Le fiacre automobile construit par Emile Roger et mis en circulation
en décembre 1896 à Paris. (Illustration parue dans La Science française).
en décembre 1896 à Paris. (Illustration parue dans La Science française).
C'est
finalement grâce à la publication La Science française qu'on
en apprend le plus sur l'incroyable carrière d'Emile Roger
(1850-1897), l'ingénieur-constructeur de Châteauvillain déjà évoqué
sur ce site. Ses réalisations étaient particulièrement suivies par
Yves Guédon, ingénieur civil, co-auteur du «Manuel pratique du
conducteur d'automobiles», publié dès 1897.
Celui
qu'Alphonse Allais qualifiait d'«infatigable apôtre des voitures
automobiles» précisa ainsi, en 1895, que le Haut-Marnais était alors «le
seul constructeur français qui soit allé en Amérique montrer nos
voitures françaises, et établir une succursale à New York. Plus de
100 voitures de luxe et de livraison sont en construction à ces
ateliers...»
Ayant
transformé en 1896 sa société Roger & Cie en Compagnie anglo-française
de voitures automobiles, Emile Roger devait également figurer dans
l'Histoire parisienne comme le constructeur du premier taxi ayant roulé dans les rues de la cité !
L'événement
est survenu le 1er décembre 1896. Alors, le transport des voyageurs
dans la capitale était assuré par des fiacres tirés par des
chevaux. Jusqu'à ce qu'apparaisse, grâce à Emile Roger, le «fiacre
automobile». La Science française rapporta, en décembre 1896 : «Un premier
fiacre, actionné par le pétrole, sorti des ateliers de la société
Roger et cie, fait depuis quelques jours le service de place dans
Paris, son cocher se nomme Biguet, un nom que les Revues de fin
d'année vont faire connaître... Le fiacre Roger est du type dit
landaulet formant coupé ou landau suivant qu'il est ouvert ou
fermé...»
Le
journal La Croix avait signalé l'imminence de cette première dès son
édition du 1er novembre 1896 : «Ce soir ou demain au plus
tard, le premier fiacre automobile sera mis en circulation dans les
rues de Paris, et chacun pourra le prendre aussi bien qu'un vulgaire
sapin... Le tarif est celui des fiacres ordinaires : un franc
cinquante la course, deux francs l'heure avant minuit et demi et deux
francs cinquante après». Quelques jours plus tard, une autre publication, Gil Blas, devait écrire de son côté que la sortie a été retardée «pour
l'adoption d'un nouveau procédé de marche arrière que la Compagnie
anglo-française (ancienne maison E. Roger) désire adopter à ce
véhicule».
C'est un ancien cocher de «fiacre à chevaux», Biguet,
qui avait eu l'idée de cette innovation. Il s'était associé avec un
industriel parisien, Dalisson, pour financer son projet, réalisé
par le constructeur castelvillanois et l'Association des ouvriers en
voitures.
C'est
un peu plus tard que le service de «fiacres automobiles» se
généralisera, mais l'oeuvre d'Emile Roger peut bel et bien être
considérée comme le premier «taxi» ayant circulé
dans Paris.
Dans
ces conditions, on peut croire Yves Guédon quand il écrivait, au
décès prématuré de l'industriel, que «c'est l'une des
figures les plus connues et les plus considérables du monde
automobile qui disparaît».
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