Le capitaine Félix Bablon (1874-1909), de Chaumont, tué en Mauritanie.
(Photo "La Dépêche coloniale")
Entre
la guerre de 1870 et le premier conflit mondial, c'est hors d'Europe,
dans l'Empire colonial essentiellement, mais pas seulement (ainsi en Chine), que les
militaires français ont servi la Troisième République. Parmi les
officiers haut-marnais, beaucoup se sont retrouvés au cœur
d'événements ayant frappé l'opinion française et internationale.
En voici quelques exemples, qui montrent que nos compatriotes ont
joué un rôle particulièrement actif dans ces opérations au cours
desquelles plusieurs ont perdu la vie.
1864. "Excursion" du sous-lieutenant Alexandre André (né à Manois en 1840), du bataillon de tirailleurs sénégalais, de Médine à Koniakary (aujourd'hui au Mali). Ce Saint-Syrien décède le 23 septembre 1867 au Sénégal, après avoir été promu lieutenant (11 août 1865) et commandant du cercle de Matam. Son frère, le capitaine Joseph André (Manois 1835), officier d'infanterie de marine, est, toujours en 1864, le chef d'état-major de la colonne Laprade qui part de Gorée pour construire le fort de Thiès (Sénégal). Lui commandera la place de Bakel.
1875. Combat de Boundou (Sénégal) livré contre les troupes du prophète Amahdou Cheilou. Le capitaine Camille Lambert (Breuvannes-en-Bassigny 1843), du 1er régiment d'infanterie de marine, est blessé d'un coup de feu au pied gauche. Il avait servi auparavant en Cochinchine (1866-1867).
1875. Combat de Boundou (Sénégal) livré contre les troupes du prophète Amahdou Cheilou. Le capitaine Camille Lambert (Breuvannes-en-Bassigny 1843), du 1er régiment d'infanterie de marine, est blessé d'un coup de feu au pied gauche. Il avait servi auparavant en Cochinchine (1866-1867).
1885-1886.
Campagne du lieutenant-colonel Frey dans le Haut-Sénégal et le
Haut-Niger pour combattre le chef de guerre Samory Touré et «pacifier»
Guoye, le Kamera et le Guidimaka, provinces soulevées «à la voix
du prophète Mahmadou Lamine». Le capitaine d'artillerie Pierre
Ridde (Donjeux 1851), qui sert au Sénégal et au Soudan de 1882 à
1887, est officier dans la colonne qui obtiendra la signature d'un
premier traité de paix avec Samory au printemps 1886.
1891. Prise de Bissandougou, capitale de Samory (9 avril). Ce fait d'armes est à mettre à l'actif du capitaine Hugueny, de Châteauvillain, commandant une colonne volante ayant lutté avec succès contre le chef de guerre africain (qui a incendié la ville avec son palais).
1891. Prise de Bissandougou, capitale de Samory (9 avril). Ce fait d'armes est à mettre à l'actif du capitaine Hugueny, de Châteauvillain, commandant une colonne volante ayant lutté avec succès contre le chef de guerre africain (qui a incendié la ville avec son palais).
1892.
Expédition du Dahomey contre le roi Behenzin. Le lieutenant Paul
Jacquin (Wassy 1861) commande la 3e section d'artillerie de montagne
au sein du corps expéditionnaire du colonel Dodds. Il sera promu
capitaine de 2e classe par décret du 4 novembre 1892. Son camarade Alfred Michel (Bourmont 1868), lieutenant commandant la 2e section d'artillerie, est mortellement blessé le 20 octobre à Apka. L'abbé
Vathelet (1843-1893), de Maizières-sur-Amance, était l'aumônier du corps expéditionnaire.
Il sera fait officier de la Légion d'honneur le 14 décembre.
1893.
