mardi 11 mars 2025

Massacre sur la voie ferrée à Colombey-lès-Choiseul, 26 juillet 1944


La ligne Dijon - Neufchâteau à hauteur de Colombey-lès-Choiseul. (Photo L. Fontaine).

 Un mois avant le Train fantôme (25 août 1944), un autre transport de déportés passé par la Haute-Marne a connu un véritable périple pour atteindre sa destination : un Kommando du camp de Neuengamme. Qu'on en juge par l'itinéraire emprunté : Saint-Malo, Rennes, Tours, Vierzon, Dijon, Gray, Neufchâteau, Toul, etc. Particulièrement méconnu, ce convoi a pourtant été marqué par l'un des plus importants massacres de prisonniers sur le sol haut-marnais.

    25 juillet 1944. Le train 15 241 en provenance de Dôle arrive vers 20 h 30 en gare d'Is-sur-Tille (Côte-d'Or). Il est passé par Gray (Haute-Saône) mais ne s'est pas dirigé sur Chalindrey. "La gare de Chalindrey ayant subi un bombardement le 13 juillet 1944, tout le trafic a été interrompu", précise le cheminot Marcel Cornier. D'une façon générale, les destructions opérées par l'aviation alliée et la Résistance sur les voies de communications expliquent ce long itinéraire. 

    Le convoi fait donc halte en gare d'Is. Il s'agit d'"un train de marchandises transportant des militaires anglais prisonniers", indique Georges Minot. A hauteur du passage à niveau de Marcilly-sur-Tille, un drapeau français apparaît à la fenêtre d'une maison. Ce qui n'est pas du goût de la garde allemande du train, qui arrête quatre jeunes de la région dont Georges, le fils de Georges Minot. Le jeune homme âgé de 21 ans veut prendre la fuite avec un de ses camarades. Les balles pleuvent sur eux. Touché d'un projectile en plein coeur, le Bourguignon meurt sur le coup.

    Conduit par le mécanicien Adrien Bouvret, le convoi repart en direction de Langres, puis de Neufchâteau.

    26 juillet 1944, 23 h 30. Garde-barrière au lieu-dit Chapelot, commune de Colombey-lès-Choiseul, entre Merrey et Breuvannes-en-Bassigny, Rose Joly vient de se coucher. Mais son sommeil devait être rapidement interrompu. "J'ai perçu le crépitement d'une fusillade à proximité de ma demeure", témoigne-t-elle. Les coups de feu viennent du kilomètre 32 750, après la gare de Merrey que le train 15 241 a laissé derrière lui à 23 h 01. 

    Que s'est-il passé ? Les employés SNCF présents dans le train apportent des précisions sur l'origine de la fusillade. Adrien Bouvret, qui conduit la machine 57.1192 tractant 69 wagons "chargés de prisonniers et de déportés" (Marcel Cornier), explique : "Entre Merrey et Breuvannes, profitant du ralentissement* du train, des déportés se trouvant dans celui-ci ont probablement tenté de s'enfuir." Georges Renaud, chef de train : "J'ai bloqué mon train immédiatement et aussitôt l'arrêt, je suis descendu du fourgon pour mettre des pétards. [...] Les Allemands venant de la tête du train me traitèrent de terroriste." Georges Walter, autre cheminot présent dans la machine aux côtés d'un feldwebel (adjudant) et d'un interprète suisse : "Nous avons vu des balles traçantes passer au-dessus de la machine. Le convoi s'est arrêté quelques mètres plus loin par suite du fonctionnement d'un frein d'urgence (frein d'alarme). Le feldwebel [...] avait donné l'ordre de continuer la route." Manoeuvre impossible, à cause de l'utilisation du frein, ce qui sera une source de colère supplémentaire pour l'escorte allemande. 

