Hoffmann sera promu major et "gruppenkommandeur".

Le I/NJG 5 restera à Saint-Dizier jusqu'au 25 août 1944 (selon les souvenirs de Werner Hoffmann), "avec des absences pour former des jeunes sur JU 88 à Stendal", en Allemagne. Cinq jours plus tard, la 4th Armoured Division (division blindée) américaine s'emparait du terrain.

Cette photo (collection Jacques Grosjean) représente un Me 110 "sur le nez". Elle est parue dans "1944, l'album de la Libération", club Mémoires 52, 2004.

mardi 16 novembre 2021

Professeur de boxe en Argentine, le boxeur bragard Chabrier s'était engagé en 1914




C'est en 2010 que le club Mémoires 52 s'était intéressé à Lucien-Raymond Chabrier, un des premiers grands noms de la boxe française (au double sens du terme). Beaucoup de zones d'ombre subsistaient quant à la vie de ce garçon brasseur bragard, né à Bienville, et dont nous nous souvenons aujourd'hui du 150e anniversaire de la naissance.

Marié en 1902 à Paris 8e avec une couturière originaire d'Angers, Marie Mesnier, Lucien Chabrier était alors domicilié avenue d'Antin, à Paris, comme professeur de boxe. Un jugement du tribunal de la Seine devait prononcer leur divorce en 1920.

Le Haut-Marnais s'était alors installé en Argentine, y ouvrant une école de boxe dont un des élèves était directeur de banque à Buenos Aires.

Lorsqu'éclate la guerre de 1914, Chabrier décide de rentrer en France, où il était déclaré "insoumis". Sergent moniteur de gymnastique depuis 1894 (il avait effectué son service militaire au 21e bataillon de chasseurs à pied de 1892 à 1895), Chabrier s'engage le 2 avril 1915 au bureau de recrutement de Neufchâteau (Vosges) dont il dépend comme tous les Bragards. Il est alors âgé de 44 ans.

Le sergent Chabrier est d'abord affecté au 47e régiment d'infanterie territoriale. Puis, le 6 octobre 1917, il fait partie du détachement du 5e bataillon dissous qui est affecté au 36e régiment d'infanterie territoriale, à Arcis-sur-Aube. Est-ce avec le 47e RIT, effectivement victime de bombardements aériens dans la Marne en 1917, ou avec le 36e RIT qu'il est blessé ? Toujours est-il que le sous-officier est enseveli après l'explosion d'une torpille, à une date non précisée par son dossier militaire. Pendant 60 jours, il sera incapable de parler, et sera réformé en avril 1919 en raison d'une "paralysie générale".

Selon la presse de l'époque, il aurait été proposé pour la médaille militaire. Ne l'ayant toujours pas reçue, les journalistes souhaitent en 1920 que la Fédération française de boxe intervienne pour que justice lui soit rendue. Mais la maladie aura raison de ses forces. C'est le 27 décembre 1924 que Lucien Chabrier décède prématurément à l'âge de 53 ans. Le journal de l'Auto - ancêtre de l'Equipe - lui rendra hommage dès son édition du lendemain (photo ci-jointe).

Pour rappel, la carrière sportive de Chabrier est à lire ici : 

vendredi 15 octobre 2021

17 juin 1940. La «résistance désespérée» du 294e RI


Extrait de "10 jours de juin", copyright club Mémoires 52, 2020


Le 1er bataillon du 294e régiment d'infanterie avait été isolé du reste de sa division le 14 juin 1940 après l'explosion du pont sur la Marne à Joinville. Commandant la 2e compagnie, le capitaine Jacques Noirot a alors conduit les hommes du bataillon en direction de la Meuse puis des Vosges. Il va participer, aux côtés des soldats du 53e bataillon de mitrailleurs motorisé, aux combats de la région de Trampot et d'Aillianville longuement détaillés par Didier Desnouvaux dans «10 jours de juin». Voici quelle est la part prise par le bataillon Noirot dans ces opérations.


«Six hommes du bataillon Noirot, dont un officier, ont donc trouvé la mort près de Trampot. Le rapport du capitaine Noirot relate longuement la résistance acharnée opposée par les fantassins. «Il est 8 h 15, l'ennemi précédé de motocyclistes descend des camions qui arrivent sans cesse. Le groupe du sergent Wiart avec l'aspirant Fontaine est à la sortie Nord-Ouest sur la route de Trampot à Germay, le groupe du sergent Chambroux, sur la route de Trampot à Grand, le groupe du sergent Petit est resté à la sortie Nord-Est en groupe de recueil.» Le combat s'engage face à ces Allemands qui débouchent du chemin de Trampot-Brechainville et de la route d'Aillianville - «de la force d'un bataillon», selon le lieutenant d'Herbecourt, qui commande la 3e compagnie -, ces éléments français décrochent en combattant. «Le sergent Wiart est blessé (…), les caporaux Jouineau, Cohen, les soldats Papin (sans doute tué1), Pheffer, Le Guidoux sont blessés en franchissant les obstacles...» Dans son récit, le capitaine Noirot souligne l'efficacité de «notre unique mitrailleuse (qui) interdit la route d'Aillianville, et fait subir à l'ennemi de lourdes pertes, en particulier motocyclistes et mitrailleurs...»

