10 septembre 1914. Cinquième jour de la bataille de la Marne dans le "triangle" Vitry-le-François/Saint-Dizier/Bar-le-Duc. Tous
les regards sont tournés vers Maurupt. Depuis trois jours, ce
village situé à moins de 20 km de Saint-Dizier est le théâtre de
furieux combats pour sa possession. Par deux fois, le 8 septembre
1914, le 72e RI a repris la localité. Le lendemain, le village a été bombardé «avec un acharnement incroyable». Dans la nuit du 9 au
10, c'est l'ultime coup de boutoir de l'ennemi. Ils sont cinq
régiments d'infanterie, selon une source française, à se lancer à
l'assaut de la position. Les 9e et 18e BCP et le 72e RI vont se
battre toute la matinée.
En
début d'après-midi, Maurupt reste aux Français, mais nos troupes
sont exsangues. Alors un ordre de repli est ordonné, entre 14 h et 15
h. Officiellement, pour «se reformer dans les bois en arrière». Le
lieu de rassemblement choisi : la maison du bois d'Amboise, en forêt
de Maurupt, à mi-chemin entre ce village et Saint-Eulien. Nous ne
sommes qu'à une poignée de kilomètres du sol haut-marnais. Selon
le général commandant la 5e brigade, le 72e RI, dont le colonel
Montéron va bientôt prendre le commandement, ne compte plus au maximum que 400 hommes et six officiers. C'est dire les pertes
«considérables» subies.
Au
moment où l'ordre de repli était donné, le général Gérard,
commandant le 2e corps d'armée, rédige depuis son PC de
Landricourt une instruction personnelle et secrète qui témoigne des craintes de l'état-major, même si le repli est présenté comme une manœuvre projetée sur les flancs droit et gauche de
l'ennemi, «et dans le but d'attirer plus au sud l'ennemi». Ce qui
passerait par la défense, par la division Rabier, d'une ligne
Vouillers – Villiers-en-Lieu. Puis, «si nécessaire», d'une ligne
Sapignicourt – Ambrières – La Neuville-au-Pont, c'est-à-dire
côté gauche de la route Vitry – Saint-Dizier. Dans sa mission de
recherche de liaison, le 19e chasseurs à cheval se porterait sur
Hoéricourt.
Cette
IPS aura un début d'exécution. Car les ambulances de la 4e DI se portent, pour l'une à Ambrières, tandis que l'autre reçoit l'ordre, à 17 h, d'aller cantonner à Hoëricourt.
Mais
il n'y aura pas de repli en Haute-Marne. Restées en forêt de
Maurupt, les troupes passeront une soirée et une nuit tranquilles,
même si, selon le JMO de la 4e DI, «tous les villages brûlent». En effet, l'ennemi
n'a pas été moins affaibli que les soldats français par ces
journées de furieux combats. Alors il s'est retiré.
Au
matin du 11 septembre 1914, nos troupes repartent de l'avant. Avant midi,
le 128e RI et le 9e BCP entrent dans Maurupt. Trois colonnes
convergent vers Sermaize-les-Bains qui est également réoccupé. Le
lendemain, c'est Revigny-sur-Ornain qui redevient français.
La
bataille de la Marne est terminée. Selon le site Mémoire des
hommes, 524 soldats français sont morts sur le territoire de
Maurupt-le-Montois en septembre 1914. dont 253 du 72e RI.
Cette illustration, tirée de l'ouvrage "En plein feu", représente un autre épisode des combats livrés ce 10 septembre 1914 dans la région : la conquête du bois de Faux-Miroir, près de Contrisson.
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