Ce mardi 29 août 1944 aurait dû être un jour de joie dans ces confins de Champagne et de Lorraine. Ce jour-là, la 4th Armoured division fait son entrée dans Vitry-le-François.
Mais c’est l’ombre de la mort qui plane sur la région. A Vitry, quatre habitants sont exécutés ; à Matignicourt, un accrochage oppose les FFI du maquis des Chênes avec un détachement de huit autos-mitrailleuses : deux maquisards sont tués, sept capturés. Dans la soirée, six d’entre eux sont fusillés à Naives-devant-Bar, près de Bar-le-Duc. Le corps du lieutenant Claude Lamort de Gail ne sera jamais retrouvé…
Ce sont surtout les massacres de la vallée de la Saulx qui resteront gravés dans la mémoire des populations meusienne, marnaise et haut-marnaise. Il n’est pas dans ce propos de les évoquer en détail. L’abbé Briclot et Jean Villiers, puis surtout Jean-Pierre Harbulot (dans une étude très documentée), se sont penchés sur cette folie meurtrière. Toutefois, une relation de ces exactions, qui se sont traduites par la mort de 103 civils, est nécessaire, car la crainte des « terroristes » agissant dans le massif de Trois-Fontaines n’a pas été étrangère à la motivation de ces crimes perpétrés par des soldats de la Wehrmacht (1). En voici une chronologie succincte.
3 h : des soldats allemands font irruption dans le village de Beurey-sur-Saulx (Meuse).5 h 30 : d’autres s’installent dans Couvonges (Meuse).
9 h : la 10e compagnie du 29e Panzergrenadierregiment arrive à Mogneville (Meuse).
Entre 9 h 30 et 10 h : accrochage entre huit FFI meusiens (leur chef, Marcel Fauchot, est blessé) et des Allemands à La Belle-Epine, dans la forêt. Il n’est pas impossible que le capitaine du III/29 PzGrenRgt qui sera présent à Robert-Espagne ait été impliqué dans cet accrochage.
10 h : les Allemands commencent à arrêter les hommes de Couvonges, mettent le feu aux maisons.12 h : arrivée de camions à Sermaize-les-Bains. Leurs occupants ouvrent le feu sur le bourg et ses habitants, soit avec des canons, soit avec leurs armes : treize civils sont tués ou mortellement blessés, dont le Dr Henry Fritsch (2).
13 h : à Robert-Espagne, 51 hommes sont rassemblés ; à Couvonges, 20 habitants sont passés par les armes (six autres seront exécutés dans l’après-midi). Parmi eux, Maurice Brochard, né à Saint-Memmie (près de Châlons), chef du groupe basé à la ferme de La Taille-Jacquemin, et Robert Dehaye (ou Dehaie), de Pillon, tous deux venus chercher des candidats pour le maquis.
14 h : l’ennemi bombarde Cheminon et tire sur les habitants.15 h : 50 hommes de Robert-Espagne sont exécutés à la mitrailleuse.
16 h : les Allemands quittent Cheminon, laissant derrière eux un civil mort et quatre blessés (dont deux mortellement).
19 h : Mognéville, qui déplore trois morts, voit partir l’unité allemande vers Beurey-sur-Saulx, où six habitants ont été abattus.
La Libération, quand même
Au lendemain de la tragédie, les environs du massif de Trois-Fontaines accueillent les libérateurs américains. Mercredi 30 août, à 11 h, la 4e DB américaine entre dans Saint-Dizier, réalisant la liaison avec la Compagnie du Val. Un violent combat oppose le maquis Mauguet avec un détachement de Panzergrenadiers (très vraisemblablement de la 15e division) à Chancenay. Deux Américains sont tués, onze maquisards mortellement blessés, ainsi qu’un enfant du village.
Le lendemain, d’autres éléments alliés font leur entrée à Pargny-sur-Saulx, Sermaize-les-Bains, Cheminon, Bar-le-Duc. Dans la vallée de la Saulx, ce sont des habitants endeuillés qui accueillent les GI’s. « Quelle tristesse de voir ces pauvres gens affolés, harassés, de tout petits enfants pleurent à la vue des Américains. Des jeunes filles vont les embrasser en pleurant. Ceux-ci en sont émus, quelques uns pleurent », écrira Odette Leclercq.
Ce contexte d’effroi et de colère devant les massacres (3) ne sera pas étranger à quelques mesures de représailles exécutées à l’encontre de soldats allemands capturés dans la forêt. Odette Leclercq se souviendra de deux prisonniers mis à mort par deux déserteurs de l’armée allemande servant au maquis. Début septembre, ce sont deux autres soldats allemands qui sont passés par les armes par des FFI bragards de la Compagnie du Val. Acte de vengeance qui ne sera pas du goût de tous les maquisards présents.
Parmi ceux du maquis de Trois-Fontaines, plusieurs souhaitent poursuivre la lutte au sein de l’armée régulière (4). Ils iront cantonner au lycée Libergier à Reims où ils seront affectés au 1er bataillon du 106e RI, constitué pour partie, le 15 septembre 1944, avec des éléments FTP rassemblés par le commandant Armand Libeaud. Max est de ceux-là, de même que Daniel Simon, promu sous-lieutenant au sein de la 2e compagnie. Ce I/106e RI, confié au commandant Bouchez puis au jeune commandant Marcel Koch (il a 31 ans), fera mouvement le 9 avril 1945, en direction de Thionville. Là, le 17 avril, à la caserne Jeanne-d’Arc, il sera meurtri par l’explosion accidentelle de mines et engins explosifs. Le bataillon déplorera 30 morts et 70 blessés. Parmi les victimes, figurent le commandant Koch et au moins un ancien du maquis de Trois-Fontaines : le sergent-chef Pierre David, alias Daouda, qui repose à Sainte-Menehould.
(1) Lire l’étude de Jean-Pierre Harbulot, « Les massacres du 29 août 1944 dans la vallée de la Saulx » (p. 43 à 121), Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc, 1999.
(2) Il devait, à la demande de « Jim », se rendre à la ferme de La Neuve-Grange pour soigner un militaire britannique (sans doute un aviateur).
(3) Plusieurs rapports relatifs à la tragédie seront adressés aux autorités alliées (par le capitaine SAS Walters, par des officiers Jedburgh, par le lieutenant Victor Thérin, commandant la Compagnie du Val, etc.)
(4) Fils aîné d’Odette Leclercq, Serge Coudert, âgé de 15 ans et demi, benjamin du maquis, servira quelques jours au sein de ces éléments avant de rejoindre son foyer.
je suis à la recherche de reiseignements sur la résistance à bar le duc pendant la seconde guerre mondiale, mon grand père faisait partie de la résistance dans cette ville ou il était né, il a rejoins le maquis meusien aprés avoir refusé de se rendre au STO, merci de me répondre car voilà de nombreuses annéées que j'éssaie de retrouvé des faits précis : nom de réseau, actes de combats, nom de codes réseaux ...
RépondreSupprimerBonjour. Essayez de prendre contact avec M. Harbulot Jean-Pierre, qui est ou a été professeur à l'IUFM de Bar-le-Duc. Il a beaucoup travaillé sur la Résistance en Meuse. Cordialement.
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