La liste des victimes s'allonge. A la 2e compagnie, sont blessés le sergent-chef Weber, le sergent-chef Poirson, les sergents André Cazenave, Delommel, Lorcin, les soldats Isidore Ben Soussan, Leroux, Barre, Berquez, Broucke, Bongrand, Devos, Dumont, Gaudin, Buffenoir, Goebbels, Vingtans... Noirot ne tarit pas d'éloges sur le comportement au feu de ses hommes, à qui le commandant Regnault a réitéré l'ordre de «tenir jusqu'au bout» : «Beaucoup parmi (ces blessés) restent à leur poste, utilisent leurs paquets de pansements... La 3e compagnie tient avec ses deux sections sous le tir précis du minen. Le caporal Nisse, les soldats Piegeat et Delattre se font tuer à leur poste2». Par bonds, les hommes du 294e RI décrochent. «Je fais installer les deux sections de la 1ère compagnie sur les lisières Nord d'Aillianville (une section de mitrailleuses du 53e tient sous son feu la route de Trampot), à gauche des mitrailleuses, la section franche et la section de l'adjudant Angelot au cimetière et en avant de ce dernier.»

L'ordre de repli vers l'Est est donné, tandis que «les lisières Sud du bois sont bombardées ainsi que les lisières Nord du village d'Aillianville». L'adjudant Gail continue à tirer avec sa mitrailleuse, le lieutenant Henri Vieillard3 tombe, «ses dernières paroles furent pour ses hommes «Ah mes enfants».» Pendant le repli, les Allemands ajoutent à la confusion en sonnant le cessez-le-feu, «une rafale de mitrailleuse répond à chacune de ses sommations». Enfin, poursuit le capitaine Jacques Noirot, «nous arrivons à la lisière Sud des bois et nous retrouvons les éléments de la 2e compagnie accompagnés de ceux de la CA qui, en petites colonnes, dans un ordre impeccable, gravissent les pentes d'Aillianville». La 3e compagnie est particulièrement éprouvée, «les tirs de minen lui font subir de lourdes pertes», le lieutenant d'Herbecourt, qui semble connaître la région4 et rapporte que sa 2e section «est anéantie», «devra se dégager à la grenade, assailli à quelques mètres par deux ennemis qui le mitraillent sans résultat. Il ramène le reste de sa compagnie à travers bois...» A 12 h, Noirot, qui déplore notamment la mort d'un officier, le sous-lieutenant Gandon, retrouve le capitaine Pelisson, du bataillon de mitrailleurs, au sud d'Aillianville, puis tous se replient sur Bazoilles-sur-Meuse où le commandant Regnault, reconnaissant envers la résistance des fantassins, «me sert la main très émotionné (sic)». Un an plus tard, à l'Oflag 12 B de Mayence, le commandant Regnault ira témoigner, auprès du lieutenant-colonel Bussienne, de l'héroïsme des «200 à 250 hommes» du détachement Noirot, qui a fait une «résistance désespérée de 10 h à 14 h»5...


Gandon (Gaston-Germain), sous-lieutenant (L'Isle-Adam, Yvelines, 1er juin 1907 – Trampot 17 juin 1940). Sous-officier au centre de mobilisation n°81, nommé sous-lieutenant de réserve (1938). Officier dans la 3e compagnie du I/294e RI. «Officier remarquable par son calme et son mépris du danger. Le 17 juin 1940, à Trampont (sic), a infligé de lourdes pertes à l'ennemi. A été mortellement blessé au cours de l'action. A été cité.» (citation accompagnant sa nomination dans l'ordre de la Légion d'honneur à titre posthume, parue au Journal officiel du 30 juillet 1942).»

1 Il n'est pas recensé par le ministère des Armées.

2 Ils ne sont pas recensés par le ministère des Armées.

3 Contrairement à ce qu'écrit alors le capitaine Noirot, qui songe à proposer cet officier pour la Légion d'honneur à titre posthume, le lieutenant Vieillard, officier de réserve servant dans la CAB 1, n'a pas été tué. Laissé pour mort sur le terrain, il sera ramassé par les Allemands.

4 Pierre d'Herbécourt (1904-1978) est né à Paris. Sa carrière d'archiviste l'a mené dans le Bas-Rhin, dans la Meuse (avant la mobilisation), dans l'Aube, puis dans le Maine-et-Loire. Enseignant à l'Université catholique d'Angers, c'était un éminent historien. Par ailleurs, selon le capitaine Noirot, le sous-lieutenant Dumont serait originaire de Liffol-le-Grand.

