jeudi 15 mai 2025

Les crimes de la 3. Panzergrenadier-Division dans la Marne, 29 août 1944


Des prisonniers allemands à Saint-Dizier. Certains de ses hommes appartenaient peut-être
à la 3. Panzer-Grenadier-Division. (Collection club Mémoires 52).


     Dans la région de Saint-Dizier, la journée du 29 août 1944 restera à jamais marquée par la tragédie de la vallée de la Saulx. Ce jour-là, des militaires appartenant essentiellement au 29. Panzergrenadier-Regiment (Pz-Gren-Reg 29) ont assassiné 86 civils dans les communes meusiennes de Robert-Espagne, Couvonges, Beurey-sur-Saulx, Mognéville, Trémont-sur-Saulx. Sur ces massacres, une étude fondamentale fait autorité depuis 1994 : celle de l'historien Jean-Pierre Harbulot*. 

    Nous nous intéresserons ici aux crimes qui ont été commis ce jour-là, et vraisemblablement par le même régiment, dans les communes voisines marnaises de Cheminon et de Sermaize-les-Bains, et, de façon générale, aux exactions perpétrées par la 3. Panzergrenadier-Division dans le triangle Vitry-le-François - Bar-le-Duc - Saint-Dizier.

    Rappelons tout d'abord que cette division, retirée du front italien, est arrivée à partir du 20 août 1944 aux confins de la Champagne et de la Lorraine. Ses éléments ont été acheminés d'Allemagne par voie ferroviaire. Il ont débarqué notamment dans les gares de Mussey, près de Bar-le-Duc, et de Saint-Dizier. Ils avaient pour mission de recueillir les convois d'une division soeur - la 15. Pz-Gren-Div - retraitant depuis l'Aube. Puis ils se battront en Lorraine.  

    Voici quels furent leurs méfaits, selon les témoignages des habitants recueillis par les gendarmes, en 1944 et 1945.

Maurupt-le-Montois, 29 août 1944, dans la matinée

    Henri Thiéblemont, 52 ans : « Vers 8 h, j’ai été interpellé par un soldat allemand qui m’a ordonné de me munir d’une pelle pour aller travailler. J’ai obéi et il m’a conduit à la mairie où se trouvait déjà une quarantaine d’hommes de la localité. Un officier allemand nous a prévenus que nous étions considérés comme otages, que quatre soldats de l’armée allemande avaient été tués par des civils dans un village voisin et que si l’un de leurs hommes était blessé ou tué, nous serions tous fusillés. Ensuite, nous avons été enfermés dans l’école et gardés par une sentinelle en arme. Nous étions 44 [...]. Aucun mauvais traitement […] Cette détention a duré jusqu’au 30 août 1944 à 5 h, moment où les Allemands ont quitté Maurupt-le-Montois. » Ce témoin se souvient de militaires dont les uniformes étaient de couleur verte, arrivés dans la nuit du 28 au 29 août 1944.

  Louis Gillet, charpentier, affirme que ces Allemands, qui ont également commis des vols, « appartenaient au 29e régiment d’infanterie. Parmi eux se trouvait un Alsacien du nom de Schmidt (Joseph). » Le 29e RI correspond évidemment au Pz-Gren-Reg 29. 

    Durant la présence de ce détachement à Maurupt, village proche de Cheminon, une habitante a été violée, une autre a été victime d'une tentative de viol, mais un radio nommé Valter, originaire de Cologne, serait intervenu pour empêcher ce crime. 

Sermaize-les-Bains, 29 août 1944, vers 12 h 40 - 13 h 40

    Henri Polliat, 2, rue des Tuileries : « Il était 12 h 45 quand un détachement de soldats allemands est arrivé dans la ville, venant de la direction de Bar-le-Duc, transporté dans plusieurs véhicules automobiles. Une des voitures dans laquelle se trouvait un gradé s’est arrêtée dans la rue Lombard en face de ma fenêtre. Immédiatement, un groupe de ces soldats [a] mis une pièce de canon en batterie sur le jardin anglais et une mitrailleuse lourde à l’entrée de la rue Lombard et aussitôt, ils ont commencé le feu. Je suis descendu me mettre à l‘abri dans la cave avec ma femme. »

    A partir de cet instant, les Sermaiziens assistent ou sont victimes des exactions de ces soldats venant de la direction de Revigny-sur-Ornain. 

    Raoul Tannier, 95, rue de Vitry : « Des Allemands mettaient des pièces en batterie rue de Vitry à proximité de chez nous. Quelques secondes plus tard, des coups ont été frappés à la porte d’entrée de notre cuisine. […] C’était bien des Allemands, mais ceux-ci, au nombre de trois ou quatre, sont entrés en criant "Raoust". Nous sommes sortis aussitôt, ma femme, mon fils de 17 ans, et moi, et nous nous sommes réfugiés chez une voisine, Mme Sauvage... » 

    De nouveau, des Allemands surgissent, et font sortir les deux familles de cette maison. Dans la rue, poursuit Raoul Tannier, « des coups de feu étaient tirés de tous les côtés et, après avoir fait quelques pas, le frère de Mme Sauvage a été touché d’une ou plusieurs balles et s’est affaissé. Au même instant, j’ai reçu une balle (que j’ai su après provenir d’une mitraillette, au jarret gauche). J’ai réussi en me traînant à terre à gagner le petit chemin conduisant aux jardins du Pré Maurupt. Un Allemand qui passait rue de Vitry et qui se trouvait à environ 40 mètres de moi, m’a aperçu et me mit en joue avec son fusil. Je lui ai crié – Ne tirez pas. C’est inutile, je suis mort. Il a déchargé néanmoins son arme sur moi, mais sans m’atteindre. Mon fils, qui était avancé dans ce chemin, est revenu en arrière et m’a traîné dans un jardin environnant où je me suis caché dans des rangées de rames à haricots. Je suis resté là pendant deux jours... » L'autre civil blessé se nomme André Froment, 39 ans, qui décèdera des suites de ses blessures. 

    Louise Gigout, 7, rue du 6-Septembre : « Deux […] soldats ont mis deux fusils mitrailleurs en batterie dans la rue de Cheminon et ont aussitôt ouvert le feu. [...] M. Lambert qui était avec nous dans la cave est sorti pour essayer d’éteindre l’incendie. En pénétrant dans le magasin, il s’est trouvé en présence d’un soldat allemand qui a tiré deux coups de feu sur lui. J’ai entendu le corps tomber. [...] Le malheureux a été carbonisé... » Né à Thionville (Moselle) en 1899, Georges Lambert était qualifié de rentier. 

    Isabelle Delissus, de Chaville (Seine-et-Oise) : « Au moment de l’affolement des personnes voisines, mon mari est allé leur ouvrir la porte ; presqu’aussitôt deux soldats se sont présentés au domicile et nous ont fait sortir dans la rue en poussant des hurlements incompréhensibles, nous sommes donc partis et plusieurs coups de feu ont retenti. Mon mari, à ce moment, s’est affaissé, ayant reçu plusieurs balles explosives dans le dos, et a succombé deux heures plus tard. » Habitant la région parisienne, Louis Delissus est né en 1893 à Waly (Meuse). 

    Alphonse Paul, 79 ans, 63, rue de Vitry : « Je me trouvais dans mon jardin et ma femme était dans la cuisine. […] A mon arrivée chez moi, j’ai trouvé ma femme étendue sur le carrelage ; elle avait été tuée par des balles automatiques tirées par des soldats allemands... » Louise Simon, épouse Paul, est née à Harmonville (Meuse) en 1860.

    Lucienne Prevost, 44, rue de Vitry : « Deux de ces soldats ont pénétré dans la cour de l’immeuble, où habitaient également M. et Mme Schaff et leurs six enfants en bas âge. A leur entrée dans la cour, ces soldats ont tiré plusieurs rafales de mitraillettes et fusils mitrailleurs. […] M. et Mme Schaff qui étaient dans la cour ont été atteints. J’ai entendu M. Schaff crier "camarade", mais la fusillade n’a pas cessé, et je l’ai entendu crier à nouveau "Ha ! Les sauvages", alors qu’ils s’affaissait près de sa femme déjà tuée. Deux de leurs enfants, la jeune Arlette, âgé de 4 ans, et Eddie, âgée de 6 mois, ont été blessées. » Employé SNCF, Paul Schaff est né en 1909 à Bussy-la-Côte (Meuse), son épouse Paulette a vu le jour en 1913 à Favresse (Marne). 

