mardi 24 juin 2025

Le colonel "Raymond" : Marcel Deneux (1907-1945)


Marcel Deneux, mort après la libération de Neuengamme. (Source : archives Arolsen). 


Le dictionnaire Le Maitron consacre une notice biographique à Marcel Deneux, résistant communiste mort en déportation, qui nous intéresse parce qu'il fut peut-être interrégional dans la Champagne-Bourgogne. Nous vous présentons ici son parcours de FTP sur la foi de son dossier d'homologation FFI conservé à Vincennes.

Marcel, Emilien Deneux est né le 23 juin 1907 à Breteuil-le-Vert (Oise). Ses parents, Paul, Eugène, Clovis Deneux, manouvrier, et Marthe, Emilienne Devoye, ménagère, sont domiciliés au hameau de Cannetecourt. 

Le 12 mai 1927, Marcel Deneux est appelé, pour son service militaire, au 18e régiment du génie, où il obtient le grade de caporal. Il se marie le 20 août 1930 avec Mauricette Fauchart à Nogent-sur-Oise. Le couple n'a pas d'enfants. Militant communiste à Creil (Oise), Marcel Deneux exerce la profession d'employé principal de bureau à la SNCF.

Marcel Deneux est de nouveau appelé au 18e génie, comme télégraphiste, le 6 septembre 1939. Selon son épouse, il est "fait prisonnier le 23 juin 1940, libéré comme employé du chemin de fer le 13 juillet 1940". Il revient à Nogent-sur-Oise, où il est domicilié au 3, place Victor-Hugo.

De l'Oise à une subdivision

Son épouse indique qu'il rejoint le FN le 16 juillet 1941, puis les FTPF le 15 mars 1942 : "Le 15 juillet 1941, mon mari [...] a quitté Nogent à cette date pour rejoindre son groupe qui était dans la région parisienne sans pouvoir vous préciser le lieu." Georges Jonneau précise que Marcel Deneux est d'abord responsable départemental des FTPF. Futur commissaire militaire interrégional de l'interrégion 27, Maurice Mignon, alias Théo, témoigne : "J'ai participé avec lui à plusieurs faits de résistance tels que : le 1er mai 1942 au sabotage des moteurs des Forges du Nord-Est [à Montataire] ; le 14 juillet 1942, forges et compresseurs des Etablissement Brissonneaux ; le 12 juin 1942, au déraillement de la ligne Paris-Amiens à Cauffry ; le 24 juillet 1942 au déraillement sur la ligne Paris-Saint-Quentin à Chevrières et le 10 mars 1943, au déraillement de la ligne Paris-Creil".

La suite de son parcours est entourée de nombreux mystères.

Selon le Comité militaire national des FTPF, Deneux aurait commandé les FTPF dans l'Oise, la Somme, la Seine-Inférieure, le Calvados, l'Eure et l'Eure-et-Loir (interrégion 27) - dès septembre 1941, selon Maurice Mignon -, puis il aurait été nommé en septembre 1942 adjoint au commissaire militaire national Albert Ouzoulias (André).

D'après son épouse, Marcel Deneux, connu sous l'alias Raymond, aurait également été "nommé inter pour les départements de l'Yonne, l'Aube, la Marne, la Haute-Marne [ce qui est une erreur, la Haute-Marne dépend de l'interrégion 21]". On sait en effet, grâce à un courrier du colonel Ouzoulias daté du 20 avril 1944, que le commandant Fernand Grillot (Germain) a reçu l'ordre de se consacrer à la fonction de COIR (commissaire aux opérations interrégional) dans l'IR 28, et que Raymond (Deneux) le remplacerait comme subdivisionnaire jusqu'au 1er mai 1944. En effet, le grade de colonel (ou de lieutenant-colonel) aurait été attribué au cheminot de l'Oise le 7 avril 1944, et sa citation à l'ordre du corps d'armée indique qu'il a été "placé à la tête de 24 départements", ce qui s'apparente à une fonction de subdivisionnaire (interrégions 21, 23 et 28). Notre hypothèse, c'est que Deneux était à la disposition du comité militaire national qui lui confiait différentes missions temporaires, au gré des besoins*.

Manifestement, sa mission de subdivisionnaire est prolongée au-delà du 1er mai 1944 puisque c'est dans le Cher, à Vierzon, que le colonel Raymond est arrêté par les Allemands le 26 mai 1944, "dénoncé par son agent de liaison [B...] André (alias Desbois)" selon Mauricette Deneux.

Déporté à Neuengamme

Le cheminot est emprisonné à Bourges où, indique son épouse, il est "torturé pendant un mois : coups de nerfs de boeuf, pieds brûlés, courant électrique par tout le corps". Interné au camp de Compiègne-Royallieu à compter du 1er juillet 1944, Marcel Deneux est déporté le 15 juillet 1944 en direction du camp de Neuengamme, où il a le domicile 36 835.

La fin de sa vie, Mauricette Deneux la raconte : "libéré par les Anglais le 29 avril 1945, hospitalisé à Sandbostel, gravement malade, et décédé le 10 mai 1945". Elle qui a reçu le 17 mai 1945 une lettre de son époux annonçant sa libération n'apprend sa disparition que par un acte de décès adressé par la Croix-Rouge anglaise le 1er février 1946. Il était âgé de 38 ans.

Marcel Deneux a été homologué en 1948 au grade de commandant à compter du 1er mai 1944. Il est médaillé de la Résistance (1960).

Il "est considéré par moi comme le premier et le meilleur résistant du département de l'Oise" (Maurice Mignon).

Sources : dossier d'homologation de grade FFI, GR 16 P 174 675, SHD Vincennes ; état civil de Breteuil-le-Vert (Oise) ; archives Arolsen ; Albert OUZOULIAS, Les Bataillons de la Jeunesse, éditions sociales, 1967.

* Selon le colonel Ouzoulias, Deneux, secondé par Pierre Georges (Fabien), dirigeait durant l'hiver 1943-1944 une école des cadres FTP dans une ferme de l'Oise. 


jeudi 12 juin 2025

Quelques héros américains de la libération de Saint-Dizier, 30 août 1944

 


        Mise en valeur par Jean-Marie Chirol, futur créateur du club Mémoires 52, dès 1984, la part prise par le 35th Tank Battalion dans la libération de Saint-Dizier (30 août 1944) est bien documentée. Il est vrai que c'est ce bataillon de chars de la 4th Armoured Division (division blindée américaine) qui a payé le prix le plus fort de la conquête de la région bragarde, perdant deux tués et un char lors du combat de Chancenay.

    Chef du peloton qui s'est distingué à Chancenay, le 1st leutnant James Leach, du 35th, a d'ailleurs été proposé pour la Bronze Star dès le 8 septembre 1944.

    La Bronze Star Medal (médaille de l'étoile de bronze) est l'une des plus importantes distinctions militaires américaines. Pour les opérations de Saint-Dizier, elle a davantage été proposée à des hommes du 53rd Armoured Infantry Battalion, l'unité d'infanterie portée du Combat Command A (CC A) de la 4th AD qui a pris Saint-Dizier. Le bataillon était sous les ordres du lieutenant colonel George Lawrence Jaques, 34 ans, le futur héros de Bastogne, qui commande alors la colonne chargée de s'emparer de la cité haut-marnaise. Le bataillon, d'où sont issus les récipiendaires cités ci-dessous, est entré par l'Ouest dans la ville, remontant, avec la compagnie Miller du 35th TB, l'avenue de la République pour rejoindre le centre-ville et participer au nettoyage de la cité.

Le nettoyage, avenue Alsace-Lorraine (quartier de Gigny), par les fantassins de la division.
(Collection club Mémoires 52).


    Pour leur comportement le 30 août 1944 à Saint-Dizier, ont été proposés, pour la Silver Star, le captain Henry A. Crosby, et, pour la Bronze Star : le sergeant Mario J. DeFelippo, du Massachussets, le technician firth grade Arthur B. Kosofsky, du Massachussets, les private Joseph P. Maciorkowski, du New Jersey, Albert E. Ferguson, de l'Etat de New York, Angelo M. Scaltrito, du New Jersey, et Joseph Amann, de l'Etat de New York.

    Par ailleurs, et c'est une révélation, un officier du bataillon, le captain John R. Finnegan, a été proposé pour la Purple Heart. C'est-à-dire qu'il a été blessé lors des opérations de Saint-Dizier. Né en 1918, originaire lui aussi de l'Etat de New York, il servait dans la company A du 53th AIB et devait tomber au combat le 23 février 1945.


Le portrait du capitaine John R. Finnegan (1918-1945).
Source : Find A Grave. 

    Autre officier proposé pour la Bronze Star, mais pour les opérations du 31 août 1944 aux alentours de Saint-Dizier : le 2nd leutnant Harold G. Kimpel, du 25th Cavalry Reconnaissance Squadron. C'est cette unité de la 4th AD qui a perdu un tué ce jour-là entre Joinville et Donjeux (le sergeant Edward L. Rogers). Kimpel devait lui aussi tomber, quelques jours plus tard, le 13 septembre 1944, à l'attaque de la colline Sainte-Geneviève, sur la Moselle.

Sources principales : National Archives ; La Haute-Marne et les Haut-Marnais durant la Seconde Guerre mondiale, club Mémoires 52, 2022.

mardi 3 juin 2025

Les cosaques de la Wehrmacht en Haute-Marne, février - septembre 1944

Les obsèques d'un cosaque dans une caserne de Chaumont. (Collection club Mémoires 52).


La mémoire collective les appelle "les Vlassov", du nom d'un général soviétique passé au service du IIIe Reich. Dans le cas des troupes russes présentes en Haute-Marne en 1944, le terme est incorrect. Les unités cosaques qui se sont installées dans le département en février 1944 ont, en réalité, été recrutées parmi les prisonniers de guerre de l'URSS.

    Dès le 15 février 1944, Jean Eglenne, commissaire de police à Chaumont, rend compte au préfet de la Haute-Marne que "la population commente peu favorablement l'arrivée des contingents cosaques dans les casernes de Chaumont. Leur état de saleté répugnant et leur laisser-aller ont fait très mauvaise impression".

    Dans un article publié dans le numéro 166 de 39-45 magazine (avril 2000), Alain Chazette apporte d'utiles précisions sur ces hommes. Ils appartiennent à la Freiwilligen-Stamm-Division (division de remplacement de volontaires) dont l'état-major divisionnaire est créé à Lyon en février 1944. Deux régiments de cette division sont présents en Haute-Marne : le Freiwilligen (Türk)-Stamm-Regiment 3, commandé par le major Wilhelm Sebald puis le major Werner Anton (notamment à Langres, Chaumont et Gray), et le Freiwilligen (Kosaken)-Stamm-regiment 5 (à Autun, Chaumont et Langres). Grâce aux numéros de boîtes postales de campagne (feldpostnummer) identifiés par la délégation régionale de Reims du Service de recherche des crimes de guerre ennemis (SRCGE), nous savons notamment que la Jung-Kosaken-Schule (école de jeunes cosaques) du Freiw-Stamm-Reg. 5 était cantonnée à la caserne Turenne de Langres (FP 56 188).

    L'officier commandant à Chaumont les cosaques du quartier Foch (devenu caserne Adolf-Hitler) se nommait Felix Kupper. Sa logeuse, Odette Daverio, domiciliée au 86 bis, avenue de la République (à proximité de la caserne), se souvient que ce rittmeister qu'elle a accueilli à partir de février 1944 "venait [...] de la région de Pontarlier et de Lons-le-Saunier", après avoir servi à Varsovie durant l'automne 1943. Les enquêtes conduites par la SRCGE indiquent que Kupper était âgé de 35 à 40 ans environ, mesurait tantôt 1,70 m, tantôt 1,88 m, et était domicilié à Innsbruck (Autriche). On peut supposer que Felix Kupper commandait l'un des trois groupes d'escadrons (reiter-abteilung) du Freiw-Stamm-Reg. 5 : le 1er. De source allemande, le II. Reiter-Abteilung a été formé par le II./Ost-Reiter-Abteilung 454, le III. Reiter-Abteilung par l'Ost-Reiter-Abteilung 403. Les oberst Rudiger von Wedel, Aleksander von Bosse et Rudolf Stabenow auraient successivement commandé ce régiment.