5 Décédé, chef de bataillon, industriel, en 1969, Jacques-Louis Noirot sera cité à l'ordre du corps d'armée : «Ayant pris à l'improviste le commandement de son bataillon, a réussi, grâce aux dispositions prises et malgré des moyens réduits, à arrêter pendant plusieurs heures un ennemi particulièrement mordant et très supérieur en nombre, lui occasionnant des pertes sévères. N'a rompu le contact que sur ordre et bien que déjà largement débordé, a effectué son repli avec le plus grand ordre».

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lundi 27 septembre 2021

La chute de Saint-Dizier (14 juin 1940)

Extrait de «10 jours de juin», copyright club Mémoires 52, 2020


Jeudi 13 juin 1940


Perthes

Dans l'édition qui doit paraître le lendemain, le journal Le Petit Haut-Marnais écrit : «La bataille continue avec une rage accrue de la mer à l'Argonne.» Autant dire qu'à l'extrémité nord du département, en milieu d'après-midi, on ne s'attend pas encore à voir surgir l'ennemi. Et pourtant...

Perthes est le premier village haut-marnais sur la RN 4 en direction de Vitry-le-François. Depuis la veille, les Perthois voient passer les habitants des villages marnais voisins, Saint-Vrain, Thiéblemont, Heiltz-le-Hutier, qui ont pris la route de l'exode. Après le départ des troupes françaises cantonnées dans la localité, ne subsistent qu'une poignée de territoriaux – les réservistes du 74e régiment régional (RR) de protection1 - et de soldats nord-africains...

Soudain, vers 16 h 30, apparaît l'avant-garde de la 1. Panzer-Division, pointe du fameux général Guderian. A sa tête, l'oberstleutnant (lieutenant-colonel) Hermann Balck, qui a passé les ponts du canal à Etrepy, a atteint Blesme puis Saint-Vrain. La ligne de défense organisée par la 3e division d'infanterie nord-africaine (DINA) du général Mast, sur le canal de la Marne-au-Rhin, est donc percée.

C'est en tirant que les Allemands pénètrent dans Perthes, qu'abandonne la population. Plusieurs soldats français tombent, dont un, désarmé, devant la mairie. Sous les tirs ennemis, l'instituteur du village, Louis Fournier, parvient à fuir. Il arrive à Saint-Dizier, annonce au commissaire de police que les Allemands ne sont plus qu'à 10 km de la cité bragarde. Comment le croire... A quelques mètres de là, en mairie de Saint-Dizier, le préfet Fernand Bidaux, arrivé à 16 h, rassure les élus : les blindés allemands auraient été repoussés au-delà de Vitry-le-François, déclare-t-il, avant de s'en retourner vers Chaumont à 17 h...


Non, l'ennemi n'a pas été repoussé. Et à Perthes, il est furieux. On lui a tué un officier, qui sera inhumé dans le cimetière communal. Alors les Allemands mettront le feu à 35 habitations. L'incendie durera jusqu'au lendemain.


Après Perthes, il y a Villiers-en-Lieu. A 18 h 30, huit blindés allemands y font leur apparition. Deux soldats français du 311e régiment d'artillerie lourde portée (RALP), l'adjudant Robert Bladner et le canonnier Marcel Quillier, tous deux âgés de 34 ans, sont tués, un soldat tunisien mortellement blessé. Ce dernier appartient, selon la préfecture, au 48e bataillon de pionniers tunisiens (commandant Georges Mengel), et non au 44e bataillon de pionniers tunisiens (capitaine Negroni) qui vient de se battre à Etrepy, à Pargny-sur-Saulx, à Sermaize-les-Bains. La 1ère compagnie (capitaine Albert Lapalu) du 44e, après s'être repliée après 16 h 20 sur le PC du bataillon à Maurupt-le-Montois, avait reçu l'ordre «d'aller s'installer défensivement à Hallignicourt. Arrêtée par l'ennemi près de Perthes, la compagnie s'échappe, par la forêt de Trois-Fontaines, Chancenay, Ancerville, Chamouilley2...»


Entre Perthes et Saint-Dizier, sept soldats français trouvent la mort : trois Nord-Africains, Albert Mocquet, de Charmes-la-Grande (il a 37 ans et sert au 74e RR), inhumé au bord de la RN 4, Léon Rullier, 31 ans, André Peloile, ainsi que le maréchal des logis Henri Stern, du 403e régiment d'artillerie de défense contre avion (RADCA)3, ce dernier enterré dans un jardin face au terrain d'aviation de Robinson.


Saint-Dizier

Prochaine étape, et de taille, pour les Allemands : la cité bragarde4. Vers 18 h 45, soit moins de trois heures après l'avertissement lancé par l'instituteur de Perthes, c'est la surprise : des coups de feu sont entendus du côté de Robinson ! A l'extrémité du faubourg de La Noue, près du canal de la Marne-à-la-Saône, un char français est en position, aux côtés d'une trentaine de soldats nord-africains et d'éléments du 71e groupe de reconnaissance divisionnaire d'infanterie (1ère DIC) du chef d'escadrons Georges Massacrier, un cavalier de 52 ans : c'est le «Beaune» du lieutenant Jean Adelmans, un B1 bis du 41e bataillon de chars de combat (BCC) venu de la forêt de Trois-Fontaines.

Quant aux Nord-Africains, ils appartiennent à deux compagnies du 46e bataillon de pionniers nord-africains (algériens) qui viennent d'arriver à Saint-Dizier, en provenance de Châteauvillain (où elles stationnaient depuis le 5 juin), la 2e du lieutenant Cougniaud par le train, dès 2 h, la 1ère du capitaine René Payerne par autobus, à 16 h 30. Aussitôt, ces éléments d'un bataillon commandé par le capitaine Pirot avaient reçu l'ordre d'occuper le pont sur le canal sur la route de Vitry-le-François, et le pont sur la Marne sur l'axe Saint-Dizier – Bar-le-Duc – celui de la rue de Vergy. Alors qu'«une partie des hommes sont démunis de casques, que les fusils-mitrailleurs modèle 1915 ont été donnés sans chargeurs» (rapport du capitaine Payerne), les pionniers de la 1ère compagnie se sont donc portés vers leurs positions, ceux de la 1ère section avec le sergent Harat sur la Marne, ceux de la 2e section avec le sergent Bentaleb sur le canal. «Une équipe du génie est affectée à chaque pont pour le faire sauter au moment opportun, écrit le capitaine Payerne. Le reste de la compagnie augmentée de la 2e compagnie formera un centre de résistance dans Saint-Dizier aux environs du PC du commandant de la place (chef d'escadron Champsaur5). L'installation du dispositif est terminé à 17 h 30

Auparavant, sont arrivés, vers 17 h, des éléments du GRDI 71, partis dans la journée de Fleury-sur-Aire (Meuse) et passés par Saudrupt. Initialement, ces cavaliers devaient se rendre à Vitry-le-François, mais la ville vient de tomber. Dans la cité bragarde, le commandant Massacrier ne dispose que de l'escadron motocycliste (capitaine Georges Chalès) et de l'escadron porté (mitrailleuses et canons). Le journal de marche du groupe rapporte : «Au moment où ils vont sortir de Saint-Dizier par la route de Vitry, la barricade se ferme et un char ami isolé qui se trouvait là tire ses dernières munitions sur les blindées ennemies arrêtées à quelque 600 m de ladite barricade. En même temps une courte très mais vive fusillade se déclenche des fenêtres des maisons bordant la rue dans laquelle l'escadron motocycliste et l'escadron porté sont engagés. Le brigadier Lantier est légèrement blessé. Cette fusillade est le fait de civils...» Cette curieuse précision témoigne de la hantise de la «Cinquième colonne» qu'éprouvent les soldats français. Un sous-officier de l'escadron moto, le maréchal des logis Halphen, précisera même, dans son rapport : «Quelques parachutistes allemands descendent aux abords de la ville...»

Le capitaine de pionniers Payerne se portait avec le capitaine Levrault, l'adjoint du commandant Champsaur, jusqu'au pont du canal en direction de Vitry lorsque le combat s'est engagé avec l'avant-garde de la 1. Panzer-Division. «Les hommes ne pouvaient pas tenir devant un ennemi en nombre et terriblement armé, témoigne René Payerne. La section combat, les hommes se replient d'arbre en arbre... Je rejoins le gros de la 2e compagnie au milieu d'une panique générale provoquée par la fuite des habitants et d'éléments militaires isolés...»

Au GRDI 71, «l'escadron motocycliste avec l'escadron porté refluent vers la place centrale de Saint-Dizier... Craignant que l'ennemi ne fasse irruption dans Saint-Dizier, le commandant de GR fait débarquer les mitrailleuses et les canons de 25 et les installe de façon à interdire l'accès des routes de Bar-le-Duc, Ligny-en-Barrois et Chaumont...» Mais «l'ennemi n'ayant pas insisté», les cavaliers vont bientôt quitter Saint-Dizier pour prendre la direction d'Humbécourt.

Repli aussi pour l'équipage du char «Beaune», composé du sergent-chef Gilbert Thiebault, du caporal Robert Chapellier, et des chasseurs Adolphe Boeglin et Joseph Enderlin. Le blindé ayant tiré jusqu'à épuisement de ses munitions contre l'avant-garde allemande, revient jusque l'hôtel de ville, puis se dirige sur Joinville. De leur côté, les pionniers ont décroché jusqu'à Eurville, où ils vont stationner, pour quelques heures, à partir de 23 h...