    Des "passagers" du train ont donc pris la fuite, ainsi que l'expliquent les cheminots. Georges Walter : "Les Allemands ont organisé aussitôt la chasse des fuyards. Ils en ont pris un, que le feldwebel [...] a abattu d'un coup de revolver en plein front. [...] La chasse aux fugitifs a duré une bonne heure. Par la suite, ceux qui étaient partis à la recherche ont signalé que deux des évadés n'ont pas pu être retrouvés." Pour Georges Renaud, il n'y eut pas un mais deux prisonniers blessés : "Les Allemands parlementèrent et décidèrent d'achever les deux prisonniers, ce qui fut fait aussitôt, puis ils m'emmenèrent à hauteur du wagon où il restait 17 prisonniers. Le feldwebel monta dans le wagon et les tua à coups de revolver." Selon le mécanicien Bouvret, "les Allemands ont tiré des rafales de mitrailleuse dans le wagon duquel s'étaient enfuis les déportés".

    Puis le train repart. A 0 h 58, il est en gare de Neufchâteau (Vosges). Là, cheminots et Allemands rendent compte, chacun de leur côté, des événements à leur hiérarchie. Le convoi poursuit son chemin : d'abord Toul, puis Frouard, Pagny-sur-Moselle, Novéant, Sedan, la Belgique...

    Précisément, le cheminot André Marchand est à Toul : "J'ai remarqué les traces de sang et j'ai vu également les vêtements des détenus qui avaient été tués. Ceux-ci avaient été déshabillés avant d'être enterrés près du poste de transformation du dépôt de Toul."

    La fosse commune se trouve sur le territoire d'Ecrouves, "sur un terrain militaire qui s'étend entre la route de Toul à Paris et la voie ferrée [...], au lieu-dit La Concentration, précise l'inspecteur de police Georges Gillet. [...] Les corps étaient recouverts d'une couche de terre argileuse de 80 cm environ."

Un corps sur la voie 

    Revenons à l'origine et à la composition du convoi. Il transporte des déportés jusqu'alors affectés à des travaux dans les îles anglo-normandes (Aurigny). Ces hommes sont essentiellement Russes, Polonais, Hongrois, Hollandais. Des Témoins de Jéhovah figurent parmi eux. Selon un précieux témoignage établi en 1950 et conservé par les archives Arolsen, ils sont 634 déportés issus d'Alderney (Aurigny), 430 "travailleurs civils", des prisonniers anglais et américains entassés dans quatre wagons, sous la garde de 59 SS, 20 parachutistes et 18 travailleurs de l'Organisation Todt. Ce transport correspond à la I. SS-Baubrigade, sous les ordres du SS-obersturmführer Werner Klebeck et du SS-hauptsturmführer Maximilian List. Le transport ferroviaire est parti de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) le 4 juillet 1944. Il est passé par la vallée de la Loire, l'Auvergne, la Bourgogne et la Franche-Comté. Entre-temps, les wagons de travailleurs civils et de prisonniers alliés auraient été séparés du convoi le 19 juillet 1944. A Is-sur-Tille, quinze détenus se seraient évadés - ou auraient tenté de s'évader -, un fait que n'évoque pas Georges Minot. 

    Toujours d'après le récit établi en 1950 sur l'odyssée de ce convoi, après Merrey, des prisonniers du wagon 12 se sont jetés sur un gardien allemand, lui ont pris son fusil et l'ont blessé. Immédiatement, huit déportés ont sauté du train : trois ont été abattus. Dans le wagon, quatorze autres déportés ont été tués - nous avons vu de quelle façon -, quatre blessés. Tous les corps ont été remontés ou laissés dans le wagon... sauf un seul. 

    Au matin du 27 juillet 1944, les gendarmes de Clefmont (Haute-Marne) qui se rendent sur les lieux de la fusillade constatent en effet la présence d'un cadavre au bord de la voie. Les gendarmes notent : "Il est vêtu d'une vareuse gris-vert, d'un pantalon à rayures bleues et blanches. Il est nu pieds. Sans coiffure. Le cadavre est à plat ventre, le visage repose sur les deux bras repliés. [...] Le visage est crispé [...] Les cheveux, châtains, sont tondus ras. [...] Sur le côté gauche de la vareuse, nous relevons le numéro suivant 17.120, surmonté d'un petit rectangle de tissus rouge." Le chef de gare de Merrey, Maurice Lombard, qui accompagne les gendarmes, voit également "un bras gauche, arraché à la clavicule".

