C'est une révélation : le titulaire du 279e brevet mondial de pilote est né à Manois (Haute-Marne). Décédé à Nanterre en 1972, Georges Collin avait appris à piloter à l'âge de 20 ans.
Jusqu'à
présent, les recherches du club Mémoires 52 avaient permis
d'identifier huit Haut-Marnais de naissance ayant obtenu avant la
Première Guerre mondiale leur brevet de pilote décerné par
l'Aéro-club de France. C'est-à-dire qu'ils firent partie des 1 600
premiers citoyens de la planète à être devenus aviateurs, puisque
seul l'ACF délivrait alors des brevets à l'échelle internationale.
Or
nous venons de faire l'heureuse découverte de l'existence d'un
neuvième pilote. Elle est d'autant plus intéressante que Georges
Collin est le deuxième Haut-Marnais à avoir été breveté, entre
le capitaine Médéric Burgeat (brevet n°44), de Chevillon, et Louis
Lenfant (n°386), de Saint-Dizier.
Selon
la revue L'Aérophile, Georges Collin est né le 28 janvier 1890 à
Marrois (sic). En fait, c'est bien Manois qu'il fallait lire, comme
le confirme l'état civil de la commune, avec cette difficulté que
l'enfant a été inscrit sous le nom de Couvreur sur l'acte. Il est
en effet le fils de Marie-Eugénie Couvreur, 20 ans, sans profession,
fille d'Eugène Couvreur (un tréfileur). Ce n'est qu'en 1894,
toujours à Manois, que la jeune femme épouse Georges-Camille
Collin, lequel reconnaît l'enfant. Au moment du recensement de 1906,
cette famille n'habite plus à Manois, où réside toujours le
grand-père maternel. Elle s'est en effet installée à Troyes où le
jeune homme exerce la profession d'électricien.
Georges
Collin s'engage volontairement, pour trois ans, le 17 mars 1909, en
mairie de Troyes, au titre du 5e régiment du génie (le fameux
régiment des sapeurs du chemin de fer). Caporal le 26 septembre
1909, il passe dans la réserve de l'armée, muni de son certificat
de bonne conduite, le 17 mars 1912.
C'est
donc pendant son temps de passage sous les drapeaux que Georges
Collin apprend à piloter. Il passe son brevet sur un biplan H.
Farman. Il existe alors, en 1910, une «école Farman» dont les
élèves volent à Etampes, à Mourmelon, à l'aérodrome de la
Beauce... Peut-être le jeune homme était-il du nombre. Le prestigieux
brevet n°279 lui est décerné le 8 novembre 1910 par l'Aéro-club
de France, le même jour qu'une certaine Marie Marvingt. A 20 ans, il
est alors un des plus jeunes pilotes de la planète (ils sont une
dizaine à ne pas être majeurs).
Curieusement,
on retrouve ensuite peu de traces de l'activité aérienne de Georges Collin - souvent confondu avec Ferdinand Collin (le mécanicien de Louis
Blériot qui dirigea l'école de Buc) -, en cette période où tous les
journaux ne cessent de s'intéresser aux exploits des pilotes. Il en
est un qui fait exception : c'est le quotidien Gil Blas. Dans son
édition du 28 juin 1912, un journaliste écrit, non sans humour : «L'aviateur
Collin a accompli, il y a deux jours, à Issy-les-Moulineaux, une
étonnante performance : il a pris sur son appareil un agent de
police tout harnaché, botté, ceinturonné (sic), et il lui a fait
accomplir quelques évolutions magistrales. Voilà donc le premier
agent de police qui ait essayé d'ordonner la circulation dans l'air.
C'est un précurseur. Lorsqu'on organisera – un jour prochain –
le service aérien, ce brave policier méritera de recevoir les
premières ailes dans le dos.»
Notons
que le Haut-Marnais, qui venait d'être dégagé des obligations militaires, avait
effectivement sa résidence, à cette époque, à
Issy-les-Moulineaux. La commune, souvent qualifiée de «berceau de
l'aviation», abritait déjà un terrain militaire où évoluèrent
Blériot, Farman, Santos-Dumont... Il n'est donc pas surprenant que le
Champenois y prenne l'air de temps à autre. Mais il déménage rapidement pour
s'installer à Sainte-Savine, près de Troyes. C'est là qu'il s'est
en effet marié le 9 avril 1912 avec Louise Aubry. Puis il s'en va
résider à Troyes.
Deux
ans plus tard, la guerre éclate. Georges Collin est mobilisé, et
retrouve son 5e régiment du génie le 3 août 1914. Curieusement,
il ne servira donc pas dans l'aéronautique militaire
durant le conflit, à l'issue duquel il recevra la médaille
interalliée et la Médaille commémorative.
Ce
pionnier de l'aviation sera membre, dans les années 20, de la
fameuse association des Vieilles tiges, puis, dans les années 30, il
quitte Troyes pour Paris. Il décède à Nanterre le 9 mai 1972, à
l'âge de 82 ans.
Sources
principales : L'Aérophile ; état civil de la commune de
Manois ; registre militaire 3 R 617 (Archives départementales
de l'Aube).
Photo d'illustration : un biplan H. Farman, appareil sur lequel Georges Collin apprit à piloter.
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