En 1968, l'amicale des maquis du Val et Mauguet, de Saint-Dizier, se fendait d'une motion pour rappeler le rôle joué par les FFI bragards dans la libération de Chaumont, le 13 septembre 1944. En filigrane, les anciens maquisards de la cité ouvrière pointaient du doigt la méconnaissance, pour ne pas dire le manque de reconnaissance, de cette participation. Qu'en fut-il exactement ?
En deux jours, les 30 et 31 août 1944, la 4e division blindée de la 3e armée américaine (Patton), progressant en direction de la Moselle, libérait la majeure partie de la moitié Nord de la Haute-Marne. Un témoignage fait même état, dès le 30 août, d'une reconnaissance d'autres éléments US, venant de Bar-sur-Aube, jusqu'aux abords de Jonchery ! Chaumont va-t-elle rapidement tomber ? Le 31, l'ennemi, menacé au nord et à l'ouest, commence à évacuer la ville, sabotant le viaduc. Le 1er septembre, des blindés légers, appartenant vraisemblablement au 106th Cavalry group du 15e corps américain (3e armée Patton), montrent le bout de leur acier à Rimaucourt. Enhardis, les FFI de la compagnie du capitaine Jean Châtel tentent, en vain, de s'emparer d'Andelot, à une quinzaine de kilomètres de Chaumont en direction de Neufchâteau, donc sur un axe de repli ennemi.
Finalement, en ce début septembre, Chaumont ne sera pas prise. Il semble que les Alliés envisagent cette libération dans le cadre de l'offensive qui sera menée en direction de la Lorraine par le 15e corps, alors dans le Loiret et dans l'Aube, et qui se rassemblera sur la Marne à compter du 10 septembre 1944.
Dans l'attente, le 12e corps, qui est déjà entré dans Thionville, en Moselle, voit son flanc Sud menacé par la présence de troupes allemandes à Andelot et Chaumont, et surtout par les troupes de la Wehrmacht qui se replient du Sud-Ouest, du Centre et du Sud de la France via Langres et Chaumont.
Certes, les Américains ont installé des avant-postes dans le secteur de Chaumont : le 121st Cavalry squadron est entré dans Vignory le 2 septembre, dans Bologne le 3, et il est encore positionné vers Leurville (canton de Saint-Blin), en liaison avec la compagnie Châtel. Mais il convient d'étoffer ce dispositif de couverture.
Aussi, le 6 septembre 1944, le colonel Emmanuel de Grouchy (« Michel »), commandant des FFI de Haute-Marne, part-il rencontrer, dans le département de la Marne, le lieutenant-colonel Robert I. Powell, de l'état-major de la 3e armée, qui lui confie cette mission de couvrir le flanc Sud des troupes de Patton.
Des FFI du Nord Haute-Marne sont alors dépêchés pour l'exécuter. Il s'agit surtout d'une compagnie de marche constituée à partir de la Compagnie du Der, de FFI aubois (Commandos M) et marnais (maquis des Chênes) ; d'éléments du Bataillon de Joinville ; et du Bataillon FFI de Saint-Dizier (commandant Jean Grob), le tout sous les ordres du major britannique Nicholas Bodington, chef du réseau du Special Operations Executive (SOE) « Pedlar », dont le PC a été installe à Montier-en-Der, et de son adjoint le capitaine Percy Harrart, dit « Peter ».
Selon le journal de marche du colonel de Grouchy, c'est le 9 septembre 1944 que la Compagnie du Val (capitaine Victor Thérin), formant la 1ère compagnie du Bataillon FFI de Saint-Dizier, « va s'installer à Bologne et Marault, avec points de surveillance à Marault, liaison avec les éléments américains à Bologne. »
Et c'est dans la nuit du 9 au 10 qu'un accrochage survient entre la compagnie bragarde, dont les effectifs sont estimés par le capitaine Thérin à environ 160 hommes, et les Allemands. La motion de l'amicale des maquis du Val et Mauguet précise que « les sections de pointe », commandées par l'adjudant Marcel Carlin (6e section) et l'aspirant Robert Mougel (2e section), ont repoussé une forte patrouille dont l'effectif est évalué à 40 hommes, entre le cimetière de Bologne et Marault...
