Pages d'histoire de l'est de la France en général et de la Haute-Marne en particulier (ex-blog du club Mémoires 52).
samedi 4 juillet 2015
Vétérans des combats de Catalogne, morts aux Etats-Unis
Parmi les Haut-Marnais qui débarquent dans les années 1830 aux Etats-Unis pour se fixer à Frenchville, en Pennsylvanie, figurent deux pères de famille qui sont, tous deux, des vétérans de la Grande Armée. Et plus particulièrement du 14e régiment d'infanterie de ligne : Pierre Bronoël, originaire de Pierrefaite, et Etienne Grossain, natif de Pressigny.
Fils d'un tisserand, Pierre Bronoël est né le 29 juin 1785 à Pierrefaite, dans le canton de Laferté-sur-Amance. Manouvrier mesurant 1,64 m, le jeune homme est incorporé le 30 novembre 1805 dans le 14e de ligne, essentiellement recruté en Haute-Marne, et dont le dépôt se trouve dans les Ardennes. Nous sommes deux jours avant Austerlitz ! Enregistré avec le matricule 2 660, Bronoël prend part aux campagnes de Prusse, de Pologne (son régiment est décimé à Eylau), avant de servir continuellement, de 1808 à 1814, en Espagne. Caporal le 1er août 1809, le Haut-Marnais est blessé d'un coup de feu au bras gauche le 13 mai 1810, en Catalogne. Rétrogradé fusilier le 16 février 1812, contusionné à la jambe gauche au combat de Villena le 13 avril 1813, redevenu caporal le 2 décembre 1813, il est nommé fourrier le 16 janvier 1814, puis sergent le 12 avril 1814 (après la chute de l'Empire). Bronoël semble revenir en Haute-Marne, puisqu'il figure parmi les militaires haut-marnais rappelés au service par le décret du 28 mars 1815, durant les Cent-Jours. Il retrouve son régiment, avant d'être rayé des contrôles le 30 juin 1815. Redevenu manouvrier à Pierrefaite, Pierre Bronoël se marie en janvier 1816 et part, à 47 ans, avec épouse et ses sept enfants sur le bateau «Edward», qui accoste à New York le 30 juin 1832. Citoyen du comté de Clearfield, Pierre Bronoël, devenu Peter Bronwell, décède en 1880, à l'âge de 95 ans. Resté en Haute-Marne, il aurait reçu la médaille de Sainte-Hélène.
Etienne Grossain (ou Grossaint) est lui aussi un vétéran des combats de Catalogne. Né le 6 mars 1789 à Pressigny, près de Fayl-Billot, ce tisserand, mesurant 1,61 m, rejoint le 14e de ligne le 4 mai 1808, avec le matricule 6 147. Voltigeur le 21 juin 1810, Grossain est capturé le 5 novembre de la même année, lors du combat de Jana, au cours duquel Maurice Blanchard, de Bussières-lès-Belmont, trouve la mort, et le Langrois Jean-Claude Ignard est blessé. Libéré de nombreux mois plus tard, fusilier, l'enfant de Pressigny est nommé caporal le 1er avril 1814, et congédié le 3 novembre. Marié en octobre 1815 à Broncourt, où il s'installe comme cultivateur, il fait une demande de passeport en 1834, à 45 ans, pour sa femme et ses trois enfants. D'abord fixé à Frenchvile, Etienne Grossain décède le 23 mai 1864 dans le comté d'Iroquois, dans l'Illinois. Lui aussi aurait pu prétendre à la médaille de Sainte-Hélène.
Plus de précisions sur la destinée de ces deux grognards dans l'ouvrage "Keskidees" co-écrit par Didier Desnouvaux et Lionel Fontaine.
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