Prise de Tombouctou (12 décembre). Le lieutenant de vaisseau Gaston
Boiteux (1863-1897), dont les parents se sont mariés à Meures (son
père était lieutenant de gendarmerie à Chaumont, sa mère est née
dans ce village), fait son entrée dans la célèbre cité, en dépit
des ordres reçus, avec seulement 25 hommes. Il y est assiégé. La
marche d'une colonne (lieutenant-colonel Bonnier) permet de le
délivrer en janvier 1894 (mort par suicide, Boiteux repose à
Meures, où un monument est érigé en sa mémoire).
1894.
Anéantissement de la colonne Bonnier à Doingoï (15 janvier). Ce jour-là, le
lieutenant-colonel Eugène Bonnier trouve la mort au bivouac de
Doukouria assailli par surprise par des touaregs. Parmi les officiers
tués également, figurent deux Haut-Marnais : le commandant
François Hugueny (Châteauvillain 1847), de Dammartin-sur-Meuse,
chef du bataillon de tirailleurs soudanais, et le capitaine
Jean-Baptiste Tassard (Andelot 1857), qui commande sa 5e compagnie.
Tous deux donneront leur nom à des rues – voisines - de Chaumont.
1895.
Combat de Mapa, en Guyane (15 mai). Débarqué à la tête de 24
marins, l'enseigne de vaisseau Raoul Martin d'Escrienne (Langres 1869
– Paris 1932), qui sera propriétaire du château de Chaudenay, est
grièvement blessé au visage par un coup de feu, tandis que le
capitaine Lunier, chef du détachement, est abattu. Le Langrois sera
fait chevalier de la Légion d'honneur le 3 juillet.
1895-1896. Expédition de Madagascar, à laquelle participent notamment les lieutenants Paul Mathieu (Ormancey 1868), du bataillon de tirailleurs haoussas, Jules Guillaumet (Brachay 1860), du régiment colonial - tous deux tomberont, chefs de bataillon, pendant la Grande Guerre.
1895-1896. Expédition de Madagascar, à laquelle participent notamment les lieutenants Paul Mathieu (Ormancey 1868), du bataillon de tirailleurs haoussas, Jules Guillaumet (Brachay 1860), du régiment colonial - tous deux tomberont, chefs de bataillon, pendant la Grande Guerre.
1898.
Le capitaine Claude Germain (Saint-Urbain 1852), chef du 1er escadron
de spahis sahariens, relève, avec le célèbre capitaine Laperrine,
660 km d'itinéraires nouveaux dans le Sahara, entre Fort Mac Mahon
et In Salah.
1898.
«Incident» diplomatique franco-britannique de Fachoda (Soudan), impliquant la mission Congo-Nil du capitaine
Marchand (septembre-novembre). A l'époque, le lieutenant Emile Poinsel (Bize 1867)
servait dans la 10e compagnie (Oubanghi) du régiment de tirailleurs
sénégalais, tandis que son compatriote Félix Bablon (Chaumont
1874) était lieutenant dans la 5e compagnie. En septembre 1898, Poinsel appartenait à la garnison de Fachoda, au moment où les troupes anglaises y arrivent.
1898.
Capture de Samory Touré par la colonne du capitaine Gouraud (29
septembre). C'est un sous-officier servant sous les ordres du
sous-lieutenant Gaston Jacquin (frère de Paul), né à Wassy en 1871, qui
s'empare au Soudan du chef de guerre africain et le remet à son
supérieur. Sous-lieutenant d'artillerie de marine, Jacquin servait
alors dans une compagnie auxiliaire d'ouvriers. Le fait d'armes sera
immortalisé par le Petit Journal, et le Wasseyen sera fait chevalier
de la Légion d'honneur un mois plus tard, à l'âge de 27 ans.
1899. Le lieutenant Poinsel s'était joint à Bangui à la colonne du capitaine Roulet qui marchait vers le Nil. Ils occupent successivement le fort Desaix, le fort Hossinger, puis plantent le drapeau français le 20 mars 1899, à 350 km au sud de Fachoda.
1900.