    Après avoir mis sa femme et ses enfants à l'abri, Roger Chollet veut aller chercher ses beaux-parents, M. et Mme Petit, dont l'un ne peut se déplacer. Il sort avec une brouette mais se heurte à un soldat allemand.  « Alors qu’il parlementait, un autre soldat l’a abattu à coups de revolver à bout portant », raconte Henri Polliat, qui détaille ensuite le martyre du couple : il voit Augustine Petit (née en 1879 à Isle-sur-Marne) « sortir pour aller près de son gendre qui venait d’être tué à bout portant. Ils ont refusé  et alors qu’elle insistait, un soldat l’a repoussée et enfermée dans la chambre où était le mari ». Le feu est alors mis à leur domicile, et le couple périt. « La femme avait appelé à son secours en criant "Ouvrez-moi, ouvrez-moi" ». Albert Petit avait vu le jour en 1877 à Revigny-sur-Ornain, l'ouvrier raffineur Roger Chollet en 1904 à Koeurs-la-Petite (Meuse). 

    Hélène Mansion, domiciliée place de l'Hôtel de ville : « Mon mari s’étant présenté pour ouvrir la porte [du magasin d’alimentation] a reçu une rafale de mitraillette à bout portant. [...] La brute lui avait jeté du liquide inflammable sur le corps. Quand je suis arrivée près de mon mari, ses pieds et ses cheveux étaient en flammes. Sur mon intervention immédiate, le feu a été maîtrisé. » Epicier, Pierre Mansion est né en 1904 à Paris. 

    Auguste Voliker, 53, rue de Vitry : « [Les Allemands] sont descendus avec des armes automatiques et ont ouvert le feu dans les rues pour interdire aux habitants de circuler et ont mis le feu aux habitations. Etant à ma fenêtre, j’ai vu passer le Dr Fritsch à motocyclette. Arrivé en face de la rue de la Gare, il s’est fait arrêter par deux soldats allemands. Après avoir parlementé un instant, ils lui ont pris sa motocyclette et l’ont obligé à entrer sous le porche de l’immeuble appartenant à M. Haumont. »

    Estelle Haumont aperçoit le cadavre d’un homme, sous le porche de son domicile, 11, rue de Vitry. M. Vauthrin l’identifie : c'est le docteur Henry Fritsch, né à Angoulême en 1892, veuf, père de cinq enfants, âme de la Résistance à Sermaize. « Près de lui, se trouvaient un poignard allemand et un couteau ».

    Soeur de l'infortuné médecin, Magdeleine Fritsch réside au 2, rue de la Gare, avec ses neveux et nièces. Les Allemands pénètrent dans leur domicile : « Comme ils arrosaient la table d’essence, mon autre neveu Henri leur a demandé en allemand de ne pas brûler. Ils ont alors tiré sur nous de quelques mètres, deux balles sont passées au-dessus et à travers la porte. » La famille, dont la salle à manger a été victime d'un incendie, reverra plus tard des Allemands « sur le vélomoteur de mon frère le Dr Fritsch qu’ils venaient de lui voler après l’avoir tué »...

    Marguerite Cavafian : « Cinq [Allemands] m’ont menacée de leurs revolvers et cinq autres ont mis la maison au pillage. […] Voyant que j’allais être fusillée par ces brutes, je leur ai dit "vous aurez à répondre de votre crime devant notre ambassadeur. Je suis Espagnole et cousine de Franco". […] Un gradé [...] a fait placer un lance-flammes devant moi. » Mais grâce à ses mots, elle aura la vie sauve. 

    Doyen René Bollot, curé de Sermaize : « Il y a eu l’assassinat de Mme Antoinette Loisier qui était venue soigner sa mère infirme ; ils ont tiré sur la jeune fille et ont arrosé d’essence la mère à l’aide d’une pompe et ont ensuite mis le feu à la maison. La première est morte peu après dans une maison voisine où elle avait été transportée. La maman est actuellement en traitement à l’hôpital et complètement défigurée. » Antoinette Loisier a vu le jour à Sermaize en 1904, elle est décédée à l'hôpital de Thiéblemont, sa mère Marie était âgée de 78 ans.

    Une heure après leur arrivée, les soldats allemands repartent en direction de Revigny-sur-Ornain, laissant une population meurtrie et traumatisée. Selon le maire, André Goblet, 46 maisons ont été brûlées, 200 personnes sont sans abri. Il y a aussi onze tués - et six blessés dont deux ont succombé à leurs blessures, ainsi que Raoul Morressée, 59 ans.

