Difficile à imaginer aujourd’hui, mais la Haute-Marne fut une terre de loups. Il suffit de « dévorer » le magnifique ouvrage d’Albert et Jean-Christophe Demard, « Le chemin des loups », paru en 1978 aux éditions Guéniot et consacré aux « empreintes » laissées par cet animal mythique aux confins de la Haute-Marne et de la Haute-Saône, pour s’en rendre compte.
C’est une mention dans « L’almanach du commerce » de 1820 qui révèle l’existence de la redoutable « arme de destruction massive » de loups qu’un certain Boudard a installée à Choiseul (canton de Clefmont). Il s’agit d’une batterie de destruction constituée de six canons, « disposés de manière que le loup, quelque position qu’il prenne pour saisir l’appât, reçoit nécessairement deux coups de mitraille ». « Grâce » à cette invention, le nommé Boudard a pu tuer, de 1791 à 1820, 155 loups, dont quatorze le même hiver. L’almanach précise même que la batterie du sieur Boudard a pu ôter la vie à quatre loups à la fois !
Que savons-nous de ce chasseur de loups ? Qu’il se nomme en fait Claude Baudard, qu’il est né vers 1756, vraisemblablement à Vrecourt (Vosges), et que, célibataire, il était employé dans la maison de madame de Nettancourt, à Choiseul, lorsqu’il est décédé dans le village le 6 novembre 1834. Il était l’oncle de Jean-Nicolas Détieux, garde forestier en retraite à Vrecourt (source : état civil de la commune de Choiseul).
Selon les Cahiers haut-marnais, Baudard, ancien régisseur du château de Choiseul, était attaché au directoire du district de Bourmont sous la Révolution, et le frère du curé Nicolas Baudard (né en 1749 à Vrécourt, fils de Nicolas et Thérèse Guinot), président de l’assemblée cantonale d’Huilliécourt (canton de Bourmont).
C’est d’abord à Brainville-sur-Meuse que Baudard a expérimenté sa machine. Le Comité de salut public, « sur le rapport de la Commission des armes et poudres, arrête qu’il sera mis à la disposition du district de Bourmont 25 livres de poudre, qui sera employée à éprouver la batterie établie par le citoyen Baudart (sic) dans la commune de Brainville pour détruire les loups et autres animaux dangereux. » Le même Comité a d’ailleurs offert à Baudard une « indemnité » de 4 000 F « pour l’invention d’une machine à détruire les loups ».
Signalons que de 1791 à 1804, ce sont 1 781 loups qui ont perdu la vie en Haute-Marne. Parmi les redoutables chasseurs de loups de ce département, l’Histoire a conservé la trace de Michel, industriel à Ecot-la-Combe.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire