vendredi 27 août 2010

La courte vie d'Adrien Fétu, un pionnier de l'aviation





Adrien Fétu devant un Albatros abattu début 1916, à Salonique (photo aimablement communiquée par M. David Méchin).

Adrien-Constant Fétu est un Haut-Marnais de naissance. Il voit le jour le 10 septembre 1894 à Eurville (canton de Chevillon), fils de Louis-René-Emmanuel, 26 ans, qui exerce la profession de maréchal dans le village, et de Céline-Marie-Antoinette Noël.

Passionné d’aviation, Adrien Fétu n’a que 19 ans lorsqu’il obtient le brevet de pilote n°1 562 de l’Aéro-club de France, le 19 décembre 1913, le même jour qu’André Simon, de Châteauvillain.

Il est domicilié en région parisienne (son père réside à Us, en Seine-et-Oise) lorsqu’il est mobilisé le 2 septembre 1914 au 2e groupe d’aviation. Pilote militaire le 2 mars 1915, Fétu rejoint l’escadrille MS 49 le 6 mai 1915 (après avoir servi à Bron, à Saint-Cyr, à Avord, à la Réserve générale de l’aviation). Cette escadrille, au sein de laquelle sert un fameux pilote, l’adjudant Pégoud, opère dans les Vosges. Plus précisément, Fétu appartient à un détachement établi à Corcieux en mai. Rapidement, le pilote, qui est caporal, se met en valeur. Le 1er juin 1915, il est cité à l’ordre du service aéronautique de la 7e armée pour avoir, en compagnie du sous-lieutenant observateur Paul de Mintéguiaga, forcé un appareil ennemi à atterrir, bien que le moteur de son avion ait été traversé par une balle.

Promu sergent le 15 juillet 1915, Fétu quitte la MS 49 le 27 septembre 1915 pour servir en Serbie.
Affecté à l’escadrille N 91 S (N comme Nieuport), il a encore l’occasion de se distinguer en abattant un Albatros C le 17 février 1916, à Salonique, victoire qui a été homologuée (information communiquée par M. David Méchin, auteur de plusieurs articles sur les escadrilles en Orient dans la revue "Fana de l'aviation" actuellement en kiosque).

Promu adjudant le 2 mars 1916 (il n’a pas 22 ans ; mais selon son dossier de la Légion d’honneur, il occupait ce grade au titre de l’armée serbe depuis le 21 septembre 1915), Fétu rejoint en France l’escadrille N 26, à laquelle ont appartenu ou appartiennent plusieurs pilotes haut-marnais (André Simon, Robert Thomassin) ainsi que le fameux Roland Garros. Le 7 juin 1917, il est aux commandes du Spad VII 1613 lorsqu’il patrouille dans la région Le Réservoir-Laon. Le journal de l’escadrille note : « Surpris et attaqué un monoplace allemand vers 11 h 25 au-dessus de Laon qui est descendu à la verticale ». Le 21 août, avec le sergent Dedieu, il attaque à 9 h 30 « un biplace portant des cocardes tricolores (anglaises) sur Ypres. Des balles lumineuses rentrent dans son fuselage. Il pique très fort ». Enfin, le 9 septembre 1917, il attaque trois appareils. A noter que selon les recherches d’Albin Denis, aucune des trois victoires du Haut-Marnais (celles du 7 juin, du 21 août, et celle du 21 avril 1917, vers Loivre-Courcy) n’a été homologuée.
C’est le 19 janvier 1918 que le sous-officier quitte la N 26, nous ignorons pour quelle affectation.

Fétu achève ce conflit avec la médaille militaire (18 février 1916), la Croix de guerre (trois citations) et la Military cross. Son dossier de Légion d’honneur le qualifie ainsi : « Pilote très ardent et très brave. Par l’audace et l’habileté de sa manœuvre, a permis à un officier mitrailleur d’abattre un avion ».Démobilisé en septembre 1919, Adrien Fétu exerce la profession de garagiste à Versailles, mais la passion de l’aéronautique ne le lâche pas. C’est ainsi qu’il est considéré comme l’un des pionniers du vol à voile à France. Et c’est dans un planeur (un Bellanger-Dehaut) qu’il fait une chute mortelle, lors du premier congrès expérimental de vol sans moteur au pic de Combegrasse, dans le Puy-de-Dôme (le jour de son premier vol, le 18 août 1922). Il décède le lendemain, à l’âge de 28 ans.
Fait chevalier de la légion d’honneur en 1923, Adrien Fétu donnera son nom à un prix. Une stèle perpétue, depuis 1942, la mémoire de la première victime du vol à voile en France sur la commune d’Aydat.

Sources : état civil de la commune d’Eurville (Archives départementales de la Haute-Marne) ; dossier de la Légion d’honneur (base Léonore) ; fiche de renseignement, journaux de marche des escadrilles 49 et 26 (ministère de la Défense) ; site d’Albin Denis sur l’aviation militaire française ; document et informations communiquées par David Méchin.

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