Dans le numéro 28 de « Dossier 52 », notre président-fondateur Jean-Marie Chirol reproduisait un article paru dans L'Illustration en 1935, intitulé « Glanes historiques », qui évoquait l'épisode du bris d'une assiette par Napoléon lors de son passage par Ceffonds, le 28 janvier 1814, mais aussi l'incroyable histoire d'un vétéran de la Grande Armée ayant repris les armes en 1870.
Il s'agit d'un nommé Bourgeois, de Noidant-le-Rocheux (canton de Langres), grand-oncle du Dr Bonnet, de Nogent. Voici ce que le médecin raconte dans cet article : « Il y eut une escarmouche aux abords du fort de La Bonnelle, à 6 km au sud de Langres, tout près de Noidant-le-Rocheux. Au bruit du canon et de la fusillade, l'oncle Bourgeois accourut sur le terrain du combat, où il ramassa un fusil abandonné. Il avait 84 ans ! Avançant toujours, il arriva devant les Prussiens, qui firent prisonnier l'octogénaire et le conduisirent à leur chef, un commandant, qui parlait fort bien notre langue. Quand le feu eut cessé, cet officier lut avec solennité au vieillard une décision du commandement ennemi ordonnant que l'on fusillât sur le champ tout civil surpris les armes à la main. Il ajouta qu'en raison de l'âge du prisonnier la reddition de son arme serait simplement exigée et qu'on lui laisserait la vie et même la liberté. « Je ne puis rendre les armes, répondit le vieillard. Je suis de la Garde impériale. Ce serait la première fois ». L'officier allemand interrogea alors mon grand-oncle sur l'Epopée en manifestant un respect pour ce témoin survivant. Il décida pour en finir : « Nous allons allumer un grand feu, vous y jetterez votre fusil, vous brûlerez votre arme et, de part et d'autre, l'honneur sera sauf. » Ainsi fut fait... »
Ce grand-oncle Bourgeois ne peut correspondre qu'à Nicolas Bourgeois, domicilié à Noidant-le-Rocheux lorsqu'il reçut la médaille de Sainte-Hélène. Il est précisé, dans le dossier relatif à cette distinction conservé par les Archives départementales (cote R 25), qu'il servit dans le Train d'artillerie de la Garde. Mort à Noidant, le 5 décembre 1885 (et non en 1882, comme il est précisé dans L'Illustration), à l'âge de 96 ans, il était né à Buzon (faubourg de Langres) le 17 mai 1789, fils de Gilles, cultivateur. Nicolas Bourgeois était veuf de Catherine Prodhon à son décès. Il l'avait épousée en 1816 à Noidant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire