De 1862 à 1867, l’armée de Napoléon III servit au Mexique, où il s’agissait de placer un souverain européen en lieu et place de Juarez. L’expédition échoua, Maximilien, le prince autrichien proclamé empereur mexicain, fut exécuté. Les Français veulent bien se rappeler que c’est lors de cette campagne qu’est intervenu l’héroïque combat de Camerone (le 30 avril est le jour de la fête de la Légion étrangère), tandis que les Mexicains célèbrent chaque année la victoire de Puebla (celle de 1862).
Plusieurs officiers haut-marnais ont pris part à cette expédition. Au moins deux (le colonel Martin et le chef d’escadron de Montarby) y trouvèrent la mort, et deux officiers du 1er zouaves s’illustrèrent le 6 avril 1863 lors du deuxième siège de Puebla (le commandant Carteret-Trécourt et le lieutenant Galland, futurs généraux). En voici un essai de recensement, grâce à leurs dossiers de membres de la Légion d’honneur et à l’ouvrage de Jean-Marie Chirol, « 251 personnages du pays haut-marnais ».
- colonel Simon-Hubert Carteret-Trécourt : né le 3 janvier 1821 à Rolampont, il découvre le Mexique en 1862. Il est alors chef de bataillon au 1er régiment de zouaves. Carteret-Trécourt se distingue avec ses hommes (dont un Haut-Marnais, le lieutenant Galland) lors de l’assaut de la ville de Puebla, le 6 avril 1863, au cours de laquelle il est blessé – la ville tombera le 19 mai. Promu lieutenant-colonel le 13 août 1863, il est affecté le 5 mars 1864 dans l’illustre Régiment étranger (le héros de Camerone). Commandant de la place d’Oajaca, il est nommé colonel du 95e régiment d’infanterie en 1865, puis du 1er zouaves en 1866. Général de brigade (1870), il sera blessé et pris à Sedan. Inhumé en 1885 à Rolampont.
- lieutenant-colonel Jules Martin, né le 14 septembre 1819 à Thilleux : fils d’un officier du Premier Empire (le lieutenant de cuirassiers Rémi-Armand Martin), il débarque au Mexique comme lieutenant-colonel au 2e régiment de zouaves. Passé colonel du 62e régiment d’infanterie, il trouve une mort héroïque, renversé par un boulet, le 21 septembre 1864, à Estanzuela. Un article lui a été consacré dans « Les Cahiers haut-marnais ».
- chef d’escadron Jean-Baptiste-Victor Davenet : né à Châteauvillain le 19 mars 1821, fils de Jean-Baptiste et de Julie-Marguerite Cousin, il embrasse la carrière militaire en 1842. Saint-Cyrien, il est capitaine de 2e classe lorsqu’il arrive au Mexique en 1862 au sein de l’état-major de la 2e division d’infanterie. Il est cité pour sa conduite au siège de Puebla (il a été blessé d’un coup de feu à la jambe gauche le 18 avril) et promu chef d’escadron le 12 mai 1863. Il fera fonction de chef d’état-major de sa division. Après la guerre de 1870, il sera fait général de brigade en 1876, puis de division en 1883. Il retrouve son département natal, recevant par décision du 4 août 1885 le commandement de la 13e division d’infanterie à Chaumont. Grand officier de la Légion d’honneur, il meurt à Bologne le 18 décembre 1896. Une rue de Châteauvillain porte son nom.
- chef d’escadron Oswald-Benigne de Montarby : né à Dampierre le 13 juin 1828, fils d’un cavalier de la Garde impériale, ce Saint-Cyrien est capitaine au 1er régiment de chasseurs d’Afrique lorsqu’il arrive au Mexique, commandant le 6e escadron. Il s’illustre lors d’un combat le 3 décembre 1862 au cours duquel, avec 190 hommes, il affronte 500 Mexicains. Chef d’escadron, il est tué le 11 janvier 1865 à Los Verranos (il a la tête fracassée par un coup de pistolet, selon l’historique du 3e RCA). C'est à l'issue d'un fait d'armes de son escadron que le drapeau du 1er RCA fut décoré de la Légion d'honneur, fait unique dans l'histoire de l'arme de la cavalerie.
- capitaine Joseph Carbillet : également officier au 1er chasseurs d’Afrique, il est né en 1824 à Giey-sur-Aujon. Lieutenant depuis 1858, il sert au Mexique de 1862 à 1867. Promu capitaine adjudant-major en mai 1863, il passera chef d’escadron en janvier 1871.
- capitaine Antoine-Jules-César Dupond : Saint-Cyrien, né à Huilliécourt en 1826, capitaine depuis 1858, il sert au 99e régiment d’infanterie. Au Mexique de 1862 à 1865, chevalier de la légion d’honneur en 1863, il sera promu chef de bataillon en 1870.
- capitaine Jean-Nicolas-Théodore Galland : né à Baissey le 18 mai 1836, fils de Jean-Baptiste-Claude (instituteur à Prangey) et de Marie-Jeanne Cordival, c’est un des héros de la Campagne du Mexique. Saint-Cyrien, il est blessé à Solferino. Lieutenant (1860), il débarque au Mexique en 1862 avec le 1er zouaves, dans lequel sert son compatriote Carteret-Trécourt. Son heure de gloire intervient le 6 avril 1863 : lors de l’assaut de Puebla, il n’entend pas la sonnerie de retraite et se retrouve seul avec une poignée de zouaves. Il se barricade dans une maison, résiste durant sept heures, refusant de se rendre. Il n’a plus que trois zouaves debout sur les cinq qui l’accompagnaient. Finalement, il se rend au général mexicain Llave, qui lui laisse le sabre et l’embrasse. Passé capitaine le 8 mai 1863, fait chevalier de la Légion d’honneur pour sa conduite au Mexique (« L’Illustration » lui a consacré un article), il sera promu, à seulement 34 ans, lieutenant-colonel le 20 novembre 1870, et chef de corps du 117e régiment d’infanterie lors de la guerre de 1870 (il défend l’ouvrage de Montmesly lors du siège de Paris). Général de brigade (1882) à 46 ans, ce brave officier, mort prématurément, a servi également en Afrique et en Syrie.
- Hugues-Charles-Henri et Ernest Marchal sont deux frères, nés à Wassy, respectivement en 1835 et 1837. Tous deux serviront comme sous-lieutenant dans les chasseurs d’Afrique au Mexique, et tous deux au sein du 1er régiment (Ernest étant passé par le 12e). Le premier sera lieutenant au 6e cuirassiers en 1870 et mourra lieutenant-colonel en 1908, le second sera promu lieutenant-colonel du 89e régiment d’infanterie provisoire, fin 1870, à seulement 33 ans.
- Parmi les hommes de troupe, Claude Bricard, né à Langres en 1819, chevalier de la Légion d’honneur comme sergent au 3e zouaves (1865), a reçu la médaille du Mexique ; Jules-Auguste Gérard, né à Eclaron en 1841, ouvrier meunier, s’est engagé dans les volontaires belges ; tout comme Pierre-Jean-Baptiste Plouvier, né à Langres en 1841…
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