    Toujours non identifié

    Au 12 septembre 1944, à l'arrivée du convoi de la I. SS-Baubrigade à Sollstedt, 441 déportés sont enregistrés. D'après un survivant, plus de 40 déportés ont trouvé la mort durant le trajet.

    Combien sont morts en Haute-Marne ? Le site Internet du camp de Neuengamme recense 18 décès en juillet 1944 à Toul, dont 17 le 26 ou le 27 juillet. Ce sont les victimes du massacre. Il y a trois Allemands, deux Hollandais, deux Polonais, et onze Russes. Aucun d'entre eux ne porte le numéro 17.120 retrouvé à Colombey-lès-Choiseul. Il y aurait donc eu au total 19 victimes. Ce qui correspond aux informations données par les employés SNCF : deux évadés blessés et achevés, 17 déportés abattus dans le wagon. En 1946, la police française notera toutefois qu'on été découverts à Toul quinze corps plus deux autres, qui pourraient être des "soldats allemands tués au cours de cette mutinerie".

    Qui est le déporté inconnu ? Si l'on se réfère à son numéro de matricule, son nom commence vraisemblablement par la lettre S, puisque le matricule 17.120 se situe entre 17.119 (Wilhelm Skora) et 17.221 (Gustav Sulonwski).

    Signalons également qu'à la lecture des PV d'audition des cheminots, deux hommes auraient réussi leur évasion (nous ne savons rien d'eux).

    Les victimes du massacre sont : Iwan Janusch, 22 ans, Wassilij Andrejenko, 25 ans, Otto Hermann Willi Goettel, 40 ans, Richard Klonz, 42 ans, Nikolaj Kolodjaschyj, 24 ans, Nikolaj Kudrenko, 21 ans, Wladyslaw Lubecki, 48 ans, Grigorij Likjanez, 30 ans, Jefim Moroz, 30 ans, Cornelis van den Oever, 47 ans, Iwan Pawlenko, 20 ans, Aleksandr Schirtujew, 27 ans, Piotr Sergejew, 28 ans, Piotr Sukolenow, 30 ans, Nikolaj Trotzykyj, 24 ans, Sigismund Wajs, 24 ans, Gosse Wulder, 26 ans, et Fritz Albin Rudolf Wunderlich, 47 ans.

Sources : 342 W 201, Archives départementales de la Haute-Marne ; 163 W (MM) 3161, Archives départementales de la Marne ; Archives Arolsen ; site Internet kz-gedenkstätte-neuengamme ; Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora ; La Haute-Marne et les Haut-Marnais durant la Seconde Guerre mondiale, club Mémoires 52.


    



    

samedi 1 mars 2025

Présence militaire allemande en Haute-Marne, 1940-1944


Des prisonniers allemands, vraisemblablement à Prez-sous-Lafauche. (Photo DR).


 Quelles étaient les unités militaires allemandes ayant stationné ou opéré en Haute-Marne sous l'Occupation ? Quels étaient leurs officiers ? Qui sont les soldats ayant trouvé la mort dans le département ? Essai de recensement à partir d'archives à notre disposition.

Services et unités militaires

Feldkommandantur 563 (dissoute en février 1942) puis Feldkommandantur 769 (créée en 1943)

    Feldkommandant :     général Martini, en 1940, dont major Winterfeld

                                        oberstleutnant Fischer, ... octobre 1940 - janvier 1942

                                        oberst Wolf, 1942

                                        oberst Karl Luyken, 17 déc. 1942 - janvier 1944

                                        general-major Manfred Müller-Arles, janvier - juin 1944

                                        oberst Werner Kleffel (1883-1944), tué 7/9/1944 à Hennezel (Vosges),

                                            dont oberstleutnant Kratchowill

    Kreiskommandantur de Chaumont : 

                                        hauptmann Lauter Wagner, sept. 1940 - juin 1941

    Kreiskommandantur I/563 de Saint-Dizier : 

                                        hauptmann Von Dewitz, dont hautpmann Bertram et Dubiel

                                        sonderfürhrer Simrog ou Simrock

                                        sonderfürhrer Ege

                                        hauptmann Mentzer

                                        hauptmann Constaple

        Officiers : leutnant Kluck (feldgendarmerie), leutnant Berg (feldgendarmerie), leutnant Bourhotz


79. Infanterie-Division. Stationnée en Haute-Marne de juillet 1940 à avril 1941.

        Dont l'Infanterie-Regiment 212 entre Saint-Dizier et Wassy. La 4e compagnie est à Donjeux et la 5e compagnie à Gudmont, en décembre 1940. Le leutnant Wittram appartient à la 6e compagnie.

    Cantonné avec son régiment (IR 226) à Joinville, l'oberst Andreas von Aulock (1893-1968) est le futur commandant de la forteresse de Saint-Malo.

SS-regiment Der Fürher. La présence en Haute-Marne d'éléments de la future 2. SS-panzerdivision Das Reich restait à confirmer. Elle l'est désormais grâce au témoignage du soldat Herbert Anton. Ce dernier appartenait à la 5e compagnie du 2e bataillon du SS-regiment Der Führer, cantonnée à Pierrefaites du 15 décembre 1940 au 31 mars 1941. Ayant séjourné en Hollande après la Campagne de France, la SS-division Reich (future Das Reich) a en effet cantonné en Haute-Saône, avant d'être appelée à combattre dans les Balkans. Ce qui explique que de nombreuses localités du sud-est-haut-marnais ont accueilli, à la même période (décembre 1940-mars 1941), des unités allemandes appartenant très vraisemblablement à cette division : Bussières-lès-Belmont, Chaudenay, Corgirnon, Coublanc, Fayl-Billot, Genevrières, Gilley, Grenant, Hortes, Vicq, etc. Le chef du 2e bataillon, Fritz von Scholz, trouvera la mort sur le front Est comme général SS en 1944. Le commandant de la 5e compagnie, le hauptsturmführer Sylvester Stadler, lui succédera à la tête du bataillon. Stadler commandait le régiment Der Fürhrer au moment du massacre d'Oradour-sur-Glane (642 victimes le 10 juin 1944) puis sera un des plus jeunes généraux SS, à l'âge de 34 ans. Il n'a jamais été jugé pour le massacre d'Oradour. 

Infanterie-Ersatz-Bataillon 483. A Chaumont du 26 avril au 20 juillet 1942.

Landeschutzen-Bataillon 654. A Chaumont en 1942-1943. Il pourrait s'agir du Landeschutzen-Bataillon (numéro non connu) de 450 hommes cantonné à la caserne Damrémont, commandé par un capitaine et parti en novembre 1942 pour le Languedoc. 

III/Sicherungs-Regiment 199. A Chaumont en 1943.

II/Sicherungs-Regiment 199. A Chaumont en 1944.

Eléments de la Freiwilligen-Stamm-Division. Division mise sur pied avec des prisonniers de guerre soviétique. Eléments arrivés à Chaumont mi-février 1944, ainsi qu'à Langres. Participent à la répression des maquis du Jura en juillet 1944. Encore présents en Haute-Marne jusqu'au 27 août 1944.

    Dont le Freiwilligen (Kosaken)-Stamm-Regiment 5. Le rittmeister Felix Kupper y est officier (il commande vraisemblablement le 1. Reiter-Abteilung ou groupe d'escadrons). L'officier est suspecté d'avoir participé aux massacres de Voisines (30 juin 1944) et de Châteauvillain (24 août 1944).


