mercredi 15 novembre 2023

A propos de Maurice Frank

 Le 30 décembre 1943, était enregistré, par l'état civil de Chaumont, sur informations communiquées par les autorités allemandes, le décès de Maurice Frank, le 2 décembre 1943. Pourquoi un tel délai entre le décès et la déclaration ? Premier mystère. 

Ce que nous savons sur ce jeune homme de 20 ans, c'est qu'il a rejoint le groupe Tabou, à Pothières (Côte-d'Or), début octobre 1943, qu'il était surnommé Colonial, qu'il a été grièvement blessé lors de l'attaque du camp le 1er décembre 1943, et qu'il serait décédé dans l'automobile qui le conduisait à l'hôpital de Chaumont, ville où onze de ses camarades ont été emmenés pour y être emprisonnés.

Une certitude : contrairement à ce que nous avions indiqué dans la notice du Maitron des fusillés, Maurice Franck (sic) n'était pas un pseudonyme. Maurice, Pierre, Charles Frank est né le 28 mars 1923 à Paris, 123, boulevard Port-Royal. Il est le fils d'Isabelle, Jacqueline, Charlotte Frank, 30 ans, sans profession, domiciliée 124, avenue Daumesnil, dans le 14e arrondissement. La maman est en réalité artiste dramatique, connue sur les scènes parisiennes sous le nom de Bella Frank. Elle est née à Paris de parents hongrois - le père était libraire. 

Curieusement, le nom de Maurice Frank n'apparaît pas, parmi les siens, dans les différents recensements parisiens consultés. Auprès de qui a-t-il été élevé ? Nous l'ignorons.

Il exerçait la profession d'apprenti mécanicien, employé aux usines Chenard à Gennevilliers (Seine). Selon son dossier d'homologation de grade FFI, rédigé par M. Poulain, "organisateur du secteur de Pothières", il s'est engagé en 1941 au 21e régiment d'infanterie coloniale à Toulon. Démobilisé en novembre 1942, il est requis par le STO à Cherbourg début 1943, et "s'en est évadé quelques jours plus tard". Rejoignant à compter du 1er octobre 1943 le groupe Tabou, Maurice Frank "a participé aux sabotages effectués sur la ligne HT [haute tension Montchanin - Troyes et à l'attaque de convois allemands venus pour la repérer". Le 1er décembre 1943, grièvement blessé, "il est mort pendant son transport à la prison de Chaumont où son cadavre fut descendu de l'auto le transportant dans la cour même de la prison (...) Le cadavre a été détruit par les Allemands".

Nous n'avons effectivement pas trouvé trace, dans le registre des cimetières de la ville, de son inhumation à Chaumont, où ses onze camarades ont été fusillés le 14 janvier 1944.

Quatre-vingt ans après sa mort, la vie de Maurice Frank, reconnu mort pour la France le 21 juillet 1947, proposé pour une citation à l'ordre de la brigade à titre posthume, reste encore entourée de bien des mystères. 

Sources : état civil de la Ville de Chaumont ; état civil de la Ville de Paris ; GR 19 P 21/42 et GR 16 P 233038, Service historique de la Défense.   

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