Ce week-end, le club Mémoires 52 s'associera, comme depuis plusieurs années, à l'association des Arts d'Ecot, dans l'organisation des Journées du patrimoine à Ecot-la-Combe, l'un des plus charmants villages haut-marnais. Là, entre le château et l'étang, au cœur de la forêt, où vivent une quarantaine d'habitants, les animations proposées (dédicaces de l'ouvrage « Keskidees », lequel évoque l'émigration haut-marnaise et haut-saônoise vers les Etats-Unis, expositions, concerts) permettront de célébrer les liens unissant la France et l'Amérique. Un choix qui n'est pas dû au hasard : un petit Américain repose dans le cimetière communal, et sous l'Occupation, vivait, dans le château d'Ecot, l'épouse américaine d'un officier français. Il s'agit du capitaine Jean Châtel, vétéran du 260e RI en 1940, qui nous intéresse ici.
Fils de Charles-Frédéric (maire d'Ecot, issu d'une famille d'industriels de Belfort), placé à la tête d'une compagnie FFI regroupant des réfractaires au STO réfugiés dans le chantier forestier d'Ecot-la-Combe, de patriotes du canton d'Andelot et d'évadés du Train fantôme, Jean Châtel, dont le frère Bertrand, né à Ecot, est alors enseigne de vaisseau de fusiliers-marins de la France libre, décide, après la libération d'Andelot (12 septembre 1944), de se mettre à la disposition d'une unité de l'armée américaine. En l'occurrence la troop A du 121st cavalry reconnaissance squadron. Son commandant, le capitaine Faris J. Hess, louera « le beau travail et l'aide importante » fournie à ses hommes par la compagnie Châtel. Cette troop avait poussé une reconnaissance le 1er septembre 1944 jusqu'à Rimaucourt, ce qui avait provoqué le coup de main – un échec – des FFI contre la garnison d'Andelot. Puis elle s'est fixée vers Leurville pendant huit jours. Un de ses postes a été attaqué, à Busson (selon le colonel de Grouchy), par une forte patrouille ennemie, et les FFI du capitaine Châtel ont « contribué à (le) dégager ». Le soldat Henri André, du Puits-des-Mèzes (mort pour la France en Franche-Comté), a pris part à cette action.
Châtel, donc, se met à la disposition de l'escadron avec plusieurs de ses hommes. Combien ? Trois, apparemment, dont deux nous sont connus. Ils serviront « sans solde, sans identité officielle, sans état régulier, sous un nom d'emprunt et devant se déclarer Canadien en cas de capture », écrira-t-on en 1952 dans la Feuille libre. Le capitaine sera, à en croire l'auteur de l'article, le seul survivant de son équipe. Il aurait même pris la place de son chef de peloton tué au combat. Ses malheureux compagnons, tombés dans le secteur de la forêt de Parroy (près de Lunéville), sont Louis Lallemand de Driesen, né en 1920 à Saint-Raphaël (Var), tué le 2 octobre 1944 à Henaménil (son nom figure sur le monument aux morts de Froncles), et André Monsel, né en 1924 à Saint-Blin, mort le 7 octobre dans la même commune. A noter qu'un autre soldat français servant avec le 121st cavalry a trouvé la mort dans ce même secteur : Jacques Chifolleau, né en 1924 au Mans, tué le 2 octobre à Hénaménil. L'ouvrage américain dédié en 1945 au 106th Cavalry Group signale en effet, à la date du 2 octobre 1944, la mort d'un Français, "Jimmie" (Lallemand de Driesen ? Chifolleau ?), dans la forêt, puis,le 6 octobre, celle d'un compatriote, parmi trois soldats victimes d'un tir de 88.
Repéré par le général Leclerc, commandant la 2e DB, le capitaine Châtel sera affecté, le 26 octobre, à la liaison entre le 15e corps américain et la division française.
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