Unités en retraite ayant opéré en Haute-Marne (août-septembre 1944)

    15. Panzer-Grenadier-Division. Unité venue du front italien et se repliant depuis la Bourgogne (Côte-d'Or, Yonne) et l'Aube. Commandée par le generalleutnant Eberhardt Rodt. Selon Roger Bruge (Le Temps des massacres, Albin-Michel, 1994), seul le Panzer-Grenadier-Regiment 104, dont le 2e bataillon était commandé par le hauptmann Hunger et qui est arrivé le 23 août 1944 à Semur-en-Auxois (Côte-d'Or), aurait été concerné par ces opérations. En réalité, d'autres éléments de la division sont bien présents. C'est le cas du Panzer-Grenadier-Regiment 115, auquel appartient le soldat Erwin Lattwein, qui sert dans la Stabskompanie de l'oberleutnant Joachim Arendt. 

    Le 26 août 1944, une force évaluée à environ 600 hommes par le lieutenant FTP Meleki se heurte à la Compagnie Rouget de l'Isle à Tonnerre (Yonne). Elle capture le lieutenant FTP Tardy de Montravel. Le 27, après le départ des Allemands, Tonnerre est réoccupée. Le 28, le soldat Lattwein est blessé par des résistants à Saint-Martin près de Tonnerre. Le 29, le lieutenant FTP capturé trois jours plus tôt est exécuté à Anglus (Haute-Marne). Cette colonne est passée par Vendeuvre-sur-Barse, Lévigny, Soulaines, et se dirige sur Montier-en-Der.

    A Montier-en-Der, en tout début de matinée du 30 août 1944, une colonne de la 15. Pz-Gren-Div se scinde en deux. Une partie part sur Wassy puis Joinville, puis vraisemblablement dans la Meuse. L'autre pousse sur Saint-Dizier. Toujours le 30 août 1944 au matin, un soldat de l'Artillerie-Regiment 33 meurt à Braucourt, entre Montier-en-Der et Saint-Dizier. Un élément de la division (appartenant sans doute au Panzer-Grenadier-Regiment 104, selon les précisions apportées par la commune de Chancenay qui parle d'une Panzer-Grenadier-Batterie 104), se bat à Chancenay le même jour.  On sait qu'il s'agit de l'unité passée par Lusigny-sur-Barse (Aube) parce que des effets personnels d'habitants de cette commune ont été retrouvés dans ce village haut-marnais. 

    La trace de cette division avait également été relevée à Tanlay le 27 août 1944, à Bar-sur-Seine le 28 août 1944, aux Bourguignons les 28 et 29 août 1944, à Lusigny-sur-Barse, le 29 août 1944.

    3. Panzer-Grenadier-Division. General Horst Eckert. Comme la 15. Pz-Gren-Div, elle vient d'Italie via l'Allemagne. Son arrivée dans la région de Saint-Dizier est annoncée à la Résistance (la Compagnie du Val exécute des sabotages de voies ferrées sur la ligne Saint-Dizier - Revigny-sur-Ornain, commune de Baudonvilliers, les 23 et 27 août 1944). Des éléments de la 3. Pz-Gren-Div sont présents à Saint-Dizier à la date du 26 août 1944, où contact est pris avec un officier de la SS-Panzer-Brigade 51 qui s'est battue à Troyes. Le 29 août 1944, le Panzer-Grenadier-Regiment 29 commet les massacres de la vallée de la Saulx (une centaine de victimes dans la Meuse et la Marne). La division se bat par la suite dans la Meuse, en Meurthe-et-Moselle et en Moselle. 

    Sicherungs-Bataillon 671. Selon l'audition du prisonnier de guerre Peter Hofmann, est formé à Fontainebleau. Part en avril 1944 à Dijon. Y reste jusqu'au 10 septembre 1944, puis se replie en direction des Vosges. Son chef, le major Teudesmann, est fait prisonnier le 11 septembre 1944 lors du combat de Belmont contre le 1er régiment de France. La 1ère compagnie est sous les ordres du capitaine Jacobitz, "tué près de Belfort", la 4e compagnie est commandée par le capitaine Linsebach. Le lieutenant Wenzel est officier au bataillon.

