jeudi 22 avril 2010

Dimanche 25 avril : hommage aux 631 déportés haut-marnais




Dimanche 25 avril, dans nombre de communes françaises, un hommage sera rendu, comme chaque année, aux martyrs de la Déportation, quelle que soit leur origine, quelle que soit la raison de leur arrestation, qu’ils soient décédés dans les camps ou miraculeusement revenus quoique fort diminués.

La première personne à s’être intéressée aux déportés haut-marnais reste Marcel Henriot, professeur d’histoire, correspondant pour le département du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Si pionnier qu’il soit, le fruit de son travail, tel qu’il a été porté à la connaissance du grand public, est essentiellement statistique : Marcel Henriot, qui est parvenu à un chiffre de 516 déportés, dont 269 ne sont pas revenus, ne proposait pas de noms, et encore moins de biographies.

C’est cette lacune que Jean-Marie Chirol, président du club Mémoires 52, a voulu combler. Grâce au travail des membres de l’association, il a pu publier un ouvrage baptisé « Des Haut-Marnais internés et déportés » paru en 1995, et aujourd’hui épuisé. Pour la première fois, grâce aux documents inédits confiés par les familles ou les rescapés, des visages ont pu être accolés à des noms figurant bien souvent sur les monuments aux morts, des destins ont pu être racontés.

Jean-Marie Chirol a poursuivi ce travail en consacrant deux brochures aux juifs de Haute-Marne, dont une centaine ont été arrêtés dans la seule journée du 27 janvier 1944. Il a bénéficié, pour ce faire, de la documentation communiquée par Serge Klarsfeld.

Après le décès de Jean-Marie Chirol, le CM 52 a souhaité enrichir cette œuvre de mémoire. Il a notamment bénéficié de la récente publication du gigantesque Livre-Mémorial de la Déportation (plus de 6 000 pages !), qui a permis d’identifier de nombreux déportés haut-marnais jusqu’alors inconnus, mais il a pu également consulter aux Archives départementales les fiches ayant servi de base de travail à Marcel Henriot.

Ce croisement des sources permet aujourd’hui d’avancer une estimation de 631 hommes et femmes déportés par mesure de répression ou de persécution (1) – soit 115 personnes supplémentaires par rapport au chiffre auquel M. Henriot est parvenu. Nous en avions identifié 620 lorsqu’est paru, en 2004, « Déportés et internés de Haute-Marne », dont le succès a nécessité une réédition.

Ce chiffre de 631 personnes englobe les déportés dans les camps de concentration et d’extermination, les internés dans les prisons du Reich ou d’Italie, nés ou domiciliés en Haute-Marne, ou encore arrêtés sur le territoire du département (des résistants et des réfractaires au STO, principalement). Parmi eux, 153 étaient de confession juive, dont la plus jeune victime avait 2 ans et la doyenne 85. C’est en leur mémoire que les habitants se réuniront dimanche.

(1) Ne sont pas compris, contrairement à la démarche de M. Henriot, les prisonniers de guerre français internés dans le camp de Rawa-Ruska, ni les soldats espagnols (républicains) servant dans l'armée française capturés en juin 1940, internés en Haute-Marne et déportés l'année suivante.

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