    Le curé Bollot évalue la force présente à Sermaize à une cinquantaine d'Allemands, armés d'au moins trois pièces de canon (une rue de Vitry, une place de l'Hôtel de ville, une troisième dans le bas de la route d'Andernay), et de plusieurs armes automatiques.  Paul Estienne se souvient que "ces soldats qui étaient tous très jeunes étaient habillés en kaki". Le photographe Léon Boulanger a conservé, chez lui, un casque allemand portant le nom de Gesbler. Un autre nom apparaît dans l'enquête menée par le Service de recherche sur les crimes de guerre ennemis (SRCGE) : celui de l'oberleutnant Kohlmeyer, sans que l'on sache s'il est réellement impliqué dans ce crime. Ce qui est certain, c'est qu'un oberleutnant Kohlmeyer appartenait à la 3e compagnie du 1er bataillon du Pz-Gren-Reg 29, donc à un bataillon distinct de celui qui a commis les massacres dans la vallée de la Saulx voisine. 


Cheminon, 29 août 1944, vers 15 h

    Jules Reuter : « Vers 15 h, j’ai vu arriver trois camions de la direction de Trois-Fontaines. Ils se sont arrêtés à l’entrée du pays à environ 150 mètres de mon habitation. Immédiatement les soldats sont descendus et ont mis deux ou trois pièces de mortier en batterie de chaque côté de la route et ont ouvert le feu sur le pays. Un des soldats est venu me demander une hache à l’aide de laquelle il a coupé un poteau de la ligne téléphonique. »

    Jules Reuter, dont la grange a elle-même été incendiée, ajoute : « Je les ais vus faire sortir les habitants des maisons voisines et y mettre le feu. A certains endroits, ils avaient répandu de l’essence avant d’allumer ».

    Arthémise Pierrejean, 71 ans : « Alors que des soldats allemands mettaient le feu au pays, mon fils Marcel, âgé de 41 ans, qui rentrait des champs, a dû discuter avec un groupe de ces soldats rencontrés dans la rue au moment où ils pénétraient dans la cour de l’immeuble. Ces soldats ont tiré sur lui. Il s’est affaissé puis ayant encore fait quelques mètres, il a été atteint une deuxième fois et s’est affaissé à mes pieds où il a perdu connaissance. Les soldats qui le suivaient ont mis le feu à la maison et aux engagements. […] Aidée d’un homme qui m’avait entendu appeler, j’ai sorti mon fils blessé hors du lieu de l’incendie. Il est mort le 31 août à l’hôpital de Saint-Dizier. » Marcel Pierrejean est né à Cheminon en 1903.

    Selon les témoins, les Allemands étaient de 30 à 40. « Les soldats qui composaient [le détachement] étaient vêtus d’une tenue kaki, quelques-uns porteurs d’une culotte courte et coiffés d’une casquette, note le maire, René Connesson. Ils appartenaient à une unité de l’Afrika korps ». Cette troupe venait de la direction de Trois-Fontaines-l'Abbaye. Il ne s'agit vraisemblablement donc pas de celle qui a semé la mort à Sermaize-les-Bains. Jules Reuter rapporte les propos d'un soldat allemand pour expliquer ces crimes : « Nous savons tout dans le bas du village, les avions détruisent chez nous, nous allons brûler le village et les fermes, et partout où nous passerons nous agirons de même » Virginie Donot, qui tient un café, se souvient que parmi les quatre Allemands venus chez lui, un parlait « correctement le français » et déclarait : « On a tiré sur nous dans le pays voisins ».

    Un rapport rédigé par le maire fait état de 25 obus tirés « sur le centre du village, aux alentours de l’église ». Bilan de ce bombardement et des incendies : 43 maisons complètement détruites, 118 personnes sans abri, relogées dans des maisons inoccupées. « Un jeune cultivateur, voulant détacher son unique cheval dans l’écurie en flammes, a reçu, à bout portant, une rafle de mitraillette. Il est mort deux jours après. » Il s'agit de Jean Pillard, né à Cheminon en 1925, décédé à l'hôpital de Saint-Dizier le 30 août. Paul Pelletier, né en 1889 à Cheminon, « a été tué par un obus, son commis, le jeune Pilliard (Jean), a été mortellement blessé et sa belle-fille très grièvement blessée », précise René Connesson, qui ajoute que le curé, l'abbé Roger Martelet, né en 1888, « a été blessé par un éclat d’obus tombé sur le presbytère ». L'autre habitante blessée, Claire Pelletier, était âgée de 29 ans. 


    Blacy, Matignicourt, 29 août 1944

    D'autres crimes ont été perpétrés, ce jour-là, par des éléments de la 3. Panzergrenadier-Division.

    Ainsi, à Blacy, près de Vitry-le-François, comme le rapportent les enquêteurs du SRCGE : « Dans la nuit du 28 au 29 août 1944, un engagement eut lieu, entre des forces allemandes et des FFI de la localité et des environs. Trois de ces FFI : Baudry, Edouard, né le 23.3.1924 à Vitry-le-François, Minier, Michel, né le ?, 20 à 25 ans, Penhould, Robert, né le 2.10.1909 à Persan (Seine-et-Oise), ont été faits prisonniers par les Allemands, puis exécutés peu après. Au cours de l’engagement, trois Allemands blessés avaient été faits prisonniers par les FFI et emmenés à l’hôpital de Thiéblemont : ce sont : Heinz, Siegle, demeurant à Secheppoch Krs. Obringen (All), numéro de matricule 26247/44, Hapski, Georges, demeurant à Hanovre, Bouvier, Edgard, demeurant à Berlin, numéro matricule 1074. Les deux derniers sont décédés à l’hôpital de Thiéblemont. Heinz a été fait prisonnier par les Américains le 11 9 1944.

    A l’endroit où se tenait le commandant de l’unité qui passait les FFI en jugement, il a été trouvé un papier portant l’inscription "Lieutenant From, 3 Division Grenadiers Panzers" ».

    A Matignicourt, selon le rapport de l'inspecteur Ragon (4 avril 1946), « un groupe d’auto-mitrailleuses ennemies au repos » a été attaqué par les FFI du maquis des Chênes. L'engagement a fait, côté FFI, deux tués et sept prisonniers. « Vers 16 h, les autos blindées quittèrent Matignicourt avec les prisonniers juchés sur les voitures et se dirigèrent vers Saint-Dizier. Elles s’arrêtèrent dans cette ville, avenue de la République, où quelques prisonniers furent reconnus par M. Vaysselle [Vesselle] Jacques... » Le détachement continue sa route jusqu'à Bar-le-Duc et arrive à Naives à 19 h 45. Là, six des sept prisonniers sont fusillés. Le septième - le lieutenant Claude Lamort de Gail - est vu le 30 août 1944 au matin dans une voiture, avec quatre Allemands. On ignore toujours son destin. Dans la chambre du village où a couché un général, une boîte portant le nom d'oberst (colonel) Kecker (sic) a été retrouvée. Horst Hecker était le nom du commandant de la 3. Pz-Gren-Div. 

    Dans d'autres communes marnaises où  le SRCGE a enquêté, ont été identifiés, à Vroil, la présence de la Stabkompanie (compagnie d'état-major) du 3e bataillon du Pz-Gren-Reg 29 ; à Cloyes et Norrois, le "peloton" commandé par un certain leutnant Beier du Panzer-Aufklarung-Abteiling 103, l'unité de reconnaissance de la division, à laquelle appartenaient certainement les auto-mitrailleuses de Matignicourt, Cette unité peut être identifiée grâce au numéro de feldpost (20 768 B) associé à un obergefreiter nommé Lorenz. 

    A l'issue de leur enquête, les autorités militaires françaises impliqueront les officiers suivants appartenant à ce régiment, et notamment dans les massacres de la vallée de la Saulx : le major (ou oberstleutnant) Dr Kurt Schaefer, le hauptmann Gerhard Wehrmann, né en 1914, commandant du III/Pz-Gren-Reg 29 - il s'agit vraisemblablement de l'officier sur lequel des résistants ont tiré vers 9 h 30, entre Baudonvilliers et Robert-Espagne, provoquant les crimes commis dans la journée -, le leutnant Edmund Fritsch, appartenant à la 10e compagnie du même bataillon, tandis que l'oberleutnant Wilhelm Dauer était impliqué dans des crimes à Martincourt et Mamey, en Meurthe-et-Moselle. 

    

* Sources consultées : 163 W 3158, 3171, 3177, AD 51 ; 102 W 72, 77, AD 54 ; 179 J 1, AD 55 ; « Les massacres du 29 août 1944 dans la vallée de la Saulx », in La vallée de la Saulx. Journées d'études meusiennes, Bar-le-Duc, Société des Lettres, Sciences et Arts de Bar-le-Duc. 1999, p. 43-121. [texte d'une communication présentée aux XXIIe Journées d'études meusiennes organisées à Stainville les 1er et 2 octobre 1994 par l'Institut d'études lorraines de l'Université de Nancy 2].

Prochain volet : les crimes de la 15. Panzergrenadier-Division dans l'Aube et la Haute-Marne. 




    


    

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