mercredi 1 octobre 2025

Alfred Migeot (1920-1945), un Langrois mort en déportation



Alfred, Jean Migeot naît le 28* septembre 1920 à Paris 18e, au 61, rue des Cloys. Il est le fils de Charles Migeot, employé de chemin de fer, et de Marie, Rose Porte, ménagère. Ses deux parents sont natifs de Larivière-sur-Apance (Haute-Marne). Au moment de la naissance de ce fils cadet (l'aîné, René, a vu le jour en 1918), la famille réside au 9, rue Caillié (appartement 8), quartier de la Chapelle. Puis elle retourne en Haute-Marne, à Langres, où naît un troisième enfant, Geneviève (1933-2024). Les Migeot résident au faubourg des Auges. 

Employé par la SNCF comme auxiliaire, affecté à la gare de Langres, Alfred Migeot est membre des Jeunesses communistes, comme son frère René. Selon leur maman, il aide son père, également cheminot à Langres, à réparer les voies coupées en juin 1940 au moment de l'invasion. Tous cheminots, Charles, René et Alfred Migeot sont au nombre des cinq communistes langrois qui figurent sur une liste de personnes à surveiller, établie en octobre 1940 par la préfecture de la Haute-Marne. Peintre de profession, Alfred Migeot réside encore à Langres à la date du 16 mai 1941. Ce jour-là, son frère aîné, qui travaille à Chalindrey, vient le rencontrer dans la cité avant une distribution de tracts. L'évènement fait l'objet d'une enquête de police.

Le 22 juin 1941, la Feldgendarmerie arrête Charles Migeot, retiré depuis quelques mois dans son village natal de Larivière-sur-Apance. Contrairement à ce qu'indique un document préfectoral, Alfred Migeot n'est pas pris dans ce coup de filet visant les militants et sympathisants du PCF. Tout comme son frère René, il parvient à fuir. De source familiale, Alfred Migeot gagne la Zone libre où il s'engage début 1942 au 405e régiment d'artillerie de défense contre avions (RADCA) à Istres. Rendu à la vie civile en novembre 1942, requis du STO, il rejoint la clandestinité, après s'être peut-être caché à Larivière.

Selon ses déclarations, Alfred Migeot, qui se dit palefrenier à Bayannes (Drôme), gagne un camp de réfractaires basé à Theys, dans l'Isère, en octobre 1943. Il quitte ce camp assez rapidement et, avec trois camarades - Julien Sagot, enseignant normand, André Dessaigne et Henri Pollez -, il se fixe dans une maison abandonnée près de Saint-Appelinard (Isère). 

En décembre 1943, un homme est exécuté près de Saint-Marcellin. Il était soupçonné d'avoir dénoncé le maire d'une commune. Cet homicide, ainsi que des vols de bicyclettes, sont imputés aux quatre clandestins qui sont arrêtés le 4 février 1944, dans leur repaire, par les gendarmes de Saint-Marcellin. Coïncidence : le chef de la brigade de gendarmerie qui procède à leur interrogatoire, le lieutenant Charles Morel, est lui aussi originaire de la Haute-Marne (Bologne) - il sera un grand combattant du Vercors.

Migeot, Sagot, Dessaigne et Pollez sont transférés à la maison d'arrêt de Grenoble, puis à la prison Saint-Paul de Lyon. Ils sont tous quatre déportés le 29 juin 1944 de Lyon à destination du camp de Dachau, où le Langrois a le numéro matricule 75 908. Passé le 21 juillet 1944 à Flossenburg, Alfred Migeot est déclaré décédé le 1er février 1945 au Kommando de Leitmoritz (Tchecoslovaquie). Selon sa fiche de déporté Arolsen, il était domicilié à Châteauneuf (Drôme) au moment de son arrestation. Il a été homologué au grade de sergent.

Son frère René, commissaire militaire interrégional FTPF dans le Sud-Ouest, a été fusillé le 26 janvier 1944 au camp de Souge, près de Bordeaux. Son père Charles, déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, y est décédé le 30 septembre 1942. Sa mère Marie-Rose, arrêtée par la police française le 8 août 1942, a pu retrouver son foyer. Elle est, avec sa fille, la seule survivante de cette famille.

Sources : Dossier 52 n°1 (juin-juillet 1997) - Archives dép. de la Haute-Marne, 342 W 307 - Arch. dép. de la Côte-d'Or, 32 U 19 et 1072 W 2-230 - Ach. dép. du Rhône, 1035 W 67 - Archives Arolsen - Etat civil de Paris.

* Et non le 27 septembre 1920 comme il est couramment admis.

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