16 juin 1940. La 9e compagnie (capitaine Marie Jarty), 3e bataillon (commandant Pierre Chalmel) du 14e régiment de tirailleurs sénégalais se replie de la région de Bar-le-Duc en direction de la Meuse. Venue d'Ecurey, elle arrive à Montiers-sur-Saulx à 8 h. C'est alors, précise le journal de marche de la compagnie, que les deux sections de tête sont « arrêtées sur la route de Paroy à l'extérieur du village (…) Nous sommes pris à partie par un feu violent d'armes automatiques et quelques coups de 37 ». A 9 h, les tirailleurs entendent un « bruit de moteurs sur l'autre rive [de la Saulx] et nous voyons passer sur le plateau Ouest de la Saulx une vingtaine de camions avec voitures légères et motos. L'ennemi s'infiltre dans le bois en avant de nous ». A 9 h 45, après que les tirailleurs ont chassé les Allemands de Montiers et organisé sa défense, voilà que des blindés ennemis « viennent de franchir la Saulx et s'avancent vers nous. Le canon de 25 entre immédiatement en action ; deux engins ennemis sont immobilisés en peu de temps et deux autres se replient. Nous apercevons une nouvelle colonne motorisée ennemie, comprenant entre 40 et 50 camions. Le tir de l'ennemi qui ne cesse de croître en intensité est toujours mal ajusté. Quatre à cinq canons de 37 sont repérés chez l'ennemi et les tirailleurs sont assez fortement impressionnés par son obus.
L'ennemi tente à plusieurs reprises de sortir du bois, chaque essai est stoppé par le feu violent de nos armes automatiques.
Je me rends compte que le passage par cette route me sera impossible. Même, si, comme la chose me paraît possible, étant donné la forte dotation en armes automatiques, j'arrive à franchir ce barrage, je serais continuellement harcelé par un ennemi motorisé et ayant un effectif bien supérieur au mien (je l'estime à environ un bataillon). En colonne sur route, avec un échelon très vulnérable, nous risquons d'être entièrement anéantis.
Deux solutions me semblent possibles : organiser un PA dans le village, mais sans espoir de rejoindre le régiment ; essayer de passer par les bois Est de Montiers et de rejoindre Bure où devaient passer les éléments de la division.
J'adopte la seconde solution. Une moto légère trouvée à Montiers me permet d'envoyer une reconnaissance par cette route. Elle et libre : la vigoureuse attaque de la 4e section a empêché l'ennemi de l'occuper.
10 h 45. Ordre à ma 4e section de se replier sur cette route. Deux sections de FV ne quitteront le village qu'après décrochage de la compagnie d'accompagnement ; ce décrochage se fait en deux échelons. »
Vers 11 h, sur la route de Bure et à l'entrée de Montier arrive un détachement du 22e groupe de reconnaissance de corps d'armée, présent également à Pansey et à Saudron. Les cavaliers sont venus protéger le décrochage des tirailleurs, qui peuvent ainsi continuer leur route par Bure, au prix d'un tué, deux disparus, neuf blessés. Les archives départementales de la Meuse conservent la trace de trois hommes du 14e RTS morts à Montiers-sur-Saux : les tirailleurs correspondant aux matricules 16 284 et 16 350, originaires de Côte-d'Ivoire, et Jean-Marie Dossa (matricule 41 429), né en 1918 dans le Dahomey. Le lieutenant Paysan, le sergent-chef Banos se sont distingués lors de cet engagement. Par la suite, le bataillon se battra à Germay, puis près de Bourmont à Graffigny-Chemin.
Sources : dossier du 14e RTS, GR 34 N 1093, Service historique de la Défense ; état général des sépultures des morts de 1940 dans la Meuse, 1 969 W 97, AD de la Meuse.
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