Le sergent Martial Thiery et le caporal Georges Mainvis, de Saint-Dizier (aujourd'hui disparus, ils étaient alors âgés de 21 ans), se souviennent que les FFI étaient installés dans un fourré, à droite de la route menant à la gare de Bologne, lorsque la patrouille allemande s'est présentée. Des coups de feu ont claqué. Trois FFI ont été blessés : Georges Jeanne (un Normand de 23 ans), Robert Villeneuve, 21 ans, et Paul Géraud, 18 ans. Ce dernier a reçu une balle explosive dans le talon. Robert Shandelon (né en Moselle en 1926) et le sergent Thiéry font les morts. Les Allemands inspectent le fourré au briquet puis reprennent leur patrouille en emportant un FM. C'est alors qu'un FFI fait feu et en tue trois. Le journal du colonel de Grouchy confirme que la Compagnie du Val déplore, dans cet accrochage, trois blessés, contre trois tués et trois blessés côté ennemi. Selon la motion de l'amicale, Jeanne a eu le poumon droit perforé et a été soigné à l'hôpital américain de Romilly-sur-Seine, et Géraud sera amputé du pied droit.
Au lendemain de cet accrochage, la compagnie bragarde se replie sur Bologne, tandis que le 15e corps arrive enfin pour se rassembler sur la Marne (la 2e DB française, entre Vignory et Bologne).
Le 11, c'est l'attaque de ce corps en direction des Vosges. Un accrochage a lieu à Andelot. Le bourg sera conquis le lendemain par la division Leclerc. Encore un nouvel axe de repli allemand coupé...
Le 13, après un accrochage à Villiers-le-Sec qui leur a coûté un tué, les FFI du maquis Jérôme (secteur de Chaumont), qui étaient positionnés à l'ouest de Chaumont depuis plusieurs jours, poussent en direction de la cité-préfecture, que les Allemands ont évacuée au matin en direction de Montigny-le-Roi. De son côté, la Compagnie du Val occupe Briaucourt et Brethenay. Elle atteint « Chaumont à 17 h 30 (1ère et 4e sections) et 21 h (2e et 3e sections) ».
Le 14, les FFI bragards exécutent une reconnaissance sur Condes et sur le plateau de Brethenay, avant de regagner le Nord du département. Ils reviendront, en partie, quinze jours plus tard, à Chaumont, pour s'engager au sein du 21e bataillon de sécurité.
Note : le maquis Mauguet (2e compagnie du Bataillon FFI de Saint-Dizier) a également pris part aux opérations aboutissant à la libération de Chaumont, mais nous ignorons précisément le rôle qu'il y a joué.
Courageux ces bragards, je suis fière d'être la petite fille de l'un d'entre eux (Marcel Carlin de STDizier)
RépondreSupprimerBonjour,
SupprimerPourriez vous me contacter s'il vous plaît
J'ai des choses au sujet de Marcel Carlin
Cordialement
Marti HAYOTTE
Mon papa ravitaillait de viandes aux F.F.I., ils venaient en traction chercher la viande à Louvemont.
RépondreSupprimerEn 1944, les Allemands voulaient faire une ligne Antichar sur le canal d'amenée du Der, il n'y a eu jamais d'eau, car tous les soirs une vanne du vannage prise d'eau de Louvemont était ouverte et le matin de bonheur elle était refermée et boucher avec des batardeaux. Et moi gamin je surveillais s'il n'arrivait personne, mon père m'avait ordonner de faire le guet tout en jouant, cela dura quelques jours et un matin plus de visite de l'Officier Allemand, les alliés étaient là.
RépondreSupprimerMon Grand père était sergent Chef de la 4e section du maquis Du Val : Hennequin Marcel. Il a ensuite participer en Allemagne durant 5 ans. Si quelqu'un a des informations, je suis preneur.
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