Pendant ces opérations, Saint-Dizier est sous le feu allemand. Stationné à Brillon-en-Barrois, le capitaine Robert Lux, 45 ans, commandant l'escadron hors rang du GRDI 71, note : «Arrivés à l'entrée Nord-Est de Saint-Dizier, c'est une véritable panique de la population civile. Les blindés sont à 1 km Est de la ville ; des avions bombardent les points stratégiques : dépôts d'essence, voies ferrées, camps d'aviation. Ils mitraillent en outre les troupes déjà installées...» Des incendies se déclarent en plusieurs endroits : aux Cités de l'Est, à Robinson (que l'illustre groupe de chasse I/5 a quitté le 11 juin), à La Noue, mais encore à la société Péchelbronn dont les réservoirs brûlent, ce qui accrédite la rumeur que «Saint-Dizier est en feu». A 20 h, les cloches de l'église Notre-Dame sonnent le tocsin. A la même heure, la 127e batterie (lieutenant Chêne) du 53e groupe du 403e RADCA6 abat un avion Dornier 17 au-dessus de Chamouilley. Les ponts du canal, rue Molière, et de la Marne, rue de Vergy, sont dynamités. «A 22 h 30, sur 18 000 habitants, il ne reste à Saint-Dizier que 700 à 800 personnes qui attendent, la peur au ventre, la suite des événements», écrit Jean-Marie Chirol.



Situation confuse : l'ennemi, impressionné par les tirs du «Beaune», croit la ville solidement tenue et attend la fin de la nuit pour l'investir ; de son côté, un bataillon français de la division Mast ne bouge pas de Saudrupt, sur la route de Bar-le-Duc, car il pense la cité bragarde déjà occupée...







Vendredi 14 juin 1940


Saint-Dizier

Paris, ville ouverte, tombe. Saint-Dizier aussi. Vers 5 h, deux blindés allemands, venant de la direction de Chancenay, entrent dans la cité bragarde par l'avenue du Général-Sarrail, et se dirigent vers la Chaussée Saint-Thiébault. Au passage, un immeuble SNCF est incendié. Vers 6 h, les éléments avancés de la 1. Panzer-Division pénètrent à leur tour dans la ville. Avec un canon de 25 et des fusils Lebel, une trentaine de soldats nord-africains défendent les abords de l'hôtel de ville. Avenue de Verdun, le combat s'engage. La façade de la mairie est grêlée de balles.

Dans la ville, des soldats français tombent, dont trois à proximité de la mairie7. Entre le 13 et le 16 juin, dates d'inhumation de plusieurs corps, dix militaires sont morts dans la cité bragarde, soit au combat, soit des suites de blessures. Il s'agit notamment, outre du capitaine Brun, de l'armée de l'air, de Marceau Marella (422e régiment de pionniers), de Boutaled, «trouvé mort dans la rue sans pièces d'identité», d'Abdelkader Bellapache (des suites de blessures), Ouadi Ali Oueld (46e bataillon de pionniers)... La préfecture évoque également une tombe «contenant plusieurs corps non identifiés», ainsi qu'un inconnu pouvant s'appeler Fatui.

Le pont Godard-Jeanson, sur la Marne, est intact, l'ennemi poursuit donc sa progression sur Marnaval (où Emile Jeanmaire a trouvé la mort). Dans les environs de la cité, à Hoëricourt, le chef de la Défense passive, Albert Lang, a été mortellement blessé, et à Moeslains, dans la nuit, deux soldats, Paul Péroche, 25 ans, et René Boudin, du 242e régiment d'artillerie lourde divisionnaire (RALD), ont été tués dans leur véhicule sur la route de Valcourt8.


«On ne se rend pas !», entre Güe et Chamouilley

Composés de réservistes dont l'âge ou les situations familiale et professionnelle ont valu de ne pas être affectés dans des unités combattantes, les régiments régionaux de protection (RR) ont reçu notamment pour mission de défendre des ouvrages d'art ou infrastructures militaires dans leur département. C'est le cas, dans la Meuse, du 62e RR commandé par le lieutenant-colonel Henri Moreau. Les circonstances – la percée de Sedan et l'invasion de la région de Saint-Dizier - amèneront ces réservistes à affronter l'ennemi, à faire parfois acte de bravoure.

«Le 14 juin 1940, écrit ainsi le lieutenant-colonel Moreau9, un détachement de 20 hommes du 62e RR, commandé par l'adjudant Michel, se repliait de Güe sur Chamouilley, après la destruction du dépôt d'essence dont il avait la garde. A l'entrée du village, vers 9 h, rejoint par deux auto-mitrailleuses ennemies, le détachement prit sa formation de combat et riposta aux rafales des attaquants. A une première sommation de se rendre, l'adjudant Michel, debout, répondit : «Jamais ! On ne se rend pas !» et commanda à nouveau le feu. Après la troisième sommation, l'adjudant Michel fut tué. La lutte cessa et les survivants furent faits prisonniers...»

Ces hommes de la 2e section de la 2e compagnie sont tombés sur le territoire de la commune de Cousances-aux-Forges (Meuse), à l'exacte frontière avec la Haute-Marne :

. Bertrand Chevallier, 30 ans ;

. Maurice Haudot, 38 ans, né à Sommelonne (grièvement blessé, il est décédé «une heure et demie après à Ancerville10 où il avait été transporté») ;

. sergent Joseph Kieffer ;

. caporal Albert Louis, 41 ans ;

. adjudant Henri Michel, 48 ans, né à Morley, chef d'une section de mitrailleuses.

Quatre de ces victimes ont été «malheureusement inhumés sans cercueil» (selon le maire de Cousances), à gauche de la route entre le village et Chamouilley.

Les soldats Louis Viard et Ferdinand Caillard ont également été blessés durant ce combat. Le lieutenant-colonel Moreau rendra aussi hommage, dans son rapport, à l'attitude des sergents Lucien Laroche et Grellier, des caporaux Coquerel et Mosser, des soldats Hert, Pierre Lemetayer, Jules Poupart, Ludovic Fays, Edouard Oudin, Marcel Boulanger, Victor Brillant, Lucien Bailly et Jules Lelièvre.

Entre Sapignicourt et Perthes

Saint-Dizier est perdu (le général Guderian y arrive à 12 h 45), mais à l'ouest, des troupes françaises ont reçu pour mission de défendre des positions sur la Marne : Perthes, Hauteville, Larzicourt, Montcez-l'Abbaye, Saint-Remy-en-Bouzemont, Cloyes, Frignicourt, Arzillières, Drosnay. Il s'agit d'éléments de la 3e division cuirassée de réserve (DCR), dont le PC est à Outines. Selon le journal de marche du 16e bataillon de chasseurs portés (commandant Maurice Waringhem), la division «est réduite à 20 ou 25 chars (H-39 ou R-35 du 10e bataillon) et à un bataillon de chasseurs de 300 hommes, réduit lui-même à sept sections de voltigeurs et trois sections de 25...»

Les combats qui vont se dérouler nous sont d'abord connus grâce à une relation du 10e bataillon de chars de combat (BCC)11 parue dans la presse de l'Occupation : «Aux premières heures, à la Maison-aux-Bois, on constitue des groupes de chars qui vont avoir pour mission, en compagnie d'éléments du 16e de bataillon de chasseurs, de tenir, sans esprit de recul, jusqu'à la nuit. Nous n'avons plus de ravitaillement depuis trois jours et n'avons pas dormi depuis sept nuits car on s'est battu ou fait mouvement sans arrêt.

Le groupe n°3 comprend cinq chars et un tracteur (équipage : caporal Pages et chasseur Arnaud, 10e bataillon de chars, 3e compagnie). Ce groupe est appuyé par une section de fusiliers-voltigeurs et un canon de 25 du 16e BCP. Le groupe est placé sous les ordres d'un jeune officier de 20 ans, le sous-lieutenant Géminel, du 10e BCCA, 3e compagnie. Objectifs : défendre Larzicourt, Hauteville, Blaise, et si possible atteindre Perthes (9 km à tenir pendant plus de quinze heures)».

La section de chasseurs qui, coïncidence, s'est battue quelques jours plus tôt dans un autre village champenois nommé Perthes, est commandée par le sous-lieutenant Raymond Blanchou, de la 3e compagnie (capitaine Edouard Fosse).


«A 5 h, le détachement se met en marche. A Larzicourt, un char est posté dans l'axe du pont, char du caporal-chef Coulazou, chasseur Gemelas, mécanicien. Le reste du détachement pousse sur Perthes (nord du cours d'eau). Nous croisons des civils qui s'enfuient et annoncent que les Allemands ne sont plus qu'à 3 ou 4 km... Nous traversons avec précaution Sapignicourt. De là, au-dessus de la lignée de peupliers qui bordent le canal, nous apercevons de hautes flammes dans la direction de Perthes.»

Frais émoulu de l'école de Saint-Cyr, Maurice Géminel est un Meusien de 20 ans. Né à Beauzée-sur-Aire, ancien élève du lycée de Bar-le-Duc, il raconte12 : «Je continue vers Perthes, à une dizaine de kilomètres, avec le reste de mon groupe, mon char toujours en tête...» Les soldats croisent des civils. Des ordres aux chefs de chars : rentrer dans les tourelles, fermer les volets. Géminel, lui, reste debout afin d'observer. Ce qu'il voit : Perthes qui brûle... Soudain, «je ressens un choc formidable et je suis précipité au fond du char... Je réalise instantanément qu'un obus est entré par le volet avant et a frappé mon pilote en plein visage...» Camille D'Andréa, Italien de naissance de 23 ans, a été tué sur le coup. «Il me semble que je suis indemne. Ce n'est que plus tard que je comprendrai que l'obus est arrivé à l'instant précis où je me suis soulevé pour sortir ma tête à l'extérieur, et qu'ainsi, il m'est passé entre les jambes...» Le chroniqueur du bataillon poursuit : «Des coups partent des rives boisées du canal. La tourelle du char du sous-lieutenant Géminel est bloquée par des éclats d'obus et il devient impossible d'utiliser les armes du char. Une épaisse fumée se dégage du moteur et le feu se déclare à bord. Géminel essaie de dégager le corps de son mécanicien. Il ouvre la porte de la tourelle, se couche sur l'arrière du char et, sous une pluie de balles, se laisse rouler à terre dans un champ de blé... L'ennemi poursuit son bombardement. Le petit détachement se regroupe à 500 m, sous les ordres de Géminel. Les trois chars, le canon de 25 et le fusil-mitrailleur ripostent. Les Allemands semblent occuper solidement la rive opposée du canal. Des groupes se faufilent sur plus de 600 m de front. Le sergent, chef de pièce du canon de 25, est grièvement blessé. Il n'est encore que 7 h 30 et il faut absolument tenir toute la journée...»