Combat de Deghamcha, dans le Sahara (5 janvier). Assurant, à
distance, la protection de la mission Flamant, le capitaine Germain
affronte, avec ses 60 spahis et les goumiers du capitaine Pein (futur
colonel de la Légion étangère), 1 500 touaregs. «Grâce à Dieu,
nous leur avons infligé une défaite complète, écrira le
Haut-Marnais à sa mère. Le combat a commencé à 7 h 30 du matin et
a duré jusqu'à 10 h 20.» Selon Germain, l'ennemi a laissé 150
tués, près de 200 blessés, un drapeau, les Français ne déplorant
qu'un spahi tué et six blessés. Colonel de spahis, commandeur de la
Légion d'honneur, Germain se retire dans son village natal, où il
décède en 1933.
1900-1901-1902. Expédition de Chine. Le capitaine du génie Charles Lindecker, de Chaumont, commande une section d'observation. Il a l'occasion de survoler Pékin en ballon. Le capitaine d'infanterie coloniale Arthur Geoffroy (Biesles 1870) participe également à ces opérations.
1902.
Le capitaine Bablon, commandant la 4e compagnie de la colonne Tétart,
se distingue à Bir Alali, aujourd'hui au Tchad (20 janvier), puis
repousse les Touaregs en ce même lieu rebaptisé Fort-Pradié (1er juin).
«Le capitaine Bablon les mit facilement en déroute», dira une
relation.
1904.
Le capitaine Bablon, ami de Mangin, commande le cercle militaire du Kanem
(près du lac Tchad). Il sert alors au régiment indigène du Congo depuis le 30
décembre 1903.
1905.
Le lieutenant-colonel Gouraud fait prendre les armes à la garnison
de Fort Millot et remet la Légion d'honneur au capitaine Bablon (16
janvier).
1906.
Le capitaine Antoine Auvigne (Vesoul 1874), fils d'un enseignant
originaire de Maatz, est fait chevalier de la Légion d'honneur après
avoir pris M'Balasso et M'Baléma avec le lieutenant Bouet (2-3
août). Officier au 1er RTS, il rejoindra le bataillon de la Guinée
avant d'être blessé à Boussédou le 18 février 1907 (il se battra
en France comme chef de bataillon d'infanterie coloniale).
1908.
Bablon commande le poste d'Akjoujt (Mauritanie), puis la 3e compagnie
du bataillon de Mauritanie de la colonne de l'Adra (colonel Gouraud).
1908. Le capitaine Louis Mongin (Biesles 1874), commandant la 3e
compagnie du bataillon du Chari (territoire militaire du Tchad),
conduit une colonne qui impose au sultan Mohammed es Senoussi, à la
tête d'un empire dont la capitale est N'Délé, un nouveau traité
avec la France (15 – 30 janvier).
1909.
Le capitaine Bablon est tué au combat du camp de Rasseremt par des
Talibés (nuit du 27 au 28 avril). Il a reçu une balle dans la
cuisse, une dans l'aine, une dans la tête. Comme Hugueny et Tassard, son nom a été donné à une rue de Chaumont.
1911.
Lourdes pertes pour le peloton méhariste de Kiffa à Moulenha, dans
le Haut-Sénégal, attaqué par des pillards (12 mai). Son chef, le
lieutenant Georges Demassez (Laneuville-au-Bois 1876, puis domicilié
à Osne-le-Val), du 2e régiment de tirailleurs sénégalais, est tué
avec neuf de ses hommes.
1912. Adjoint du colonel Laperrine, le capitaine Joseph Nieger (1874-1951), d'Eclaron, dirige la mission d'études du chemin de fer transafricain entre Oran et le lac Tchad, qui participa à une meilleure connaissance du Sahara (janvier -novembre).
1912. Adjoint du colonel Laperrine, le capitaine Joseph Nieger (1874-1951), d'Eclaron, dirige la mission d'études du chemin de fer transafricain entre Oran et le lac Tchad, qui participa à une meilleure connaissance du Sahara (janvier -novembre).
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