    D'après les souvenirs d'Odette Daverio, les officiers casernés à Chaumont se nommeraient Hoffermann (ou Offermann), Hartmann, Niemann et Alex Lekoff (sic). A Langres, selon le maire Charles Beligné, le commandant des troupes était le hauptmann Kleihans (ou Kleinhans). Un de ses officiers était un leutnant nommé Zulkloff 

    Les opérations

    Jusqu'en juin 1944, la division ne fait pas particulièrement parler d'elle en Haute-Marne. Puis, le 15 juin 1944, elle participe à l'attaque du maquis de Laferté-sur-Aube. D'après le SRCGE, ce sont des troupes venues de Chaumont, Châtillon-sur-Seine et Vesoul qui ont pris part à cette opération, se soldant par la mort de deux FFI. Le chef du maquis (adjudant Maurice Ghirardi) croit savoir que le hauptmann Wickermann et l'oberleutnant Offermann commandaient les Russes engagés dans cette opération.

    Puis, le 30 juin 1944, ce sont toujours des cosaques de Chaumont, sous les ordres du rittmeister Kupper et du leutnant Lange, qui détruisent le maquis de Voisines, près de Langres (16 FFI et un civil tués ou exécutés). Selon la justice, une force évaluée à 800 hommes auraient été mobilisée.

    Le 8 juillet 1944, un important contingent de cosaques quitte la Haute-Marne pour aller combattre les maquis de l'Ain et du Haut-Jura. Chauffeur réquisitionné, l'abbé Pierre Perchet, de l'école de Malroy, témoigne être parti à 13 h 30, ce jour-là, du quartier Foch de Chaumont, pour prendre la direction du Jura via Langres, Champlitte et Gray. Il situe la fin de cette expédition au 23 juillet 1944, tandis qu'un chauffeur jurassien réquisitionné sur place se souvient, pour sa part, avoir ramené les troupes allemandes à Langres le 21 juillet 1944. Dans un compte-rendu ultérieur, l'abbé Perchet note qu'une des trois colonnes ennemies était dénommée K (les deux autres : B et W). Le K fait-il référence à Kupper ? C'est une hypothèse. Le prêtre rapporte surtout les nombreux massacres de civils dont il a été le témoin, notamment à Dompierre-sur-Mont et Dortan.  

    Durant la deuxième quinzaine du mois d'août 1944, tandis que les forces alliées se rapprochent du département, les cosaques sont déployés dans de nombreuses localités de la moitié sud de la Haute-Marne, et notamment dans le sud-ouest. D'après les témoignages d'habitants, ils sont ainsi une centaine à Faverolles (à partir du 15 août 1944), environ 300 à Auberive, environ 80 à Châteauvillain, etc. D'autres détachements sont présents aux promenades à Arc-en-Barrois, sur le terrain d'aviation de La Vigneulle à Rolampont, où sont rassemblés des dizaines de chevaux et poulains, à Doulevant-le-Château... "D'après les renseignements que j'ai pu recueillir, ces militaires venaient d'Autun (Saône-et-Loire), d'ailleurs ils se vantaient d'être les auteurs du pillage de cette ville", témoigne Angéline Ubry, employée de La Poste à Faverolles.

    Durant cette période, les crimes sont nombreux. Les 22 et 23 août 1944, trois résistants (Suzanne Lamy, Geneviève Aubertin, Robert Ingret) sont exécutés à Auberive. Le 24, le détachement de cosaques de Châteauvillain, associé à des troupes portant l'uniforme de la Lufwaffe, massacre 17 habitants du bourg, tandis que le même jour, une force estimée à 300 Russes et Allemands entre dans Giey-sur-Aujon - où la veille un cosaque a été tué lors d'un accrochage avec des parachutistes SAS - avec trois pièces d'artillerie et des chevaux et se livre au pillage. Pour le massacre de Châteauvillain, le SRCGE met en cause le Freiw-Stamm-Reg 5, I. reiter-abteilung. D'après les témoignages des habitants, un capitaine nommé Ackermann (Wickermann ?) serait le chef des deux détachements ayant commis ce crime, les cosaques étant commandés par deux lieutenants dont un reconnaissable à ses tatouages sur les bras. Le 27, le détachement de Faverolles se porte à Marac où un habitant, Justin Cheminade, est abattu... Selon le témoignage du maire de Saint-Loup-sur-Aujon, la colonne de 300 Allemands qui opère dans le secteur de Saint-Loup, Courcelles-sur-Aujon, Eriseul, à la recherche de "parachutistes américains", fin août 1944, ne viendrait pas de Chaumont... mais de Vesoul (hypothèse non vérifiée)...

Un repli jalonné par des crimes

    Alors que Saint-Dizier est tombée le 30 août 1944, que Chaumont est menacée le 31 août, les éléments de la Freiwilligen-Stamm-Division reçoivent l'ordre de repli vers l'Est. Les détachements disséminés en Haute-Marne rejoignent Chaumont ou Langres avant de s'en aller. Ce serait ainsi l'unité de Rolampont qui, après avoir pris le 28 août la direction de Langres par le chemin de halage du canal, exécute un habitant de Torcenay, Paul Noirot, le 31 août 1944.

    Selon Odette Daverio, c'est le 1er septembre 1944 que le rittmeister Kupper quitte le quartier Foch à la tête d'une compagnie. Les témoignages de personnes habitant sur l'axe route nationale 417 permettent de connaître son itinéraire, marqué ce jour-là par plusieurs crimes. Notons d'abord que cette colonne est accompagnée de cultivateurs requis dans plusieurs localités : Faverolles, Villiers-sur-Suize, Chamarandes, Laville-au-Bois, Biesles...

    Les cosaques passent par Mandres-la-Côte. Au carrefour de Nogent, ils croisent le chemin de deux résistants en mission et un civil qui sont pris sous son feu, vers 14 h. Deux hommes sont tués (Maurice Boé et Lucien Mongin), le troisième grièvement blessé (Jean Raclot). En passant ensuite par la ferme Coupas, territoire d'Odival, les Russes réquisitionnent un nouveau civil, Henri Thierry. Poursuivant son repli sur la RN 417, cette colonne parvient à Is-en-Bassigny. Là, dans l'après-midi (un témoin dit : vers 17 h), elle arrête trois civils qui se trouvaient auprès d'un avion de chasse américain abattu dans la matinée à Is-en-Bassigny, non loin de Montigny-le-Roi. Ces trois hommes - le ciselier Marius Blot, Pierre Moussu et Pierre Iemolini - "ont été emmenés par trois cosaques en direction de Montigny", note un témoin. 

    Au même moment, au garage Henry de Montigny-le-Roi où des camions sont en réparation, un habitant, Paul Tisserand, aidé d'un employé, Serge Charles, vole un fusil au détachement russe. Ils sont arrêtés et, avec les trois otages pris à Is-en-Bassigny, ils sont fusillés vers 18 h 30, à la sortie de Montigny, en direction de Bourbonne-les-Bains. Parmi les officiers allemands présents alors dans le bourg, les témoins se rappellent d'un lieutenant, brun, mesurant 1,80 m, portant le bras gauche en écharpe (et qui aurait été blessé à la fesse droite), d'un capitaine de forte corpulence, de même taille, mais blond, ainsi que d'un colonel.

    Les auteurs du massacre de Montigny appartiennent peut-être au détachement de 50 hommes qui passe la nuit dans le village voisin de Meuse. Le 2 septembre 1944, le gros de la colonne quitte à son tour Montigny-le-Roi pour Bourbonne, puis Jussey (Haute-Saône), où les requis civils sont libérés.

    Et ensuite ? Selon un Chaumontais, qui dit avoir recueilli les confidences d'un déserteur tchécoslovaque, ces cosaques se seraient révoltés à Jussey où ils auraient tué leurs officiers allemands. Il y a manifestement confusion avec un évènement bien connu : le passage à la Résistance, effectivement dans ce secteur, le 27 août 1944, d'un bataillon de la 30. Waffen-SS-Division composé de soldats ukrainiens et sous les ordres du major Hloba (le BUK). En réalité, le Freiw-Stamm-Reg. 5 semble se battre dans le Territoire de Belfort et en Alsace.

    A la libération, des mandats d'arrêt seront délivrés par la justice militaire française contre plusieurs officiers de la Freiwilligen-Stamm-Division accusés de crimes de guerre en Haute-Marne, en Côte-d'Or, dans le Jura et l'Ain. Nous ignorons qui, parmi eux, a pu être retrouvé, traduit devant la justice et condamné. 

Sources consultées : 163 W 3156, 3159, 3161, 3170, 3175 et 3178, AD 51 (Reims) ; 39-45 Magazine ; La Haute-Marne et les Haut-Marnais durant la Seconde Guerre mondiale, club Mémoires 52, 2022.