Du côté des chasseurs, le sous-lieutenant Blanchou vient de perdre un de ses sous-officiers. Dans un compte-rendu adressé au commandant Waringhem et au capitaine Fosse, son commandant de compagnie, l'officier rapporte, à 7 h 45 : «Installation impossible, village occupé, à 7 h 30 une arme antichars ennemie a détruit un de nos chars : mécanicien tué. Le sergent Gay est tué (commandant le groupe de combat installé au sud de Perthes).» Marius Gay sera cité à titre posthume pour sa conduite lors des opérations : «Le 14 juin 1940, chargé d'atteindre les lisières du village de Perthes-sur-Marne (sic), s'est courageusement porté en avant sous le feu de l'ennemi. Est tombé mortellement blessé en entraînant ses hommes.»


Poursuivons la lecture de la relation du bataillon de chars : «Les munitions diminuent sérieusement... Le détachement manœuvre en retraite vers la deuxième ligne de défense... la Marne. Le canon de 25 est attelé, les blessés sont ramassés et les trois chars se replient les derniers. Un des trois chars reste à Larzicourt avec celui qui y est déjà, et les deux autres se rendent à Hauteville. L'un de ces deux chars est posté sur la route en direction d'Ambrières, et le dernier, ainsi que le canon de 25, est mis en position à une centaine de mètres du pont de la Marne (au sud). Le sous-lieutenant Géminel est sur le dernier char. A 9 h, tout est en place.

A 13 h 30, des coups de canons et d'armes légères se font entendre durant une heure environ. L'ennemi avance sur Larzicourt. De son char, Coulazou tire sans discontinuer sur l'ennemi qui attaque en force, et progresse en chantant. De nombreux soldats allemands tombent sous les balles de mitrailleuses tirées par le caporal-chef qui fait avancer son char afin de donner un peu de champ à notre défense. A trois reprises il se fait réapprovisionner par le tracteur, sans souci du danger, et reprend à chaque fois le tir. A Hauteville, le combat n'est pas moins intense. Vers 16 h, des fantassins ennemis apparaissent. On les voit du clocher de l'église où se trouve son observateur. Ils installent des mitrailleuses dans les fossés de la route et les bosquets avoisinants. Ils ouvrent le feu mais Géminel les réduit au silence avec sa mitrailleuse... De nouveaux éléments ennemis arrivent et, cependant aucun ne peut franchir le pont balayé par nos tirs. Nous avons l'impression que les troupes allemandes cherchent à passer la Marne en divers endroits pour nous prendre en tenaille. Soudain, une pièce antichar ennemie est mise en batterie à courte distance... Géminel a l'oeil : en quelques coups de canon de son char, il tue tous les servants de l'antichar.

Nous apprenons maintenant que l'ennemi a franchi la Marne à Frignicourt. En fin de journée, l'ordre de repli nous parvient au moment même où les troupes allemandes débouchent de partout à la fois... Le détachement se dirige sur Blaise, mais le village est déjà «occupé». Nos chars forcent le passage. Nous récupérons alors notre canon de 25 qui avait été capturé en début d'après-midi par l'ennemi. A l'approche de la nuit, nous nous replions, avec nos quatre chars criblés d'obus, et nos blessés, vers Drosnay. Ainsi, la mission qui nous avait été assignée a été remplie.»

