La bataille de Rézonville, à laquelle participa le colonel Beaudouin. (D'après Edouard Detaille). Illustration parue dans "La guerre de 1870-1871 illustrée".
Charles-Gustave Beaudouin est né à Bourmont le 11 mai 1812. Il est le fils de
Claude-Charles Beaudouin, marchand, et de Jeanne-Françoise-Marguerite
Bailly. Avant lui, le couple, uni en 1797, a donné naissance à Charles (en 1798), Jean-Charles (1799),
Nicolas-François (1802) et Charles-Joseph (1804).
Selon
M. Berthel, auteur en 1923 d'une notice biographique parue dans le
Pays lorrain, Charles Beaudouin fait ses études au collège de sa
ville natale, puis chez les jésuites à Dôle (Jura), enfin à
l'école Sainte-Barbe. Incorporé dans l'école polytechnique, il
fait partie du contingent des 80 jeunes élèves qui rejoignent
l'armée de terre en 1833.
Elève ensuite à l'école d'application de l'artillerie de Metz, le Bourmontais est nommé
lieutenant en second le 1er octobre 1835, à l'âge de
23 ans, et rejoint le 5e régiment d'artillerie à Rennes. C'est dans
cette ville que, lieutenant en second dans la 7e batterie, il épouse,
le 16 janvier 1839, Marie-Louise-Joséphine-Eulalie Raulin, 19 ans,
fille d'un lieutenant-colonel d'artillerie ardennais. Le maréchal de
camp Félix Lasnon, le capitaine François Dumarchais, et le chef
d'escadron Adrien Dufrayer, tous artilleurs, figurent parmi les
témoins de l'union. Le bonheur sera de courte durée. Un enfant
naîtra en 1840, mais Mme Beaudouin décède le 6 mai de la même
année. L'officier haut-marnais ne refera jamais sa vie.
Nommé
capitaine en second le 18 février 1841, Beaudouin, qui a servi à la
manufacture d'armes de Mutzig, puis à Lille, est détaché à la
direction d'artillerie de Strasbourg, puis rejoint le 14e régiment
d'artillerie à Douai. Plus ancien capitaine-commandant de batterie
de cette unité, en 1852, il reçoit des éloges de son colonel, qui
le considère comme «le meilleur capitaine du régiment». Aide de
camp du général de brigade Born à Bourges (1852), Beaudouin est
fait chevalier de la Légion d'honneur le 1er juillet 1853 comme
capitaine du 4e RA. L'année suivante, il est toujours capitaine, au
12e RA «monté», lorsqu'il est enfin promu chef d'escadron, à 42
ans.
La
Campagne de Crimée lui donne l'occasion de montrer ses compétences sur
un champ de bataille. Embarqué à Marseille sur le bateau La France,
le 11 janvier 1855, il débarque le 7 février et va se distinguer le
16 août 1855 à la bataille de Traktir. Il commande alors l'artillerie de la 3e
division du 2e corps, composée de la 6e batterie du 7e RA et de la
6e batterie du 13e RA. L'attaque russe a lieu sur le plaine de la
Tchernaïa, là où quelques semaines auparavant, son compatriote, le
capitaine de Simony (6e dragons), s'illustrait en sabrant les
avant-postes russes. L'«Historique du service de l'artillerie
au siège de Sébastopol» précise que ce jour-là, «la
6e batterie du 13e régiment a été vivement engagée pendant toute
l'action sous le commandement supérieur du chef d'escadron
Beaudouin... Elle a beaucoup souffert du feu de l'ennemi... Elle
n'avait que deux officiers, tous deux ont été grièvement
blessés... Le dévouement du commandant Beaudouin a pu suppléer à
l'absence de ces deux officiers ; treize canonniers ont été
tués, 22 blessés et 30 chevaux ont été tués ou blessés». Peu après, le Haut-Marnais, cité également par le général Cler,
de la garde impériale, pour sa conduite à Traktir, sera fait
officier de la Légion d'honneur par le général Pélissier.
Après
avoir été adjoint au commandant du grand parc du siège de
Sebastopol (colonel Mazure), Beaudouin se bat ensuite en 1859 en Italie (à
Magenta, où il met notamment en ligne douze pièces contre les
Autrichiens, et à Solferino) et où, selon Berthel, Mac Mahon dira de lui
qu'il était «un homme de guerre des plus remarquables sur le champ
de bataille». Il est nommé colonel et reçoit, le 3 février 1864,
le commandement du 15e régiment d'artillerie.
Nommé
commandeur de la Légion d'honneur le 31 août 1867 (après 38 ans de
services et quatre campagnes), toujours sur recommandation de Mac
Mahon, il est encore à la tête de son régiment lorsque la guerre
de 1870 éclate. Rapidement, le 16 juillet 1870, Beaudouin est nommé
au commandement de la réserve du 2e corps de l'armée du Rhin,
commandé par son compatriote le général Frossard. Il se bat à
Forbach puis, à la journée du 16 août 1870 (bataille de
Rézonville, Gravelotte, Mars-la-Tour), où le lieutenant-colonel de
Maintenant est tué et Frossard blessé. Ce jour-là, Beaudouin se distingue à la tête
des batteries de 12.
Enfermé avec Bazaine à Metz, il est
compris dans la capitulation. C'est le jour où, selon Berthel, il
aurait dû être nommé général, grade qu'il aurait refusé.
Emprisonné à Hambourg, épreuve douloureuse pour lui, Beaudouin
rentre en France pour être promu général de brigade, par décret
du 20 avril 1871 du Gouvernement provisoire qui «le pria d'aider à
réorganiser l'armée». Il a 59 ans. Après la répression de la Commune à laquelle il ne semble pas participer directement,
Beaudouin est nommé au commandement de l'artillerie en Algérie. Son
temps de commandement est court car il décède à Alger le 13
octobre 1871, «après seulement trois jours de fièvre »
(Berthel).
Membre
du Conseil général de la Haute-Marne de 1867 à 1871 (représentant
le canton de Bourmont, il siégeait notamment aux côtés du général
Pélissier, frère du soldat de Sébastopol), il repose à Bourmont,
près de la ferme des Noyers.
Copyright club Mémoires 52
Sources : Le Pays lorrain (1923) ; état civil des communes de Bourmont et de Rennes ; annuaires officiels des officiers d'active. A noter que la grande chancellerie de la Légion d'honneur ne conserve pas de dossier à son nom.
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