    Ost-Bataillon 615. "Mon unité se composait presque exclusivement d'Ukrainiens et de Russes", précise le feldwebel (adjudant) Rudolf Bloedt. Le major Friedrich Schrade, d'Elbing, commande le bataillon. Selon Bloedt, les compagnies sont sous les ordres du lieutenant Popotribko (1ère), du lieutenant en premier Gorvaco (2e), du lieutenant Eberhardt Harr, de Neckarwestheim (3e). Ce bataillon est à Auxerre (Yonne) à partir du 8 juin 1944, puis à Nanges, à Plaines (il y est le 2 août 1944 au moment d'une prise d'otages), à Mussy-sur-Seine, à Châtillon-sur-Seine. Rudolf Bloedt et le caporal-chef Walter Schuddekopf, tous deux de la 3e compagnie, nient que leur unité ait commis des exactions en Côte-d'Or et dans l'Aube. Le 11 septembre 1944, l'Ost-Bataillon 615 est présent à Saulles où au moins quatre femmes sont violées et où trois infirmières FFI sont assassinées (avec deux FFI). Le lieutenant Harr est fait prisonnier le 16 septembre 1944 à Preigney (Haute-Saône) avec le feldwebel Fritz Leiner, les caporaux-chefs Autor, Schuddekopf, Engels et quatorze Russes. Le lieutenant Edgar Kroner, le feldwebel Franz Horn, le caporal-chef Alwin Huebler (chauffeur du major Schrade) appartiennent au bataillon. Walter Schuddekopf sait que Schrade a été exécuté par des FFI.

    Artillerie-Regiment 338 (Infanterie-Division 338). Selon le témoignage du feldwebel Heinrich Trimbusch, le régiment est commandé par l'oberst Pirker, la 4e batterie (la sienne) est commandée par le leutnant Diehl, la 6e batterie par le hauptmann Kargel. L'AR 338 qui est entre Arles et Marseille embarque en train le 13 août 1944. Il doit gagner la région de Troyes mais est débarqué avant cette ville vers le 21 août 1944. Par la route, le régiment gagne Saint-Florentin puis Châtillon-sur-Seine. La 4e batterie se dirigeait sur Tonnerre puis Dijon quand le major Schrade, commandant l'Ost-Bataillon 615, a pris l'unité sous ses ordres. Le feldwebel Trimbusch est fait prisonnier avec sept camarades le 15 septembre 1944 à Cintrey (Haute-Saône). C'est au camp 61 de Langres qu'il apprend, par une affiche, l'exécution de Friedrich Schrade "pour un motif ignoré de moi".

    Unité de Pionier correspondant au feldpostnummer 18031. Présente le 4 septembre 1944 à Chalindrey où deux civils sont tués. Le haupymann und kommandant Tredder, le leutnant Fritsch appartiendraient à cette unité. Il s'agit peut-être du 28. Pionier-Bataillon, impliqué dans la mort du FFI Marcel Maignien en Haute-Saône le 3 septembre 1944.

    Artillerie-Regiment 1708. Présent le 4 septembre 1944 à Chalindrey où deux civils sont tués. Le lieutnant Flin commande la batterie hors rang du régiment. Présent également à Andelot où il déplore plusieurs tués.

    Reserve-Beobachtungs-Abteilung 44. Unité d'observation commandée par le major Portmann et arrivée en Haute-Marne en août 1944. Deux hommes sont tués le 26 août 1944 à Donjeux. L'unité est à Andelot le jour de l'attaque FFI du 1er septembre 1944. Elle forme l'ossature du kampfgruppe de l'oberstleutnant Ludwig Wienkoop et est anéantie le 12 septembre 1944.

    2e bataillon, Sicherungs-Regiment 95. Bataillon commandé par le hauptmann Reichmann lorsqu'il se trouvait en Corrèze. Présent en Haute-Marne dans le cadre du kampfgruppe Ottenbacher. Se porte le 11 septembre 1944 de Chaumont à Andelot. Perd trois officiers à Andelot le 12 septembre 1944.

    SS-Polizei-Regiment 19. Régiment présent dans le Limousin, en Auvergne et à Lyon. Le major Kaboth puis le hauptmann Engelbrecht commandent le 2e bataillon, le major Otremba le 3e. Ils appartiennent au kampfgruppe du general Ernst Ottenbacher. Selon Jérémy Gérard, les 9e et 12e compagnies du III/SS-Polizei-Reg 19 se battent à Andelot. Le leutnant Schmid commandait la 9e compagnie durant l'été 1944. Source : Bernard Reveriego, Fusillés et morts au combat en Dordogne (1940-1944), Les Editions Secrets de pays, 2023.

    Sicherungs-Regiment 200. Un élément appartient à la date du 11 septembre 1944 à un groupe réunissant un Sicherungs-Bataillon (sans doute le 671), l'Ost-Bataillon 615, une compagnie de pionniers et deux batteries d'artillerie, entre Châtenay-Macheron et Champlitte (Haute-Saône).

    16. Infanterie-Division. Se replie depuis le sud de la France. Composée des Grenadier-Regiment 221, 223 et 225, de l'Artillerie-Regiment 1316. Les majors Klamp et Köster commandent deux kampfgruppe de cette division, qui, passée par Langres, défend Chaumont - la garnison retraite le 13 septembre 1944 en direction de Bourbonne-les-Bains - et Prez-sous-Lafauche.

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Militaires allemands tués en Haute-Marne

    Cette liste de 140 morts identifiés ou inconnus tués lors de la Libération de la Haute-Marne est basée sur des documents d'archives fournis par les municipalités. Elle n'est évidemment pas exhaustive (exemple : les données manquent pour Saint-Dizier et Langres). Nous ne nous sommes pas appuyés sur les chiffres donnés par les journaux de marche de différents maquis, exemple le maquis Charles (Varennes-sur-Amance) qui revendique au moins 86 morts allemands entre le 24 août et le 15 septembre 1944, dont 18 prisonniers cosaques fusillés les 31 août et 14 septembre 1944.

25 août 1944. Willi Steinfeld et un militaire prénommé Fritz tués à Orbigny-au-Mont.

26 août 1944. Ignacz Eisele, 34 ans, et Christoph Fuhry, 21 ans, de la 3e Kompanie, Reserve-Beobachtungs-Abteilung 44, à Donjeux. 

30 août 1944. Edwin Hoffmann, 22 ans, de l'Artillerie-Regiment 33 (15. Pz-Gren-Div), tué à Braucourt sur la route de Saint-Dizier (par l'explosion d'une mine posée par les FFI).

30 août 1944. Sept soldats allemands du Luftgau-Nachrichten-Regiment 7 à Villiers-en-Lieu, dont le radio Horst Margier et le radio Manfred Spiecker, 18 ans.

30 août 1944. Cinq soldats allemands à Chancenay, appartenant à la 15. Panzer-Grenadier-Division (vraisemblablement au Panzer-Grenadier-Regiment 104), dont le lieutenant Otto Probst, 32 ans, et le gefreiter Siegried Schaefer, 37 ans.

31 août 1944. Obergefreiter Karl Hupka, 39 ans, et soldat Erich Leifert, issus du Landeschutzen-Ersatz-Bataillon 8, à Chevillon.

31 août 1944. Major Karl Maner, du Luftgau-Paris, et hauptmann Liebieghre, à Nomécourt.

1er septembre 1944. Un tué à Andilly-en-Bassigny (brûlé dans son véhicule). Mais le maquis Charles revendique environ 40 tués ce jour-là !

1-12 septembre 1944. Combats d'Andelot (liste communiquée par Daniel Guérain) : Franz Schneeweiss (Reserve-Beobachtungs-Abteilung 44), Heinrich Baskschat (AR 1708), Willi Walter (id), Wilhelm Cierpinski (id), obergefreiter Erich Knoch, hauptfeldwebel Lorenz Wapler (II/Sicherungs-Regiment 95), un inconnu, leutnant Kurt Hofmann (II/SR 95), hauptmann und kommandant Johan Klose (II/SR 95), un inconnu, Kurt Weideneauer (RBA 44), grefreiter Pichel (AR 1708), Alfred Seybold (RBA 44), Joseph Farkas (id), Felix Matt, Ernst Bley, leutnant Kaufmann, Herbert Krüger, obergefreiter Ludwig Wlodarczak, leutnant Heinz Krueger, leutnant Kurt Zensinger (AR 1708), Hermann Lohmeter, gefreiter Suecke, leutnant Herbert Erfmann, Wilhelm Kahre, gefreiter Schaefer, obergefreiter Eduard Richter (AR 1708), un inconnu, Oskar Schinke, Willi Kaiser, Hermann Nankemann, Joseph Mach, Wilhelm Radermacher, un inconnu, obergefreiter Friedrich Knaup, unterofficizier Alain büscher, gefreiter Paul Huhdorf, Alfred Haas (reserve beobachtungs 44), Gottfried Kleindienst (id), un inconnu, Kurt Adelhart (reserve beobachtung 44), obergefreiter Alfred Beck, gefreiter Gerhard Baensch, oberleutnant Heinrich Mönkenmöller, Johyann Ritzmüller (reserve beobachtung 44), Erich Knop, gefreiter Helmut Theodor, gefreiter Karl Steinweg, Karl Kosak (reserve beobachtung 44), Reilis (id), Jos Sinko (id), obergefreiter Heinz Günth Strieber (id), Johann Hofmann (id), Fritz Trowall (id), gefreiter Helmuth Kötter (id), Erich Muriol (id), gefreiter Anton Starkl. Liste complémentaire fournie par le Service des sépultures alleamndes : Emil Dracke, aspirant Ludwig Elfgang, Wilhelm Lücke (SR 95). Une autre liste complémentaire dans l'ouvrage de Jérémy Gérard (Andelot dans la tourmente. 1940-1944, 2020), qui cite au total 72 noms de victimes allemandes.

Début septembre 1944. Ywan Baschmakov, 27 ans, déserteur d'un régiment de cosaques, tué à Enfonvelle. 

4 septembre 1944. Gefreiter Alfred Flegel, 19 ans, de l'Artillerie-Regiment 1708, tué à Chalindrey.

4 septembre 1944. Cinq soldats allemands (dont un unteroffizier, le chauffeur et trois passagers d'une voiture Ford V8) tués sur la RN 19 à hauteur de Rosoy-sur-Amance.

11 septembre 1944. Stalsurz, au lieu-dit La Folie (Broncourt).

11 septembre 1944. Heinrich Ruland, 37 ans, de l'Organisation Todt (ou décédé le 1er septembre 1944, selon sa tombe du cimetière d'Andilly en Meurthe-et-Moselle).

11-14 septembre 1944. Au moins 18 soldats inhumés à Belmont, dont le hauptmann G. Müller, Strobl, A. Buchner, E. Brumann.

12 septembre 1944. Un militaire décédé de ses blessures à Bettaincourt-sur-Rognon.

12 septembre 1944. Quatre soldats allemands inhumés en forêt de Guyonvelle.

12 septembre 1944. Un soldat allemand qui aurait été tué sur la route de Contrexéville et déposé à Joinville par des soldats américains.

13 septembre 1944. Un soldat allemand inhumé en forêt de Guyonvelle.

13 septembre 1944. Friedrich Meireff, au lieu-dit La Folie (Broncourt).

13 septembre 1944. Deux soldats tués - l'un par une balle dans la tête, l'autre dans la poitrine - à Colombey-lès-Choiseul par des FFI des Vosges.

14 septembre 1944. Hans Müller, 18 ans, de la Luftwaffe, tué à Frécourt.

15 septembre 1944. Arno Schameitis, 18 ans, à Briaucourt, touché par balle.

15 septembre 1944. Funker Heinz Steiner, 18 ans, du Luftgau-Nachrichten-Regiment 7 (Luftwaffe), et Alphonse Spitz, portant l'uniforme d'aviateur, à Neuilly-l'Evêque.

Septembre 1944. FW (feldwebel ?) Zung et H. Specht, au lieu-dit La Folie (Broncourt). 

Sources : 15 W 74, AD 52 ; série 163 W 3156-3181, AD 51 ; geneanet (relevé des tombes du cimetière allemand d'Andilly, en Meurthe-et-Moselle).