«Je viens de retrouver mon bataillon et le capitaine, c'est inespéré, témoigne le sous-lieutenant Géminel. Le capitaine me prend dans ses bras et m'embrasse... Il m'explique que, pour lui, je n'existais plus (le caporal-chef Coulazou qui avait connaissance, avant de se replier, de la destruction du char piloté par d'Andréa, imaginait que j'avais également été tué)... Je fais alors un bref récit de la journée du 14 (sur 24 officiers combattants du bataillon, douze ont été tués ou blessés)...»13

C'est à 19 h que les chasseurs, qui ont perdu une quarantaine d'hommes «hors de combat», sont touchés par l'ordre de repli. L'officier qui l'apporte leur dit : «Si vous le pouvez sans accrochage grave, attendre la tombée de la nuit pour exécution du repli, sinon opérer par bonds successifs sur les trois axes...» Cet officier d'état-major de la division, c'est un certain capitaine Philippe de Hauteclocque, le futur maréchal Leclerc, d'ailleurs blessé le lendemain à Magnant (Aube). Le décrochage amène les hommes du commandant Waringhem jusqu'à Drosnay et Giffaumont14 pour y organiser des réduits (...) "


1Mis sur pied par le centre de mobilisation 74, le 74e RR est surtout composé de réservistes haut-marnais et alsaciens. Nous retrouverons cette unité commandée par le lieutenant-colonel Raoul tout au long de ce récit.

2Le lendemain, la compagnie Lapalu rejoindra les restes de son bataillon près de Thil (Aube), après être passée par Eurville, Wassy, Bailly-aux-Forges, Sommevoire et Nully. Elle ne comptait plus qu'une trentaine d'hommes, dont deux officiers et trois sous-officiers. Une autre compagnie, la 1ère du 48e bataillon de pionniers tunisiens (capitaine Leroy) aurait, selon un vétéran, «été décimée dans les bois de Saint-Dizier».

3Dans la nuit, le peloton Richard de l'escadron moto du GRDI 71, envoyé en mission par le général Mast, «pénètre dans Perthes que, vers 23 h, traversent en trombe 150 véhicules allemands...» L'escadron se porte alors sur Montier-en-Der.

4Les opérations de Saint-Dizier ont été détaillées par Roger Bruge («Les combattants du 18 juin», tome 1, Fayard) et par Alain Rivière («Les débuts d'une guerre, les débuts de nombreux malheurs»). Nous renvoyons nos lecteurs à ces deux publications.

5Peut-être Gaspard-Norbert-Aimé Champsaur (1893-1955), commandant de réserve de l'armée de l'air en 1938.

6De nombreuses batteries anti-aériennes ont été mises sur pied, avec des Haut-Marnais notamment, sous les écussons des 403e (futur régiment de Chaumont) et 404e régiments d'artillerie de défense contre avions (RADCA), positionnées de Chancenay à Chalindrey, en passant par Bricon. Le journal de marche de la 3e section (capitaine Charles Aubertin) de la 4e compagnie de mitrailleuses du groupement IV des Forces terrestres anti-aériennes, cantonnée à Torcenay, a été publié par le club Mémoires 52 en 1996.

7Le jardinier Paul Diot, blessé par balles, décède le 21 juin à l'hôpital. Selon Alain Rivière, quatre soldats sont morts aux abords de la mairie.

8Le Journal officiel conserve la trace, en 1941, de citations de soldats blessés dans la région de Saint-Dizier : le sapeur Joseph Rubert (102e bataillon du génie), blessé le 12 juin 1940 et amputé de la jambe gauche, le sapeur Marcel Vincent (1er régiment du génie), atteint «par éclat de bombe, le 14 juin 1940, à son poste, à Saint-Dizier, au cours d'un bombardement de l'aviation», amputé de la jambe droite, le caporal Henri Duniaud, du 3e RIC, blessé par balle le 15 juin 1940 «à son poste de combat à Saint-Dizier»...

9Rapport conservé par le Service historique de la Défense (SHD) à Vincennes.

10Trois militaires français sont tombés également le 14 juin 1940 à Ancerville : Marcel Esnault, Henri Senard et Laurent Fargal, tous appartenant, selon la municipalité, à la 102e section d'électriciens de campagne. Autres soldats tués le même jour dans des villages meusiens limitrophes de la Haute-Marne : le caporal Paul Carion et le sergent Louis Facon, de la 5e compagnie du 422e régiment de pionniers, à Baudonvilliers (sources : dossiers 1969 W 96 et 97, Archives départementales de la Meuse).

11Publiée dans «La Haute-Marne 1939-1944», Jean-Marie Chirol, Saint-Seine-l'Abbaye, 1984.

12«Blessures de guerre», document inédit communiqué au club Mémoires 52. Notre association a consacré une brochure aux opérations en Haute-Marne du futur colonel Maurice Géminel.

13Echappant à la capture, Maurice Géminel sera affecté au Maroc. Il se fait breveter parachutiste en Angleterre en 1943, intègre la mission jedburgh «Bunny» (sous le nom de capitaine «Gerville») et saute aux confins de la Côte-d'Or et de la Haute-Marne en août 1944. Touché à deux reprises en opérations (à Auberive et à Latrecey), le futur colonel Géminel aura donc reçu toutes les blessures de sa carrière militaire en Haute-Marne ! Membre du club Mémoires 52, il est décédé en 2013.

14Où le lieutenant Eysseric réunit des isolés du 14e régiment de tirailleurs algériens, du 12e régiment de zouaves et du 239e RI.